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Bonjour Hester, suite à votre annonce parue dans mon journal local je serais intéressé par votre atelier d'écriture. J'espère qu'il n'est pas trop tard et même si je prends le train en marche j'aimerais faire partie de votre atelier.
cordialement Jean Michel.
Vous vous dites quelle drôle d'idée cet atelier d'écriture épistolaire.
Je trouve cette idée magnifique, maintenant que nous avons les écrans, que nous envoyons courriels et sms, la lettre manuscrite semble désuète. Quel dommage, moi qui a commencé mon apprentissage avec de l'encre et le porte - plume sergent major je me dit que les générations futures ne sauront plus tenir un stylo. Quant au plaisir de recevoir une lettre, l'écriture, le style...
Cécile Pivot dans son roman " Les lettres d'Ester " m'a comblé de bonheur. On dit souvent que les livres ont le pouvoir de guérir certains maux, soigner les maux par les mots, je pense que l'écriture a aussi ce pouvoir.
Jeanne, Juliette, Jean, Nicolas et Samuel ne s'imaginaient pas tout ce que cet atelier allait leurs apporter. Ces personnages traînent un mal-être et grâce à Ester leurs échanges épistolaires vont adoucir leurs vies et ouvrir des portes jusqu'à là fermées.
J'ai aimé ce livre, pourquoi ? peut-être que ce roman fait un bien fou, que j'aurais pu faire partie de cet atelier, écrire des lettres à des inconnu(es), aider et être aidé, soulager et être soulagé pour finir par cet échange ne plus être des inconnu(es).
Merci Onee de m'avoir fait découvrir ce magnifique roman " Les lettres d'Ester" de Cécile Pivot.
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Après le décès de son père écrivain, avec qui elle entretenait depuis des années une correspondance régulière malgré leur proximité géographique et leurs fréquentes rencontres, la libraire Esther décide d'organiser un atelier d'écriture épistolaire. Pendant quelques mois, un échange croisé de lettres va alors créer un espace de communication unique et privilégié entre la jeune femme, un couple submergé par une dépression post-partum, un adolescent rongé par la culpabilité de survivre à son frère mort d'un cancer, une veuve âgée percluse de solitude, et un homme d'affaires qui a perdu le sens de son existence : une expérience qui aura un retentissement significatif sur leur vie à tous.


A l'époque de l'immédiateté et de l'hyper-connectivité, cette histoire est une ode à la « slow-communication », une démonstration un rien nostalgique de ce qu'un lien épistolaire au long cours peut avoir d'unique et d'irremplaçable dans la relation entre les êtres : la décantation de nos actes et de nos sentiments au travers de leur mise en écriture, le temps de réflexion qu'autorise et exige l'échange des réponses, ainsi que l'intimité libératrice de ces moments exclusifs et privilégiés que prennent deux personnes l'une pour l'autre, n'ont en effet d'équivalents, ni dans les contacts présentiels, ni dans le jeu de ping-pong des messages numériques.


Ainsi, habituellement emportés par le torrent de leur vie, les cinq élèves d'Esther vont prendre le temps de laisser se déposer les alluvions du quotidien, de se révéler mutuellement avec sincérité et bienveillance, exposant leurs fragilités et leurs doutes à l'écoute et aux questions, dans une démarche aux effets quasi thérapeutiques, en tous les cas, réconfortants par la simple humanité de l'échange. Et c'est avec une émotion grandissante que l'écriture toute de douceur et de sensibilité de Cécile Pivot amène peu à peu ses personnages à surmonter leurs deuils et leurs peurs grâce aux liens de la communication, si joliment symbolisés à la fin du livre par l'émouvante et poétique cabine du téléphone du vent au Japon.


Constat chagrin de la croissante solitude des individus dans une société contemporaine paradoxalement hyper-communicante, ce roman épistolaire délicatement nostalgique vous fera regretter, vous aussi, la prévisible obsolescence des timbres et des boîtes aux lettres. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Mon cher Pierigwenn,


Je t'écris cette lettre parce que j'ai lu récemment quelque chose de simple et de très doux, qui m'a fait beaucoup de bien. Te connaissant, je pense que ce roman épistolaire trouvera écho en toi aussi, c'est pourquoi je te l'envoie dans ce petit colis. Il s'agit de personnages qui ne se connaissent pas, mais qui vont correspondre dans le cadre d'un atelier d'écriture. Chacun s'y est inscrit pour des raisons différentes, que tu comprendras au fur et à mesure de leurs échanges manuscrits. Et comme c'est plus facile de se livrer à des inconnus, des liens se tissent entre les correspondants, qui les aident à guérir de leurs blessures respectives. Une histoire de résilience croisée très humaine, très belle. Et pas si idéaliste que ça finalement, pour qui a déjà vécu cette petite étincelle, par exemple sur Babelio.


