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4,15

sur 540 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Étrange livre où se mêlent deux voix, deux histoires, celle d'Évelyne Pisier, celle de Caroline Laurent son éditrice, toute jeune femme qui découvre - et nous fait découvrir - un aspect insoupçonné du métier d'éditeur. Celui de confidente, d'oreille attentive aux blessures et aux enthousiasmes passés mais aussi, et c'est plus inattendu, celui de co-écrivain d'un récit brutalement interrompu par la mort.

Très loin de l'effet « people » qu'on aurait pu craindre (Pisier, Kouchner, Castro), nous découvrons avec respect et admiration - un peu d'envie aussi ! - le parcours d'une femme libre, libérée plutôt, par sa mère, son époque, ses rencontres, ses choix. Une femme qui se construit « contre », contre l'exemple du couple de ses parents, comme le statut de la femme imposé par la société des années 1940-1960.

Il s'agit de Lucie-Évelyne, fille d'un haut fonctionnaire à l'époque coloniale, pétri d'idées toutes plus réacs les unes que les autres, bien inscrit dans un milieu d' « expats », diplomates issus de la petite-bourgeoisie du début du XXième siècle. Évelyne Pisier restitue la vie de ces hommes et femmes au Vietnam, en Nouvelle-Calédonie, persuadés d'agir pour la grandeur de la France et sa vocation à éclairer le monde, à civiliser des gens qui sans elle resteraient dans l'obscurantisme et le Moyen-Age. le sujet n'a pas fini de faire débat.

La petite fille garde des souvenirs éblouis et terribles de ses passées à Hanoï, jusqu'à la fuite hors du pays au moment de la guerre avec le Japon. Enfermement dans un camp, violences, viols : sa mère et elle ont connu l'horreur. Son père, rebaptisé André, en réchappera lui aussi. Et la vie reprendra, à Nice d'abord, à Nouméa ensuite. Nouveau poste, nouvelles découvertes pour la fillette mais aussi pour sa mère, Mona. Ayant fait la connaissance avec Marthe (personnage inventé de bibliothécaire féministe et sans doute homosexuelle), Mona se découvre un appétit pour la liberté, les libertés : conduire, avoir sa voiture, prendre un amant, divorcer. Son haut-fonctionnaire de mari en est mortellement blessé, ridiculisé aux yeux de la bonne société. Il le lui fera chèrement payer...

Ce couple s'aime, se déteste, ne peut se passer l'un de l'autre, se sépare et, sans préavis, se reconstitue, sous les yeux incrédules et furieux de Guillemette, la mère de Mona. Sous les yeux lassés et déçus de Lucie, à qui on fait des confidences intimes en oubliant qu'elle est une toute jeune fille, qui n'a pas commencé encore à vivre sa propre vie. Confidente malgré elle, à qui l' innocence est volée par des adultes enfantins et égocentriques. Elle qui doit à chaque rupture quitter ses amis, son petit monde de fillette, renoncer à ses rêves (partir en Afrique avec l'Amant !)

Devenue grande, poussée par sa mère, nourrie du « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir, elle fait des études (sa mère lui interdit le ménage et la cuisine!), passe l'agrèg et fait sa thèse brillamment, fréquente les milieux révolutionnaires à Cuba où elle devient la maîtresse de Castro (saisissant et attachant portrait du Commandante), fréquente Cohn-Bendit et les activistes de mai 68.
Destin hors norme, façonné par une mère et des rencontres hors-norme.

Mais, de Lucie-Évelyne ou de Caroline, qui est le personnage le plus intrigant, le plus émouvant, le plus attachant ? Cette toute jeune éditrice de 28 ans, visiblement bouleversée par la rencontre avec Évelyne Pisier suscite mon intérêt, mon admiration, ma tendresse. Elle a manifestement vécu un coup de foudre d'amitié en rencontrant Évelyne. Étrangement - mais existe-t-il un hasard ? - elle trouve des résonances de sa propre histoire dans celle d'Évelyne et de sa mère.
In fine, en dépit de la richesse et de l'originalité du personnage d'Évelyne, c'est celui de Caroline qui me touche le plus. J'aime son travail obsessif pour restituer du mieux possible le destin d'Évelyne, le compléter de façon plausible et respectueuse d'une vérité ; j'aime son humilité et son respect, sa discrétion et sa sensibilité, la légèreté et la gravité de sa plume, la rigueur et l'originalité de la construction de son texte. Bref, si j'ai aimé découvrir Évelyne Pisier et son histoire qui a longé la mienne, j'ai adoré découvrir Caroline Laurent, comme une amie virtuelle mais tellement vivante ! Et je me dis que si , un jour, il me prenait l'envie de raconter mon histoire, je ne voudrais pas d'une autre éditrice...

