C'est un livre que j'ai offert à une amie sans l'avoir lu, convaincue de ses qualités par les nombreux éloges dont il a fait l'objet. Je l'avais aussi acheté, avec l'intention de le lire plus tard. Mais quand ladite amie m'a avoué, parvenue à la moitié de l'ouvrage, son incapacité à comprendre l'histoire et les personnages, je lui ai promis d'en prioriser la lecture pour que nous puissions échanger à son sujet lors de notre prochaine rencontre.
J'ai ainsi lu "
Feu" en une après-midi. Et une semaine après l'avoir terminé, j'en avais quasiment déjà tout oublié.
(Attendez, je reprends mes notes)
Deux parties jouent l'alternance.
La première s'adresse à un "tu" derrière lequel nous trouvons Laure, prof d'université, mariée à un médecin, et mère de deux enfants. Elle est arrivée à l'âge des regrets, s'invente des renoncements à des états qu'elle n'a en réalité jamais tenté d'atteindre. Sa vie a été régie par la facilité, l'engouffrement dans un confort petit-bourgeois dénué de tout esprit de transgression. La routine l'a éteinte, mais elle s'y raccroche pourtant, car ce qui tient sa vie, c'est sa place et son rôle dans le microcosme familial.
La seconde est portée par le "je" de Clément, cadre dans une banque qui lui verse un salaire indécent, misanthrope aigri qui ne tolère que la compagnie de son chien, qu'il appelle Papa. Conscient de la cruauté d'un système dont est l'un des rouages, il le fustige avec autant de férocité que de pessimisme, histoire de cracher dans la soupe pour montrer que lui n'est pas si mauvais que ça, tout en continuant à la boire. C'est un homme qui a perdu toute illusion, qui semble même avoir perdu toute substance, et qui n'attend plus rien de l'existence.
Ils se rencontrent pour organiser son intervention à lui dans le cadre d'une conférence qu'elle prévoit de donner à l'université. Ils entament une liaison.
Elle apprend la tromperie, a des pensées obscènes, des désirs soudains et irrépressibles. Lui semble complètement perdu, ne pas savoir que faire de celle relation qui le terrorise : il était presque mort, s'était résigné à ne plus éprouvé de flamme… il en devient désagréable…
Quelque chose cloche. Je repense à mon amie, et je dois me rendre à l'évidence, je suis moi aussi hermétique à ce ballet qui ne semble ni vraiment amoureux, ni complètement sexuel. On se demande ce qui s'y joue. Les deux amants n'ont rien en commun hormis l'évidence ne pas se comprendre, constat sur lequel les rejoint allègrement le lecteur dubitatif. La lectrice cherchera par ailleurs longtemps ce que Laure peut bien trouver à ce triste malotru qui n'est même pas beau, et ne bande qu'une fois sur deux…
Alors oui, l'écriture de
Maria Pourchet a une certaine tenue, un style sec et percutant, et c'est vrai qu'en relisant les passages retenus, j'y ai retrouvé quelques fulgurances. Mais la dimension hachée de l'ensemble, associée au cynisme d'un Clément qui ne sait s'exprimer que dans la dépréciation systématique de lui-même et des autres, finit par lasser.
C'est pour conclure assez déprimant, ça ressemble à un chant du cygne sans flamboyance, celui de deux êtres incapables de se libérer de leurs carcans respectifs pour s'ouvrir à la nouveauté d'un amour, et qui, en quête d'on ne sait trop quoi, sont tombés sur la mauvaise personne au mauvais moment.
Bof bof.
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