AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,34

sur 769 notes
5
31 avis
4
16 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis
Coup de 💝!!

Grâce à Babelio, je vois qu'il m'aura fallu 35 jours pour déguster ce chef d'oeuvre, à petites touches de 10 pages chaque matin, autant le soir. Un bonheur littéraire. Grâce à la recherche du temps perdu, Proust m'apprend une autre façon d'apprécier les écrits, cette fresque littéraire est une pure beauté. Une rééducation de la lecture, en tout cas pour moi.

Ce troisième volume est juste épatant. Il contient plein de tranches de vie, de réflexions, de sagesse, de l'ironie aussi, je n'ai pas vu le temps passer. A tel point que, le lisant en format kindle, j'ai été surprise de voir que je l'avais fini ! Voilà mon livre favori depuis le début.

Depuis que je suis sur Babelio, c'est la première fois que je partage autant d'extraits d'un livre, c'était irrésistible, tellement de vérité émane de ce bijou.

Je suis déjà prête pour la suite...

Bonnes lectures à vous !

Commenter  J’apprécie          202
Dans une vidéo youtube Guy Schoeller raconte que Gaston Gallimard lui avait appris à lire Proust de la manière suivante : « Vingt pages par jour du lundi au samedi ». Tout comme le premier tome, cette vitesse de lecture est très agréable pour se baigner dans le fleuve proustien sans s'y noyer. Cela crée un rendez-vous quotidien avec juste ce qu'il faut pour savourer ou patienter lors des rares passages m'ayant paru longs. de plus cela permet d'avoir une autre lecture en parallèle.

Les deux premières parties furent un régal à la hauteur du tome 2 « À l'ombre des jeunes filles en fleur » : toujours autant de maximes philosophiques et de réflexions sur la société de l'époque. Les aventures du narrateur sont passionnantes à suivre jusqu'à la troisième et dernière partie où le narrateur disparait complètement : l'écrivain va dresser un portrait de l'aristocratie de l'époque sur presque deux-cents pages. C'est très long et malheureusement peu passionnant pour moi.

Heureusement le baron de Charlus réapparait sur la fin, ce personnage bouffonesque et totalement dans l'excès me fait beaucoup rire.

Challenge Pavés 2024
Challenge Multi-défis 2024
Commenter  J’apprécie          90
Curieux à dire, mais il se passe beaucoup de choses dans cet opus de la Recherche. Que ce soit la visite inopinée d'Albertine, la proposition ambiguë de Charlus, la découverte de l'identité de la maîtresse de St-Loup ou le rapprochement avec le duc et la duchesse de Guermantes, les surprises ne manquent pas et insufflent un certain rythme à cette lente et longue oeuvre. Sur le fond, cette autopsie de l'aristocratie m'a bien plu, captivé même par moments, sauf lorsqu'on tombe dans la généalogie aussi complexe, pour un néophyte du moins; mettons que je ne partage pas le plaisir esthétique que le narrateur affirme y trouver. Par contre, l'observation pointue du fonctionnement mondain du couple duc-duchesse m'a comblé et j'ai souvent souri à l'évocation des travers aristocratiques, ceux des Courvoisier particulièrement, mais pas que ceux-là.

Le narrateur continue de m'exaspérer par moments; au-delà de son jeu de cache-cache enfantin du début avec la duchesse, c'est son dédain affiché pour l'amitié, alors que sans amis il ne serait rien qu'un pur esprit philosophant dans le néant, qui m'agace. de même, il sublime l'art sous différente forme, mais n'en pratique aucun, se contentant d'errer d'un salon à l'autre, sans but précis, ballotté au gré des rencontres. Au moins, sa conception des femmes évolue lentement, encore que dans des directions discutables, et il réussit, pour une fois, à faire preuve de caractère lorsqu'il se fâche sous les insultes de Charlus. Il y a toujours cette écriture parfois magique, comme le dernier paragraphe sur sa grand-mère morte, qui illumine le récit et constitue en soi une bonne raison de se pencher sur cette oeuvre.
Commenter  J’apprécie          270
Je poursuis mon aventure proustienne avec "À la recherche du temps perdu, tome 3 : le côté de Guermantes". Je suis toujours sous le charme de la prose poétique de Marcel Proust même si ce troisième volume est moins surprenant puisque je me suis déjà installée dans son univers.

