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3,4

sur 1125 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elle court, elle court, la maladie d'amour qui unit dans son lit des cheveux qu'on n'imaginait pas s'emmêler. Maria Pourchet signe avec "Feu" un saisissant roman d'amour entre deux êtres que tout sépare. Laure et Clément n'auraient jamais dû se rencontrer, et encore moins se plaire. « Nous n'avons elle et moi rien en commun, sinon une chose : on ne se comprend pas » confesse Clément. Mais leurs peaux ne l'entendront pas de cette oreille, ces choses-là étant par nature imprévisibles. Ce qui l'est moins en revanche nous rappelle l'auteure, c'est combien peut être douloureuse et chaotique la passion amoureuse.
Laure, la quarantaine, professeur d'université, sorte d'Emma Bovary de notre époque, est mariée à Anton, médecin de profession. Elle a tout pour être heureuse, une famille avec deux filles, une maison confortable en banlieue parisienne, une situation, mais elle s'ennuie. Clément, la cinquantaine, mène quant à lui une sacrée vie. Il moisit en haut d'une tour de la Défense où il travaille pour une banque, « [sa] Banquise qui [lui] gèle les couilles ». Solitaire, cynique et désabusé, il vivote dans un vide affectif entre les monologues qu'il adresse à Papa, son chien et les vidéos pornographiques sur Internet. Et puis, il y a aussi Vera, la fille ainée de Laure, lycéenne révoltée, insolente et militante féministe. le tableau est plutôt ordinaire, mais ces trois-là vont jouer à un jeu de massacre qui détruira tout sur son passage, qui salira les femmes et les hommes, qui brisera la famille et le couple, qui n'épargnera rien, même pas l'adultère.
Ce qui m'a intéressé dans cette passion dévastatrice, ce n'est pas le fond sordide et la noirceur de l'histoire, mais bien plus les raisons de son échec et de sa ruine. Maria Pourchet n'est pas sociologue pour rien et elle expose le récit de ce feu amoureux avec une fine compréhension de notre société en crise, de notre époque pleine de peurs et d'amertume. « L'époque est un scandale », affirme Clément, « le scandale c'est la facture, l'époque est une facture, mais peu importe le nom qu'on lui donne, nos enfants ne voudront pas rembourser. » Voilà la crise économique et sociétale qui sert de décor à la crise amoureuse. Crise identitaire également pour Clément confronté à un monde en changement où la masculinité n'a plus sa place. Négligeant sa virilité, il s'enfoncera dans une déliquescence progressive.
J'ai apprécié également la dimension psychologique des personnages qui éclairent l'impasse de la relation adultère entre Laure et Clément. Tous deux livrent une bataille intérieure avec les casseroles de leur passé, avec les injonctions rigides ou négatives qu'ils ont reçues de leur milieu familial, avec la mauvaise image qu'ils ont d'eux-mêmes. Aveuglés par la haine de soi, ils peinent à s'en libérer et à laisser plus de place aux sensations, aux envies, à la spontanéité.
J'ai adoré la première moitié du roman, la suite tout aussi captivante est plus oppressante, mais la fin macabre m'a déplu en raison de sa noirceur sans fond. L'écriture de Maria Pourchet mélange subtilement férocité et délicatesse, doublée d'une ironie rare et précieuse en littérature. Elle raconte notre société avec un humour noir qui fait grincer des dents. L'univers de la finance de Clément comme celui du monde universitaire de Laure n'échappent pas à la plume acerbe de l'auteure. Les étapes de la passion amoureuse, l'épuisement de Laure ou le désert affectif de Clément sont finement décrits. le style est énergique et percutant, le rythme vif. Les phrases surprennent avec ou sans mots crus, sautent du coq à l'âne et m'ont fait chavirer plus d'une fois. Elles possèdent un souffle puissant que j'admire et qui a nourri ma lecture. Mais je n'ai pas retrouvé cette inspiration dans la conclusion lugubre de l'histoire qui manque selon moi cruellement de lumière.
