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ur le plan historique, je trouve très intéressant d'aborder ce sujet, qui commence à être bien connu pour Montreuil-Bellay (voir les références dans Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist Mirror) mais pas beaucoup ailleurs, à part dans un petit cercle de personnes concernées (historiens de la période, associations de tsiganes et leurs amis). Même si une stèle rend hommage près de la gare d'Angoulême aux déportés républicains Espagnols (premiers déportés depuis la France, certains avaient été internés au camp des Alliers, évoqué en trois ligne page 23) et si une plaque sur place à Sillac rappelle ces tristes mois (années, devrai-je dire), je pense que peu de Charentais connaissent cet épisode de la guerre (comme à Poitiers le Frontstalag et les camps d'internement, dont celui de la route de Limoges, entre autres pour les Manouches et Tsiganes), et je trouve que c'est une bonne opportunité de choisir le 14 juillet (oups, quelques lecteurs ont aperçu l'article la semaine dernière, erreur de manipulation) pour vous parler de ce livre. [la suite, un peu longue, sur mon blog]
Lien : http://vdujardin.com/blog/pi..
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Au Printemps 1940, la France est sous l'occupation allemande. Un décret interdit la libre circulation des nomades, considérés comme dangereux, et les roulottes sont à l'arrêt. Ce roman aborde le thème de la déportation et d'internements des populations nomades (Manouches, tziganes, forains, gens de voyage...). Ils se retrouvent dans des camps insalubres pendant la seconde guerre mondiale et sous l'occupation. Histoire d'Alba et de sa famille sont emmener au camp des "Alliers" près d'Angoulême.
Le titre du livre est un proverbe tzigane.
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Décret du 6 avril 1940 : « En période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté. »

A la suite de ce décret, les tsiganes sont regroupés au camp des Alliers en Charente-Maritime pendant six longues années. C'est cet épisode de la seconde guerre mondiale que nous relate Paola Pigani à travers l'histoire, tirée de faits réels, d'Alba. Alba a quatorze ans quand elle entre dans le camp, vingt quand elle en sort, six années de misère, de faim, de saleté, de maladies et surtout six années sans liberté, les soldats français leur ont tout enlevé et surtout leur roulette qui fait partie intégrante de la vie des tsiganes ! Six années qui permettront malgré tout à la jeune Alba de devenir une femme.

C'est un très beau roman, écrit avec beaucoup de sensibilité. Les personnages sont touchants, l'auteur nous offre un joli portrait de femme et un joli portrait des « gens du voyage ». J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier roman !
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Une découverte de l'état d'esprit du peuple tzigane, de leur liberté à travers le récit de leur enfermement pendant la seconde guerre mondiale en France
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D'abord, il y a ce titre magnifique porteur de poésie qui fait référence à un proverbe tsigane : "on n'entre pas impunément chez les Manouches, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire". Et cette couverture qui représente seule cette grande route de la roulotte des gens du voyage enlevée de son essieu comme la fin d'un voyage, l'opposé de la liberté et donc du mode de vie de cette communauté. le 6 avril 1940, ce décret : "en période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté " fut un tournant dans la vie des gens du voyages en France. Car oui, c'est bien dans notre pays que ce déroule ce roman inspiré d'une histoire vraie. Premier choc qui fait douloureusement mal et honte. Trois-cent-cinquante tsiganes de Charente-Maritime furent conduits sous escorte policière dans le camp des Alliers sur ordre de Préfet de la Kommandantur d'Angoulême. Deuxième choc car le mot « camp » associé la Seconde Guerre Mondiale évoque généralement et principalement l'Allemagne et non la France.

