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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon cher Pierigwenn,


Je t'écris cette lettre parce que j'ai lu récemment quelque chose de simple et de très doux, qui m'a fait beaucoup de bien. Te connaissant, je pense que ce roman épistolaire trouvera écho en toi aussi, c'est pourquoi je te l'envoie dans ce petit colis. Il s'agit de personnages qui ne se connaissent pas, mais qui vont correspondre dans le cadre d'un atelier d'écriture. Chacun s'y est inscrit pour des raisons différentes, que tu comprendras au fur et à mesure de leurs échanges manuscrits. Et comme c'est plus facile de se livrer à des inconnus, des liens se tissent entre les correspondants, qui les aident à guérir de leurs blessures respectives. Une histoire de résilience croisée très humaine, très belle. Et pas si idéaliste que ça finalement, pour qui a déjà vécu cette petite étincelle, par exemple sur Babelio.


La libraire à l'initiative de cette aventure, c'est Esther : Une libraire comme tu en connais peut-être, toi aussi. Esther, elle est un peu comme babélio : Elle provoque des rencontres autour des lettres, dans tous les sens que ce mot peut receler. Amoureuse autant du pouvoir libérateur des mots délivrés, que des bienfaits apaisants des mots reçus, elle décide d'ouvrir cet atelier d'écriture. Elle demande aux six inscrits de choisir deux correspondants parmi eux. Leur mission consistera à s'écrire des lettres par voie postale, en lui en envoyant un double à chaque fois pour qu'elle fasse progresser chaque personnage dans sa manière de s'exprimer. Pour pimenter tout cela, elle donne parfois des thèmes ou des exercices à glisser dans ces correspondances : dialogue, monologue intérieur, projection dans dix ans, etc… Toi qui aimes écrire, je te sens déjà séduit par l'idée !
Son but est de sortir de l'isolement par l'échange et le dialogue. Mais il est aussi de réintroduire le plaisir dans l'attente, la sagesse dans le temps de réponse sans précipitation, délaissant le feu de l'action pour la méditation du propos, et des attentes d'autrui. S'exprimer, mais être à l'écoute aussi, pour pouvoir répondre et poursuivre, encourager l'échange.


Par cet éloge de la lenteur, elle cherche à savourer et propager le plaisir du mot juste, à l'inculquer à ses « élèves ». Parce que ce sont les mots qui nous sauvent de la solitude - et la solitude, c'est ce que tous ressentent, sans en être conscients au départ. Tous ces mots qu'on veut désespérément entendre, ou ceux que l'on n'a pas prononcés, ceux qui ne veulent pas sortir, ou ceux que l'on retient… Tous ces mots nous enferment dans notre douleur et nous isolent. Ceux-là, il est parfois plus facile de les écrire. Et souvent plus encore à des inconnus, dont le jugement nous importe peu, ou moins - au départ.
Mais des mots mal choisis, interjetés à la va vite dans une conversation, un SMS, ou même un e-mail, des mots répondus sans prendre le temps de vraiment écouter ni s'imprégner du message, ou encore sans prendre la peine de se demander comment nos propres mots vont être reçus et interprétés, peuvent faire des ravages.
C'est ce qui est arrivé à une bonne partie des candidats, dont les diverses raisons de s'inscrire trouvent toutes leurs racines dans l'un ou plusieurs des maux énoncés. Pour chaque personnage, y compris Esther, cet atelier constituera une thérapie de mots contre la douleur de ces maux.


Mais je ne t'en dis pas plus sur les personnages, je te laisse plutôt me dire ce que toi tu as pensé de leurs histoires, si elles t'ont touché autant que moi.
Car même s'il faut avouer que nos échanges par mail ne sont pas un modèle d'éloge de la lenteur, ils n'en sont pas moins un moment privilégié, et j'y ai retrouvé des similitudes touchantes.


J'espère que ce livre te plaira, j'ai vraiment hâte de lire ce que tu penses de ce moment d'échanges.