Le narrateur est en grand amoureux, cette fois-ci il tourne les yeux vers Oriane de Guermantes dont la finesse d'esprit est à la hauteur de ses réparties. Grâce à elle, les souvenirs d'amour lui reviennent.
Françoise vieillissante lui parle de cette grande famille des Guermantes dont il connaît l'histoire féodale du château qui a donné son nom au village.
Robert de Saint-Loup est l'ami qu'il fréquente, il est militaire et neveu de Madame de Guermantes. Ce n'est pas par hasard si l'armée est évoquée puisqu'un des sujets centraux du roman est l'actualité de l'affaire Dreyfus, la révision de son procès mais aussi l'antisémitisme ambiant et les divergences de vues.
Si le contexte politique est particulièrement intéressant, la richesse culturelle de l'époque est omniprésente grâce au théâtre, à la peinture, à la musique et surtout à la littérature avec de nombreuses références comme Balzac, Stendhal, Hugo, Zola ou Musset.
S'il insiste sur la différence entre la vieille aristocratie et celle de l'Empire, le narrateur fréquente les salons et soirées où les conversations sont souvent tournées vers la généalogie. On y croise la "race ancienne de l'aristocratie" comme le Baron de Charlus, beau-frère d'Oriane de Guermantes, neveu de Madame de Villeparisis, oncle de Saint-Loup, ainsi que la princesse de Parme et celle de Sagan (et là on a une petite pensée pour Françoise Sagan dont le nom de plume a été inspiré par Proust).

J'ai beaucoup aimé les anecdotes qui donnent des pointes d'humour au récit à l'ambiance mondaine, comme le coiffeur qui permet à Robert D avoir sa permission, le régime lacté lorsqu'on est malade ou les infidélités des uns et des autres. Mais le plus beau passage est celui mort de la grand-mère, il est si bien écrit qu'il est particulièrement émouvant.
Il va sans dire que j'ai hâte de poursuivre cette oeuvre passionnante.


Challenge Pavés 2024
Challenge Multi-défis 2024
Challenge XXème siècle 2024
Commenter  J’apprécie          232
Le narrateur et ses parents habitent désormais dans un appartement de l'hôtel particulier des Guermantes dans le faubourg Saint-Germain.
Il se prend d'amour pour la duchesse, n'hésitant pas à faire des promenades quotidiennes afin de se trouver sur son chemin, attitude qu'on pourrait qualifier aujourd'hui de " lourde " et qui va finir par exaspérer la duchesse.
Le jeune homme part retrouver son ami Robert de Saint-Loup à Doncières dans sa caserne. Il va y passer quelque temps par amitié mais pas uniquement, car il a en tête de demander à son ami de lui présenter sa tante.
L'amour est aveugle... Mon dieu ce que j'ai pu le trouver ridicule dans ce rôle d'amoureux transi, au fond pas vraiment amoureux de la duchesse mais plutôt de ce que le nom de Guermantes représente à ses yeux dans tout son mystère. Un nom qui prend sa source et renaît du passé à Combray où, enfant, il passait ses vacances.
Bref, ses amours dans ce volume restent au point mort parce qu'il ne tombe amoureux que de femmes qui restent inatteignables. Il fantasme, fantasme beaucoup jusqu'à ce qu'il voie la réalité en face.
Il arrive à obtenir un rendez-vous avec Mme de Stermaria par l'intermédiaire de Saint-Loup qui lui a presque promis que le soir même il l'aurait dans son lit.
Le narrateur était en attente impatiente de ce tête-à-tête, fébrile, imaginant la scène dans tous les détails. le rendez-vous est annulé et Saint-loup le retrouve quasiment à chialer comme un môme à qui on aurait retiré un jouet de ses mains. Larmes qu'on aura pas vu couler à la mort de sa grand-mère pourtant adorée. le narrateur est tout en contradictions.

Albertine fait son retour mais d'Albertine il n'est plus amoureux. Il n'est même plus son ami. Pourtant il va réussir à lui arracher des caresses et un baiser sur la joue. Baiser qu'il avait fantasmé depuis longtemps et que finalement ne s'avère pas comme il l'avait imaginé.
Albertine n'est plus dans son corps de jeune fille en fleurs, son vocabulaire a un peu évolué depuis Balbec mais pas assez pour le satisfaire. le jeune homme est un brin méprisant, ça lui ferait du bien de tomber de haut. Situation qui risque de lui arriver plus tôt qu'on ne le croit.

