Citations sur Les Annales du Disque-Monde, Tome 3 : La Huitième fille (125)
Elle les fouilla des yeux, sans pour autant relâcher une seule seconde sa vigilance envers les pickpockets, les tremblements de terre et les fricoteurs en mal d'érotisme
Si l'on ignore les règles, apprenait-elle déjà, la moitié du temps elles se réécrivent tranquillement pour cesser de vous concerner.
« Et il est où, ce bourdon, maintenant ?
- Elle a dit qu’elle l’avait jeté dans le fleuve… »
Le vieux mage et la sorcière plus toute jeune s’entre-regardèrent, le visage illuminé par un éclair au dehors.
Biseauté secoua la tête. « La fleuve est en crue, dit-il. Une chance sur un million. »
Mémé eut un sourire sinistre. Le genre de sourire qui fait fuir les loups. Elle empoigna son balai d’un geste résolu.
« Les chances sur un million, dit-elle, elles se réalisent neuf fois sur dix. »
Lefèvre prit une pelle près de la porte du fond, hésita.
« Mémé.
- Quoi ?
- Tu sais comment les mages aiment se faire enterrer ?
- Oui !
- Comment, alors ? »
Mémé Ciredutemps marqua une pause au pied de l'escalier.
« A contrecœur.»
Tous les mages savaient déplacer les objets, depuis les protons et tout ce qui s'ensuit, mais l'important à retenir pour en déplacer un de A jusqu'à Z, selon la physique élémentaire, c'est qu'à un moment donné l'objet en question devra passer par le reste de l'alphabet.
Ouvrez bien les yeux, les effets spéciaux sont hors de prix.
Enfin, il déglutit, parut prendre une décision, se tourna solennellement vers Esk et demanda : "Ouarl ich gnich saaarghs ichghs ourgch ?"
Ses sourcils se plissèrent quand il se repassa la phrase dans la tête pour une deuxième tentative.
"Aargh argh chaah gok ?"
Il capitula.
"Bharrgch nargh !"
Elle gisait écroulée contre la porte avec l'impression que tout son corps avait mal aux dents.
A l'intérieur d'une sphère de cristal jetée de côté dans le sable flottait une boule bleu-vert, marbrée de tout petits motifs nuageux et de ce qui aurait presque pu passer pour des continents si quelqu'un d'assez bête avait voulu vivre sur une boule.
Les animaux ont un esprit simple, donc vif. Ils ne perdent jamais leur temps à fractionner leur vécu en petits morceaux et à s’interroger sur tous les autres qu’ils ont manqués. On leur a catalogué la panoplie complète de l’univers en rubriques bien distinctes : a) ce à quoi on s’accouple ; b) ce qu’on mange ; c) ce qu’on fuit ; et d) les cailloux. L’esprit ainsi libère des pensées superflues acquiert une incroyable acuité pour les choses importantes. L’animal normal, en fait, ne cherche jamais à marcher et à mastiquer du chewing-gum en même temps.
L’humain moyen, pour sa part, réfléchit à toutes sortes de choses du matin au soir, à toutes sortes de niveaux, qu’interrompent des dizaines d’horloges et de calendriers biologiques. Il existe des pensées prêtes à sortir, des pensées secrètes, des pensées réelles, des pensées sur des pensées et toute une gamme de pensées inconscientes. Pour un télépathe, le cerveau humain n’est que vacarme. C’est un terminus de chemin de fer quand tous les haut-parleurs s’égosillant en même temps. C’est une bande FM complète - et certaines des stations ne sont pas recommandables, stations pirates bannies sur des murs interdites qui passent tard dans la nuit des chansons aux paroles limbiques.