Quel joli livre que ces « Lettres d'Esther » de
Cécile Pivot !
Un roman empreint de lumière, une ode à l'écriture qui « guérit les coeurs et les âmes », une plume qui parle à nos souvenirs et nous ouvre à demain.
C'est la quatrième de couverture qui m'a convaincue de choisir ce roman :
"En souvenir de son père, Esther, une libraire du nord de la France, ouvre un atelier d'écriture épistolaire. Ses cinq élèves composent un équipage hétéroclite : une vieille dame isolée, un couple confronté à une sévère dépression post-partum, un homme d'affaires en quête de sens et un adolescent perdu. À travers leurs lettres, des liens se nouent, des coeurs s'ouvrent. L'exercice littéraire se transforme peu à peu en une leçon de vie dont tous les participants sortiront transformés."
Ce roman épistolaire a la dynamique d'un roman choral : les lettres s'enchaînent et révèlent les personnalités et le style de Juliette, Nicolas, Jean, Samuel, Jeanne… le style d'Esther aussi.
Avec une grande justesse,
Cécile Pivot donne à lire l'intime et l'universel : la perte, le deuil, le suicide, la maladie, la mort, la solitude, mais aussi l'amour, la résilience, l'écriture, la vie….et nos interdépendances - cette façon que nous avons de nous définir à travers l'autre, à travers ceux que nous aimons, à travers ceux que nous perdons.
La question du temps est centrale ; l'écriture s'en fait l'écho, le miroir.
La correspondance permet de dire les choses autrement, de se soumettre - dans une société qui accélère sans cesse - à un temps (plus) long, et d'accepter l'attente ( ne serait-ce que parce que l'autre nous répond bien quand il veut ).
Dans une interview,
Cécile Pivot prenait l'exemple de Nicolas et Juliette : ce couple au bord du naufrage ne parvient plus à communiquer, et va d'incompréhension en incompréhension. Colère et rancune s'accumulent. C'est l'écriture de lettres qui leur permet de se dire des choses difficiles, des choses qui auraient été inaudibles dans une conversation orale.
L'écriture - et son pendant, la lecture - introduisent le temps de la réflexion ; les mots contiennent les émotions : ils les portent et les apprivoisent tout à la fois.
La fin du roman est, certes, un peu happy - end … mais ne boudons pas notre plaisir !
L'écriture est belle.
Les personnages sont attachants, et j'ai particulièrement aimé Jeanne – sa confiance et son attention à l'autre, sa sagesse, sa poésie, sa bienveillance, sa fêlure aussi.
Les Lettres d'Esther sont un bonbon acidulé, un joli roman qui fait du bien, et nous donne envie d'écrire à ceux que nous aimons.