Back In The U.S.S.R., non pas à bord d'une DeLorean mais d'une élégante Volga GAZ-M21, alias le « tank dans une redingote ». ..
Que sont devenus les objets domestiques de l'Homo soviéticus après l'effondrement du bloc de l'Est ?
Le Musée du design de Moscou a réuni dans cet ouvrage les objets fabriqués durant l'ère soviétique par une cohorte de designers anonymes, mobilisés au sein d'une multitude d'Instituts gérés par la planification d'Etat, et destinés aux pays de l'Est, tout cela dans le plus strict respect de l'idéologie socialiste.
Objets usuels, comme les tissus, les emballages de bonbons, les paquets de cigarettes, les vêtements, les jouets, les radios… fabrications plus ambitieuses comme les voitures, les engins de chantier, l'électro-ménager… créations « exportées » via les grands évènements, comme l'ours Micha, mascotte olympique, ou le Photosniper FS-3, appareil photo avec poignée amovible ayant la forme d'un révolver, devenu populaire pendant la seconde guerre mondiale.
Nombre de créations font mentir OSS 117 avec ces « communistes, déjà, ils ont froid, avec des chapeaux gris, et des chaussures à fermeture éclair ». Certains sont très stylés. On voudrait chausser les tennis orange et blanc conçus pour le Relais de la flamme (1980), posséder l'aspirateur Saturnas en forme de planète , et conduire une Belka A50 hélas restée au stade de prototype. En revanche, pour avoir senti jadis le parfum Natacha, avec une blonde sur l'emballage (qui s'avéra être une Finlandaise dans une banque d'images est-allemande, jeune femme qui recevait des lettres d'amour directement à l'usine de production), on fera l'impasse sur les produits d'hygiène.
L'ouvrage parlera davantage à ceux qui jadis vécurent derrière le Rideau de fer mais sa lecture ne manque pas d'intérêt pour les curieux et les amateurs de Design.
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Pendant l'ère soviétique, le nom de ceux qui formaient une véritable armée de designers professionnels n'apparaissait que sur des bulletins de paye et les certificats industriels. Ils n'étaient pas connus du public, contrairement à leurs homologues occidentaux. Les industriels recrutaient des "ingénieurs artistiques" responsables de l'apparence visuelle de leurs produits. Des exemplaires de produits industriels occidentaux étaient disposés dans des "pièces à échantillons" et servaient souvent de prototypes à leurs équivalents soviétiques. Ces produits, soigneusement étudiés, ont été adaptés à la technologie locale et fabriqués en série. Il est difficile d'imaginer que les termes "design" et "designer" étaient bannis jusqu'à la fin des années 80.
Cet extraordinaire fossé lexical, subi par les concepteurs pendant des décennies, a néanmoins encouragé le développement de projets innovants. En 1962, le Conseil des ministres de l'Union soviétique a ordonné la création de l'institution soviétique de recherche en esthétique technique (VNIITE) et a créé un bureau central à Moscou et dix agences dans les plus grandes villes de l'URSS.
Figurines mascottes des Jeux Olympiques
L'ours est choisi comme mascotte olympique après un sondage mené par la célèbre émission télévisée sur la nature "V Mire Jivotchnikh" (dans le monde animal). Le Comité olympique organise ensuite un concours pour choisir un design adéquat et sollicite la participation d'illustrateurs soviétiques renommés. Le talentueux Victor Tchijikov, auteur de nombreux ouvrages jeunesse, est le vainqueur avec son petit ours à la fois mignon et fort. Le personnage original est dessiné à l'aquarelle, ce qui lui donne une apparence d'animal en peluche. C'est la première mascotte à être représentée de face et non de profil, ce qui permet à l'ours d'établir une puissante connexion émotionnelle avec le public.