Paola Pigani nous raconte à travers l'histoire d'Alba tout juste âgée de quatorze ans à son arrivée avec sa famille au camp les souvenirs d'Adrienne une grand-mère tsigane de quatre-vingt-sept ans. Six années dans ce camp cloîtrés sans aucune liberté, la promiscuité dans des hangars, la faim et le mort à petit feu des espoirs. "Les objectifs secondaires de l'internement sont de leur apprendre à vivre comme tout le monde, d'abandonner leurs rites, leurs vices, d'adopter des règles d'hygiène, d'éduquer les enfants, de les faire travailler afin qu'ils soient pas à la charge de l'état" : sous-entendu supprimer leur mode de vie, leurs traditions pour en en faire des sédentaires. Il y a les humiliations et ce dont on les prive. Eux qui étaient habitués à travailler pour subvenir à leurs besoins et à sillonner librement les routes n'ont plus aucun droit. Les hommes ne savent que faire de leurs mains, la gaieté s'éteint dans les yeux de tous. Et l'interdiction de dormir dans la roulotte bien plus qu'un moyen de transport , elle est leur habitat, le foyer où se retrouve toute la famille : "Ainsi cachées, immobiles, les roulottes n'existent plus aux yeux de la population locale. Les autorités se gaussent déjà de la réussite de leur entreprise : donner à ceux-là le goût de prendre racine, d'être comme tours citoyens français. "
La mère d'Alba dépérit, son père privé de son cheval est devenu est un homme terne. La faim, les hivers rudes, la saleté les usent tous. Bien sûr, la révolte et l'incompréhension les habitent mais ils n'ont aucun moyen de se faire entendre. La solidarité et l'entraide, piliers de la communauté, sont mises à mal "Là où auparavant on donnait sa part toujours au plus pauvre, on ne voit plus l'autre pareil". Durant ces six années, Alba deviendra femme puis mère en devant supporter la souffrance, les paroles qui blessent mais heureusement, il y a de une vraie humanité encore présente chez quelque personnes.

Avec sensibilité, poésie et pudeur, Paolo Pigani nous offre un roman bouleversant, touchant, digne et sans pathos. J'ai été fracassée par cette histoire et gagnée par la honte. Car cette communauté qui a souffert dans sa chair et son esprit par le passé est souvent pointée du doigt, accusée à tort et à travers. Il n'y a qu'à regarder ces terrains à la périphérie des ville où ils se retrouvent rassemblés (pour ne pas utiliser un autre mot) et de tendre l'oreille pour écouter ce qui est prononcé à leur égard. Une lecture uppercut qui fait mal, qui nous ouvre les yeux sur un pan de l'Histoire peu connue mais un roman nécessaire qui montre ô combien la différence dérange.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2014/03/paola-pigani-nentre-pas-dans-mon-ame.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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En France, au printemps 1940, l'avenir est sombre pour les tsiganes, dont les déplacements sont entravés depuis le début de la guerre. La jeune Alba et sa famille continuent tant bien que mal à vivre selon leurs coutumes. Finalement, sur demande des Allemands, Alba et son clan sont conduits dans un camp non loin d'Angoulême. Ils y resteront six ans, libérés seulement en 1946. Six ans prisonniers de murs, s'efforçant tant bien que mal de préserver leur âme, leur liberté d'esprit et de prendre soin les uns des autres. Entre temps, Alba sera devenue femme.

« N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures » est une maxime tsigane qui signifie que l'on n'entre pas facilement ni impunément dans l'intimité de ce peuple. Et en effet, c'est avec une grande délicatesse que l'auteure lève le voile sur cette famille tsigane, nous fait entrer dans son intimité et nous fait partager un peu de sa philosophie de vie. Il en ressort un grand désir de liberté, un amour de la nature, et une fierté que l'enfermement et les privations n'auront pas réussi à entamer. Les personnages ont souffert, leurs chants se sont tus, mais ils sont restés droits et n'ont jamais dérogé à leurs valeurs.

