Cette lecture est à la fois une petite "claque", des instants d'émotions intenses, mais également une source de frustration, de colère et d'incompréhension. Et oui, vous l'aurez compris, ce roman ne m'a pas laissée indifférente du tout.
Ce qui m'a d'abord attirée, c'est la thématique abordée par
Aurore Poloniato . Car l'héroïne, Elly , est une sans-abri. Depuis cinq longues années dans les rues de Besançon, avec sa chienne Maya, elle lutte pour manger, pour réchauffer son corps, elle se cache pour sa sécurité, surtout la nuit. Elle est devenue invisible aux yeux du monde, les passants indifférents à sa détresse ou dégoutés. L'auteure nous plonge d'emblée dans son quotidien, et ça prend aux tripes.
Le héros, c'est Ethan, fils à papa, qui n'a jamais manqué de rien et qui se soucie peu du monde qui l'entoure. Qu'est-ce qu'il a pu me mettre en colère par son attitude arrogante, tellement froid, autoritaire, à se croire "au-dessus de" !
Deux classes sociales totalement opposées, une cohabitation forcée, dont je vous laisse découvrir les raisons... Et une slow-burn "Enemies to lovers" qui vous fera vivre les montagnes russes.
Je tiens à saluer le travail de recherche de l'auteure et sa manière de témoigner, à travers Elly, de la vie quotidienne des femmes sans-abri. Cette dimension sociale est un vrai plus au roman, j'ai beaucoup aimé la justesse de ses propos, le réalisme et sa façon de dénoncer les injustices.
J'ai trouvé Elly tellement forte, courageuse, une ténacité à toute épreuve. Elle n'hésite pas à remettre Ethan et la gens de la "haute" à leur place lorsque cela est nécessaire. La rue ne l'a pas éteinte, elle a gardé cette flamme de battante.
Ethan, quant à lui, je n'ai pas réussi à le cerner pendant une bonne partie du livre. Même si son histoire personnelle est bouleversante, son attitude envers Elly m'a très souvent déplue. Il est bien souvent détestable, rabaissant.
Au final, je crois que j'aurais préféré un schéma où le héros ne soit pas un riche héritier mais un "Monsieur tout le monde". J'ai été dérangée par des scènes qui m'ont pensé à Pretty Woman, notamment le relooking. Et là encore, il voulait tout imposer à Elly, en mettant en avant son portefeuille et son statut social. Mais la dernière partie du roman nous révèle une autre facette de lui et j'espère que le tome 2 nous le montrera sous un visage plus plaisant. Son rapprochement avec Elly n'est évident ni pour l'un ni pour l'autre. J'ai aimé le voir baisser les armes, moins quand il remet son masque impassible et hautain.
Concernant l'intrigue, je ne me suis pas ennuyée un seul instant, les rebondissements sont nombreux, et Elly se retrouve au centre d'une sorte de machination dont elle ignore tout, et dont on ne sait plus, en tant que lectrice, à qui elle peut faire confiance. L'auteure nous plonge au coeur de secrets de famille, une histoire surprenante et inattendue.
Et cette fin ? Quelle frustration... de quoi se ronger les ongles jusqu'au tome suivant.