C'est pendant ces premiers temps de la brillante résurrection de l'Opéra-Comique que se déroulait à l'Opéra, avec la vogue que l'on sait, le répertoire des bouffons italiens, qui affolait Paris. Un certain clan de spectateurs, dont l'admiration ne connaissait pas de bornes, ne voulait plus entendre parler que d'intermèdes lyriques et de musique italienne. Monnet, qui avait au plus haut degré le sens de l'actualité, songea bientôt à tirer parti de la situation, et il le lit, comme on va le voir, avec une certaine rouerie, de façon à venir à ses fins tout en se moquant agréablement du monde.
Ces musiciens, qui affirmaient dès d'abord l'importance et la vitalité du genre créé par eux, étaient, je l'ai dit, au nombre de trois : ils s'appelaient Duni, Philidor et Monsigny, et pendant plus de quinze ans ils allaient occuper victorieusement la scène, voyant, à chacune de leurs œuvres, les spectateurs exprimer leur sympathie par leurs applaudissements.