La libraire à l'initiative de cette aventure, c'est Esther : Une libraire comme tu en connais peut-être, toi aussi. Esther, elle est un peu comme babélio : Elle provoque des rencontres autour des lettres, dans tous les sens que ce mot peut receler. Amoureuse autant du pouvoir libérateur des mots délivrés, que des bienfaits apaisants des mots reçus, elle décide d'ouvrir cet atelier d'écriture. Elle demande aux six inscrits de choisir deux correspondants parmi eux. Leur mission consistera à s'écrire des lettres par voie postale, en lui en envoyant un double à chaque fois pour qu'elle fasse progresser chaque personnage dans sa manière de s'exprimer. Pour pimenter tout cela, elle donne parfois des thèmes ou des exercices à glisser dans ces correspondances : dialogue, monologue intérieur, projection dans dix ans, etc… Toi qui aimes écrire, je te sens déjà séduit par l'idée !
Son but est de sortir de l'isolement par l'échange et le dialogue. Mais il est aussi de réintroduire le plaisir dans l'attente, la sagesse dans le temps de réponse sans précipitation, délaissant le feu de l'action pour la méditation du propos, et des attentes d'autrui. S'exprimer, mais être à l'écoute aussi, pour pouvoir répondre et poursuivre, encourager l'échange.


Par cet éloge de la lenteur, elle cherche à savourer et propager le plaisir du mot juste, à l'inculquer à ses « élèves ». Parce que ce sont les mots qui nous sauvent de la solitude - et la solitude, c'est ce que tous ressentent, sans en être conscients au départ. Tous ces mots qu'on veut désespérément entendre, ou ceux que l'on n'a pas prononcés, ceux qui ne veulent pas sortir, ou ceux que l'on retient… Tous ces mots nous enferment dans notre douleur et nous isolent. Ceux-là, il est parfois plus facile de les écrire. Et souvent plus encore à des inconnus, dont le jugement nous importe peu, ou moins - au départ.
Mais des mots mal choisis, interjetés à la va vite dans une conversation, un SMS, ou même un e-mail, des mots répondus sans prendre le temps de vraiment écouter ni s'imprégner du message, ou encore sans prendre la peine de se demander comment nos propres mots vont être reçus et interprétés, peuvent faire des ravages.
C'est ce qui est arrivé à une bonne partie des candidats, dont les diverses raisons de s'inscrire trouvent toutes leurs racines dans l'un ou plusieurs des maux énoncés. Pour chaque personnage, y compris Esther, cet atelier constituera une thérapie de mots contre la douleur de ces maux.


Mais je ne t'en dis pas plus sur les personnages, je te laisse plutôt me dire ce que toi tu as pensé de leurs histoires, si elles t'ont touché autant que moi.
Car même s'il faut avouer que nos échanges par mail ne sont pas un modèle d'éloge de la lenteur, ils n'en sont pas moins un moment privilégié, et j'y ai retrouvé des similitudes touchantes.


J'espère que ce livre te plaira, j'ai vraiment hâte de lire ce que tu penses de ce moment d'échanges.


Je t'embrasse,
Onee.



XXXXXXXXXXX [Deux semaines plus tard :] XXXXXXXXXXXXX


AVIS DE PASSAGE : Pierigwenn vous a adressé une lettre ; le facteur n'ayant pu accéder à la boîte aux lettre qui débordait de commandes de livres, vous pouvez venir la chercher à cette adresse :

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Ah! Comme je suis heureuse de commencer l'année avec ce livre lumineux, chaleureux! Un rayon de soleil caressant , un éclat émouvant dans le gris terne de l'hiver...