Et, en principe, je devrais la rencontrer le 15 décembre, grâce à l'association « 68 1ères fois », cadre dans lequel j'ai pu découvrir ce livre.
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Comment écrire un avis sur un livre qui fait déjà l'unanimité et qui finalement n'a pas tellement besoin de mon avis pour convaincre les lecteurs de le lire ?








Pourtant j'ai rarement eu si envie de décrire ce que j'ai pu ressentir en lisant ce livre. J'ai aimé découvrir Evelyne Pisier, je ne la connaissais pas du tout. Et surtout j'ai aimé lire les mots posés par elle et Caroline Laurent. Une amitié hors du commun me semble t'il, une amitié qu'on ne vit pas tous les jours, aussi fugace soit-elle ?






L'amitié a t'elle d'ailleurs un temps défini avant d'être décrite comme forte et puissante ? Je n'en suis pas sur et ce livre m'apporte la preuve que j'ai raison.






Caroline Laurent espérait certainement vivre plus longtemps aux côtés d'Evelyne pour justement vivre encore plus intensément leur relation. Mais dans le récit on voit rapidement que Evelyne savait, devinait l'avenir. Elle savait qu'il était temps de se livrer pour laisser une trace. Et son choix pour Caroline a donc été une évidence.



Deux femmes, deux générations, un même combat ?






Lisez ce livre comme un hymne à l'amitié, l'amour, la combativité aussi et le respect également.






Evelyne dévoile cette femme qui l'a élevée, éduquée, protégée pour qu'elle puisse s'épanouir et vivre à sa place dans la société. Comme à chaque fois, la relation mère-fille n'est jamais parfaite, simplement elle aura laissé à Evelyne la possibilité de faire ses choix.


le récit évolue au fil de la grande Histoire et j'ai perçu les difficultés d'être une femme à différentes époques, la bataille est commencée depuis longtemps en fait. La femme a toujours eu une place à part dans les sociétés mais chaque fois il faut en faire la preuve...


Les armes au fil du temps diffèrent et Caroline l'exprime divinement bien dans le récit. Elle intercale les moments de force de Evelyne avec ses moments de faiblesse que seuls certains connaîtront.


Ce roman est écrit avec beaucoup de finesse, il y est question du féminisme mais pas celui qu'on expose et qui se voit partout, plutôt celui, intime qui fait naître des convictions et nous fait agir. C'est peut-être pour cela que les relations mères-filles sont si particulières. L'envie que la société change se transmet certainement dans nos échanges, dans notre approche de l'éducation à donner aux enfants mais pour cela il ne faut pas être seule !


C'est aussi ce que j'ai ressenti de la relation entre Evelyne et Caroline. Une transmission différente d'une relation familiale mais qui porte tout autant des valeurs fortes. J'ai trouvé le récit d'une profondeur touchante et percutante. L'objectif de gagner cette liberté tant espérée est sous-jacent à chaque page et le fait que Caroline soit celle qui écrit lui donne encore plus de poids. Elle représente la jeunesse et cette nouvelle génération qui apporte sa (grande) pierre à l'édifice. le monde dans lequel nous vivons est voué à changer, rien n'est jamais figé.


Ce livre est un coup de coeur pour moi car il représente ce que j'aime dans l'idée du féminisme, il est solide, il est fort et en même temps il émane de ces pages une tendresse infinie entre les deux auteures, un sentiment que rien ne pourra les séparer, même pas la mort puisque Caroline a les clés de l'univers d'Evelyne !


Un livre que je vous conseille vivement de lire !



Lien : https://leslecturesdelailai...
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Un coup de maître...de maîtresse devrais-je dire devant ce fantastique récit - hommage  de l'editrice Caroline Laurent ayant dû reprendre le flambeau, au décès de celle qui avait entamé son récit de vie ; Evelyne Pisier, sans conteste un symbole de tous les combats de femmes sur ce XX è siècle écoulé.