Je t'embrasse,
Onee.



XXXXXXXXXXX [Deux semaines plus tard :] XXXXXXXXXXXXX


AVIS DE PASSAGE : Pierigwenn vous a adressé une lettre ; le facteur n'ayant pu accéder à la boîte aux lettre qui débordait de commandes de livres, vous pouvez venir la chercher à cette adresse :

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Esther a décidé de mettre en place un atelier « d'écriture épistolaire » et passe une annonce dans deux journaux. On va ainsi faire la connaissance de Jeanne, veuve qui vivant dans sa maison avec des animaux qu'elle sauve de la maltraitance, de Samuel adolescent en crise qui a abandonné l'école à la suite du décès de son frère des suites d'un cancer, laissant la famille exsangue, aucun n'arrivant à se refaire une place dans la famille.

On rencontre aussi Jean, DRH richissime, qui fait des restructuration licenciements à la pelle sans état d'âme, toujours d'un avion à l'autre, qui collectionne les Rolex, les voitures de luxe… ou encore un couple à la dérive Nicolas cuisinier (2 étoiles) et Juliette, boulangère-pâtissière, engluée dans une dépression du post-partum, (à différencier du baby blues) et qui rejette son bébé…

Il y a quelques consignes : une première réunion, avec l'obligation de répondre à une question : « contre quoi vous rebellez-vous ? » et ensuite choisir deux personnes avec lesquelles échanger les lettres ainsi qu'un double à envoyer à Esther…

Chacun s'inscrit avec une idée derrière la tête, fuir la solitude, donner une chance à son couple, un sens à vie, surmonter un deuil et on va voir les personnages évoluer au fil des lettres échangées.

Esther est libraire et ne se prend jamais pour une « psy », tout au long de l'atelier dont elle fixe une limite dans le temps. Elle a longtemps entretenu une correspondance avec son père qui est décédé quelques temps auparavant.

J'ai été frappée par la sincérité avec laquelle ils se sont tous prêtés au jeu, et leur évolution au cours des échanges de lettres. On ne dira jamais assez les vertus thérapeutiques de l'écriture pour mettre des mots, sur les émotions, les chagrins réprimés…

J'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteure parle de la dépression du post-partum, à travers les lettres de Juliette, la culpabilité, la honte, la détresse, tout est évoqué sans tabou, simplement, au plus près du ressenti. Mais, il faut le reconnaître, tous les thèmes sont abordés avec bienveillance dans ce livre et chacun de nous peut y trouver des éléments qui peuvent lui apporter du réconfort dans la vie actuelle si difficile.

Je trouve également, très intéressante l'idée de rédiger des lettres à l'heure du courriel, du smartphone, de l'ordinateur, du tous connectés, du faire dans l'urgence, l'immédiateté, sans prendre le temps de la réflexion. Il y a des choses qui s'expriment différemment à l'oral et à l'écrit, en plus du temps pendant lequel on attend, on espère une réponse. Merci facteur…

Ce roman, tiré d'une expérience vraie, m'a beaucoup plu, par son côté sincère, dénué de jugements et la façon dont les lettres sont présentées. Il aurait pu être trop bisounours mais Cécile Pivot a très bien su traiter son sujet. Après la lecture éprouvante que fut pour moi « Les démons » de Simon Liberati, ce livre a été une bouffée d'oxygène.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Lévy qui m'ont permis de découvrir ce livre et son auteure dont j'aurai plaisir à retrouver la plume.

