Si l'adultère est sans doute un des thèmes les plus anciens dans l'histoire de la littérature, il ne fait aucun doute que la version dynamitée et trash de
Maria Pourchet est tout à fait novatrice.
L'autrice nous conte ici la relation entre Laure, professeur d'université, deux filles, un mari médecin, et Clément, célibataire, qui travaille dans la finance. Une relation fondée sur le hasard d'une rencontre, entre deux êtres qui n'ont rien en commun et ne se sont pas choisis.
Extérieurement, Laure a une vie qui devrait la satisfaire, un métier intéressant et une cellule familiale dite normale. Secrètement, elle vit dans le fantasme d'une aventure qui lui fera connaître de grandes émotions, comblera la platitude de sa vie conjugale auprès d'un homme gentil mais plutôt terne et l'aidera à supporter les provocations de sa fille aînée en pleine adolescence contestataire. Ses attentes sont immenses.
A l'inverse Clément ne demande rien et n'espère rien. C'est un homme passif, sans désirs, désabusé et cynique. Cherchez l'enfance... Un père absent et une mère castratrice, qui n'a eu de cesse de lui enseigner qu'une vie réussie sur terre ne doit être que "douleur et manque" ( Voir le magnifique portrait au vitriol de cette femme pp.180-182 Ed Livre de Poche). Il n'a pas d'amis, pas de vie sociale, et n'exprime ses pensées qu'en monologuant avec son chien, qu'il appelle papa -ce qui en dit long sur sa névrose.
Résumé de cette façon, cet adultère bourgeois entre une femme en demande assoiffée d'amour et un homme incapable d'en donner pourrait paraître classique, voire banal. Il n'en est rien parce que
Maria Pourchet a ce double talent d'incarner des personnages d'une densité et d'une originalité remarquables, et celui de mettre une langue moderne et pétaradante au service d une histoire d'un pessimisme incroyable (Exemple : le morceau d'anthologie qu'est Andromaque en version ado rebelle pp. 162-164)
Sachez donc que la lecture de
Feu ne vous épargnera pas. Parce que
Maria Pourchet écrit comme on boxe, ça secoue, ça percute et ça cogne.
Je n'ai pourtant qu'un conseil à vous donner: n'ayez pas peur, bondissez sur le ring et colletez-vous à ce style dévastateur . Vous en sortirez étourdi, peut-être même amoché, mais qui s'en plaindra quand les coups procurent un tel plaisir.