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sur 146 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman d'un féminisme ordinaire dans le Téhéran du début du XXIème siècle. A partir d'un instant charnière de la vie d'Arezou, on partage le quotidien de cette femme divorcée, entre son travail à l'agence immobilière, sa mère, sa fille et son amie Shirine. Un quotidien ordinaire, simple, mais teinté en fond d'un combat pour vivre en femme libre.

Jusqu'à sa rencontre avec Sohrab, rencontre qui va bouleverser ce quotidien.

Dans cette société iranienne riche en contrastes, au mode de vie à la fois moderne et ancestral, on voit là, toute la place des femmes, sur lesquelles pèse tout le poids de la domination masculine qui les écrase.

Mais vivre sans mari, n'est-ce pas vivre libre alors ? Confrontée à cette contradiction Arezou va chercher à sortir de cette dichotomie manichéenne.

A partir d'une écriture qui plonge son inspiration dans le quotidien, dans l'oralité et l'humour, on traverse la vie de ces femmes et de toute la société iranienne.

Un beau roman entre désir de liberté et désir d'amour qui bouscule nos certitudes avec tendresse.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Je gardais un assez bon souvenir de Zoyâ Pirzâd et des mélancoliques nouvelles de ses recueil Comme tous les après-midi et le Goût âpre des kakis, j'ai donc facilement cédé à l'appel de ce roman...Qui n'est pas aisé à lire, tant à cause des nombreux termes persans, étonnants au début, bien que l'on s'y habitue au fur et à mesure, qu'à cause de l'intrigue et à ses quelques très rares rebondissements.

Ce qui fait le suc de ce roman, c'est plutôt toutes ses scènes de ménage de femmes qui révèlent les caractères de chacune : Arezou, femme divorcée et manager hors pair, Shirine, belle et joyeuse mais abandonnée par son compagnon, Ayeh, la fille d'Arezou qui refuse de voir les sacrifices de sa mère, et bien sûr Mah-Monir, la grand-mère totalitaire persuadée d'être de noble rang. Autour de ces quatre protagonistes, des employés de l'agence immobilière d'Arezou, des domestiques qui sont devenus au fil du temps membres de la famille, des gens croisés au hasard d'un trajet en bus, et surtout le mystérieux Zardjou, qui vient perturber l'équilibre fragile existant.

Si l'intrigue peut donc paraître lente, que l'on s'impatiente et que l'on aimerait déclencher les évènements, On s'y fera ne nous esquisse pas moins la société iranienne, vue par le prisme féminin : endettement des maris pour leurs épouses qui ne pensent qu'au paraître, ou au contraire maris paresseux déchargeant sur leurs femmes (qui travaillent elle aussi) toute la gestion du quotidien et des enfants, familles détruites par les opinions politiques, la guerre Iran-Irak et la drogue, adolescentes rêveuses et friquées qui semblent avoir perdu tout lien avec les autres classes de leur société...Seul Zardjou fait figure de perfection, et l'on regretterait presque cette absence de défaut.

Arezou étant agent immobilier, Zoyâ Pirzâd se prête aussi la description des maisons, qui sont plus l'occasion d'évoquer des souvenirs, d'ouvrir et de fermer des portes entre le Téhéran moderne et le Téhéran ancien et traditionnel ; et à force de description des maisons, des jardins et des rues, l'on se croirait presque sur place tant l'auteur parvient à rendre l'ambiance de triste mélancolie apaisée.