#LeslettresdEsther #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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A quarante-deux ans, Esther Urbain fait le pari de créer un atelier d'écriture épistolaire en mémoire de son défunt père. Libraire à Lille, elle organise une rencontre avec les cinq personnes inscrites sur Paris. de là, Esther propose à chacun des participants d'écrire à deux des correspondants de leur choix en répondant à cette question » Contre quoi vous défendez-vous ? «

Des personnages diamétralement opposés vont mettre des mots sur leurs maux avec plus ou moins de difficulté et de pudeur. Chacun avec son propre parcours de vie, ses douleurs et ses interrogations, va s'ouvrir à l'autre. On dit qu'il est souvent plus aisé de se confier à un inconnu car on ne craint pas sa réaction puisque absence d'implication émotionnelle. Ces hommes et ces femmes, blessés par la vie, vont réapprendre à communiquer. Très rapidement, le souhait d'apprendre à écrire passe au second plan et Esther réalise qu'ils ont chacun besoin d'exorciser leurs peines et leurs doutes. Au jeu des confidences, celle-ci ne sera pas en reste…

C'est un roman riche de bienveillance et de résilience que nous propose Cécile Pivot dans » Les Lettres d'Esther « publié aux éditions Calmann Lévy en 2020. Il met en exergue le pouvoir salvateur des mots. le lecteur ne peut que se prendre d'affection pour ces personnages, écorchés par la vie. Cette lecture est une réelle bouffée de bonheur ! On retrouve dans ce roman la nostalgie de la vraie correspondance, des amoureux du papier à lettre et de l'écriture, reléguée inexorablement loin derrière les échanges instantanés.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Dans son dernier roman, Les lettres d'Esther, Cécile, la fille de Bernard PIVOT veut nous montrer à quel point l'écriture peut reconstruire l'être humain quand il sait s'en saisir.

Esther, l'héroïne-libraire du Nord de la France, et maintenant orpheline, a entretenu pendant des années une correspondance sous forme de lettres avec son père, et ce malgré leur proximité géographique et leurs rencontres régulières. Alors, lui vient l'envie de lancer un atelier d'écriture épistolaire de par la France.

C'est ainsi que pendant quelques mois, des échanges croisés de lettres vont mettre à jour un espace de communication étonnant entre cinq personnages qui n'ont, à priori, rien en commun et qui n'auraient jamais dû créer de liens entre eux.

Je ne dévoilerai pas les profils et personnalités retenues pour cette histoire, car les découvrir au fil du récit fait partie indéniablement du plaisir de lire « Les lettres d'Esther ». Et celles et ceux qui me suivent savent que j'aime dévoiler un minimum d'informations textuelles sur les livres dont je parle après lecture.

De nos jours, les occasions d'écrire vraiment à quelqu'un sont devenues rarissimes. Entretenir une correspondance écrite (avec du vrai papier, enveloppe, timbre !) n'est plus d'actualité, c'est « has been » diraient certains. Et pas que des jeunes…

« Il faut être un peu tordue pour organiser un truc pareil, non ? » a-t-on d'ailleurs dit à Esther.

Mais les cinq « élèves » d'Esther, lourdement bousculés par les vicissitudes de leurs vies, secoués par des vents violents depuis plus ou moins longtemps, vont accepter de poser leurs sacs pleins de (gros) cailloux et de répondre aux propositions d'écriture de la libraire. Sachant qu'en plus d'offrir la possibilité de se confier, l'anonymat protègera celui qui se donne à lire.

C'est ainsi que l'écriture leur permettra de se révéler aux autres, puis à soi, de ne plus être enfermé(e) dans leur détresse et enfin de s'ouvrir à un nouveau projet de vie, ou à un changement positif d'attitude.

Ce qu'on aime par-dessus tout dans ce type de récit c'est que chacun, chacune se dévoile petit à petit ; les lettres permettent la révélation au lecteur/trice des petits mystères sur ces vies personnelles désastreuses, de ces drames familiaux bloquant les processus de vie. Jusqu'à ce qu'une mystérieuse alchimie d'écoute et de compréhension, que seule l'écriture peut rendre efficiente, opère, parce que la création est plus puissante que le ressentiment, plus forte que la peine.

Mais aussi parce que nous usons à l'écrit d'autres expressions qu'à l'oral, que nos maux, nos ressentis, nos expressions sont alors soupesées, pesés, léchés, analysés, mis à distance, bref vus sous un autre jour.