442 pages qu'on lit, pour ma part, d'un seul trait, tant les portraits de Mona Desforêt et de sa fille Lucie, tirés de la vie d'Evelyne Pisier et de sa mère, sont passionnants de contrastes, fulugurances et de combats et les parfaites illustrations de la France coloniale, post-coloniale, des trente glorieuses et de la montée en puissance des modèles communistes et d'une certaine gauche. Un fil rouge que le passage de Mona initalement sous la coupe d'un mari passionné mais violent, fondamentalement pétainiste et conservateur en poste en Indochine puis en Nouvelle Calédonie, à la révolte contre le modèle imposé par ce dernier, puis à la bonne société coloniale et enfin au modèle sociétal français en son entier corsettant la femme (droit de disposer de son corps, droit de vote, soumission à son mari, rejet de l'indépendance économique, du divorce, de l'avortement, du planning familial....) et tant de combats dont le flambeau est partagé par sa fille Lucie. 

Récit multiples aussi où l'on suit aussi les échanges et la collaboration trop courte de l'éditrice Caroline Laurent avec Evelyne, les similitudes d'histoires de vie des deux, les passages et combats furtifs et propres de Marie France Pisier, soeur d'Evelyne, l'épisode Castriste où Evelyne et Fidel deviennent amants, la profonde convergence et le véritable amour comme les oppositions et divergences entre Mona et sa fille qu'elle veut voir comme l'égérie et la prolongation de ses propres échecs ou combats....

Mona, c'est aussi et de manière forte le destin d'une femme aux amours complexes, avec sa fragilité, ses faiblesses et échecs et son extrême sensibilité. de femme relativement naïve, Mona, par ses rencontres, ses passions, ses fureurs comme ses drames va se construire avec sa fille une personnalité à la fois forte et d'une grande fragilité et une certaine stature politique.

Tous les combats féministes, mais aussi celui des idéologies politiques, les combats autour des grands thèmes sociétaux (racisme, homosexulaité, sida....) sont mis sous les projecteurs de ces plumes et destin croisées. Un plaisir absolu de lecture, un témoignage humain et historique pour une certaine postérité.
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Quel choc! Quelle découverte ! C'est plus qu'un coup de coeur, c'est un coup de foudre!!!!
On suit l'histoire de Lucie et Mona ou celle d'Evelyne Pisier et sa mère à travers plusieurs décennies et sur plusieurs continents.
Ce roman retrace leurs vies, leurs amours, leurs déceptions, leurs souffrances,leurs batailles...
On y voit l'évolution du droit des femmes et pour la juriste que je suis et qu y oeuvre pour l'égalité des sexes, ce livre m'a parlé énormément.
Ce roman se lit comme 1 fleuve, où telles des marées on passe de Mona à Lucie. Chacune à sa manière va se battre contre les hommes et les règles/lois existantes, les barrières sociales afin de pouvoir vivre pleinement..
On suit l'acquisition des divers droits des femmes : conduire, travailler sans l'accord de son mari (1965), droit de percevoir son salaire(1970),IVG, contraception...
Un bouleversement !.
L'écriture est fluide, plus qu agréable et les interventions régulières de l'auteur de ce roman ,mais aussi amie de l'héroïne sont pertinentes,agréables. Elles nous permettent aussi de comprendre le lien étroit qu'elles avaient et d'avoir une image encore plus précise de Mona.
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Il y a des livres qu'on a du mal à sortir, de peur de ne pas l'aimer alors qu'on apprécie beaucoup une des personnes qui l'a écrit. C'est le cas pour et soudain la liberté et qu'est ce que j'ai eu tort de le laisser trainer, j'ai passé un excellent moment. Evelyne Pisier est décédée pendant l'écriture de sa biographie romancée. Pendant celle-ci, une très belle amitié est née entre elle et son éditrice Caroline Laurent. Ce texte est un hybride où s'intercale les passages entre l'histoire initialement prévue et ceux contenant les réflexions, les doutes… de Caroline Laurent. Cette construction donne une histoire très intimiste avec des échos touchants. On navigue entre passé, présent et échos de passés plus vastes. La plume est belle et prends aux tripes. Niveau histoire entre la fin du colonialisme, la naissance d'une conscience féministe et militante et la relation au communisme c'est une tranche d'histoire qui est mis en avant. C'est un beau texte intéressant et touchant.
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Un vrai coup de coeur.
Ce livre très bien documenté est un chef d'oeuvre.
Les pages se tournent toutes seules j'ai été happée par l histoire des deux héroines ,
Un rappel historique des lieux où se passe le roman est très bien venu et ajoute de l'intérêt à la vie tumultueuse des personnages.
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Certaines lectures vous bouleversent et vous touchent à tel point qu'il est difficile d'en parler. On a tellement à dire qu'on ne sait plus quoi dire. Je pourrai me contenter de vous dire « C'était magnifique. Lisez-le. » Mais je vais quand même développer.