La chute consacre la tyrannie des proches, et m'a fait penser, dans un registre moins dramatique cependant, au très beau roman le voile de Téhéran de Parinoush Saniee.
J'ai une fois de plus pris un grand plaisir à la lecture de ces auteurs iraniennes !
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Arezou la quarantaine, divorcée élève sa fille adolescente. Vivant à Téhéran, elle fait partie de ces femmes qui assument leur vie, elle a repris l'agence immobilière familiale, à la mort de son père.
Sa mère est une femme exigeante, vivant dans un monde où tous les caprices peuvent être satisfaits. Et elle comble sa petite-fille comme si l'argent tombait du ciel.
Ecartelée entre ces deux femmes, Arezou jongle avec un emploi du temps chargé où il y a peu de place pour elle. Heureusement elle peut compter sur sa meilleure amie, Shirine qui n'est pas avare de conseils.
« —Tu es comme une pile sur laquelle on tire tout le temps sans jamais la recharger. Tu dois penser un peu à toi. »
Elle va rencontrer Arezou sera-t-il le chargeur ?
Zoyâ Pirzâd, sans grandiloquence mais avec poésie et humour met en scène le quotidien. Elle fait réfléchir sans développer de théorie sur les choix que les femmes sont amenées à faire.
Une vie sous différents angles de prise de vues qui bout à bout révèle la vie d'une femme qui va de l‘avant avec détermination dans cette société iranienne.
Sans effets spéciaux avec des fondus qui laissent au lecteur le loisir d'imaginer.
Une plongée dans une civilisation en mouvement sous le prisme de trois générations de femmes.
La mère vit dans un monde doré, a-t-elle conscience que son mari est mort couvert de dettes et que sans sa fille Arezou qui a laissé sa vie pour reprendre l'agence familière et travailler à redresser la situation, elle serait en difficultés. Elle n'a de cesse de rabaisser sa fille avec une astuce assez particulière, lorsqu'elles parlent ensemble la mère met sa fille au même palier d'âge, coupant ainsi toutes velléités de lui accorder une vie de femme indépendante, la quarantaine séduisante.
Arezou est attentionnée, très active, et patiente. La fille se comporte en adolescente gâtée pourrie, mais finalement cela cache une angoisse.
Cette femme va en permanence essayer de combler les deux.
Elle a le sens des réalités mais encore plus avec sa rencontre avec Zardjou, qui lui a abandonné une vie qui aurait pu être plus facile, pour vivre dans un quartier assez populaire. Lui aussi est attentionné et à l'écoute des autres.
Les dialogues nombreux sont savoureux, justes et impriment un rythme particulier à l'histoire, celui du quotidien, celui des petits riens qui constituent la vie.
En arrière-plan la société est là, on y rencontre dans les lieux publics la police des moeurs qui veilles aux bons usages. Les transports en commun qui a sa section des femmes…
L'auteur nous montre par le quotidien la confrontation entre la tradition et la modernité en dressant de beaux portraits de femmes.
C'est un ressenti que peut éprouver le lecteur en suivant les protagonistes, il les voit, les écoutes, marchent avec eux dans les rues, assistent aux réunions de famille, aux fêtes comme s'il était lui aussi avec eux.
C'est une façon très agréable d'appréhender un pays.
Les livres de Zoyâ Pirzâd sont nourris de ce qu'elle voit, elle n'impose aucun jugement, elle montre. C'est peut-être ce qui déroute certains lecteurs.
L'écriture est fine, les dialogues justes, le texte est maîtrisé aucune envie de faire divaguer le lecteur, au contraire elle va à l'essentiel, en montrant comment ces petits riens sont importants, comme les fondations d'une vie, d'un bonheur.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 mai 2020.


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4ème de couverture: A travers le destin d'Arezou, une femme iranienne, active et divorcée, écartelée entre sa mère et sa fille, trois générations s'affrontent dans un monde où règnent depuis longtemps les interdits et le non-dit.
On la suit au bord du rire ou des larmes, espérant avec elle profiter enfin d'une certaine beauté de la vie. Dans un roman d'une richesse et d'une vigueur exceptionnelles, Zoyâ Pirzâd brosse à la fois le portrait d'une société pleine de contradictions et celui d'une femme passionnante, aussi drôle et attachante qu'une héroïne de Jane Austen.