« Le temps prend son temps », la lettre voyage jusqu'à l'autre, l'esprit murit, les questions poursuivent le travail d'écriture et l'envoi :
« Quand arrivera-t-elle ? »,
« Ai-je réussi à poser mes sentiments avec justesse ? »,
« Mes mots étaient-ils bien choisis ? »,
« Comment réagira-t-il/elle ? »,
etc…

Comme Esther l'exprime dans le récit, celle-ci aurait tout aussi bien pu baptiser son atelier : « éloge de la patience et de la lenteur », car là réside un autre des effets positifs de l'écriture partagée, une nouvelle temporalité.

Comme dans la philosophie-slow, l'équilibre se rétablit enfin dans la course effrénée contre le temps, dans la fuite de ce tempo du malheur. Quelle découverte que de se poser devant une feuille et écrire à quelqu'un qui vous lira ; sous le regard passionné et distancé d'une spécialiste des mots !
Loin des mots jetés sans soin dans une conversation, un SMS, un email, ses idées posées délicatement sur le papier nous rappellent que « Les mots sont des fenêtres ou des murs ».

Alors, si l'écriture épistolaire n'est pas une thérapie, elle se révèlera quand même fortement thérapeutique.
Dans ce joli roman, les échanges sont si bienveillants, les propositions d'écriture d'Esther si pleines d'intelligence et de possibilités que le champ des possibles devient immense et qu'on a envie, nous aussi, de se saisir des propositions d'écriture.

Ainsi, cette histoire très agréable à lire en mettant en lumière le processus de réparation explique qu'il est salutaire de vivre malgré les obstacles parsemant nos chemins d'existence.
Poser des mots simples sur les maux, deuil, dépression, remise en question, solitude… autant de thèmes universels que Cécile Pivot sait toucher de sa délicate plume pour nous parler d'un monde où la combativité, la dignité et l'amour des autres balayeraient tout sur leur passage.


Lien : http://justelire.fr/les-lett..
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Esther, libraire à Lille, crée un atelier d'écriture dont le but est de mettre en forme ses pensées, parler de ses émotions à travers des lettres, chacun aura deux correspondants, chaque participant n'utilisera que des correspondances pour communiquer.
« Nous ne nous écrivons plus de lettres. Nous considérons qu'elles nous font perdre du temps et nous privent de l'image et du son. Pourtant je savais mieux que quiconque, pour avoir correspondu avec mon père durant vingt-deux ans, que l'on ne dit pas les mêmes choses à l'écrit et à l'oral. »

Cinq personnes vont répondre à son annonce et se lancer dans cette aventure :
Juliette la femme de Nicolas, leur fille Adèle a neuf mois, Juliette ne se remet pas de cette naissance, sujette à des crises d'angoisse, elle souffre de la dépression du post-partum, incapable d'offrir à son bébé la tendresse et l'amour dont il a besoin.

Nicolas chef étoilé, sa vie personnelle est un désastre, mari, amant, père, zéro pointé. Depuis que Juliette est partie, il ne cuisine plus comme avant, il en a marre de tout assumer pendant que Juliette se fait des noeuds au cerveau.

Jean homme d'affaires, directeur général de téléphonie, qui passe sa vie à voyager, indifférent aux gens et aux événements, il fume trop, il boit trop, ses analyses médicales ne sont pas fameuses. Il a laissé partir sa femme et ses enfants sans lever le petit doigt.

Jeanne ancienne professeur de piano, elle n'a pas de petits-enfants, cela lui manque, elle trouve cela injuste. Elle aime les animaux, a beaucoup d'amis, elle est très active et vivre seule n'a pas que des inconvénients. Elle est une va-t-en-guerre à l'âme sensible, Jeanne a reconnu chez Juliette la vie qui peine.

Samuel il prend les choses comme elles viennent, il n'a pas de projet, n'attend rien, les études ce n'est pas fait pour lui. La maladie de son frère a accaparé ses parents, il n'a eu que des miettes d'amour et d'attention. Il a envie de tout casser.

