Mamie Luger de
Benoit Philippon
C'est une amie, qui lorsque l'on s'est croisé à la bibliothèque et que je parlais de mes livres thrillers préférés, m'a prêté ce livre en me disant tout simplement : « attention ç a décoiffe ! »
Le soir même, j'ai fait connaissance de
Mamie Luger, il est 6h08 lorsque le premier épisode démarre : « Blam, Blam Berthe recharge, ses membres tremblent, beaucoup d'émotions pour une vieille de 102 ans . Tout en pensant prendre une tasse de camomille, les sirènes résonnent, Ce n'est pas encore le glas, mais reculent inéluctablement la perspective du réconfort d'un bon pisse-mémère. de Gore gît à quelques pas de la niche de son chien. du sang autour de lui. Il a un trou dans le dos , un autre dans le cul, en plus de l'officiel. Berthe ne l'a jamais aimé de Gore, digne descendant de la raclure de père . Elle ne pensait pas qu'il finirait au bout de son canon ».
Voilà en quelques lignes le ton est donné par
Benoit Philippon, dans un style rappelant des auteurs
comme Frédéric Audiard le papa de
San Antonio.
Avec cette
mamie Luger, nous allons remonter le cours de sa vie jalonnée par des morts très peu accidentels. C'est le 11 juillet que Berthe Gavignol née dans un petit village aux abords de saint Flour en Auvergne. En 1942, qu'un SS de la panzer division qui venait de rouler sur le vélo du jeune Riton, abat froidement celui-ci d'une balle dans la tête car il lui avait manqué de respect avant de lever son arme en direction Rose la soeur de Riton qui venait d'avoir son visage éclaboussé par la cervelle de Riton. Berthe sortant de la droguerie, prend soin de Rose et attire le regard de cet allemand. Quelques temps après Berthe Gavignol, son premier mari étant décédé, reçoit la visite nocturne d'un jeune allemand en uniforme SS « Guten Abend, putain un Boche, bonsoir a répondu Berthe un trémolo dans la voix . le nazi face à elle n'était pas venu lui demander un petit pot de lait. Il tiquait à la porte, en pleine nuit chez cette sauvageonne a la réputation d'une catin … Il venait conquérir un peu de terrain et Berthe se doutait qu'il s'agissait de son arrière-train. Invité à boire un verre au quatrième les degrés légaux de la recette de grand-mère lui échauffent les sens, l'excitation fait place à l'agacement … pour avoir brisé la bouteille d'alcool emporté dans la chambre, Berthe se prend une première baffe. Puis une deuxième baffe, le boche défait sa ceinture en cuir, déboutonne son pantalon qui glisse sur ses talons et sort son braquemart nazi conquérant en agrippant Berthe par les cheveux. Ce garçon expérimentait son premier viol. Ce sera son dernier, un coup de pelle lui éclatant le crâne après son forfait et c'est ainsi que Berthe prendra possession du luger, se disant que cela pourrait bien lui servir un jour et que le sol de cette cave est remué pour la première fois et ce ne sera pas non plus la dernière.
Tout au long de ce livre , les chapitres de la vie de Berthe se déroulent devant nos yeux et nous serons les témoins de ces différents meurtres avoués au fur et à mesure de son interrogatoire par l' inspecteur Ventura qui pourtant en a déjà vue dans sa carrière. A chaque meurtre, Berthe reprend son nom de jeune fille, Gavignol aidé en cela par un notaire très compréhensif aux ordres de Berthe, celle-ci pouvant lui créer des soucis par certaines révélations tenues secrètes.
Bien que Ventura est affaire a une sérial-killeuse, il en vient à la trouver sympathique, compatit à ses histoires, et l'aide dans ses déplacements en raison de son grand-âge celle-ci étant pliée en huit et marchant avec une canne.
Mais cette grand-mère qui manie aussi bien le luger, que la carabine 22 long rifle et le tranchant de la pelle ne sent laisse pas compter. Elle qui a cette facilité désarmante pour se débarrasser des cadavres au fond de sa cave, laisse les enquêteurs creuser. Et ce n'est que lorsque les restes des homicidés de Berthe sont retrouvés par les képis, que
Mamie Luger s'explique. Finissant par tutoyer l'inspecteur Ventura. Berthe tout au long de ce roman, ne lâche rien, ne flanche pas jusqu'au moment final ou elle restera maître de son destin après avoir donné un dernier verre et un coup de poèle qui a beau être plus lourde que la pelle . Berthe ayant gardé le swing efficace lorsqu'il s'agit d'assommer un homme. Mon amour, prépare la tisane et le whisky, j'arrive. Berthe se sent légère elle va bientôt retrouver son Luther qui repose là dans le jardin.
Ce récit c'est un feu d'artifice, ou il est question de meurtriers en cavale, de veuve noire, de nazi enterré dans la cave de Berthe Gavignol. Un roman noir à déguster sans modération ponctué de pur moments de bonheur et de rire.