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sur 2722 notes
Quel étrange paradoxe. La tradition a retenu pour titre Manon Lescaut alors que l'auteur l'avait intitulé, certes un peu longuement, Histoire du Chevalier Des Grieux Et de Manon Lescaut.
Paradoxe en ce sens que l'auteur place en premier le chevalier et que c'est effectivement lui le personnage principal, et que la belle Manon, personnage clé, il est vrai, n'est que le personnage secondaire. On a bien retenu Tristan ET Iseult, pourquoi pas des Grieux ET Manon Lescaut ?
Bref, vous aurez compris qu'il s'agit d'une histoire d'amour, que le mot du titre " histoire de " suggère un récit romanesque, celui-là même est à la première personne.
Pour ce qui est du contenu, l'abbé Prévost décrit " les infortunes de la vertu ", où notre chevalier est un preux chevalier, par contre, sa dulcinée, sans être une nymphomane, aime un peu trop le confort et le luxe pour accepter stoïquement son sort lorsque sa bourse est vide.
N'ignorant pas ses atours, la belle Manon, n'hésite jamais à faire crépiter le coeur d'un riche mécène quitte à faire rugir de jalousie le brave des Grieux.
Celui-ci emploie donc toute sa chevalerie pour faire échec aux amants et récupérer sa frivole amante. Les riches souteneurs bernés ont souvent le bras assez long pour créer des embarras au malheureux couple, lesquels embarras se traduisent souvent par des séjours en prison, lesquels séjours appellent à leur tour des évasions rocambolesques.
Notre pauvre chevalier, tiraillé entre un amour immodéré et les appels du pied de la morale ne sait trop quelle conduite tenir et récolte moult mésaventures à vouloir s'accrocher à la venimeuse Manon.
Le tour de force de l'auteur réside dans le fait qu'il parvient à nous la rendre tout de même attachante, car, bien que notoirement infidèle, elle n'en est pas moins amoureuse de son chevalier et présente par moments une noblesse de caractère indéniable.
D'un point de vue de l'histoire de la littérature, cette oeuvre marque indéniablement quelque tournant car on nous maltraite le sens moral avec ces deux amants, mais d'un point de vue purement contemporain, je ne sais pas si l'on peut encore l'élever au rang de chef-d'oeuvre absolu.
Le chevalier, amoureux éperdu et naïf à souhait, annonce le romantisme, mais reste quand même un brin cul-cul la praloche.
La fin étrange de Manon demeure un expédient facile de la littérature et l'on ne se satisferait peut-être plus d'une telle pirouette à l'heure actuelle. Un peu comme en biologie, il convient probablement de la lire dans un processus ontologique, c'est-à-dire assez jeune, comme une forme immature d'un style et d'un genre appelé à s'épanouir par la suite dans l'histoire littéraire par d'autre oeuvres plus marquantes encore, mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ce livre fait partie de ces grands romans du XVIIIème siècle français à l'instar des Liaisons dangereuses, de Paul et Virginie, de Jacques le Fataliste ou La nouvelle Héloïse. Par ailleurs, l'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est devenue la légende d'un couple comme pour Roméo et Juliette (moins popularisée néanmoins). Son auteur a connu la notoriété et l'immortalité grâce à cet ouvrage même s'il était un écrivain prolifique. Je crois que cela revient au fait que cette oeuvre est inclassable et a pu rester moderne par son sujet.

D'abord, elle est classique par son style sobre et dépouillé de toute recherche du pittoresque. Mais elle est aussi préromantique par sa description de la passion fatale qui mène à un état presque maladive (comme dans René de Chateaubriand).

L'Abbé Prévost a mis beaucoup de lui-même et de son expérience personnelle dans ce roman. Ce dernier nous présente le témoignage intime du chevalier des Grieux, un garçon qui avait un avenir prometteur, un père des plus obligeants et prévenants et un ami des plus vertueux et compréhensifs. Celui-ci a choisi de poursuivre sa passion sulfureuse pour une fille nymphomane et vénale.

