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4,02

sur 1214 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
S'il vous reste un peu de foi en l'humanité, un peu d'espérance, une once d'optimisme bien cachée au fond de vos entrailles, vous pouvez lire « Sidérations ». Il y a fort à parier que vous serez émus, touchés en plein coeur par la musique du texte, l'omniprésence de la nature par l'intermédiaire de toute sorte d'êtres vivants, l'amour inaltérable d'un père pour son fils, l'ubiquité d'une mère qui vit en chaque chose d'un oiseau à un souvenir. Il y a fort à parier que vous ne sortirez pas de cette lecture indemne, si vous pensez comme moi que le règne tout puissant de l'humain touche à sa fin, et qu'il est temps qu'il disparaisse de la surface du monde tellement il ne mérite pas de s'y repaître. Si les livres permettent une incontestable évasion qui autorise de se soumettre au réel, « Sidérations » offre un voyage vers d'autres planètes où la vie serait différente, mais où la vie trouverait un chemin. Cette escapade, ce moment hors du temps, ce cadeau fait d'un père à un fils un peu différent demande un moment d'adaptation. Nous y sommes reçus comme invités, prière de ne pas déranger ce qui se joue ici. Prière de ne pas juger non plus des décisions prises par un père un peu démuni face à cet enfant exceptionnel que les émotions submergent, un enfant qui a une haute idée de la vie, de la Terre et des dangers qui la menacent, un enfant qui marche dans les pas de sa mère, rebelle, contestataire, agitatrice des consciences. « (…) la vie est une chose qu'il faut cesser de vouloir corriger. Mon fils était un univers de poche dont je n'atteindrais jamais le fond. Chacun de nous est une expérience en soi, et nous ne savons même pas ce qu'elle est censée tester. »

Ce trio pourrait vivre retranché du monde, hors de sa marche lente vers une destruction annoncée, ignorer les cris, les appels à l'aide de la Terre en souffrance. Il décide pourtant de se plonger corps et âme dans la bataille, chacun a son niveau, par déontologie, par moralité, par reconnaissance. Un trio qui affronte le monde pour guérir la Terre. Parce qu'il a une haute idée de la vie, philosophiquement parlant, et s'octroie un rôle de lanceur d'alerte. Quand l'existence devient trop ardue, trop harassante, le père et le fils découvrent ensemble des exoplanètes : une parenthèse à deux pour s'échapper du monde. La réalité, cruelle et assassine finit toujours par les rattraper : un travail prenant pour le père, des problèmes à l'école pour le fils, les actualités angoissantes, les massacres animaliers, les extinctions de race. Et comme l'émotivité de Robin a la force d'un tsunami, son père Théo doit affronter des crises sans précédent. Et parce qu'il aime Robin éperdument, il refuse avec obstination la facilité de certaines thérapies pour s'orienter vers des solutions plus expérimentales. le roman prend alors un nouveau tournant, focalisant sur Robin qui à l'instar de Charlie Gordon dans « Des fleurs pour Algernon » découvre un nouvel univers : sa planète secrète.

« Sidérations » questionne l'humanité à travers les yeux de Robin, neuf ans, à la force d'un mantra : « Il y a quatre choses bonnes qui méritent d'être pratiquées. Faire preuve de bonté envers tout être vivant. Demeurer constant et serein. Être heureux du bonheur de toute créature. Et avoir conscience que toute souffrance est aussi la nôtre. » Par un truchement que je ne révélerai pas ici, l'empathie de Robin se décuple, il devient un « bouledogue zen » et se donne pour mission de devenir lui aussi un lanceur d'alerte, un pédagogue pour « apprendre à habiter la terre ». Les constats tombent sans appel : « Papa, y a vraiment quelque chose qui trouve pas rond chez nous », « Tout le monde sait ce qui est en train de se passer. Mais on regarde tous ailleurs ».