Dans " À la recherche du temps perdu, tome 3 : le côté de Guermantes ", le narrateur arrive à ses fins en fréquentant les salons mondains, celui de Mme de Villeparisis puis de fil en aiguille le salon hiérarchisé de la duchesse de Guermantes où les conversations s'éternisent. Et c'est franchement d'un ennui total pendant une bonne partie du volume, pas la peine de se mentir, de mentir aux autres, de crâner en disant que tout Marcel Proust est un régal même si on aime son écriture. Tout n'est pas passionnant. L'action est absente. Côté intrigue il ne se passe rien de particulier. On a l'impression de temps qui passe très très lentement.
Je me dis que ces aristocrates devaient bien s'emmerder dans ces réunions où les sujets tournent autour de l'affaire Dreyfus et de leurs petites personnes. Dans la haute société du faubourg Saint-Germain, les personnages ( la plupart détestables et oisifs ) sont tout occupés du soin de leur généalogie et cultivent le savoureux plaisir de la médisance. Oriane de Guermantes aura ainsi le plaisir de comparer Mme de Cambremer à une vache.
Elle devrait éviter d'ironiser, de fanfaronner et de balayer devant sa porte quand on apprend que son mari accumule les conquêtes. Elle devrait faire profil bas mais reste méchante avec son entourage, allant jusqu'à annuler une permission de sortie accordée à son valet par son mari. La simple vue de la joie sur le visage du valet à l'idée de pouvoir passer quelques heures avec sa promise lui a suffi pour supprimer la permission. Par sadisme, parce qu'elle-même n'est pas heureuse et frustrée ?
Le narrateur apprendra que de Norpois aurait dit de lui qu'il était un flatteur à moitié hystérique. Il en est honteux pour sa réputation.
La famille de Robert de Saint-Loup s'en donne à coeur joie de critiquer sa " cocotte " ( Une surprise totale pour le narrateur qui l'avait connue dans un bordel, eue pour rien, alors qu'elle plume Saint-loup ).
Sa famille veut donc le faire rompre et envoie l'oncle Charlus pour espionner ses allées et venues.
Charlus qui voudrait bien diriger la vie du narrateur et lui donne rendez-vous chez lui. le jeune homme se fait malmener et hurler dessus sans rien y comprendre. Celui-ci est-il si naïf pour n'avoir encore pas compris ce que Charlus attend de lui ? Suite au prochain épisode.

Celui qui m'a fait le plus de peine c'est Charles Swann qu'une maladie grave commence à défigurer. D'après ce qu'il confie à Oriane de Guermantes, ses jours seraient comptés. Les Guermantes, aussi bien elle que son mari, Basin, restent pour le moins circonspects, doutant de la vérité à propos de la confession de Swann, voire indifférents. le plus important pour eux est de ne pas arriver en retard à leur soirée. Ils ont assez perdu de temps, comprenons-les les pauvres ! de plus Oriane a eu une faute de goût vestimentaire, elle a mis des chaussures noires avec sa robe rouge. Son mari lui ordonne presque aussitôt d'aller les changer pour ses rouge qui seraient mieux assortis à la robe.
Quelle futilité, quelle bêtise, quelle tristesse... J'étais à deux doigts de faire cocotte-minute devant cette froideur et ce manque d'empathie.

Malgré ce snobisme, les médisances, les mesquineries, les longueurs assez décourageantes dans ce volume, heureusement subsiste quelque chose d'autre d'indéfinissable et d'addictif qui pousse à lire le volume suivant. Est-ce comme entretenir une intimité avec les mots, le texte, le narrateur, certains personnages ? C'est en tout cas assez profond et indéfinissable pour continuer à se promener sans se perdre dans ce labyrinthe qu'est la Recherche.







Commenter  J’apprécie          90
Mon défi annuel au moins de janvier : lire un tome de A la recherche du temps perdu, de Proust.

L'écriture de cet illustre auteur se savoure, à petites doses (risque d'indigestion !), avec bien évidemment mon thé "Le temps retrouvé" et mes madeleines marbrées au chocolat accompagnant mes lectures.