J'ai été agréablement surpris par l'originalité de ce roman, pour nos dresser le portrait de six personnes cabossées par la vie, Cécile Pivot a choisi la forme d'un récit épistolaire. Tout au long des lettres que chacun va envoyer, Esther, Jeanne, Juliette, Jean, Nicolas et Samuel vont parler de leur passé, de leurs blessures, peu à peu ils vont se confier, se livrer à des inconnus, se poser les vraies questions sur des problèmes qu'ils n'arrivent pas à résoudre seuls. Chacun va sortir de sa zone de confort, les souvenirs remontant à la surface.

L'écriture est simple, agréable à lire. À travers ces six vies, Cécile Pivot insiste sur le pouvoir des lettres qui incitent à la confidence.

Et puis il y a ce magnifique passage sur la cabine du vent au Japon, perdue au milieu de nulle part, les fils de son téléphone sont reliés à rien. Les gens y viennent simplement pour parler à leurs morts.
Une plongée sensible et pleine d'humanité dans les âmes. Chacun va se mettre à nue l'occasion de réfléchir sur le deuil, la maternité, le pouvoir et l'argent, la peur de vieillir et de perdre sa dignité. Un livre d'une grande richesse.

Je remercie infiniment les éditions Calmann-Lévy de m'avoir permis de lire ce roman en avant-première. #LeslettresdEsther #NetGalleyFrance


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Écrire pour s'en sortir

Une libraire anime un atelier d'écriture épistolaire et raconte cette expérience très particulière. L'occasion pour Cécile Pivot de confirmer son talent de romancière et de nous démontrer les vertus de l'exercice.

Avant de vous parler de ces «lettres d'Esther», j'aimerais partager avec vous deux postulats. le premier pose le principe que la lecture est une activité enrichissante. Si vous me lisez, je ne doute pas que vous approuverez. le second parle des vertus de l'écriture. Il est largement démontré dans ce roman, mais je veux en souligner ici l'un des aspects essentiels: on ne dit pas les choses de la même manière en les écrivant – peu importe du reste le support – qu'en les disant. On a trop souligné les dégâts des smartphones pour ne pas dire qu'ils font aussi beaucoup écrire. Il ne s'agit pas en l'occurrence de littérature, mais relativise aussi l'affirmation que l'écriture se perd.
Cécile Pivot a choisi un biais original pour sa démonstration. Elle met en scène une libraire qui a l'idée d'organiser un atelier d'écriture épistolaire. À l'heure où une étude vient confirmer que les Français plébiscitent l'écriture manuelle, ce roman tombe à pic!
Après avoir passé une petite annonce dans la presse, cinq personnes vont s'inscrire, ou plutôt quatre personnes, Jean, Alice, Samuel, et Jeanne, ainsi qu'un couple en crise, Juliette et Nicolas Esthover, dont leur thérapeute pense que l'exercice peut leur être salutaire et qui a demandé à les inscrire.
Voici comment la romancière nous les présente: «Jean Beaumont, un homme d'affaires, qui passait sa vie à voyager; Alice Panquerolles, hypnothérapeute, lyonnaise; Samuel Djian, un jeune garçon, qui s'est contenté d'un: «Pourquoi pas votre atelier puisque je dois trouver un truc à faire?»; Jeanne Dupuis, la plus enthousiaste, dont on entendait à la voix qu'elle n'était plus toute jeune.» Et ce couple dont on va vite apprendre qu'il est train de ses séparer, Juliette ayant fait une grave dépression postpartum et souhaitant prendre du recul.
L'exercice introductif consiste pour les participants à répondre à la question suivante: «Contre quoi vous défendez-vous?» parce qu'elle «laisse une grande liberté à celui qui répond. Il peut être évasif, avancer un lieu commun ou, au contraire, dévoiler une part plus intime de ce qu'il est». Il s'agit aussi de choisir deux correspondants et d'envoyer une copie des lettres à Esther.
Très vite, ils vont se prendre au jeu et devenir de plus en plus intimes, raconter leurs problèmes et leurs aspirations, tenter de deviner la psychologie de leur correspondant et même essayer de les aider. Car si Esther a bien choisi de s'occuper de style, de corriger les défauts les plus apparents de ces courriers, le roman ne va guère s'y attarder pour laisser la part belle aux lettres, tout juste accompagnées ici et là d'un commentaire destiné à faire avancer le récit.
Jeanne, 67 ans, va échanger avec Samuel. Jean va écrire à Esther, mais aussi à Nicolas. Ce dernier va bien entendu aussi s'adresser à son épouse, essayer de lui prouver qu'il l'aime toujours. le chassé-croisé est plaisant, les histoires qui s'échangent devenant au fil des pages plus riches, les conseils plus précis.
Je ne sais cet atelier d'écriture a réellement existé, mais après tout qu'importe. Car on se laisse prendre au jeu de ces échanges épistolaires et on a envie de croire à cette leçon d'humanisme derrière les mots qui s'écrivent. Une lecture agréable qui confirme après Battements des coeur tout le talent de Cécile Pivot.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Quel bonheur, quelle humanité, quel réconfort que cette lecture, après celle , exceptionnelle mais combien éprouvante de la « Laveuse de mort » de
Sara Omar !