C'est l'histoire d'une femme qui s'émancipe et s'ouvre à la vie.

C'est l'histoire d'une petite fille qui découvre le monde et devient une jeune femme audacieuse et passionnée.

C'est l'histoire d'une mère et de sa fille, de cet amour intense et incomparable.

C'est l'histoire de plusieurs amours.

C'est l'histoire d'une jeune femme amoureuse des mots et qui rêve d'écrire.

C'est l'histoire d'une amitié, d'une rencontre, d'une reconnaissance.

C'est l'histoire d'une femme qui devient écrivain.

C'est l'histoire d'une amie qui dit adieu à l'amie disparue.

C'est une histoire d'amour et de haine, de joie et de colère, de révolte et de passion, d'espoir et de désespoir, de rêve et de doutes, de vie et de mort.

Voilà, ce roman c'est tout ça à la fois. C'est magnifique. Lisez-le.

Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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« Je commence à comprendre que pour parler d'Evelyne, je dois accepter que des souvenirs personnels s'immiscent dans le récit. »

Ce devait être l'oeuvre d'une personne, Evelyne Pisier, dans laquelle elle souhaitait relater sa mère et se raconter. La vie ne lui en aura pas donné le temps. Son éditrice et amie, Caroline Laurent, au-delà de son rôle d'éditrice s'était engagé auprès du mari de son amie, le juriste et politologue ben connu Olivier Duhamel, à terminer et publier le livre sous forme de roman.

Cela donne un ouvrage protéiforme ; le roman en lui-même avec ses personnages rebaptisés, ses omissions volontaires et assumées ;une forme plus descriptive de ce qu'a été la vie d'Evelyne et de son entourage familial et amical, et le point de vue de Caroline Clément qui intègre son cheminement personnel dans la conception et la genèse de ce livre.

Ce roman est également un balayage historique allant de la seconde guerre mondiale aux grands mouvements des années 70, un témoignage sur l'émancipation des femmes prisonnières des mentalités d'un France colonialiste et bourgeoise, un tableau pas toujours très reluisant de la manière dont la nation mère traitait ses ressortissants du bout du monde .

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman/récit, pour ses qualités d'écriture, pour le formidable témoignage d'une certaine époque, et surtout pour tout ce qu'il comporte de preuves d'amitié et d'hommage d'une éditrice envers son auteur et amie. L'implication de l'auteur est importante sans être écrasante ; c'est tout la force de cet ouvrage.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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"L'intensité d'une amitié, ça vous fait une joie pour mille ans, c'est comme un amour, ça vous rentre par le nombril et vous inonde tout entier"

En septembre 2016, Evelyne Pisier, soeur de l'actrice Marie-France, présente son manuscrit à son éditrice Caroline Laurent. Elles travaillent ensemble sur le texte durant quelques mois avant qu'Evelyne ne décède en février 2017. Caroline Laurent termine alors le livre comme elle l'avait promis à Evelyne.