J'ai moins aimé ce tome que les précédents, à cause de ses très nombreuses longueurs, ces dialogues entre nobles et aristocrates qui m'ennuient au plus haut point. Autant, certains épisodes montrent les points de vue philosophiques du narrateur sur la vie, le monde, l'humanité , l'art, que je trouve intéressants car cela apporte quelque chose à ma lecture. Autant, la majorité de ce tome me fut indigeste car je n'y ai vu aucun intérêt. J'ai fini à contre coeur par lire en diagonale et tourner les pages jusqu'à la fin tant les dialogues ne font que montrer la superficialité, l'hypocrisie et la cruauté de ces aristocrates, enfermés dans leur monde serré, ne trouvant que du plaisir que dans leurs rencontres dans leurs grands salons pour étaler leur richesse et mieux se moquer entre eux, une fois le dos d'un tel tourné... Beaucoup trop de pages qui ne font que répéter cela à l'infini.

Ainsi, déçue par ma lecture. J'espère que le quatrième tome : Sodome et Gomorrhe, sera plus intéressant.

Des avis de lecteurs sur ce tome et sur le prochain ?

Merci.
Commenter  J’apprécie          114
Je suis admiratif de la manière dont Proust donne vie aux salons de l'aristocratie parisienne de sont temps et depuis lors totalement disparus de la scène littéraire. Nonobstant, j'ai été encore plus ébloui par la vivacité des dialogues dont j'ai bu les paroles avec avidité.
Commenter  J’apprécie          50
le premier volume d'A la recherche du temps perdu m'avait semblé difficile à appréhender, il faut avouer que le style et la longueur des phrases de Marcel Proust n'est pas ordinaire... Cependant, si l'on veut bien entrer peu à peu dans les pas du narrateur, on évolue alors dans un monde poétique, spirituel, délicieusement mondain et anachronique, mais tellement subtil, que les pages se tournent simplement, heureusement avec parfois un petit retour en arrière tellement on est dans un tél concentré de saveurs et de langueurs qu'il faut cela pour retrouver sa respiration et bien assimiler toutes les subtilités du texte, un vrai bonheur, la preuve, je viens d'attaquer "Sodome et Gomorrhe"...
Commenter  J’apprécie          30
J'ai enfin terminé la lecture du 3eme tome de la recherche du temps perdu. Il s'en passe des choses ! le narrateur tombe amoureux de la duchesse de Guermantes alors que lui et les siens emménagent dans un appartement qui dépend de l'immeuble des Guermantes. Françoise, la gouvernante si on peut le dire ainsi se lie avec Jupin et les valets de pied de la duchesse. Albertine et le narrateur ont une relation physique mais l'amour pour la duchesse de Guermantes est trop fort... avant de se dégonfler comme un ballon de baudruche. L'ami présente sa maîtresse que le narrateur a connue prostituée et le baron de charlus a une attitude équivoque. Et n'oublions pas ce fait : la grand mère du narrateur tombe très malade et décède après avoir dû subir les diagnostics abracadabrants de certains médecins. Moment d'émotion intense.

Cependant, ce que je retiens de cette lecture est surtout l'humour voire l'ironie au regard de ce milieu aristocratique complètement déconnecté des réalités et qui se pense, de surcroît, intellectuel et intelligent. Foutaises !

Et surtout l'affaire Dreyfus bat son plein et chacun se positionne en fonction de ses positions : pro ou anti-dreyfusard.

En tout cas, le narrateur sorti de l'enfance et entrant dans cet entre- deux de jeune adulte se fait son idée, notamment du cercle mondain surfait.

J'ai encore une fois adoré cette lecture. Maintenant un essai pour changer d'univers et ensuite j'attaque le 4eme tome.