Une libraire, secouée par le suicide de son père, écrivain, après l'avoir élevée tout seul, à la suite du décès prématurée de la maman, ; Père complice , vénéré, avec qui elle entretenait une correspondance précieuse, alors qu'ils habitaient la même ville, se voyaient fréquemment, discutaient… Ce manque gigantesque lui donne l'idée de créer « un atelier d'écriture épistolaire »…Elle va ainsi conseiller et correspondre avec cinq personnes de tous les âges, aux destins , aux parcours très différents, pris chacun dans une période de bilan, de souffrance, de chagrin, de remise en question d'une vie qui ne satisfait plus…

De magnifiques observations sur la poésie, la beauté et la bienveillance thérapeutique de toute correspondance, écriture vers l'autre…du souci ; de l'écoute particulière que l'on consacre à Autrui… !

« Vous espérez qu'écrire vous aidera à mettre des mots sur vos émotions, à lutter contre l'indifférence. Je crois qu'en effet, nous pouvons nous reconstruire avec l'écriture”

« (...) l'on ne dit pas les mêmes choses à l'écrit et à l'oral. Nous usons d'autres mots et expressions, soignons notre style. Nos pensées empruntent des chemins différents, plus difficiles d'accès, plus tortueux, plus imprévisibles. Plus exaltants, aussi. Nous nous livrons, nous exposons, prenons des risques. Ecrire une lettre, la poster, attendre une réponse en retour donne une autre valeur aux jours, un poids plus conséquent, me semble-t-il, au message dans l'enveloppe. Il prend son temps et trace sa route.(p. 38)”

Une lecture comme une conversation chaleureuse avec des inconnus que l'on apprend à connaître par leurs lettres, leurs confidences, leurs joies, leurs peines présentes et anciennes, leurs questions !

« J'aime écrire des lettres et n'en ai plus l'occasion. Je suis heureuse de pouvoir le faire à nouveau. (...)
Notre graphie dit aussi des choses de nous. Tout comme notre papier à lettres. Ce que je préfère dans la correspondance écrite, c'est l'idée que le temps prend son temps. Que la lettre voyage jusqu'à l'autre. Et les questions que nous nous posons à son sujet. quand la lira-t-il ? Quand nous répondra-t-il ? Est-ce une belle lettre ? L'ai-je convaincu ? Ai-je employé les mots qu'il faut ? Esther aurait pu baptiser son atelier : "Eloge de la patience et de la lenteur". (p. 49)

Un texte des plus toniques qui nous offre le déroulement du projet de cette libraire, avec cet atelier d'écriture épistolaire… se faisant rencontrer des personnalités très différentes, qui vont s'apprivoiser au fil de leurs lettres et de leurs confidences, ils vont s'aider à avancer, à élargir leurs horizons et leurs manières d'appréhender l'existence et les drames qui peuvent survenir à tout un chacun…