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Avec un ton acerbe, un regard désabusé et juste ce qu'il faut d'humour noir, Maria Pourchet écrit avec Feu un roman décapant et qui dépayse sur l'amour. Pas évident au début d'entrer dans cette langue scandée mais une fois lancé on se laisse porter. Je découvre l'autrice avec ce roman et je suis agréablement surpris par le rythme et la façon de décrire les petites compromissions de chacun et les travers de nos pairs. Laure, une professeur d'université mariée rencontre Clément, un célibataire qui travaille dans la finance. Tableau pas forcément très original mais qui devient prenant à suivre sous la plume de la romancière. A partir de cette rencontre, l'apparent confort dans lequel les deux personnages pensait se trouver vole en éclat. Les deux personnages sont ambivalents et parfois vraiment détestables en ce qui concerne Clément mais pour autant, on ne peut s'empêcher d'apprécier la précision avec laquelle l'autrice rapporte les pensées de ces deux êtres torturés. Quelques réflexions se glissent sur la famille lorsque l'on découvre la fille de Laure, Véra. Adolescente rebelle à ses heures et extra lucide sur les comportements ridicules des adultes qui l'entoure, notamment sur leurs relations amoureuses. Un très bon roman, bien sombre comme on aime et qui bouscule.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Feu
Ce n'est pas du feu, c'est du miel. du miel interdit pourtant. Il coule, sirupeux sur des lèvres entrouvertes. Juste un filet, pas comme une grosse cuillerée trempée dans le café, de quoi en avoir le goût et pourtant….
C'est un feu d'artifice, de ceux qui éclatent, puissants et indomptables. De
Ceux qui s'imposent, comme une évidence.
C'est une évidence évidemment… Mais pas de celles que l'on lit dans les livres contemporains , aux coups de 50 tendances ou d'inglorious beaux gosses sexys et désagréables. Non. Une evidence érotique sans fard, sans petit déjeuner ricoré ou même bouquet de fleurs. Juste un vide, là, au niveau de la gorge, de ceux qui donnent envie de hurler de solitude bien qu'entouré par la foule, de ceux que personne ne remarque, de ceux que l'on ignore au plus profond de soi. C'est la rencontre de ces deux vides, deux coquilles prestantes (boulot, famille, amis) qui nous donne ce petit feu follet. Un espoir ? Ou peut-être n'est-ce qu'un pétard mouillé sur lequel j'ai extrapolé. Ce feu aura réveillé en moi quelque chose de juste dans le ton et de passionné dans le basique d'une relation homme/femme. Ne nous mentons pas, il ne s'agit pourtant que d'une affaire d'adultère entre 2 paumés, 2 personnes en mal de reconnaissance et d'amour, 2 continents qui se touchent. Mais ce n'est jamais plus que ça au final, l'amour. 2 solitudes égrenées, comblées ou flouées, juste de quoi se sentir vivant.
Mais le feu est dévastateur, il ne laisse rien sur son passage, il est impitoyable et ne se retourne pas sur ses cendres.
Peut-être est-il juste de mettre l'amour dans les livres, peut-être n'existe-t-il pas ailleurs.
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Une banale histoire d'adultère et des personnages peu sympathiques, c'est pourtant une lecture jubilatoire !
Les amants se racontent alternativement. Elle, prof d'université, mariée, 2 filles , lui, riche financier, célibataire propriétaire d'un chien encombrant. Tout les oppose : Laure recherche l'amour, Clément le sexe. Entre eux, aucune conversation possible. Ca finira mal sans doute !
Le principe narratif utilisé est original : en voix off, Laure entend ses mère et grand-mère commenter ses actions, ses désirs ; Clément, lui, parle à Papa son berger berlinois et se plaint de sa mère, ultra catho égoïste et violente qui l'a privé d'amour, ce qui explique son déficit affectif actuel.
L'humour ( noir parfois) et l'ironie dominent pour dénoncer les hypocrisies dans les relations familiales, professionnelles, amicales. Personne n'est épargnée et Véra , l'aînée de Laure, qui agit avec la spontanéité et le franc-parler de ses 17 ans (Je n'ai jamais lu une analyse d'Andromaque aussi drôle !) en rajoute.
Je découvre cette autrice et la conseille vivement pour son écriture acérée et ludique.












