Une femme, à la maternité, se penche sur le berceau de sa fille qui vient de naître. L'accouchement a été difficile, elle est épuisée, physiquement blessée, mais aussi terrifiée et bouleversée par ce petit être dont la vie vient de lui être confiée. On comprend qu'elle est seule. Qu'elle a peu envie d'être mère.
Et qu'elle est en colère. Contre le personnel médical, contre sa propre mère, contre toutes les femmes de sa lignée et même de son village, contre elle-même.
Pendant la centaine de pages de ce court roman, dont on se demande à quel point il est autobiographique, Marie/
Maria Pourchet crache sa colère, revient sur son enfance et son adolescence "ratées", exorcise une à une toutes les petites phrases assassines que sa mère lui a léguées et qui l'ont empêchée de s'épanouir en tant que femme.
J'avoue que je suis ressortie mitigée de ce texte très lourd. J'ai eu l'impression d'assister à une psychanalyse plus qu'à un objet littéraire abouti. La narratrice semble n'avoir rien réglé ni digéré de son passé au moment où elle écrit.
Même si elle dit souhaiter à sa fille d'échapper à tout ça, elle lui lègue un sacré sac de noeuds dès les premières minutes de sa vie, à commencer par son refus catégorique de l'allaitement.
J'ai trouvé ce leg à un petit enfant qui vient de naître et n'a rien demandé très triste, même si je comprends bien que ça fait partie du propos.
La narratrice se place en victime tout le long de ce récit/règlement de compte. On se dit qu'elle n'a vraiment pas eu de chance d'avoir une mère et un entourage pareil, mais bizarrement j'ai peu réussi à développer d'empathie pour elle. Peut-être parce que j'ai moi-même dépassé depuis un moment le stade de cette colère à vif qu'on peut avoir envers ses parents, et n'arrive pas/plus à m'y identifier?
Les dernières pages, sur la visite tardive de sa mère, étaient très belles et ont valu la peine de tenir jusqu'au bout. Ailleurs dans le récit j'ai trouvé l'écriture plutôt inégale, parfois très fine et percutante, parfois un peu attendue et répétitive. Je suis donc mitigée, mais je lirai sûrement un ou deux autres livres de l'auteure dont j'ai lu de très bonnes critiques, car pour le moment je n'ai pas l'impression d'avoir bien réussi à la cerner.