« Ils ne s'étaient pas inscrits à mon atelier d'écriture épistolaire avec l'intention que je leur prêtais : faire des progrès en écriture. Pas seulement, en tout cas. Cet atelier était leur bouée de sauvetage. Il allait les sauver de l'incompréhension d'un deuil qu'ils ne faisaient pas, d'une vie à l'arrêt, d'un amour mis à mal. Quand j'en ai pris conscience, il était trop tard, j'étais déjà plongée dans l'intimité et l'histoire de chacun d'eux. »

Cet atelier d'écriture épistolaire se réalisera sur trois mois intensifs… et nous, lecteurs, sommes heureux de constater , qu'après cet atelier, une fois achevé, de vraies rencontres auront lieu, et donnent l'espoir d'Amitiés à construire et à nourrir au fil du temps…

« Un grand rideau noir lui bouche la vue. Enfin, pas tout à fait. Quand sera terminé, il dînera au Camélia. Il se réjouit d'avoir fait la connaissance de Nicolas. Dix ans, au moins, les séparent, ils ne se ressemblent pas, n'ont aucun point commun; sous plein d'aspects, ils sont des frères ennemis, mais ils s'estiment. Beaucoup. Jean se demande s'ils ont eu de la chance ou s'il en est de même pour tous, si les relations épistolaires incitent à ce point à la confidence et à la sympathie. (...) Les lettres ont-elles ce pouvoir, de créer un lien particulier entre ceux qui les écrivent ? (p. 263)”

Cette lecture fut un vrai rayon de soleil… dans cette période des plus anxiogènes. Que du plaisir à croiser tous ces personnages, et cette libraire, fort sympathique, que l'on aimerait avoir comme amie… !
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Cécile Pivot nous embarque dans cet atelier épistolaire qu'Esther va créer car elle aime les lettres et les mots.

Les participants sont tous volontaires ou presque.

Nous avons le couple de Juliette et Nicolas qui vit une crise à l'arrivée de leur premier bébé et la dépression de Juliette.

Il y a Jeanne cette femme veuve laissée de côté par son unique fille amoureuse des bêtes.

Il y a Jean un homme d'affaire à un tournant de sa vie sans vraiment le sentir.

Et il y a Samuel un jeune homme en quête de sa place dans sa vie suite au décès de son grand frère.

Et puis il y a aussi Esther qui non seulement anime l'atelier épistolaire mais va aussi se prêter au jeu.

Chacun a choisi deux correspondants et envoie ces lettres en copie à Esther.

Juliette correspondra avec Nicolas, leurs échanges participants de sa thérapie. Elle choisira également Jeanne qui aura un regard encourageant sur elle.

Nicolas choisira sa Juliette et Jean

Jean lui prendra Nicolas comme correspondant et aussi Esther bousculant un peu les codes.

Jeanne en plus de Juliette enverra des lettres à Samuel.

Et Samuel n'aura que Jeanne en correspondante car il a été forcé à s'inscrire à l'atelier par sa mère.

Très vite les thèmes choisis par Esther pour engager les correspondances vont conduire les participants à parler d'eux et finalement à beacoup se confier.

Les lettres vont créer des liens entre eux. Tous ont finalement des choses à règler dans leur existence. Certains le savaient en s'inscrivant ou en étant inscrit à l'atelier d'autre vont le découvrir.

Esther comprend très vite que son atelier d'écriture épistolaire allait vite prendre un tournant plus intime.

Les participants vont alors se confier, se livrer dans leurs lettres.

Le livre est composé en grande partie par les lettres qui s'engagent entre les participants comme des dialogues et dressent au fur et à mesure leurs portraits. Un peu de texte hors des lettres juste pour apporter un petit peu d'information.