Vous regrettez comme moi que les échanges épistolaires se fassent rares? Vous aimez les personnages dont l'être profond se devine et s'affirme, au fil de leurs confidences écrites? Vous recherchez l'émotion, le partage ? Alors, ce roman est pour vous. A travers un atelier d'écriture proposé par Esther, une libraire lilloise, un groupe de cinq personnes vont s'écrire, chacune choisissant deux correspondant(e)s.

Les lettres s'entrecroisent, accompagnées de récits à la troisième personne, décrivant les pensées ou les actions des différents membres du projet. Les portraits se font de plus en plus précis, du jeune Samuel , perdu, peinant à faire le deuil de son frère, à Jeanne, vieillissante et solitaire, malgré son dynamisme. Il y a aussi un couple à la dérive, Nicolas et Juliette, cette dernière souffrant d'une sévère dépression post-partum. Et Jean, homme d'affaires désabusé. Enfin, évidemment Esther, à l'origine de l'atelier, à qui son père manque tant.

Je disais que ce roman était lumineux. Pourtant, il aborde des sujets graves: la mort, la solitude, le manque. Mais il le fait avec délicatesse, humanité. Avec espoir aussi, sans aucune mièvrerie. On ressent une telle tendresse pour ces personnages, tous en recherche de quelque chose, un amour, une affection, un sens à leur vie. On aime entrer dans leur intimité, se dévoilant petit à petit, ainsi que leurs failles, leurs contradictions, qui sont aussi les nôtres. Chacun a son style, ses tics d'écriture. C'est également l'intérêt et la richesse de cette oeuvre.

Une bien jolie idée que développe ici Cécile Pivot! le personnage qui m'a le plus touchée est Samuel, bloqué par la disparition de son frère, qui, longtemps malade, l'a occulté auprès de ses parents. Maintenant, il se sent vide, sans but. Les lettres vont l'aider à se libérer, et au Japon, le téléphone du vent ( quel beau symbole!) , qui relie les vivants aux morts, va lui permettre de s'ouvrir à l'avenir...

A lire, pour se relier aux autres, laisser s'épanouir l'émotion, renouer avec l'échange écrit, si précieux et différent de l'oral, les lettres que l'on avait tant de joie et d'impatience à découvrir, au creux de l'enveloppe...
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Esther a décidé de mettre en place un atelier « d'écriture épistolaire » et passe une annonce dans deux journaux. On va ainsi faire la connaissance de Jeanne, veuve qui vivant dans sa maison avec des animaux qu'elle sauve de la maltraitance, de Samuel adolescent en crise qui a abandonné l'école à la suite du décès de son frère des suites d'un cancer, laissant la famille exsangue, aucun n'arrivant à se refaire une place dans la famille.

On rencontre aussi Jean, DRH richissime, qui fait des restructuration licenciements à la pelle sans état d'âme, toujours d'un avion à l'autre, qui collectionne les Rolex, les voitures de luxe… ou encore un couple à la dérive Nicolas cuisinier (2 étoiles) et Juliette, boulangère-pâtissière, engluée dans une dépression du post-partum, (à différencier du baby blues) et qui rejette son bébé…

Il y a quelques consignes : une première réunion, avec l'obligation de répondre à une question : « contre quoi vous rebellez-vous ? » et ensuite choisir deux personnes avec lesquelles échanger les lettres ainsi qu'un double à envoyer à Esther…

Chacun s'inscrit avec une idée derrière la tête, fuir la solitude, donner une chance à son couple, un sens à vie, surmonter un deuil et on va voir les personnages évoluer au fil des lettres échangées.

Esther est libraire et ne se prend jamais pour une « psy », tout au long de l'atelier dont elle fixe une limite dans le temps. Elle a longtemps entretenu une correspondance avec son père qui est décédé quelques temps auparavant.

J'ai été frappée par la sincérité avec laquelle ils se sont tous prêtés au jeu, et leur évolution au cours des échanges de lettres. On ne dira jamais assez les vertus thérapeutiques de l'écriture pour mettre des mots, sur les émotions, les chagrins réprimés…

J'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteure parle de la dépression du post-partum, à travers les lettres de Juliette, la culpabilité, la honte, la détresse, tout est évoqué sans tabou, simplement, au plus près du ressenti. Mais, il faut le reconnaître, tous les thèmes sont abordés avec bienveillance dans ce livre et chacun de nous peut y trouver des éléments qui peuvent lui apporter du réconfort dans la vie actuelle si difficile.