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Feu, comme feu l'amour
Une histoire d'adultère, banale. Vulgaire presque. La chaire est triste. le verbe, lui, est vif, tranchant, explosif parfois.
Feu, comme feu la joie
Une conversation ratée, poisseuse. Les mots s'agglutinent, mais restent bloqués entre les pages. Les paroles, elles, se distillent. Petites gouttes de venin sur une flaque de tendresse. À moins que ce ne soit de l'apitoiement.
Feu, comme feu la jeunesse
Une hérédité à plusieurs étages. Comme des couches empilées. La culpabilité en héritage, les éléments déchaînés. Fantômes dans la tête. Tempête dans une baignoire. En apnée.
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On la connait tous si bien l'histoire de la femme mariée qui tombe en amour pour le quarantenaire solitaire plein aux as qui se demande encore où il a bien pu foutre son coeur. On la connait, oh oui, mais s'en lasse-t-on ?
Pour ma part j'ai la réponse, surtout quand cette histoire c'est celle de Laure et Clément. Ils ont le talent de la tragédie d'aujourd'hui, de cette époque où les mots comme Youporn, finances, ménage, contemporain, font autant de bien que de mal. Avec l'alternance narratif de deux coeurs qui saignent en silence, les amants s'enlisent dans un feu brulant universellement surnommé"Amour", version 21eme siècle. Ce n'est pas vraiment joyeux, à vrai dire c'est même carrément triste, cette histoire de Clément qui a un fric monstre mais qui est malheureux comme la pierre et qui parle à son chien mourant, et Laure, qui a beau avoir réussi, regrette un peu trop ses compromis familiaux. Et tout ça qui devient encore plus tragique quand ces deux-là se rencontrent et ne savent pas quoi en faire, ni comment se défaire. Mais c'est aussi surement cela, qu'on aime. Quand ça pue mais que c'est beau. Quand les couleurs naissent, même si ce ne sont pas les bonnes.
Ainsi, Maria Pourchet signe de ces livres qui consument les rêves à coup de marteau. Ça n'empêche pas de les vivre, encore moins de ressentir leur incandescence, de ces brasiers qui jaillissent et qui se meurent, sous une écriture brute et incisive qui dégage pourtant, une chaleur émotionnelle que l'on n'oubliera pas.
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« 𝚃𝚞 𝚊𝚙𝚙𝚛𝚒𝚜 𝚌𝚎 𝚚𝚞'𝚎𝚜𝚝 𝚕𝚊 𝚜𝚘𝚞𝚏𝚏𝚛𝚊𝚗𝚌𝚎 𝚍'𝚊𝚝𝚝𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚞𝚗 𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛, 𝚓𝚞𝚜𝚚𝚞'𝚊̀ 𝚜𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚕𝚎 𝚍𝚒𝚛𝚎 𝚎𝚗 𝚞𝚗𝚎 𝚙𝚑𝚛𝚊𝚜𝚎, 𝚎𝚗 𝚞𝚗𝚎 𝚏𝚘𝚒𝚜. 𝙲'𝚎𝚜𝚝 𝚛𝚎𝚐𝚊𝚛𝚍𝚎𝚛 𝚓𝚞𝚜𝚚𝚞'𝚊̀ 𝚕𝚊 𝚋𝚛𝚞̂𝚕𝚞𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚎𝚕𝚚𝚞𝚎 𝚌𝚑𝚘𝚜𝚎 𝚍'𝚒𝚗𝚟𝚒𝚜𝚒𝚋𝚕𝚎 𝚗𝚎 𝚓𝚊𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚙𝚛𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚏𝚘𝚛𝚖𝚎. »
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Pour tous ceux qui aiment les feux ardants.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Peu au fait de la vie littéraire je ne savais pas que Feu avait été sélectionné pour des prix prestigieux. Quels sont les critères de sélection ? Qualité intrinsèque, pression d'éditeur, coup de coeur d'un membre du jury. Qu'importe.
Fort de cet à priori positif, le livre a été beaucoup lu et je vois de nombreuses critiques. C'est varié, les notations babélio vont de un à cinq, cela n'aide pas.

