Ce tome fait suite à Law and disorder (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Les 2 tomes forment une histoire complète qu'il est possible de lire avec une connaissance minimale du personnage de She-Hulk. Celui-ci contient les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2014, tous écrits par
Charles Soule, dessinés et encrés par
Javier Pulido, avec une mise en couleurs de
Muntsa Vicente.
Épisode 7 – Jennifer Walters est appelé à la rescousse par le copropriétaire d'une entreprise de miniaturisation. Il a perdu son associé qu'il soupçonne d'avoir utilisé son rayon sur lui-même. She-Hulk fait appel à Patsy Walker (Hellcat) et Hank Pym pour le retrouver. Épisodes 8 à 10 – Steve Rogers (90 ans, un peu affaibli, voir The tomorrow soldier) vient demander à Jennifer Walters de le représenter devant un tribunal, dans une affaire vieille de 70 ans.
Épisodes 11 & 12 – C'est déjà la fin (de la série), et il est temps de savoir ce que recèle le dossier bleu (blue file), avec l'intervention de Titania (Mary MacPherran) et Volcana (Marsha Rosenberg). She-Hulk est à nouveau aidée par Patsy Walker, Angie Huang et son singe capucin Hei Hei.
La première moitié de la série disposait d'une forte personnalité narrative, mais ne donnait pas l'impression de savoir où aller, et les dessins de
Ron Wimberly pour les épisodes 5 & 6 étaient tellement particuliers qu'ils ne pouvaient pas être du goût de tout le monde. Première bonne surprise : les 6 épisodes de ce tome sont dessinés par
Javier Pulido.
Pulido continue de dessiner à la manière de
Mike Allred, au moins en surface, avec des visages aux expressions exagérées, avec des gros sourcils, et des traits un peu gras conférant une apparence simpliste. Les pages dégagent une impression vieillotte de comics des années 1960, à destination d'un lectorat jeune.
En y regardant de plus près, le lecteur se rend compte que les apparences sont trompeuses. Pour commencer, Pulido consacre beaucoup de temps à soigner les tenues vestimentaires, à donner de la substance aux arrière-plans. Ces dessins qui semblent enfantins recèlent en fait une bonne densité d'informations visuelles, avec un fort investissement de la part de l'artiste pour donner à voir des éléments concrets, spécifiques et détaillés.
Cette même apparence simpliste et désuète en surface accapare l'attention du lecteur, en donnant l'impression que ces planches sont à destination d'enfants. Même le lecteur le moins attentif constate que Pulido ne se contente pas d'une mise en page mécanique et fonctionnelle du scénario. L'épisode 11 est essentiellement un long combat pendant 17 pages. Pour les dessinateurs de comics, c'est souvent l'occasion d'aligner les postures impressionnantes et les décharges d'énergie multicolores, sans trop se soucier de la logique de l'enchaînement des mouvements, ou des contraintes générées par l'environnement. Au contraire de cette approche tape-à-l'oeil, Pulido construit une séquence chorégraphiée sans le montrer, construite sur la logique des déplacements sans le mettre en avant, et avec un respect du placement respectif des différents combattants les uns par rapport aux autres.
Au contraire du premier tome, le lecteur éprouve la sensation que
Charles Soule a également trouvé son équilibre narratif. le premier épisode propose une intrigue moyennement intéressante, par contre la personnalité des différents protagonistes est bien rendue, avec des interactions d'adulte à adulte.
Les 3 épisodes suivants racontent une histoire plus longue mettant en scène l'immarcescible Steve Rogers, toujours altier malgré ses 90 ans. le point de départ laisse songeur, avec un face à face dans le prétoire, entre Jennifer Walters et Matt Murdock. Soule a plusieurs surprises sous le coude et raconte une histoire bien ficelée, faisant la part belle aux personnages, et encore plus à leur caractère et leur histoire personnelle.
Enfin, au cours des 2 derniers épisodes, le temps est venu de faire aboutir le fil rouge de la série : le fameux dossier bleu. Si l'épisode 11 est un peu léger en intrigue (un long combat visuellement très intéressant), l'épisode 12 lui apporte une résolution satisfaisante à ce mystère. Néanmoins,
Charles Soule réussit à faire ressentir l'amitié qui lie Titania et Volcania avec une économie de dialogue impressionnante (évoquant le bon vieux temps de leur amitié lors des Secret Wars de 1984/1985).
L'épisode 12 propose un dilemme morale bien amené, où les talents d'avocate de Jennifer Walters font des merveilles, non pas en tant qu'oratrice, mais plus en tant qu'analyste d'une situation et ses tenants et aboutissants moraux.
Alors que le premier tome pouvait souffrir d'une forme de déséquilibre aux yeux de certains lecteurs, ce deuxième et dernier tome est beaucoup plus cohérent, tout en proposant des histoires variées. En surface les dessins de
Javier Pulido semblent enfantins, en termes de narration ils se révèlent sophistiqués et bien pensés. Les histoires de
Charles Soule permettent aux personnalités de s'exprimer, sur fond d'intrigue bien conçues.