Le pouvoir de l'amour et de l'imagination est immense. Il permet de créer des mondes, d'habiter de nouvelles planètes, de chercher des sources de vie, d'exister différemment. le pouvoir des émotions est prodigieux, il donne de la force autant qu'il assomme, permet d'avancer autant que de paralyser. le pouvoir du souvenir, la capacité à entrer dans la tête de l'autre motive autant qu'il handicape. « Sidérations » est un ascenseur émotionnel, une sirène écologique, un cri au droit à la différence, un appel à la compassion et à l'empathie. En créant un monde légèrement postdaté au nôtre, Richard Powers nous fait osciller entre « un virus de bien-être » et une injonction « AIDEZ-MOI. JE MEURS ». Il est rare que je termine un livre en larmes… et pourtant… celui-ci est parvenu à me toucher intensément comme citoyen du monde, comme mère, comme témoin privilégié. Peut-être est-ce une question de rapprochement avec notre propre situation, ou une analogie émotionnelle avec Robin, ou un parallèle intellectuel avec Théo, peu importe. La découverte des planètes du début de roman, planètes chimères et fantasmagoriques deviennent la seule réalité envisageable comme « solution finale des appétits humains ». La vraie vie, elle, peut devenir une invention…

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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La science et l'émotion dans un même roman ! Telle est la recette avec laquelle Richard Powers concocte son oeuvre !
Et celui-ci qui mêle astrobiologie, neurologie, écologie avec l'amour d'un père pour son fils ne déroge pas à la règle.

Robin ( traduction de rouge-gorge, oiseau préféré de sa mère morte) est un petit garçon hyper-sensible que les médecins ont diagnostiqué autiste Asperger. Mais son père, astrobiologiste, soutenu par la mémoire de sa femme, refuse les neuroleptiques et essaie de gérer lui-même avec son amour et son imagination les crises de son enfant. Il lui raconte sans répit des histoires de planètes inventées, lui transmet des connaissances dont il est avide, entretient le souvenir de sa mère, activiste écologique et passionnée du monde du vivant.
Mais avoir un enfant différent entraîne des problèmes dès lors que la société s'en mêle. Sous l'injonction de l'école, il doit trouver une solution.
Il s'adresse alors à un universitaire qui mène une expérimentation neurologique : grâce à l'intelligence artificielle, il serait possible de reguler les émotions de Robin en reproduisant la démarche émotionnelle d'une personne à l'énergie plus positive. Ils décident ensemble d'utiliser  les émotions de sa mère qui ont été enregistrées de son vivant.
Sous le signe de la souris Algernon, les progrès sont sidérants. Robin semble assimiler à la fois l'ardeur et la détermination de sa mère, mais aussi ses connaissances et son empathie.

Mais sous un gouvernement aux accents trumpistes, la science et plus encore l'écologie ne sont pas des priorités. Les catastrophes se succèdent et Richard Powers plaide pour l'urgence, l'urgence pour les hommes d'une prise de conscience sur la protection nécessaire de notre planète. A l'écoute de la première amoureuse de Robin, une évocation limpide de Greta Thunberg.
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Un excellent roman alliant force émotionnelle, science et intelligence.

"Sidération" ne peux pas laisser indifférent, autant par les thèmes essentiels qu'il aborde que par son écriture brillante. La puissance du récit est par le talent de l'auteur à nous transporter au coeur d'un duo touchant et d'un environnement allant de la terre au cosmos décrit avec justesse.

Ce roman qui explore le deuil, notre relation au monde, et le parcours d'un père qui fera tout pour aider son fils jugé trop différents, n'en devient pas larmoyant mais plutôt incroyablement inspirant, lumineux.

Ce livre engagé nous emmène à reconsidérer nos liens avec le vivant, à nous questionner sur notre place dans l'univers. On en apprend beaucoup sur l'astrobiologie, mais aussi les oiseaux, les plantes.
Il dénonce cette société qui veut faire disparaitre les singularités et poser toute sorte de diagnostic pour traité médicalement. L'expérience scientifique sur Robin est extrêmement intéressante et réaliste. le neurofeedback existe, ici cela a été beaucoup plus loin, amplifié... Pour des résultats stupéfiants.

Dans la voix de ce jeune garçon, à l'image de Greta Thunberg, il ressort beaucoup de richesse et de réflexion sur le monde tellement réelle mais triste aussi...
La fin est profondément émouvante, et c'est le cas de le dire, sidérante.
Lien : https://afleurdemotsfrance.c..
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Ce livre est absolument merveilleux et bouleversant.

