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EAN : 9782854520965
Plein Chant (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Fiche auteur , en double (causée par une erreur initiale d'orthographe) - 17 août 2016

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans ma bibliothèque, j'ai retrouvé une pépite acquise en 1995 (éditée en 1992), commandée d'ailleurs directement à l'éditeur, comme je l'avais noté à l'époque sur la première page. Petit éditeur plus que "vénérable". Plein Chant publie de superbes textes, hors modes, avec la qualité sublime de "l'objet" (beau papier, typo, couvertures des plus esthétiques, même si d'une sobriété exemplaire...)

Editeur qui a remis à l'honneur, entre autres richesses, des écrivains dits "prolétariens": écrivains-paysans, écrivains-ouvriers, etc.
Je me souviens ainsi de la "Vie d'un simple" d'Emile Guillaumin, des contes de Neel Doff, etc.

Et je découvre avec moult retard Jean-François Pocentek, fils et petit-fils de mineurs...
Cet écrivain rend dans ce texte un vibrant hommage à un grand-père , d'origine polonaise, taiseux, qui l'a fortement encouragé à étudier à l'école... pour ne pas avoir à descendre à la mine...

De très brefs chapitres nous offrent des évocations multiples, dans un style incroyablement "ciselé" de simplicité et de poésie...Les corons, cette figure tutélaire et si bienveillante du grand-père, des souvenirs d'enfance, des portraits des voisins, et figures du village, les plus attachantes ou typiques.., le départ, les études, la nostalgie des racines, l'amour d'un autre refuge: La Bretagne.... et l'amour authentique des Humbles...et des Siens !

L'envie absolue de découvrir et lire les autres écrits de Jean-François Pocentek, et cette fois je n'attendrai pas aussi longtemps !!! Promis, Juré !!!

Je suis incorrigible... et je vous le concède bien volontiers... mais je ne peux résister à vous transcrire un magnifique extrait sur une seconde terre aimée par l'écrivain, qui est aussi chère à mon coeur: la Bretagne...

"Quand parfois le monde m'appuie tant sur le dos que même mon petit bistrot ne parvient pas à me procurer une illusion de paix, alors il me faut aller plus loin.
D'un coup, je tranche mes dernières ficelles et je vais rejoindre le bout de la terre, là où elle se termine.
Et pour moi, elle se finit là-bas, tout à l'Ouest, debout sur une falaise.
Comme je ne sais ni nager, ni voler, elle s'arrête là où mes pieds butent contre l'eau et contre l'air.
C'est le pays de Léon, un bout de Finistère. (...)
L pays où je vis devait aussi avoir cette âme.
(...)
Dans ce pays de Léon, même et surtout les pierres vivent.
De vieilles pierres que les curés ont tenté de ciseler en forme de croix, mais
d'où jaillissent encore des druides et des fées, de l'amour et des divinités nombreuses.
Alors quand le monde m'appuie trop sur le dos, j'y passe quelques jours, la mer devant, la terre derrière et le vent partout, pour m'y faire des rencontres et d'autres souvenirs" ( p. 72-73)
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N°417 – Avril 2010
LES MANGEURS DE POMMES DE TERRE - Jean-François Pocentek – Plein chant.

Malheureusement, j'ai commencé à lire l'oeuvre de Pocenteck à l'envers, mais je finirai bien par m'y retrouver. Ce récit en annonce d'autres qui feront sans doute partie de ma bibliothèque personnelle ou imaginaire.

Le titre évoque d'emblée un tableau de Vincent van Gogh. D'ailleurs, le décor, c'est un peu cela, le Nord de la France et ses corons, une famille de mineurs et un petit garçon qui nous livre ses souvenirs, des dimanches interminables au rituel immuable, le costume un peu raide, la cravate à élastique, le repas dans la salle à manger, la visite du grand-père, ses encouragements pour l'école parce que ainsi l'enfant échappera à la mine [« à chaque rencontre avec mon grand-père, il m'a embrassé le front et donné une pièce »], l'hiver, la chambre sans chauffage, le café au lait avec des tartines épaisses, la toilette sur l'évier... L'école publique, les culottes courtes, les jeux guerriers de la cour de récréation qui permettaient tous les possibles et s'inspiraient des bandes dessinées, le tableau noir, l'encre violette, les cours de morale, les plumes Sergent-Major avec ses pleins et ses déliées, les amitiés et les brouilles entre camarades...