Je trouve également, très intéressante l'idée de rédiger des lettres à l'heure du courriel, du smartphone, de l'ordinateur, du tous connectés, du faire dans l'urgence, l'immédiateté, sans prendre le temps de la réflexion. Il y a des choses qui s'expriment différemment à l'oral et à l'écrit, en plus du temps pendant lequel on attend, on espère une réponse. Merci facteur…

Ce roman, tiré d'une expérience vraie, m'a beaucoup plu, par son côté sincère, dénué de jugements et la façon dont les lettres sont présentées. Il aurait pu être trop bisounours mais Cécile Pivot a très bien su traiter son sujet. Après la lecture éprouvante que fut pour moi « Les démons » de Simon Liberati, ce livre a été une bouffée d'oxygène.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Lévy qui m'ont permis de découvrir ce livre et son auteure dont j'aurai plaisir à retrouver la plume.

#LeslettresdEsther #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Esther passe une petite annonce pour trouver des élèves. Chaque aspirant-épistolier doit correspondre avec deux personnes de l'atelier, Esther se plie aussi au jeu.
Lors de leur première, et unique rencontre, elle leur propose en guise d'exercice de répondre à la question : « Contre quoi vous défendez-vous ». Ensuite les premières lettres peuvent partir et chacun peut se dévoiler, un peu, beaucoup, ou pas du tout, en fonction de son correspondant.
Comment construire une histoire avec six personnes qui s'écrivent, sans répéter les mêmes choses, sans oublier des éléments essentiels ? Cécile Pivot y parvient fort bien. Je n'ai jamais été perdue, je n'ai jamais eu envie de sauter des pages pour en savoir plus sur un des personnages.
J'ai adoré les personnages, l'écriture et le thème : écriture et lien social.
Ce roman est un coup de coeur. Je le recommande chaudement.

Lien : https://dequoilire.com/les-l..
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A quarante-deux ans, Esther Urbain fait le pari de créer un atelier d'écriture épistolaire en mémoire de son défunt père. Libraire à Lille, elle organise une rencontre avec les cinq personnes inscrites sur Paris. de là, Esther propose à chacun des participants d'écrire à deux des correspondants de leur choix en répondant à cette question » Contre quoi vous défendez-vous ? «

Des personnages diamétralement opposés vont mettre des mots sur leurs maux avec plus ou moins de difficulté et de pudeur. Chacun avec son propre parcours de vie, ses douleurs et ses interrogations, va s'ouvrir à l'autre. On dit qu'il est souvent plus aisé de se confier à un inconnu car on ne craint pas sa réaction puisque absence d'implication émotionnelle. Ces hommes et ces femmes, blessés par la vie, vont réapprendre à communiquer. Très rapidement, le souhait d'apprendre à écrire passe au second plan et Esther réalise qu'ils ont chacun besoin d'exorciser leurs peines et leurs doutes. Au jeu des confidences, celle-ci ne sera pas en reste…

C'est un roman riche de bienveillance et de résilience que nous propose Cécile Pivot dans » Les Lettres d'Esther « publié aux éditions Calmann Lévy en 2020. Il met en exergue le pouvoir salvateur des mots. le lecteur ne peut que se prendre d'affection pour ces personnages, écorchés par la vie. Cette lecture est une réelle bouffée de bonheur ! On retrouve dans ce roman la nostalgie de la vraie correspondance, des amoureux du papier à lettre et de l'écriture, reléguée inexorablement loin derrière les échanges instantanés.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Dans son dernier roman, Les lettres d'Esther, Cécile, la fille de Bernard PIVOT veut nous montrer à quel point l'écriture peut reconstruire l'être humain quand il sait s'en saisir.

Esther, l'héroïne-libraire du Nord de la France, et maintenant orpheline, a entretenu pendant des années une correspondance sous forme de lettres avec son père, et ce malgré leur proximité géographique et leurs rencontres régulières. Alors, lui vient l'envie de lancer un atelier d'écriture épistolaire de par la France.

C'est ainsi que pendant quelques mois, des échanges croisés de lettres vont mettre à jour un espace de communication étonnant entre cinq personnages qui n'ont, à priori, rien en commun et qui n'auraient jamais dû créer de liens entre eux.