Itou, avec un titre comme cela, on peut en faire n'importe quoi, feue ma grand-mère, le repos du guerrier devant un âtre éteint, coup de feu en cuisine, incandescence des sentiments, feu de joie, couvre feu covid, feux de l'amour, pan pan, brefeu.

Restons personnel.

Laure et Clément se rencontrent.
Elle mariée car il le faut bien, deux filles, un deuxième mari médecin post erreur de jeunesse, 40 ans, prof de fac etc. Vie classique, remplie de ce qui doit la remplir.
Lui, banquier, gagne on ne peut mieux sa vie, 50 ans, un chien, à part cela, une vie vide à courir pour se maintenir en forme donc remplie de courant d'air.

Ils se rencontrent. Il l'attire, on ne sait de quel charme, il l'accepte malgré un avenir courant aérien.

Et il y a des mères à principes à se demander comment Laure et Clément sont nés.

Construction du livre.
Le point de vue de Laure, puis celui de Clément et ainsi de suite. Lui qui utilise le je, elle le tu, lui qui se confie à son chien, elle à tu ou l'inverse, rajoutez les mères même la morte en surmoi freudien, ai je oublié quelque chose ?
Ah oui, titrage des chapitres, pour Clément ses constantes biologiques comme si sa vie se réduisait à celles ci. C'est le cas, ah bon, je n'avais pas compris. Elle c'est le tu, elle n'existe pas en tant qu'elle mais en tu feras ça ma fille. Est ce bien cela, Maria ?

De certains passages, rien compris mais lus un peu vite, relecture, c'est pas mal finalement.

Aux trois quart du livre, la curiosité l'emporte comment va se terminer tout cela ? Clément ultime révolte de Laure pour ne pas être tu , Clément de Laure pour remplir son compte en banque déjà plein de suffisance ? Vous verrez.

Petite recherche internet sur Maria Pourchet. La joie de vivre elle ne semble pas connaître, les fins heureuses non plus.
Avec le feu elle est en phase avec son tu et la platitude reprend ses droits.

Une triade.

Etre aimé par ses parents.
Pour s'aimer suffisamment.
Préambule nécessaire pour pourvoir aimer l'autre.

Et on en revient aux mères mal aimantes des impétrants, condamnés d'avance. Les pères on n'en parle même pas.

Le feu, soyons clément, j'aime bien finalement, chacun ses goûts.. Et à Laure des bitcoins, l'heure n'a plus de prix littéraires. Dommage.
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Quelques mois de passion entre un cadre du siège d'une compagnie d'assurances et une professeure d'université mariée et mère de deux ados. Histoire classique de rendez-vous clandestins, de messages coquins, de malentendus, mais au style parfait et à la narration originale - un roman choral inédit avec une forme féminine à la 2e personne et la version masculine dans laquelle Clément s'adresse à son chien. Et une fin aussi inattendue que glaçante.
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Un roman à deux voix qui porte bien son titre.

Une rencontre brûlante, une relation incandescente. Les passages à la 2è personne sont perturbants mais on se laisse prendre au jeu.
L'écriture est superbe, on tourne les pages frénétiquement.

Un livre comme son intrigue : dévorant.
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À 40 ans, l'universitaire Laure s'ennuie dans son mariage, dans sa petite famille bourgeoise, dans une vie terne toute tracée qui attend un peu la fin. Clément, dans la finance, tire un paquet de blé d'un boulot dépourvu de sens et d'humanité - qu'il ne trouve qu'auprès de Papa, son chien trouvé Gare de l'Est avec lequel il dialogue. Projet de colloque, les deux se rencontrent. Démarre un adultère.

À partir de l'histoire la plus banale qui soit, mille fois écrite, resucée et épuisée, Maria Pourchet tire un roman extraordinaire. « Feu » comme un tir de pistolet déglingue tout : l'amour, le couple, la famille, l'époque. Puisque rien ne vaut, reste l'adrénaline. Avec autant d'humour que de cynisme, ces deux âmes désabusées vont vivre une histoire banale avec une extrême intensité qui l'est beaucoup moins. Servi par une construction narrative et une langue fascinante que l'autrice cisèle de roman en roman, ce « Feu » dévorant se dévore lui aussi.
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