Dans son manuscrit Evelyne Pisier raconte son histoire et celle de sa mère, elle demande à son éditrice de l'aider à transformer son récit en fiction, pour elle le livre ne doit être ni un témoignage ni une biographie. le prénom fictif de Mona est donné à la mère d'Evelyne, celui de Lucie à Evelyne et la famille Pisier se nomme Desforêt dans le récit.
Nona Desforêt est une femme dont le rêve de devenir médecin a été brisé par sa grossesse qui l'a contrainte à abandonner ses études. Volontiers charmeuse, elle mène une vie assez superficielle en Indochine où est affecté son mari André, un haut fonctionnaire colonial. C'est un colon pétainiste, raciste et antisémite, convaincu de l'inégalité des races et de l'infériorité des femmes. Cet homme odieux, colérique et parfois violent sera le héros de sa fille pendant son enfance jusqu'à ce qu'elle prenne conscience de ce qu'il est en réalité.
La lecture du deuxième sexe de Simone de Beauvoir est une révélation pour Mona, ce livre "allume des feux en elle", elle décide d'agir désormais selon ses désirs, de ne laisser personne lui dicter sa conduite et ses opinions. La naissance d'une conscience et un bel affranchissement par la lecture... Elle devient une femme libre et séductrice, "amoureuse de l'amour". "L'amour était son moteur et sa prison". de retour en France après son divorce, indépendante et libérée, elle mènera de multiples combats féministes dans lesquels elle entrainera sa fille, elle multipliera les engagements, du planning familial à la lutte pour les droits des homosexuels jusqu'au militantisme dans l'Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité.

Mona et sa fille sont très proches et complices. Mona façonne Evelyne lui interdisant par exemple de toucher au ménage et à la cuisine, domaines dans lesquels les femmes ont toujours été cantonnées. Evelyne s'est construite avec et contre sa mère qu'elle présente comme la personne qu'elle aime le plus au monde...

Le récit nous mène de Hanoï à Nouméa puis en France en passant par Cuba où Evelyne vivra une passion amoureuse de quatre ans avec Fidel Castro. Caroline Laurent glisse dans le roman quelques extraits de lettres d'amour de Fidel Castro adressées à Evelyne...

Caroline Laurent a eu la très jolie idée d'insérer dans le roman l'histoire de sa rencontre avec Evelyne, elle parle des échanges qu'elles ont eus, de ses doutes, de ses peurs et angoisses lorsqu'elle se retrouve seule pour finir le travail... On assiste ainsi à la construction du roman et on comprend le rapport auteur-éditeur. Mais l'histoire d'Evelyne renvoie Caroline à sa propre histoire et réveille des souvenirs personnels ce qui apporte encore une autre dimension au roman car le destin de la mère de Caroline Laurent va venir s'immiscer dans le récit. L'éditrice dit qu'Evelyne lui a tendu un miroir. "Son texte, depuis le début, est un miroir qu'elle me tend"

J'ai trouvé ce premier roman de Caroline Laurent absolument MAGNIFIQUE, les deux très belles voix d'Evelyne Pisier et de son éditrice s'entremêlent à merveille pour nous brosser les portraits de deux femmes engagées. La construction choisie par Caroline Laurent qui mêle l'histoire d'Evelyne et de sa mère et l'histoire de la construction du roman est une très belle réussite. Deux livres en un en quelque sorte...
Par-delà l'incroyable destin d'Evelyne et de sa mère, ce livre est aussi l'histoire d'une magnifique amitié entre deux femmes que 47 ans séparent et qui ne se sont côtoyées que quelques mois, une amitié entre une éditrice et son auteure. C'est l'histoire d'une belle promesse, d'une belle confiance d'Evelyne en Caroline qui dit avoir terminé le livre "sans elle mais avec elle".
En résumé, pour moi c'est simple ce roman est une pure merveille !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Ce roman est construit avec beaucoup d'intelligence. Il s'agit d'une autobiographie, mais celle-ci est si bien romancée qu'on l'oublie. Les noms des personnages ont été changé, la soeur d'Evelyne Pisier, malgré son importance dans sa vie, a été supprimée du récit. Caroline Laurent, éditrice du livre, et devenue amie d'Evelyne, se livre aussi dans certains chapitres en nous livrant aussi ses sentiments au moment de terminer ce roman.

Ce sont plus de 50 ans d'histoire qui sont racontés. Tout d'abord l'évolution de la maman, épouse bourgeoise qui ne se pose pas trop de questions avant une rencontre qui lui fera découvrir le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir et sa soif d'indépendance. Une prise de conscience qui influencera l'éducation de sa fille et qui aura une grande influence sur leurs combats féministes. Lutte pour la libéralisation de l'avortement, le droit à la contraception, les droits des homosexuels, des combats qui montrent le chemin parcouru (même si la route est encore longue).

Bref, une belle surprise pour moi qui ne suis pas fan des autobiographies.
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