Historiquement, ce roman est également intéressant, l'auteure ayant recueilli des témoignages de tsiganes. En effet, je n'avais que très peu entendu parler de l'enfermement de ce peuple avant d'avoir lu ce roman. L'auteure nous montre l'enfermement, les hommes qui partent à la journée pour un dur labeur, les femmes qui restent confinées, la nourriture extrêmement rationnée, les maladies qui emportent les plus faibles. Malgré cela la vie continue, portée par les femmes. La trajectoire personnelle d'Alba, que nous suivons tout au long de ce roman, en est révélatrice. Les tsiganes d'Angoulême ne seront libérés qu'en 1946 et en garderont une grande méfiance vis-à-vis des autorités.

Les personnages de ce roman sont insaisissables mais attachants. J'ai l'impression de ne pas vraiment connaître Alba, même si on passe beaucoup de temps en sa compagnie. Elle symbolise la vie et l'espoir. J'ai été touchée par la relation qu'elle entretient avec sa maman, Maria, qui est aveugle. Son père, Louis, est très digne même s'il est dépassé par les évènements. Enfin, j'ai été émue par le petit René, un enfant qui n'a pas toute sa tête.

L'écriture de Paola Pigani, qui a publié des recueils de poésie, est très délicate, joliment ciselée. J'ai beaucoup apprécié cette expérience de lecture. Elle raconte des évènements sombres avec de belles phrases et beaucoup de pudeur, sans misérabilisme. En équilibriste, elle donne vie sur le papier à cette âme tsigane, un peuple auquel elle n'appartient pourtant pas.

Ainsi, ce premier roman de Paola Pigani est un essai réussi. Avec finesse et pudeur, elle nous fait entrer dans ces années sombres vécues par les tsiganes, et un peu dans leur âme également. le tout étant servi par une belle plume, que je vous conseille de découvrir.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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On ne sort pas de ce livre avec des chaussures...mais le coeur gros et beaucoup d'émotions. C'est un roman bien sûr mais si cela ne pouvait être qu'une fiction! Encore une fois la bêtise de l'homme est sans mesure: comment peut-on faire subir de telles humiliations à d'autres humains? le récit est beau, pudique, sans étalage de souffrances mais tout en retenue, et très poétique. On entre là dans la communauté des gens du voyage , mais pas tout à fait, ils auront leurs secrets qu'ils ne partagent pas avec nous, les gadjés.
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Attirée (trop) plus jeune par les récits sur la seconde guerre mondiale et sur les camps, mes lectures s'étaient éloignées de ce sujet. J'étais un peu sur la réserve en entamant le récit d'Alba, jeune bohémienne sous l'occupation allemande.

Surprise: loin des clichés, des a priori et des "déjà lu", j'ai enlevé mes chaussures et suis entrée dans l'intimité feutrée et aimante de ces nomades tout autant méconnus que non reconnus.

Un peuple riche de liberté simple, abandonné sur la route (c'est un comble!) de la reconstruction d'après guerre, auquel on a tout pris et rien redonné, bien qu'il ait eu son lot de misères, comme tout le monde à l'époque.

Je ne saurais démêler le vécu de la fiction et peu importe. Paola Pigani a habilement retranscris les propos recueillis et me faire entrevoir un pan de l'histoire régionale et européenne peu abordée dans les livres d'Histoire.