J'ai énormément pris de plaisir à lire ces lettres. Enfin ce livre je veux dire ! Les échanges épistolaires sont souvent si riches pour peu que l'on s'en donne la peine. Comme Esther je trouve que la correspondance postale est un peu délaissée et que c'est bien dommage. Il y a les mails mais c'est peut être un peu différent.

Chère Cécile Pivot et chère Esther il me plairait de participer à votre atelier et j'ai eu beaucoup d'émotion à faire la connaissance de tous les participants.

Mes lectures concernant les échanges épistolaires sont souvent de belles lectures ("Quand souffle le vent du Nord" de Daniel Glattauer, "Et je danse aussi" de Mourlevat et Bondoux et "Oh Happy Day" ).

Mais Cécile Pivot a eu en plus la belle idée de cet atelier épistolaire. Celui-ci produit des échanges très riches entre des personnes différentes et crée des nouveaux liens .

Merci à Cécile Pivot à Net Galley pour ce beau partenariat
et aux Editions Calmann Levy pour cette lecture émouvante et originale.

Quant à vous n'hésitez pas à décacheter ce livre
et à découvrir tous ces personnages attachants
qui m'ont fortement émue !

#LeslettresdEsther #NetGalleyFrance



Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Quelque part en Bourgogne,
Le 26 octobre 2020,

Chère Cécile,
En voici une idée originale.
Une libraire, et Dieu sait si nous autres lecteurs nous en connaissons qui pourraient correspondre à ce personnage,  décide d'organiser un atelier d'écriture. Ils seront cinq à répondre à son appel.
Ils ne se connaissent pas, sauf deux d'entre eux qui sont en couple, et viennent d'horizons différents, ils n'ont rien en commun et ils ne sont même pas sûrs, d'ailleurs, de vouloir vivre cette expérience...
Quel bonheur que cette lecture, quel plaisir de se glisser, sous votre plume, dans la peau de ces hommes et ces femmes.
De les découvrir au travers de leurs échanges épistolaires, de s'immerger dans leurs vies, tel un voyeur.
D'écouter leurs confidences, de partager leurs secrets, leurs angoisses, leurs joies, leurs peines, leurs espoirs ou leurs regrets.
Écrire, sur papier, au XXIème siècle... d'un autre temps ?
Pourtant ils se jettent... à l'encre...
Vous placez, ainsi, le lecteur dans la peau d'Esther, elle qui, de par sa fonction d'organisatrice,  a accès à tous les courriers, elle qui fixe les règles, qui corrige.
Malgré tout, vous l'avez imaginée discrète, elle ne s'impose pas et laisse ces correspondants s'exprimer en toute liberté.
Les lettres s'enchaînent et l'on retrouve chaque protagoniste tour à tour avec plaisir, curieux de connaître la suite des échanges.
Ils sont attachant vos écriveurs, vous les avez bien choisi, on n'arrive même pas à en détester un(e) pourtant, ils n'ont pas que des qualités, ils ne sont pas parfait, mais ce sont des gens... normaux.
Alors on referme ce livre à regret, on en vient même à penser... tiens et si j'allais jeter un oeil à ma boîte aux lettres, peut-être que quelqu'un, quelque part m'a écrit.
Merci pour ce plaisir de lecture et à bientôt.

P. S. Merci pour le voyage au Japon que j'ai adoré.




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Un petit bijoux ce roman épistolaire. L'idée de retranscrire un atelier d'écriture autour de lettres est très intéressante. Une libraire, Esther lance un atelier d'écriture sur la rédaction de lettre. Un couple, un adolescent, une veille dame et un homme d'affaire vont y participer. Ce sera l'occasion de se dévoiler et de porter un regard nouveau sur leur vie.
Ces échanges épistolaires permettent de connaitre chaque personnage dans son ensemble et d'aller à l'essentiel de leur caractéristique.
Tous les personnages sont touchants, les émotions sont bien transmises et j'ai eu dû mal à dire au revoir à l'ensemble des participants de cet atelier.
#NetGalleyFrance
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