« La nuit est ton domaine à présent. Tu en viendras à haïr le jour. Ta place y sera
parmi les tombes. » Avec ce nouveau roman,
Tim Powers s'approprie avec le talent qu'on lui connaît le mythe des vampires et nous offre une histoire bien ficelée et captivante de bout en bout. Bienvenue dans la Londres du milieu du XIXe siècle où de puissantes créatures inhumaines baptisées Néphilims oeuvrent secrètement afin de détruire la cité et ainsi récupérer leur force d'antan. le roman peut parfaitement se lire de façon indépendant même si, bien qu'on ne puisse pas à proprement parler parler de suite au « Poids de son regard » (ouvrage récemment republié, lui-aussi par les éditions Bragelonne), il serait malgré tout préférable de lire «
Parmi les tombes » en second. Ne serait-ce que pour comprendre l'héritage du protagoniste, descendant du duo à l'affiche dans le précédent roman, ou pour saisir toute la complexité de la nature de ces Nephilims. Les clins d'oeil sous la forme de références ou d'apparition de certains personnages sont également nombreux, qu'il s'agisse des Carbonari, de
Polidori,
Lord Byron..., bref, pour véritablement saisir la qualité du travail de Powers et la complexité de la tapisserie qu'il a tissé, impossible de ne pas en passer par «
Le poids de son regard ».
Encore une fois
Tim Powers fait montre d'un talent d'écriture et d'une culture historique et littéraire remarquables. le roman gagne également en efficacité et en dynamisme par rapport au précédent, mais perd hélas un peu en mystère. Les scènes d'action occupent ainsi une place un peu plus importante tandis que la focalisation sur les relations entretenues par les Néphilims et les humains sur lesquels ils ont jeté leur dévolu se fait quant à elle nettement moindre. Les personnages quant à eux sont toujours aussi convaincants mais également plus humains et attachants, qu'il s'agisse de la poétesse
Christina Rossetti, de la jeune et farouche Johanna ou encore du vieux Trelawny, ancien pirate plein de mordant et qui constitue à mon sens l'un des personnages les plus captivants du roman. Un sentiment renforcé par le choix de l'auteur de privilégier une plus grande multiplicité des points de vue, une initiative bienvenue et qui n'en rend la lecture que plus plaisante car plus diversifiée. Comme à son habitude,
Tim Powers ne résiste pas à l'envie de mêler à ses personnages fictifs quelques personnages historiques bien réels tels que les membres de la famille Rossetti ou encore la fameuse reine icène Boadicée (une petite référence antique qui ne pouvait que me séduire...).
Avec «
Parmi les tombes »,
Tim Powers signe un roman fort réussi, beaucoup plus accessible et rythmé que «
Le poids de son regard », mais à l'atmosphère nettement moins envoûtante et onirique que précédemment. Autant dire que j'attends avec beaucoup d'impatience la sortie de tout nouveau roman du père du mouvement steampunk.