Je ne dévoilerai pas les profils et personnalités retenues pour cette histoire, car les découvrir au fil du récit fait partie indéniablement du plaisir de lire « Les lettres d'Esther ». Et celles et ceux qui me suivent savent que j'aime dévoiler un minimum d'informations textuelles sur les livres dont je parle après lecture.

De nos jours, les occasions d'écrire vraiment à quelqu'un sont devenues rarissimes. Entretenir une correspondance écrite (avec du vrai papier, enveloppe, timbre !) n'est plus d'actualité, c'est « has been » diraient certains. Et pas que des jeunes…

« Il faut être un peu tordue pour organiser un truc pareil, non ? » a-t-on d'ailleurs dit à Esther.

Mais les cinq « élèves » d'Esther, lourdement bousculés par les vicissitudes de leurs vies, secoués par des vents violents depuis plus ou moins longtemps, vont accepter de poser leurs sacs pleins de (gros) cailloux et de répondre aux propositions d'écriture de la libraire. Sachant qu'en plus d'offrir la possibilité de se confier, l'anonymat protègera celui qui se donne à lire.

C'est ainsi que l'écriture leur permettra de se révéler aux autres, puis à soi, de ne plus être enfermé(e) dans leur détresse et enfin de s'ouvrir à un nouveau projet de vie, ou à un changement positif d'attitude.

Ce qu'on aime par-dessus tout dans ce type de récit c'est que chacun, chacune se dévoile petit à petit ; les lettres permettent la révélation au lecteur/trice des petits mystères sur ces vies personnelles désastreuses, de ces drames familiaux bloquant les processus de vie. Jusqu'à ce qu'une mystérieuse alchimie d'écoute et de compréhension, que seule l'écriture peut rendre efficiente, opère, parce que la création est plus puissante que le ressentiment, plus forte que la peine.

Mais aussi parce que nous usons à l'écrit d'autres expressions qu'à l'oral, que nos maux, nos ressentis, nos expressions sont alors soupesées, pesés, léchés, analysés, mis à distance, bref vus sous un autre jour.

« Le temps prend son temps », la lettre voyage jusqu'à l'autre, l'esprit murit, les questions poursuivent le travail d'écriture et l'envoi :
« Quand arrivera-t-elle ? »,
« Ai-je réussi à poser mes sentiments avec justesse ? »,
« Mes mots étaient-ils bien choisis ? »,
« Comment réagira-t-il/elle ? »,
etc…

Comme Esther l'exprime dans le récit, celle-ci aurait tout aussi bien pu baptiser son atelier : « éloge de la patience et de la lenteur », car là réside un autre des effets positifs de l'écriture partagée, une nouvelle temporalité.

Comme dans la philosophie-slow, l'équilibre se rétablit enfin dans la course effrénée contre le temps, dans la fuite de ce tempo du malheur. Quelle découverte que de se poser devant une feuille et écrire à quelqu'un qui vous lira ; sous le regard passionné et distancé d'une spécialiste des mots !
Loin des mots jetés sans soin dans une conversation, un SMS, un email, ses idées posées délicatement sur le papier nous rappellent que « Les mots sont des fenêtres ou des murs ».

Alors, si l'écriture épistolaire n'est pas une thérapie, elle se révèlera quand même fortement thérapeutique.
Dans ce joli roman, les échanges sont si bienveillants, les propositions d'écriture d'Esther si pleines d'intelligence et de possibilités que le champ des possibles devient immense et qu'on a envie, nous aussi, de se saisir des propositions d'écriture.

Ainsi, cette histoire très agréable à lire en mettant en lumière le processus de réparation explique qu'il est salutaire de vivre malgré les obstacles parsemant nos chemins d'existence.
Poser des mots simples sur les maux, deuil, dépression, remise en question, solitude… autant de thèmes universels que Cécile Pivot sait toucher de sa délicate plume pour nous parler d'un monde où la combativité, la dignité et l'amour des autres balayeraient tout sur leur passage.


Lien : http://justelire.fr/les-lett..
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Prendre le temps...d'écrire.
Prendre le temps de dire.
Prendre le temps d'attendre que la lettre voyage, que la réponse se forme, et qu'elle voyage à son tour.
Prendre le temps.
Il est où ce temps où nous prenions le temps ? Où nous étions patients ?