Il est plein de poésie, de grandeur, de nature et de force.

💬 Depuis la mort de sa femme, Theo, astrobiologiste, élève seul son fils Robin, sensible, attachant et particulier, avec des excès de rage. Ce qui l'apaise ? La nature, les oiseaux, les étoiles et les planètes imaginaires. Mais quand Robin est exclu de l'école, son père est obligé de le "soigner". Theo se tourne vers une thérapie expérimentale par le biais du neurofeedback et de l'intelligence artificielle. Les résultats sont stupéfiants.

Ce roman nous montre la fragilité de notre rapport au monde, à l'humanité. La beauté de l'amour paternel. La subtilité de l'intelligence des enfants. La souffrance du jugement.

Il dépeint un monde à l'envers où seul le regard d'un enfant peut comprendre la souffrance de la terre, la beauté des petites choses qui nous entourent. Que l'homme (Homme) ne vit pas, qu'il traverse le monde sans même le regarder. Car quand on le regarde, on ne peut pas supporter ce qui se passe. Continuer est une aberration.

"Puisqu'il est vrai qu'une fois toute haine chassée
L'âme recouvre enfin l'innocence première
Et apprend qu'elle est à elle-même sa joie
Sa paix et sa terreur,
Et que sa douce volonté est la volonté du Ciel ;
Elle peut, même entourée des regards noirs du monde
Des hurlements de tous les vents du monde
Même dans l'explosion de tous les vieux soufflets du monde,
Connaître encore le bonheur. "

Ce livre est à lire. À partager. À échanger.
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C'est l'histoire d'un petit garçon pas comme les autres. Différents diagnostics sont posés mais aucun ne convainc vraiment Théo, son père, un brillant astrobiologiste, par ailleurs le narrateur de cette magnifique histoire.
Robin est intelligent, sensible, développe des capacités cognitives importantes mais il est aussi coléreux, anxieux, vite débordé par ses émotions. Cela s'est encore accentué depuis que sa maman, Aly, est décédée dans un accident de voiture.
Père et fils essaient de survivre à cette perte immense. Pour extraire Robin de sa douleur, Théo l'emmène camper en forêt. Là, au milieu de la nature, des milliers d'espèces vivantes parfois invisibles, l'enfant retrouve un peu de sérénité. Il est bercé le soir par les histoires qu'invente pour lui son père autour de l'existence de la vie dans les milliards de planètes qui nous entourent.
Lorsque le professeur Currier propose un essai clinique pour Robin, Théo hésite. Il avait déjà participé à une expérience sur les émotions avec Aly et en était ressorti bouleversé. Pourquoi ne pas tenter avec Robin le neurofeedback et permettre à l'enfant de se connecter au cerveau de sa mère ?
Comme dans le roman Des fleurs pour Algernon - l'auteur y fait référence du reste - Robin va connaître un développement incroyable et arriver à maîtriser ses émotions. le quotidien redevient vivable, l'enfant parvient à entrer en relation avec ses pairs et à être connecté à son environnement. Mais son rapport au monde devient extrêmement sensible et Robin prend conscience de façon aiguë que l'homme est en train de détruire toute vie sur terre.
C'est un roman magnifique sur la paternité mais aussi sur l'altérité. Sur fond de désastre écologique, Power nous livre une fable bouleversante sur le vivant, le vivre-ensemble, la fragilité de l'équilibre du monde.
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Ce livre est un coup de maître. L'auteur réussit à traduire en fiction les sujets majeurs de notre époque : le climat et la biodiversité. le narrateur est veuf et père d'un enfant révolté contre la violence du monde. Pour lui apprendre à contrôler ses émotions il va lui faire suivre une expérience de connexion aux émotions d'une personne disparue. La suite illustre magnifiquement tous les thèmes brûlant d'actualité : la connexion au vivant, l'engagement politique, la résignation. le narrateur s'appuie sur des planètes lointaines pour imaginer avec son fils de possibles autres Terre. L'auteur ouvre des pistes de réflexion très puissantes, et pose la question : faut-il plutôt écouter son coeur ou la raison ? Éblouissante lecture.
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Richard Powers nous livre un ouvrage original, bien écrit et très émouvant. En plein coeur de l'actualité, c'est la problématique environnementale qui est abordée. Disparitions d'espèces, inondations, incendies, exploitation animale… A travers la relation d'un père et de son fils, l'auteur dresse un portrait peu flatteur de l'être humain dans sa relation avec le réel.

le père, Theo Byrne, tente tant bien que mal d'élever son fils après la mort de sa femme. de profession astrobiologiste, il lui transmet ses connaissances sur les planètes autres que la Terre, sur leurs particularités et leurs probabilités d'abriter du vivant.