Proust est addictif 😀😀😀

Bonne soirée
Commenter  J’apprécie          190
S'il fut parfois dit que Proust écrivit invariablement le même livre, il eût été peut-être porté à votre connaissance qu'un certain lecteur ordinaire, amateur d'écritures facétieuses, rédigea peut-être huit cents fois la même chronique en comptant celle-ci.
La même chronique parlant d'humanité, de vie, d'amour, de blessures forcément, un peu de soi aussi en espérant ne jamais oublier les autres...
Faut-il saucissonner l'oeuvre d'À la recherche du temps perdu qui est censé se poser d'un seul tenant ? La question a été souvent exprimée, notamment lorsque Proust reçut le prix Goncourt en 1919 pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs, précisément le second volume.
Cette question a été maintes fois posée, aussi vous délivrer comme cela un billet dédié sur ce troisième volume pourrait paraître incongru.
Mais je garde une image proustienne d'un voyage donnant une description de la vision de clochers au fur et à mesure que le narrateur s'en rapprochait dans le véhicule où il se trouvait, tandis que la perspective du point de vue s'en trouvait modifiée alors que le véhicule avançait.
Voir des clochers se déplacer selon le point de vue du narrateur, alors que c'est le narrateur qui se déplace dans un véhicule, cette approche m'a parue originale pour dire mon ressenti sur cet immense texte. Dans ce changement de perspective c'est le paysage qui bouge, c'est une inversion de la relativité des mouvements, le monde entier ressemble brusquement au théâtre d'une lanterne magique.
C'est tout simple pourtant, nous pouvons l'éprouver chaque jour, chaque fois que nous voyageons dans un mode de transport qui nous déplace. Nous voyons les perspectives se modifier lorsque nous voyageons dans un train, ou une voiture... J'ai ressenti cela, voyageant, me déplaçant dans l'univers d'À la recherche du temps perdu...
Voilà ce que nous montre Proust. Voilà ce que j'ai ressenti à l'approche de ces textes qu'on dira découpés...
Je mesure la difficulté pour ne pas dire l'aberration d'un tel exercice, mais me saisissant de cette image très riche qu'il m'est arrivé de vivre moi-même, je me demande, ne pourrait-on pas dire que nous voyageons dans cette oeuvre toujours autour du même sujet, ce fameux temps, mais en nous déplaçant chaque fois d'un texte à l'autre, peut-être que l'angle d'approche s'en trouve modifié. Nous changeons légèrement de point de vue à chaque fois comme un voyageur qui se déplace d'un endroit à un autre.
Et puis le chemin d'À la recherche du temps perdu est long, deux mille quatre cents pages dans la version Quarto de chez Gallimard que je possède. On ne sait jamais ce qui peut arriver de malheur à un lecteur parvenu à l'âge sage... Aussi voulant donner mon ressenti sans attendre, fragmenter me semble le mode opératoire idéal.
Le côté de Guermantes, c'est donc le troisième volet d'À la recherche du temps perdu, marqué par l'installation du narrateur et de sa famille dans un nouveau foyer, près de la demeure des Guermantes.
Le quotidien de notre héros se trouve rythmé par la vie de ses prestigieux voisins, qu'il ne tarde pas à côtoyer grâce à la bienveillance d'un certain Saint-Loup.
Je retrouve avec plaisir ce narrateur omniscient que je commence à connaître, -à force nous allons finir par devenir amis je le sais mais il faut encore être patient nous apprivoiser.
Mais ici j'avance forcément aux premières pages avec une forme de méfiance, le monde aristocratique, la vie mondaine, tout ceci n'étant pas du tout mon genre.
Je découvre que l'entrée dans le jeu de la vie mondaine s'accompagne chez le narrateur d'un éveil à la sensualité. Alors forcément c'est pour moi aussi un éveil, un rapprochement vers l'auteur.
Comme son titre l'indique, cet opus est centré sur la famille Guermantes. Les choses sont facilitées par le fait que la famille du narrateur emménage dans un appartement dépendant de l'hôtel où le duc et la duchesse de Guermantes résident une bonne partie de l'année. Fort du prestige que la duchesse de Guermantes revêt aux yeux du narrateur, celle-ci va nourrir une forme d'idéalisation et de fantasme chez celui-ci, dont tout le récit va se nourrir et s'enrichir. Il éprouve le désir de pénétrer dans cet univers pour mieux en saisir l'essence exceptionnelle.
Ici la femme, dans l'image de la duchesse de Guermantes devient source d'attirance, de mystère et d'admiration.