Mon opinion: bien. A travers le personnage d'Arezou, femme moderne, active, en proie à une histoire d'amour, Zoyâ Pirzâd nous livre avec finesse le portrait d'une femme d'Iran, touchant, délicat... Entre tradition et modernité, cette femme tente de vivre en accord avec elle même. Déchirée entre sa fille, sa mère, sa meilleure amie, Arezou essaie de redécouvrir l'amour mais se heurte à de nombreux obstacles... L'auteur nous livre un roman riche, intense, avec une intrigue bien menée, des personnages complexes et nous plonge au coeur de la société iranienne. A lire!
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Arezou, quarante et un ans, divorcée de son cousin germain, héritière d'une agence immobilière qu'elle gère avec succès, est entravée voire vampirisée par les demandes affectives de sa mère, Mah-Monir, dame aux nostalgies de grandeur, et de son étudiante et blogueuse de fille, Ayeh, lesquelles s'entendent comme larrons en foire et pactisent volontiers à ses dépens. Elle n'a pour alliées que son employée et amie Shirine, hostile au sexe masculin par parti pris, ainsi que son ancienne nourrice Nosrat, qui continue de servir chez Mah-Monir et de vouer à sa protégée une dévotion inconditionnelle. La contrainte des deux antagonistes et le soutien – révocable – des deux proches lui permettront-ils de « refaire sa vie » avec le riche, généreux et bon mais roturier Monsieur Zardjou ? L'un des charmes du roman est que nous hésiterons à savoir répondre même à la dernière page.
Le principal autre réside dans le fait que cette histoire de féminité contrariée, inhibée, frustrée, comme si souvent dans l'oeuvre de cette auteure, ne l'est pas par les méfaits du patriarcat et encore moins du joug religieux que nous nous complaisons à rechercher dans nos habitudes de pensée orientaliste. L'héroïne est si reconnaissable, la trame si partageable que la localisation à Téhéran et la datation contemporaine ne proviennent que du cadre et des innombrables détails de la vie quotidienne typiques de la plume de Pirzâd.

Peut-être me suis-je habitué à son style, peut-être ai-je trouvé quelques longueurs dans le traitement du sujet : le fait est que je pense préférer à présent Pirzâd comme nouvelliste que comme romancière.
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J'aime beaucoup les romans de Zoya Pirzad, j'ai eu un vrai coup de coeur pour "C'est moi qui éteins les lumières".
J'ai bien aimé celui-ci aussi, mais j'ai quelques réserves : sont-elles dues au décalage culturel ?
C'est possible. Ce que j'aime dans les romans de cette écrivaine, c'est le côté universel malgré le cadre qui m'est totalement étranger.
Dans ce roman cependant, j'ai eu du mal à situer l'histoire dans le temps : usage des téléphones portables et premiers blogs, presque le début d'internet. Ceci me paraît un tant soit peu anachronique mais après tout, j'ignore tout du développement de l'internet dans ce pays.
C'est un détail. Ce qui l'est moins, c'est l'impression qui perdure après la fin de ma lecture sur 2 personnages : la fille et la mère de l'héroïne.
Je les trouve finalement à la limite de la caricature.
La fille, qui a 19 ans quand même, a une attitude d'une ado capricieuse de 14-15 ans et la grand-mère se range du côté de sa petite fille de façon systématique.
Aucune des 2 ne semble avoir de considération pour leur mère/fille.
Mais est-ce mon regard d'occidentale féministe et peut-être trop indivudualiste qui brouille ma vision ?
Y a-t-il une explication au comportement de la mère qui tiendrai d'une forme de punition inconsciente pour avoir divorcé d'un homme choisi par elle-même justement, et donc d'un échec non assumé de sa part ?
y a-t-il des éléments de cette société iranienne qui m'échappent et qui pourraient diminuer cette sensation de personnages peu nuancés ?
Voyons pour conclure le côté positif : c'est sujet à discussion et c'est toujours sympa d'échanger autour d'un livre, non ?
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Voilà un livre reposant, doux, poétique. J'ai beaucoup aimé ce portrait de femmes iraniennes modernes, laissant à voir un Iran différent de celui véhiculé par les médias. L'écriture de Zoya Pirzad a ce je ne sais quoi de magique qui lui permet d'aborder des thèmes de civilisation, la condition de la femme, tout en délicatesse et en douceur. On prend le temps de lire, on déguste, le quotidien d'Arezou, personnage central du roman, dont les turpitudes ne sont finalement pas bien éloignées de celles des femmes occidentales...
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Divorcée, Arezou dirige avec beaucoup de justesse et d'humanité l'agence immobilière héritée de son père.
Tiraillée entre sa fille, adolescente et résolument moderne et, sa mère, conservatrice et légèrement autoritaire, elle se démène pour offrir à ses proches un cadre de vie serein et confortable.
Résolument vaccinée contre les hommes, elle jette un regard sans fards sur la vie que mène la plupart des iraniennes de son âge, ravie d'avoir pu se libérer de tous ces carcans conventionnels.
Jusqu'au jour où elle rencontre Zardjou qui vient d'acquérir une maison…