Le fils, Robin, neuf ans, est très curieux de ce qui l'entoure. Il passe des heures à contempler la nature, les végétaux et les espèces animales qu'elle renferme. En revanche, ses crises de rage laissent son père démuni. Pour éviter le traitement médicamenteux, celui-ci ne voit qu'une seule solution : porter ses espoirs sur l'intelligence artificielle.

Ce roman est une sacrée claque. Au-delà de l'intrigue et des personnages très attachants, c'est notre existence que l'on remet en question au cours de cette lecture. L'auteur nous invite à questionner notre place dans l'univers et à remettre en question notre mode de vie et nos relations avec les autres espèces vivantes. Cette lecture est pessimiste et en même temps une réelle bouffée d'oxygène. On en sort bouleversés.
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Difficile d'apporter une contribution à la critique sur SIDERATIONS tant les critiques présentes sur BABELIO sont riches et développées.
Ce que je peux dire de mon expérience sur la lecture de SIDERATIONS c'est que je l'ai lue et relue. En première lecture SIDERATIONS m'avait surpris et m'avait un peu heurté. L'histoire n'est pas commune et le lecteur doit s'attendre à emprunter des montagnes russes. J'ai eu besoin d'une seconde lecture pour entrer pleinement dans SIDERATIONS.
SIDERATIONS est l'histoire d'une famille avec une mère disparue prématurément et d'un père qui élève le mieux qu'il peut un enfant « différent ». L'histoire n'est pas originale en soi mais SIDERATIONS emprunte un chemin extraordinaire. le lecteur suit cette histoire en passant de l'infiniment grand des exoplanètes à l'infiniment petit du système cérébral.
Le thème de l'enfance a été souvent été évoqué mais dans SIDERATIONS le lecteur doit emprunter les montagnes russes de l'espace sidéral et des neurofeedbacks. le lecteur doit accepter de se laisser conduire par Richard POWERS dans les espaces sidéraux. Mais c'est un voyage qui en vaut la peine. SIDERATIONS vous amène dans une autre dimension.
Le titre français est plus explicite que le titre américain. le traducteur Serge CHAUVIN, brillant universitaire, a fait un bon choix. SIDERATION vient du latin sideratio, action funeste des astres.
Le livre fermé le lecteur est un plus savant sur le système sidéral et sur le système cérébral. Apprendre en se distrayant.
Bon voyage.
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Voilà une lecture qui m'a emmené loin loin loin.

Une histoire intelligente, poétique, douce et violente à la fois. Une expérience de lecture dont on ne ressort pas inchangé.

Ce livre à un petit quelque chose du Petit prince... Philosophique, écologique, astronomique, il nous oblige à regarder le monde avec une autre sensibilité que la notre, quelle qu'elle soit, et ça c'est prodigieux.

Un grand roman contemporain ! À lire absolument.
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Remarquable et bouleversant, un livre qui m'a durablement marquée, tant les thèmes qu'il aborde résonnent en moi en cette période troublée : le dérèglement climatique et la fin de la biodiversité, les pandémies, la folie des dirigeants politiques, mais aussi le besoin de se reconnecter à la nature, d'observer (les oiseaux), de créer. de très beaux passages sur le deuil et les absents qui continuent à vivre en nous, sur la relation père / fils - un père dévasté par la perte de sa femme, et un peu perdu face à cet enfant différent. de belles pages sur la nature et le cosmos. Les dernières pages sont très dures - la référence à Des Fleurs pour Algernon n'est pas anodine. Un roman magnifique et nécessaire, que j'ai adoré.
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