A lire au coin du feu, enveloppé dans une couverture, avec la bande originale de Gadjo Dilo en fond musical.
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Sur la couverture la roue immense d'une verdine. La verdine c'est la roulotte des tsiganes.
Des roulottes et des gens il y en a une longue file qui se dirige vers un camp, celui des Alliers, tout près d'Angoulême à la demande de la Kommandantur. Un endroit pour les protéger soi-disant. Ces hommes et ces femmes qui ont l'habitude de vivre dehors. Libres !
« Les grilles du camp s'ouvrent dans un grincement lugubre. Pour qui n'a pas l'habitude de fermer, de verrouiller, ce bruit aigu provoque presque une douleur. »
C'est l'histoire d'Alba, 14 ans, et de sa famille qui est racontée dans ce livre. Six ans d'enfermement, sans hygiène, sans beaucoup de nourriture, dans une promiscuité terrible.
Le camp des Alliers a vraiment existé. L'auteur se basant sur des souvenirs racontés, relate la vie dans ce camp. Pour ces manouches n'aimant pas les maisons c'est un enfermement terrible.
Ce livre est un témoignage très fort, porté par des personnages hauts en couleur. On les imagine tant ils sont bien décrits. On entre dans leur vie, leur tradition et leur humanité.
La guerre, à la porte du camp, est peu évoquée finalement. Mais qu'elles sont longues ces six années…Il y a bien quelques personnages généreux dans ce livre mais même les bénévoles de la Croix-Rouge sont prompts à juger (p106) les mots sont si terribles que je ne les mets pas ici, mais je pense qu'ils doivent être encore prononcés de nos jours.
C'est un livre intéressant par ce qu'il nous fait découvrir, un pan de l'histoire assez vite oublié par tous, j'y ai trouvé malgré tout quelques longueurs. Je ne sais pas s'il y a de la poésie dans cette écriture, j'y ai trouvé plutôt une description un peu clinique des événements, illuminés par de beaux moments et la fierté et le courage des Manouches.
Peu d'espoir dans ces lignes mais il n'y avait pas de raison d'en avoir. Libérés en 1946 seulement ils se retrouvent dehors sans rien. Plus de védrine, plus de chevaux pour repartir sur les routes de Charente …ou un peu plus loin sans aucune aide.
Un livre nécessaire pour nous faire réfléchir sur une histoire méconnue que j'ai découvert grâce à masse critique. L'auteur a fait un beau travail de mémoire.


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On entre dans ce roman par le poème Gagner d'Eugène Guillevic… Ce choix est loin d'être anodin à mon sens. En effet, ce roman est le premier de Paola Pigani qui se consacrait jusqu'alors à l'écriture de poésies et de nouvelles. le thème du poème reflète, par ailleurs, très bien l'ambiance de cette histoire. Et enfin, ils nous introduit dans l'écriture délicate, subtile et poétique de l'auteure. Au cours de ma lecture, j'ai été partagé entre l'horreur des faits racontés et la beauté des phrases que j'ai eu envie de graver en moi, des phrases qui sonnent si justes que ça m'a touchée, remuée.
Ce roman aborde le thème des déportations et d'internements des populations nomades (Manouches, tsiganes, forains, gens du voyage…) dans des camps pendant la Seconde guerre mondiale et sous l'Occupation. Je lis régulièrement des romans sur cette période mais c'est la première fois que j'en lisais un sur ce thème-là. Sous une forme de témoignage, Paola Pigani raconte l'histoire d'Alba et de sa famille. Un beau jour, ils sont arrêtés et emmener au camp des "Alliers", près d'Angoulême. On va alors connaître leur quotidien, leur nouveau cadre de vie, les nouvelles "lois" qui s'appliquent à eux, comment ils vont arriver à vivre et à survivre jusqu'en 1946… car ce camp fût le dernier à être libéré.
Alba – inspirée d'une histoire vraie – est une jeune fille que j'ai énormément appréciée. Elle est très attachante et très forte. Elle va mûrir très vite dans ce camp. Et à travers son regard de jeune femme, le lecteur va vivre plusieurs émotions, du désespoir à l'espoir, en passant par tout un éventail de sentiments forts, touchants, poignants, vrais.
Un petit mot pour finir sur la couverture et son titre. La photo de couverture est une excellente métaphore de la vie des tsiganes dans ce camp… un clin d'oeil à ces nomades qui vivaient dans des roulottes et qu'on a enfermé et condamné à se sédentariser. Quant au titre, il s'agit d'un proverbe tsigane qui est une nouvelle fois choisie à bon escient pour introduire ce récit.

Un roman historique comme je n'en avais jamais lu jusqu'à présent : poétique, fort, poignant, émouvant! A découvrir pour l'écriture mais aussi pour cette partie de l'Histoire peu évoquée dans la littérature (à ma connaissance) mais qui éclaire la façon de vivre actuelle des ces peuples nomades.
Lien : http://aziquilit.wordpress.c..
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