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Citations sur Un automne de Flaubert (42)

La mer est froide. Il s'empiffre sans joie. Il rôde dans les cimetières . Même les chiens se détournent de lui. Il a gâché sa vie. Il aurait dû avoir des enfants. Il n'a plus qu'à crever.
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Il aimerait croire que la vie n'a rien à offrir, que le monde est haïssable et peuplé d'imbéciles ; il ne parvient pas à s'en persuader tout à fait. Le mal, il le sait, est dans son cœur.
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Il entend au-dehors la rumeur de la mer, l'appel des goélands, une toile claquant au vent et, pareil à l'écho d'une fête lointaine, le murmure des voix humaines. Il reconnait la musique des bords de mer, étrange et familière comme un r^ve qui revient; à mesure qu'il s'en pénètre dans le demi-jour de la cabine fermée, il éprouve le besoin de respirer, de s'accorder au rythme de la mer et du vent, de rompre les digues du chagrin.
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 Faute de pouvoir atteindre le calme lui-même, c’est à la mer qu’il le demandera. Même agitée, la mer accorde toujours le repos à celui qui la regarde. Sa pulsation obstinée inspire à l’homme égaré dans son labyrinthe intérieur le sentiment des choses simples; et à celui qui doute de la vie le sentiment de la nécessité. Simple et nécessaire la mer accueille toutes les douleurs. Elle n’offense pas les âmes fatiguées.
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Ici, l'air empeste la sardine, et en l'absence de Pouchet sa force est brisé. Il passe ses journées à lire les journaux et à écouter les gens proférer des bêtises. La mère est froide. Il s'empiffre sans joie. Il rôde dans les cimetières. Même les chiens se détournent de lui. Il a gâché sa vie. Il aurait dû avoir des enfants. Il n'a plus qu'à crever.
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Cet élan s'est perdu qui jadis lui dilatait les narines, lui écarquillait les yeux et le poussait sur les routes du matin jusqu'au soir ; maintenant, ce traînant sur le pourtour sinueux des anses de la baie, il n'éprouve que le poids de sa propre chair. Son pas est lent, son souffle court, et son esprit, loin de s'ouvrir aux forces et aux flux du monde, se resserre sur les menus accidents du chemin, une racine glissante, une roche instable, une ronce à écarter. Le coutil de son pantalon lui colle aux cuisses. Ses compagnons marchent trop vite à son gré, mais par orgueil il se refuse à le leur dire. De temps à autre, Pouchet s'arrête pour lui signaler un détail pittoresque, une algue rare ondulant dans le courant, une curiosité géologique : il profite de ces haltes pour reprendre son souffle, il pose un regard las sur tout ce qu'on lui montre.
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Quelques jours plutôt, Pouchet l'avait entraîné dans une rue au bout de laquelle s'étendait une bâtisse à cheminées de briques. Flaubert avait dû, avant de le suivre à l'intérieur, se couvrir le nez d'un mouchoir, tant l'odeur était rance. « Les Sardinières ! » avait crié son guide dans un vacarme de voix, de chants et de ferblanterie.
Elles étaient là, en effet, vêtues à l'identique d'une robe de grosse toile noire à tablier blanc, les cheveux couverts d'une coiffe de tulle, chaussées de sabots, penchées sur leurs taches.
Il y avait celles qui, en deux coups de couteau, devaient étêter puis éviscérer chacune des sardines entassés devant elles ; celles qui les lavaient et les mettaient à sécher sur des claies de fil de fer ; celles qui plongeaient ces claies dans l'huile bouillante, les en retiraient, et les portaient sur la longue table où siégeaient celles dont les mains, inlassablement, emplissaient de sardines les petites boîtes en fer-blanc, qui seraient une dernière fois arroser du huile froide avant d'être serties et stérilisées, dans une aile séparé, par des hommes.
Et cette besogne s'accomplissait dans l'odeur des viscères évidés et de l'huile qui a trop longtemps bouillie, sous la surveillance de contremaîtresses à la mine sévère, au son des chants qui, comme une houle puissante, parcouraient les rangs des ouvrières. De hautes fenêtres faisaient entrer dans l'atelier la lumière du couchant ; là où tombaient ses rayons, les poissons morts jetaient des fulgurations bleutées.
Les deux hommes s'étaient retirés sans un mot.
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Faute de pouvoir atteindre le calme en lui-même, c'est à la mer qu'il le demandera. Même agitée, la mer accorde toujours le repos à celui qui la regarde. Sa pulsation obstinée inspire à l'homme égaré dans son labyrinthe intérieur le sentiment des choses simples; et à celui qui doute de la vie, le sentiment de la nécessité. Simple et nécessaire, la mer accueille toutes les douleurs. Elle n'offense pas les âmes fatiguées.
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[...] D'où vient l'inspiration, comment naissent les livres, ce qui pousse un homme à écrire, ces questions-là ne méritent pas qu'on s' y attarde. Tenter d'y répondre, c'est, comme Isis, se vouer à rassembler les membres épars du cadavre d'Osiris : de même que la déesse ne retrouva jamais le sexe du dieu démembré, l'organe générateur de l'art échappera toujours aux regards.
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Lui aussi, il sait voir la vie. (...) Verbe fait chair, ce grand acharnement du désir, de l'abjection, de l'accablement et de la volupté, aucun microscope, aucune table de dissection ne sauront le révéler. (...) seul l'art en détient le secret, avec ses phrases gorgées de sang, rythmées comme les battements d'un coeur, où la vie palpite dans la violence de ses contradictions et le mystère de ses métamorphoses.
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