Théo Byrne est astrobiologiste, « il recherche de la vie dans le cosmos » comme le dit son fils Robin, 9 ans, un gamin intelligent, hypersensible, singulier, ayant des troubles du comportement qui posent problème à l'école. Sa mère, juriste travaillant pour des ONG environnementales, activiste acharnée de la lutte pour la préservation des espèces et incollable sur les oiseaux, est décédée dans un accident alors qu'il avait 7 ans.
Père et fils ont développé une relation fusionnelle : ensemble, ils explorent chaque soir des exo planètes plus extraordinaires les unes que les autres ou partent camper dans les Smoky mountains à la découverte de toutes les formes de vie animale ou végétale qui passionnent Robin.
Théo aime son fils de façon inconditionnelle et se sent impuissant face à ses crises. Refusant de le bourrer de médicaments comme le demande l'école, il accepte de le soumettre à une thérapie expérimentale qui s'appuie sur l'intelligence artificielle et sur l'imagerie mentale afin de l'aider à contrôler ses émotions.
Powers situe son roman dans un futur proche , dans une Amérique en crise politique, avec un président qui ressemble beaucoup à Trump et où les catastrophes naturelles et sanitaires se multiplient (ouragans, inondations, incendies, vache folle...) Son jeune Robin, qui a hérité de la passion maternelle pour l'écologie est une mini
Greta Thunberg (elle apparaît dans le roman sous un autre nom) : même colère, même sentiment d'urgence, même volonté de secouer l'inertie des adultes, même engagement.
C'est un roman qui mêle astrophysique, neurosciences et écologie. Les données scientifiques sont nombreuses et souvent assez pointues, comme souvent chez
Richard Powers et si l'on n'est pas trop scientifique ( ce qui est mon cas !) on peut se sentir un peu dépassé. Mais les pages sur le Neurofeedback, une technique thérapeutique pour la rééducation du cerveau dont on se sert déjà pour traiter les troubles de stress post-traumatique, sont assez bluffantes. Quant aux pages sur les exo planètes, je les ai lues en « littéraire » que je suis, plus sensible à la poésie des mots et des images qu'elles dégageaient.
Pour le message écologique, je laisse l'auteur en parler lui-même :
« Ma passion au cours de ces deux derniers livres ["
L'arbre-monde" et "
Sidérations"] a été de découvrir des similitudes dans la différence. Ces deux livres parlent de restaurer ce lien brisé entre le monde humain et le monde non-humain : comment voir des reflets de nous-mêmes dans des créatures qui sont aussi différentes ? Nous avons co-évolué. […] Je vois dans les feuilles des arbres un miracle absolu à plusieurs niveaux. Et ça me restaure, moi. Ça me fait sentir que je fais partie de quelque chose de beaucoup plus grand. »
Plus resserré que
L'arbre monde ( moins de 400 pages), avec seulement une poignée de personnages, et se déroulant sur une année , ce roman mêle émotion et érudition et ne peut laisser indifférent.
Troisième livre de l'auteur pour moi et toujours épatée par son talent !