Enfant je me suis étonné…
Enfant je me suis étonné
De me retrouver en moi-même
D’être quelqu’un parmi les autres
Et de n’être que moi pourtant.
Plus tard je me suis rencontré
Je me suis rencontré comme quelqu’un qu’on croyait mort
Et qui revient un jour vous raconter sa vie
Et ce mort en moi-même m’a légué son passé
Je suis devenu un inconnu pour moi
Vivant à travers lui
Chargé de son message irréel et pesant.
Et la Peur est venue
De mon exil et de ce vide autour de moi
Du son de mes paroles qui n’atteignait personne
Et de mon amitié incomprise et laissée.
J’ai compté ceux qui sont venus
J’ai compté ceux qui sont partis
Ceux qui resteront partiront.
J’ai souffert …
J’ai souffert autant qu’on peut souffrir au monde
Mais j’ai connu la joie atroce de rêver
J’ai connu la douleur d’effacer son visage
Au feu de ma raison
J’ai connu dans la nuit avide de mon sang
Le vent jaloux de Dieu
Le vent qui n’a jamais connu sa voix d’enfant
J’ai connu l’attente obscure
La foule avide et dérisoire
Distribuant ses fantômes et noyant ma mémoire
Raz de marée brisant ma vie
À travers les brouillards de ses yeux dispersés
J’ai connu l’obsession d’un mal que je vénère
J’ai connu le tourment du doute et son visage
Et ses paroles effaçant ma douleur un moment
Et confondant ma nuit avec ses yeux fermés
JE SUIS UN HOMME
Je suis un homme à même un monde que je rejette
comme il m'a rejeté
Et ma vie est une bousculade dans un égorgement de
larves
Mais leur sang m'est resté sur les mains
Un sang noir et acide dont je me suis gorgé jusqu'à
l'étouffement
Un sang qui me ronge et qui m'obscurcit la vision
Mais j'ai dépassé la vision
Je suis un homme à même l'infinité
je suis un homme qui a surgi du crime perpétué sur la
face
Je suis un homme dans la bousculade de rochers et de
matière inerte
Mais j'ai subjugué la matière amorphe
Et j'ai fait reculer l'infinité.