Il la voit, la croise, donnant une nouvelle matière à sa rêverie. À force de rêver sur le nom de Guermantes, le narrateur en vient à devenir amoureux de la duchesse. Il organise ses promenades, pour se trouver toujours sur son chemin. Mais tout ne se passe jamais tout à fait comme prévu, le narrateur ne se privant pas lors de multiples passages d'égratigner ce monde vain, sa futilité...
Dire que ce volume parle d'aristocratie n'est pas faux, mais n'est pas non plus tout à fait exact. Disons que l'essentiel n'est pas à cet endroit.
Amour de tête sans doute, il n'en demeure pas moins que le narrateur est vraiment épris de la duchesse. Il va solliciter son nouvel ami Sant-Loup pour lui demander d'intervenir en sa faveur, étant donné qu'il est neveu du duc.
Le prétexte est trouvé : la volonté de voir les tableaux d'Elstir que possèdent les Guermantes. Chouette !
Ici, peut-être plus que jamais j'ai senti qu'entrer dans l'univers de Proust, c'était entrer dans un espace-temps. Bien sûr chez Proust, comme dans nos vies, il y a toujours une distance, reste à voir à quel endroit on la pose. Distance dans l'espace ? Dans le temps ?
Est-ce là la seule dichotomie d'ailleurs, ce désaccord entre nos impressions et nos expressions habituelles ?
La distance est la source de toute souffrance, distance entre l'enfant et la mère que ne cesse de raconter le narrateur, c'est une malédiction, une béance infinie, la compréhension de notre finitude, celle qui dit que nous sommes mortels, que le temps a beau être élastique, un jour l'élastique finit par casser... Forcément, j'ai pensé à mon enfance, j'ai pensé à ce temps où j'étais déjà un jeune adulte et où ma mère devint veuve lorsque mon père vint à mourir et lorsque ma mère me happa dans sa souffrance, m'invitant, me convoquant presque à redevenir l'enfant que je n'étais plus mais qu'elle voulait que je redevienne... Proust me dit cela, ma souffrance, celle de ma mère aussi. Il me dit cela lorsqu'il évoque sa grand-mère qui va mourir...
L'éclipse de la perspective fait que le lointain devient proche, mais l'inverse aussi et c'est douloureux car l'instant est déjà un futur en construction, un souvenir arrimé à la barque qui s'apprête à aller d'un rivage à un autre, d'un versant à un autre, le passé c'est peut-être déjà un oubli en partance pour qu'il ne revienne jamais....
La distance temporelle est un arrachement à soi-même.
La réponse pourrait être l'art, nous dit Proust, nous invitant ici à revenir vers l'atelier de chez Elstir.
L'art nous permet de goûter à l'éternité, ici et maintenant. L'ennui est lové à l'intérieur du temps, protégé du malheur.
L'espace, le temps, ici les deux lieux se rejoignent comme dans un kaléidoscope magique.
La joie, c'est d'accéder à l'éternité, mais il y a une autre joie qui consiste à se tenir à l'état pur dans l'immanence de l'instant.
Retenir le temps encore un peu dans nos doigts, c'est vouloir faire un seul noeud entre le passé et le présent, un seul lieu entre le lointain et le proche, c'est alors que l'artiste survient, l'écrivain, le peintre, le musicien, le lecteur par-dessus tout qui entre dans ce spectacle comme on entre dans un symphonie, c'est le triomphe, la joie consolatrice qui nous rassure de la séparation de l'enfant et de la mère tandis que le vide et la distance vont continuer à se creuser inexorablement...
Le temps serait-il plus docile que l'espace ? Proust s'en soucie guère ne voulant surtout pas dissocier l'un de l'autre et j'en ai pris conscience ici.
Proust renverse la table où gît le temps et l'espace, mélangeant l'un à l'autre dans ce désordre voulu.
Selon Proust, l'espace et le temps c'est la même chose, c'est une lumière qui varie dans un même prisme.
Il s'agit toujours d'un espace-temps, tout n'est qu'espace-temps, pour moi c'est une image qui me parle, très prégnante comme l'effet presque d'une hallucination, ne sachant pas ce que c'est vraiment une hallucination, mais l'imaginant quand même un peu.
L'art c'est le triomphe de la rencontre du temps et de l'espace dans cette béance, le triomphe sur cette béance angoissante.
À chaque instant, le temps retrouvé redevient réel, ce qui était distant devient proche.
Le texte semble venir en mouvement alors que c'est nous lecteur qui venons au texte en tournant les pages.
Tout tourne, toute est renversé. Tout revient.
Commenter  J’apprécie          5436





Lecteurs (2695) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
533 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur ce livre

{* *}