Merci Cécile Pivot pour ce moment suspendu, cette intrusion dans ces tranches de vie qui attendent, qui souffrent, qui pleurent, qui ne savent pas quoi faire du chagrin, qui peinent, qui étreignent, qui aiment ... et qui nous parlent.
Le deuil qui éloigne, la dépression qui délite l'amour, qui fait peur, l'argent que l'on amasse et qui nous fait oublier l'essentiel, vivre et aimer, le temps qui passe et que l'on ne rattrape plus mais qui se savoure encore malgré tout, malgré la solitude.

J'ai aimé ces pages, ces échanges, qui m'ont mis les larmes à l'oeil, qui m'ont rappelé le temps d'avant, qui raccrochent à la vie, ordinaire, celle baignée d'amour, celle qui nous capte, nous émeut. Celle à saisir pleinement.

Yves Granonio de la Librairie du Château de Brie-Comte-Robert a une nouvelle fois frappé fort. Un conseil lecture qui date certes, mais qui a fait mouche ! Merci Yves !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Esther, libraire à Lille, crée un atelier d'écriture dont le but est de mettre en forme ses pensées, parler de ses émotions à travers des lettres, chacun aura deux correspondants, chaque participant n'utilisera que des correspondances pour communiquer.
« Nous ne nous écrivons plus de lettres. Nous considérons qu'elles nous font perdre du temps et nous privent de l'image et du son. Pourtant je savais mieux que quiconque, pour avoir correspondu avec mon père durant vingt-deux ans, que l'on ne dit pas les mêmes choses à l'écrit et à l'oral. »

Cinq personnes vont répondre à son annonce et se lancer dans cette aventure :
Juliette la femme de Nicolas, leur fille Adèle a neuf mois, Juliette ne se remet pas de cette naissance, sujette à des crises d'angoisse, elle souffre de la dépression du post-partum, incapable d'offrir à son bébé la tendresse et l'amour dont il a besoin.

Nicolas chef étoilé, sa vie personnelle est un désastre, mari, amant, père, zéro pointé. Depuis que Juliette est partie, il ne cuisine plus comme avant, il en a marre de tout assumer pendant que Juliette se fait des noeuds au cerveau.

Jean homme d'affaires, directeur général de téléphonie, qui passe sa vie à voyager, indifférent aux gens et aux événements, il fume trop, il boit trop, ses analyses médicales ne sont pas fameuses. Il a laissé partir sa femme et ses enfants sans lever le petit doigt.

Jeanne ancienne professeur de piano, elle n'a pas de petits-enfants, cela lui manque, elle trouve cela injuste. Elle aime les animaux, a beaucoup d'amis, elle est très active et vivre seule n'a pas que des inconvénients. Elle est une va-t-en-guerre à l'âme sensible, Jeanne a reconnu chez Juliette la vie qui peine.

Samuel il prend les choses comme elles viennent, il n'a pas de projet, n'attend rien, les études ce n'est pas fait pour lui. La maladie de son frère a accaparé ses parents, il n'a eu que des miettes d'amour et d'attention. Il a envie de tout casser.

J'ai été agréablement surpris par l'originalité de ce roman, pour nos dresser le portrait de six personnes cabossées par la vie, Cécile Pivot a choisi la forme d'un récit épistolaire. Tout au long des lettres que chacun va envoyer, Esther, Jeanne, Juliette, Jean, Nicolas et Samuel vont parler de leur passé, de leurs blessures, peu à peu ils vont se confier, se livrer à des inconnus, se poser les vraies questions sur des problèmes qu'ils n'arrivent pas à résoudre seuls. Chacun va sortir de sa zone de confort, les souvenirs remontant à la surface.

L'écriture est simple, agréable à lire. À travers ces six vies, Cécile Pivot insiste sur le pouvoir des lettres qui incitent à la confidence.

Et puis il y a ce magnifique passage sur la cabine du vent au Japon, perdue au milieu de nulle part, les fils de son téléphone sont reliés à rien. Les gens y viennent simplement pour parler à leurs morts.
Une plongée sensible et pleine d'humanité dans les âmes. Chacun va se mettre à nue l'occasion de réfléchir sur le deuil, la maternité, le pouvoir et l'argent, la peur de vieillir et de perdre sa dignité. Un livre d'une grande richesse.

Je remercie infiniment les éditions Calmann-Lévy de m'avoir permis de lire ce roman en avant-première. #LeslettresdEsther #NetGalleyFrance


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