L'amour inextinguible de des Grieux nous offre un miroir de l'âme humaine qui aime avec tous les transports. Ce jeune homme désire la fidélité de sa maîtresse, il suit malencontreusement le désarroi de son coeur, et ce n'est pas assez de repousser tout conseil et sermon de son ami Tiberge ; il absout toutes les inconstances et les récidives de sa chère Manon. Il s'agit de l'image du premier amour, sincère, fatal et infernal qui est voué au désespoir, à la calamité et au désenchantement.

Ce roman de libertinage accumule les mésaventures de Des Grieux : jeu de cartes, affaires d'escroquerie, assassinat, proxénétisme, voyage en Amérique, duel…
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Au début de ma lecture, j'ai été atterrée par la mièvrerie de ce jeune imbécile de des Grieux.
Il m'est ensuite apparu que son innocence dangereuse faisait de lui un être infréquentable. En effet, un tel degré d'aveuglement qui motive à trahir, mentir, manipuler, sans le moindre scrupule, ses amis les plus dévoués et jusqu'à son propre père, s'apparente plus à du fanatisme qu'à de l'amour.

Finalement, la plus à plaindre dans cette histoire est Manon. Gourgandine, certes, mais qui aurait gentiment mené son petit bonhomme de chemin si ce dernier n'avait croisé celui de l'exalté des Grieux.
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Ce livre a beau s'appeler Manon Lescaut, ce n'est pas son histoire qui est relatée ici. Elle n'est qu'un personnage secondaire, le personnage principal étant le Chevalier de Grieux un jeune aristocrate écervelé, geignard et irresponsable. A notre époque moderne on évoque souvent la légèreté de la jeunesse, celle qui succombe à l'argent facile plutôt que de travailler. Mais alors que dire de celle du 18eme siècle ? A longueur de romans chez les rejetons de la noblesse ou de la bourgeoisie ce n'est que paresse, suffisance et combine pour soutirer de l'argent à leurs parents. La plupart ont fait des études coûteuses mais pas un ne songe à travailler même quand les rentes familiales se tarissent. C'est le cas de notre jeune désoeuvré qui mange ses économies dans une vie de plaisir puis quand il n'en a plus profite de celles que Manon soutire à ses vieux amants fortunés. Évidemment elle lui doit beaucoup puisque c'est lui qui l'a sauvé du couvent ou sa famille voulait l'enfermer. Attaché irrémédiablement à elle, il va tout trahir, famille, amis, connaissances pour la suivre jusqu'aux colonies ou déportée comme prostituée elle mourra misérablement. Mais le jeune homme n'est pas Roméo, il ne suivra pas sa Juliette dans l'au-delà et même si ce n'est pas dit on l'imagine aisément rentrer en France et reprendre son rang dans la bonne société considérant plus tard cet épisode de sa vie comme une passade de jeune homme. "Manon Lescaut" est un classique agréable à lire qui plaira à tout amateur de bonne littérature française...
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Bonjour !
Décidément, les romans d'amour, même les classiques, n'ont pas ma faveur.
Jusqu'à quelles extrémités peut-on aller pour de l'amour-passion ?
Le jeune chevalier Des Grieux tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut. Il sait qu'il n'aura, pour cette liaison, pas l'approbation de son père qui est sévère.
Ce sont des fuites continuelles pour cacher leur amour, mais Manon, volage et cupide est à chaque fois attirée par des vieux grigous fortunés.
Des Grieux, qui n' a pas le sou, échafaude à chaque fois un plan pour reprendre sa bien-aimée ; ils sont accusés de "libertinage" et de "friponnerie", ils volent les riches grigous, font de la prison ... s'échappent...
.
Que vaut l'amour-passion ?
C'est vraiment destructeur, je l'ai éprouvé ;
j'ai lu "Je meurs d'amour pour toi" d'Isabelle de Bourbon...
On peut dire :
"les histoires de passion
finissent mal,
en général "
On peut aussi dire :
"mourir d'amour enchaîné"...
.
Tout cela est-il sérieux ?
Quand les tripes surpassent la raison, que faire ?
L'abbé Prévost montre bien que Des Grieux est Amok, ensorcelé, et que son père, ou le raisonnable ami Tiberge, qui veulent lui ôter Manon de l'esprit par la religion, n'y peuvent rien.
Mais l'abbé est un abbé, il faut qu'à la fin, il ait gain de cause : je vous laisse lire l'ouvrage !
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À mon sens, ce livre est un ouvrage que tous les jeunes amoureux devraient lire avant de se jeter à corps perdus dans une histoire d'amour afin de ne pas tomber dans divers excès ! Allez, avouons-le, nous avons tous une fois ou deux fait n'importe quoi pour celui ou celle qui avait su conquérir notre coeur, n'est-ce pas ?