C'était aussi la mort, parce qu'un enterrement est toujours une occasion de rassembler une famille dispersée dont les membres ne se connaissent plus, on promet de se revoir, mais pas pour une occasion funèbre et on oublie vite... C'est l'horloge qu'on arrête et les miroirs qu'on voile, le cortège des visites, la casquette à la main, l'accompagnement du cercueil, la visite annuelle de la Toussaint au cimetière avec ses incontournables pots de chrysanthème et son souvenir ravivé une fois l'an. Mais aujourd'hui l'enfant a grandi, habite ailleurs dans un pays de pâture, la mine s'est arrêtée et le chevalement rouille. Il ne reste que les souvenirs, ceux du triumvirat, maire, curé et instituteur, mais le premier est maintenant plus attentif à sa carrière politique qu'au bien-être de ses concitoyens, les vocations sacerdotales se font plus rares, seul le maître d'école perdure encore... le décor est complété par l'inévitable bistrot où tous les hommes se retrouvent, et même parfois quelques femmes...

Il y a aussi la figure des gens qui peuplaient ce microcosme, ils sont comme des fantômes avec leur cortège de remords et de nostalgie parce que, contrairement au contes de l'enfance, le monde n'est pas beau, les turpitudes existent, les hommes et les femmes sont loin d'être semblables au portait idyllique des fables.

L'évocation se poursuit en Bretagne là ou le narrateur se réfugie parce que le souvenir est trop fort, pour y faire d'autres rencontres ou des retrouvailles amicales renouvelées. C'est toujours aussi poétique et nostalgique, et cela me plaît bien comme l'allégorie de fin qui conjugue une belle image de femme et un air de violoncelle.

Je reste attentif au parcours créatif de cet auteur. Il m'intéresse.

© Hervé GAUTIER – Avril 2010
http://hervegautier.e-monsite.com










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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand parfois le monde m'appuie tant sur le dos que même mon petit bistrot ne parvient pas à me procurer une illusion de paix, alors il me faut aller plus loin.
D'un coup, je tranche mes dernières ficelles et je vais rejoindre le bout de la terre, là où elle se termine.
Et pour moi, elle se finit là-bas, tout à l'Ouest, debout sur une falaise.
Comme je ne sais ni nager, ni voler, elle s'arrête là où mes pieds butent contre l'eau et contre l'air.
C'est le pays de Léon, un bout de Finistère. (...)
Le pays où je vis devait aussi avoir cette âme.
(...)
Dans ce pays de Léon, même et surtout les pierres vivent.
De vieilles pierres que les curés ont tenté de ciseler en forme de croix, mais d'où jaillissent encore des druides et des fées, de l'amour et des divinités nombreuses.
Alors quand le monde m'appuie trop sur le dos, j'y passe quelques jours, la mer devant, la terre derrière et le vent partout, pour m'y faire des rencontres et d'autres souvenirs" ( p. 72-73)
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Et tandis qu'ils feront courir les rabatteurs, ils attendront, leur gros cul posé sur une chaise-canne, un fusil sur les genoux et leurs femelle admiratives à leurs côtés
Et ces choses molles, que par manque d'imagination on continue de qualifier d'hommes, transmettront la beauté en un trophée, un bout de crâne planté de deux cornes, qu'ils accrocheront au mur entre leur photo de mariage et la reproduction d'une nature morte.
Chevreuil, mon ami, mon frère, tu vas mourir. (p.70)
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Je pousse la porte de ce petit bistrot, si anonyme pour les autres et si familier à mes tristesses. (...) Dans le café peu de bruits, une atmosphère propre à rendre la sérénité aux agités de la vie. (p.40)
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Dans ma trousse, à l'école, il y avait mon crayon, ma gomme et la voix de mon grand-père.
Par-delà les années je lui ai obéi, et en cela même j'ai quitté le coron et ceux qui y vivaient. (p.9)

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Moi, je me souviens de ce grand-père venu de Pologne. Il était immense, fort, invincible.Il est mort fou, replié sur lui-même comme un enfant qui souffre, tendu vers la moindre goutte d'air. (...)
Alors si la mine disparaît, c'est bien. (p.49)
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