Dans une plume vivante et tout en nuances, le récit dresse le portrait d'une société communément connue pour être très traditionnelle et qui se révèle pleine de contradictions. Arezou est une femme de son temps, divorcée, moderne et active qui s'autorise à exister pour elle-même. L'occasion pour l'auteure d'esquisser le tableau d'une société iranienne vue par les femmes : maris paresseux, morts à la guerre ou endettés pour assouvir les caprices de leurs femmes ; drogues et autres addictions ; guerre ; énormes disparités économiques ; traditions et rôle de la femme…
En filigrane, l'écriture s'attache à souligner la transformation de la ville avec beaucoup de descriptions de l'architecture traditionnelle balayée par les nouvelles constructions résolument modernes.
Un véritable voyage en Iran, tant par le paysage que par la gastronomie où les plats au nom chantant sont décrits si minutieusement qu'on peut les « voir ».

Une plume toute en couleurs, sonorités et odeurs pour raconter des vies, des choix et des conséquences, un bon moment de lecture


Lien : https://www.instagram.com/ne..
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( 30/04/2020 )

J'ai dévoré l'histoire de Zoyâ Purzâd, On s'y fera!

On est plongée dans l'histoire d'Aerzou et avec elle, celle de sa fille Ayeh, de sa mère Mah-Monir et de Shirine, sa meilleure amie! Une histoire de femmes au coeur de Teheran ou chaque génération essaye de se vivre dans les limites donné au statut de la femme et de son héritage!

Là où dans les familles une certaine image prime au point d'arranger la réalité sur les études et métiers de ses enfants, où chaque famille rivalise dans l'organisation de festivités, Aerzou multiplie à elle seule, les déceptions familiales... Elle est divorcée, dirige une agence immobilière, et refuse d'envoyer sa fille à Paris pour continuer ses études! Une honte pour les siens... Et pourtant, cette femme de 40 ans, déçue de son premier mari, qui tente de remettre l'agence de son père sur pied, se plie en quatre pour satisfaire et aider son entourage avec le peu qu'elle a... Elle s'épuise à maintenir en équilibre son monde privé d'homme! Parce que si un homme était là, il pourrait prendre et être responsable de toutes les décisions à prendre... Comme si c'était si simple! Surtout quand on aspire à être plus qu'une mère, cuisinière, ménagère, ...

Surtout quand dans la réalité, les femmes seules avec enfants n'ont en général plus les moyens pour survivre dans la société iranienne, sauf si on a fait partie, comme sa mèr, d'une ancienne lignée noble... Quand les révoltes et les effets de la guerre ont brisé des destins et des familles par les larmes qu'elles sont fait naître... Quand des femmes mettent leurs vie en danger pour enfanter à une époque où des maris n'investissent plus dans leur foyer, obligeant les femmes à s'épuiser en plus au travail par manque de moyen... Quand une ville fait peser le poids de la tradition et pourtant au quotidien se modernise avec sa nouvelle façon de consommer...

Dans tout ce contexte, même si la présence d'un homme arrangerait certaines questions, d'autres soucis apparaîtront... La plupart des mariages ne reposant pas sur l'Amour! Oui, mais l'Amour ne peut - il vraiment pas faire partie du couple? N'existe-t-il que la possibilité d'une hiérarchie qui place d'office la femme en infériorité? Rencontrer un homme est - ce d'office perdre le peu d'indépendance acquise?

C'est à cette grande question que Aerzou va être confrontée lorsqu'elle rencontrera Sohrab Zardjou, remettant sans le vouloir l'équilibre féminin de son entourage en danger...
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On s'y fera relate le quotidien d'une femme, écartelée entre traditions et désir de modernité, envie d'évasion et poids d'une famille trop présente, le tout teinté de réminiscences de souvenirs d'enfance. Un beau roman, que j'ai apprécié, d'autant plus que l'héroïne y est attachante.
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