L'abbé Prévost met en évidence le fait que l'amour peut être extrêmement pervers et malsain. Pas besoin d'être un(e) incorrigible romantique pour que cela fasse un petit peu peur !

En revanche, ce roman est profondément de son époque. Écrit dans les années 1750, il pointe du doigt la femme, qui est ici désignée et décrite comme une vile tentatrice, vénale, qui profite des faiblesses des hommes – ici, Manon profite de la naïveté du chevalier. Au XVIIIème siècle, les mentalités sur le sexe féminin ont en effet encore bien peu évolué, elles véhiculent toujours les grands clichés issus du Moyen Age ou bien de l'époque Moderne… Bref Manon Lescaut, sous la plume de l'Abbé Prévost, est une fille facile, une intrigante, qui prend dans ses filets le pauvre chevalier qui, lui, est prêt à tout pour vivre son amour, jusqu'aux sacrifices les plus fous. Cela semble évidemment bien « simpliste », mais n'oublions pas que de nombreux combats féministes ont eu lieu depuis… et, finalement, il est plutôt rassurant de constater que certaines choses considérées comme normale à l'époque paraissent désormais totalement inadéquates !

Malgré tout, cette lecture reste une belle romance qui peut encore faire rêver !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Dans un très long ŕoman, Les Mémoires d' un homme de qualité, l'abbé Prévost a enchâssé, par un systeme d'emboitement de récits, cher aux romans à "tiroirs", une petite perle qui seule est restée à la postérité et constitue un des fleurons de la littérature française :Manon Lescaut...dont le titre est déjà une apocope révélatrice de la fascination que l'héroïne a exercée sur les générations de lecteurs.

Éclipsant en effet le pâle et tendre chevalier Des Grieux avec qui elle partageait le titre - et sa couche - Manon est passée en front page... Manon la gourgandine, la petite théâtreuse pas farouche, la coquette , la fille entretenue. La" perverse Manon", chantait Gainsbourg qui avait des lettres...et a su trouver les trois qui lui convenaient et la résumaient...à moitié :NON. Ma-Non, la femme qui se donne et se refuse, celle qui toujours échappe. ..

Après Manon Lescaut, on verra fleurir un nouveau type chargé d'incarner l'éternel féminin. Manon, femme fatale et femme-enfant, fragile et traîtresse, désarmante et manipulatrice, confiante et fuyante. Un paradoxe en jupons!

Pourtant le récit ne vaut pas que pour cette avant-première d'un archétype qui fera long feu: ce serait oublier que le roman est aussi fortement ancré dans son siècle, et que, à la remorque de sa dévorante passion pour Manon, des Grieux arpente pour lui plaire, pour la retrouver, la garder, la suivre au bout du (nouveau) monde, tous les milieux, toutes les strates, tous les détours du jeu social.

Coulisses vénales du théâtre, hôpital et prison des filles perdues mais aussi cercles de jeu, où mijotent des agioteurs pleins aux as et de petits marlous qu'on appelait alors élégamment des "chevaliers d'industrie" parce qu'ils en dépensaient beaucoup pour percer...

