"
Les jours brûlants" est le troisième livre de
Laurence Peyrin que je lis, après "La drôle de vie de
Zelda Zonk" et "
L'aile des vierges". Je le referme, comme les deux précédents, avec une certaine insatisfaction, ou plutôt un sentiment d'inachevé, de manque de rigueur, en tout cas d'un manque de je-ne-sais-quoi qui me laisse un goût d'incomplétude. À n'en pas douter, elle est capable de dresser des portraits de femmes attachantes avec la même ferveur que celui de personnages insipides. C'est curieux.
Dans cette histoire, Joanne est bien dans sa vie, mais un grain de sable de taille, un traumatisme violent, vite oublié par l'entourage, mais pas par la victime, va entraîner une déflagration à retardement dans sa vie, jusqu'à provoquer une rupture, un effacement total. Manque de confiance et mésestime de soi ou protection de ceux qu'elle aime ?
J'ai bien suivi le cheminement des réflexions troublées de l'héroïne. Son attitude radicale, sans doute excessive, mais compréhensible, exprime son mal-être. Chacun est différent dans la reconstruction difficile après un traumatisme. La douceur rassurante et la sécuri
té d'un foyer n'est pas toujours suffisante quand on se sent une proie facile en toutes circonstances.
de nombreux clichés ont parasité ma lecture et la mise en place de l'intrigue comme la chute, beaucoup trop convenues à mon goût, manquent d'originalité. Cependant, j'ai beaucoup apprécié replonger dans l'ambiance des seventies, les références au Club des 27 (Janis Joplin, Jim Morrisson,
Jimi Hendrix et tous les autres, morts à 27 ans), être propulsée dans la Ci
té du péché et de ses excès. Les portraits de la bande de stripteaseuses du Bunny Bunny, protégées par Harvey et Thelma ayant créé une véritable arche de
Noé pour cabossées de la vie, sont très réussis et haut en couleur, beaucoup plus expressifs que celui de la pauvre Joanne. Sans oublier ni Silas Jones, le chéri de ses dames, ni Shirley, l'ange providentiel.
Incroyable la facilité avec laquelle
Laurence Peyrin peut être captivan
te d'un côté et monotone de l'autre ! On dirait qu'elle met plus de ferveur et de réalisme à brosser l'ambiance, l'environnement, le contex
te d'une intrigue, que de soigner son personnage principal. Enfin, c'est ainsi que je le ressens et ça me dérange beaucoup. L'idée la plus originale du roman réside dans le titre de chaque chapitre portant le nom d'un cocktail, suivi de ses ingrédients et de l'estimation, souvent très poétique, de son arôme. Je retenterai, sans doute, ma chance avec cette écrivaine, car elle est agréable à lire, pour savoir définitivement si j'éprouve toujours cette sensation de chaud et de froid perturbante.