Que ce soit pour la peinture d'un amour destructeur ou pour celle d'un siècle qui semble annoncer le cynisme du nôtre- la prédominance de l'argent facile, le repeuplement des toutes nouvelles colonies par déportation des femmes emprisonnées pour prostitution et j'en passe- il faut lire Manon Lescaut.

J'ajoute que, pour être homme d'église, l'abbé Prevost n'en est pas moins homme de cour - chose fréquente à son epoque- et qu'il sait manier le style avec finesse, subtilité, alacrité. Y compris pour parler d'amour et de passion charnelle.

Il pénètre en connaisseur les émotions du coeur et celles des sens... Pas bégueule pour deux sous.
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Lu il y a des années « Manon Lescaut » m'avait laissé peu (pas) de souvenirs.
Une relecture s'imposait donc.
Ou pas…

Si la plume est belle, le tableau d'époque intéressant (le système judiciaire de l'époque en particulier est décrit dans tout son arbitraire), l'histoire, elle, m'aura laissée de marbre.
J'ai donc suivi (subi ?) les mésaventures du chevalier de Grieux empêtré dans son amour pour la trop belle Manon Lescaut.
J'avais oublié combien Manon était vénale, d'une inconstance admirable.
J'avais oublié combien le chevalier était naïf, d'une candeur confinant à la sottise.
Bref, j'avais oublié combien tout cela était agaçant...

Challenge Multi-défis 2017
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Un roman phare, un des plus célèbres du monde, celui de l'apologie de la fatalité des passions, où se mêlent le pathétique , le lyrique, la tragédie, la comédie, les aventures rocambolesques, un récit enchâssé, celui du narrateur, le marquis de Renoncour qui entreprend un voyage professionnel au cours duquel il rencontre fortuitement le chevalier Des Grieux , jeune homme issue d'une excellente famille qui accompagne un convoi pénitentiaire de filles de mauvaise vie s'apprêtant à quitter Passy pour la Nouvelle Orléans, Parmi elles, son inconditionnel amour, Manon Lescaut .
Une seconde rencontre, deux ans après , au retour d'Amérique de Des Grieux. C'est au cours de ces retrouvailles que ce jeune-homme , devenu par la force des choses, mâture, va effectivement s'épancher sur son histoire et raconter sa vie à celui qui retranscrira ce drame
Un roman de la passion amoureuse tourmenteuse qui se décline en égoïsme, en trahison, en asservissement, qui dégrade , qui entraîne, au final la déchéance .
Au-delà de cette histoire pathétique, l'intérêt de ce roman c'est qu'il décrit aussi le quotidien de l'époque, les pratiques en vigueur à la fin du règne de Louis XIV où les moeurs étaient particulièrement dissolues (elles ne feront qu'empirer sous la Régence) : libertinage outrancier, cercles de jeux calamiteux tenus par les hauts membres de l'aristocratie, ascension sociale réalisée, souvent grâce à la corruption, différences entre les classes qui entraînent des traitements différents (Des Grieux échappera à la relégation au bagne grâce à la protection familiale) , sort réservé aux « délinquants » , notamment celui attribué aux prostitués : la déportation vers la Nouvelle-Orléans…
Un classique intemporel par bien des côtés...


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Je t'aime, je te suis fidèle, mon amour est sincère mais tu sais l'amour sans argent...heu...laisse-moi voir un peu de l'autre côté, c'est juste pour trouer des poches mieux fournies, et c'est sans amour, t'inquiète pas mon petit chou ...
Jure que tu m'aimes, jure que tu m'es fidèle, jure que tu m'aimeras toujours, pardonne-moi mes griefs, ne pleure pas, ne t'afflige pas, viens, fuyons, ma petite biche...
Une histoire vraiment insupportable! Manon et son chevalier m'ont saoulé avec leur amour qui brinqueballe au rythme de leur avoir, l'extrême envie de Manon de croquer la vie à pleines dents et l'extrême envie du jeune chevalier de la posséder vont les conduire sur des chemins les plus sinueux...
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