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sur 129 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si vous connaissez Barbara Pym, c'est sans surprise que vous allez confortablement vous installer chez Mildred, une célibataire d'une trentaine d'années, fille de pasteur et donc inévitablement investie dans les bonnes oeuvres et la vie paroissiale de ce petit quartier miteux de Londres, dans les années cinquante. C'est d'ailleurs elle-même, Mildred, comme si j'étais une amie chère, qui m'a ouvert la porte de son appartement et m'a suggéré généreusement de prendre une tasse de thé afin d'écouter les petites perturbations survenues dans sa vie depuis l'emménagement de ses voisins du dessous. Consciente de sa curiosité, elle s'est même demandé si celle-ci est inhérente à son état de « vieille fille » ou bien si cette curiosité est en fait toute naturelle.
Elle a fait connaissance avec sa nouvelle voisine, Mrs Napier, dans le local poubelles, et, croyez-moi, c'était fort embarrassant ! En plus, déjà d'un physique quelconque, elle était mal fagotée ce jour-là alors que Mrs Napier est une jolie blonde, bien vêtue, et exerçant le métier d'anthropologue alors que Mildred travaille juste à mi-temps pour un organisme de soutien de femmes dans le besoin.
Mrs Napier, lui confie bien vite que son couple est en perdition, soulevant un réel embarras chez Mildred qui doit faire face à cette conversation extrêmement gênante. Après tout, que peut-elle apporter comme soutien, elle, la célibataire qui se juge bien incompétente dans ce domaine ?
Le mari, avec son sourire enjôleur, arrive peu de temps après et, non insensible au charme masculin, Mildred le trouve instantanément sympathique, tout en gardant à l'esprit que c'est un séducteur. En revanche, sa voisine semble avoir plus d'affinités avec un certain Everard Bone, un collègue anthropologue, grand blond que Mildred juge instantanément déplaisant.

Pour brosser un tableau complet de l'existence de notre narratrice, il faut ajouter qu'elle fréquente assidûment le presbytère où le révérend Julian (également célibataire) habite avec sa soeur Winifred qui trouve toute nouveauté palpitante, comme l'arrivée d'une veuve de pasteur en tant que locataire du dernier étage du presbytère. Un nouveau personnage vient donc s'additionner au couple Napier et à Everard, des rencontres pouvant possiblement venir changer considérablement la vie figée dans ses habitudes de notre trentenaire.

Enfin voilà, Mildred n'a pas une vie que je qualifierai de mouvementée mais son train-train domestique, quelque peu perturbé par de nouveaux locataires ici et là, est à l'image de certains chocolats qu'on laisse fondre et qui finisse par pétiller sur la langue, vous connaissez ? En effet, le récit ronronne mais des traits d'esprit typiquement britanniques, toujours dans la retenue et l'élégance, nous surprennent, nous font sourire régulièrement. On y retrouve l'éternelle controverse de la supériorité de l'église anglicane face à l'église catholique romaine, les petits cancans interrompant les tâches paroissiales, les examens réfléchis sur l'agrément de vivre seule ou d'envisager le mariage...

Dans ce petit monde cloisonné de la classe moyenne toute britannique, dans cette atmosphère banalement ordinaire, dont le caractère douillet n'est peut-être pas étranger au réconfort apporté par la bouilloire jamais bien loin et toujours prompte à faire infuser dans une belle théière le thé tout proche, on se love au milieu des piètres repas servis au presbytère, des tentatives de peinture, des prix à fixer pour les objets de la future vente de charité, des préparatifs pour l'office de carême… Mildred est une femme bien serviable, une de ces femmes remarquables offrant immanquablement une tasse de thé réconfortante tout en prêtant une oreille attentive aux petits soucis des autres. Tous sont unanimes pour décréter qu'elle ferait une parfaite épouse mais, jusqu'à maintenant, aucune demande en mariage ne s'est présentée. Est-ce un bien ou un mal ? Elle s'interroge « Songeant aux tensions de la veille, j'en conclus le lendemain que l'amour était une véritable calamité. » Pourtant, Mildred, si pleine de vertu qui parfois la déprime, soupire aussi de ne pas aimer avec passion. Elle est réellement attendrissante avec ses petits remords dès qu'elle s'autorise, pourtant bien rarement, un refus à dîner ou bien lorsqu'elle nourrit des pensées légèrement malveillantes surtout envers Everard Bone. Sa façon de reconnaître ses petits défauts, de les exprimer, agit comme un miroir. Ces défauts, tout simplement humains, sont universels, intemporels, et chaque lecteur pourra retrouver son reflet dans cette autodérision.

Alors que notre narratrice, comme lectures les plus réconfortantes, puise dans ses ouvrages de cuisine ou ses livres pieux, lire Barbara Pym, une tasse de thé calée sur les genoux ou posée sur la table de nuit, fait merveilleusement office de livre de chevet !
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« Il me faisait quelque peu pitié, entouré qu'il allait être par des femmes remarquables ».

C'est Mildred Lathbury, la narratrice de ce roman qui fait cette remarque caustique. Elle a trente-cinq ans. Elle est la fille d'un pasteur et s'est installée à Londres, dans un quartier encore populaire, après la mort de ses parents. Elle fréquente assidûment l'église anglicane proche de chez elle. Elle est proche du pasteur du lieu, Julian Malory, qui vit avec sa soeur Winifred. Elle est appréciée pour sa disponibilité et son sens pratique. Les bonnes ouailles du pasteur verraient d'un bon oeil qu'ils se marient, mais Mildred n'est pas amoureuse de lui.

Inutile de préciser que cela suffit à en faire une vieille fille dans ces années de l'immédiat après-guerre. Elle se pose beaucoup de questions sur son célibat mais apprécie tant sa vie rangée que la perspective d'un mariage la rebute et l'effraie probablement.

Elle aimerait tant être en paix, mais tout son entourage semble se liguer contre elle pour obtenir d'elle aide et conseils, sans parler de l'inévitable théière pleine. D'abord ses voisins les Napier, avec qui elle partage sa salle de bains… C'est un couple mal assorti. Lui est un séduisant officier de marine. Il a passé la guerre en Italie et répond au prénom de moi inconnu jusque-là de Rockingham (!). C'est un baratineur, doué pour obtenir ce qu'il veut des femmes qu'il côtoie. Sa femme, Helena, est anthropologue.

C'est une relecture pour moi que ce roman. J'ai découvert, probablement au début des années 1980, ce qui avait été publié en poche de Barbara Pym. Je la considère comme une des toutes meilleures romancières britanniques de son temps, au style inimitable, à la fois spirituel et un peu triste. Elle n'a pas eu, malheureusement, une grande reconnaissance de ses pairs. Sa carrière a connu des hauts et des bas. Mais ses romans ont été constamment réédités.

Je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau :
« - Oh, mais sa femme m'a dit qu'il a passé son temps à s'occuper des femmes officiers sans grand intérêt, protestai-je. Il doit donc être sympathique. Elle est anthropologue, Mrs Napier. Je ne suis pas bien sûre de savoir ce que c'est au juste.
- Tiens, tiens ! C'est quelque peu incongru… un officier de marine et une anthropologue, observa Julian.
- Cela m'a tout l'air palpitant ! s'écria Winifred. Cela a-t-il un rapport avec les singes ? »

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Barbara Pym est une auteur à mes yeux injustement oubliée, rarement éditée ou rééditée. Cette nouvelle parution est l'occasion de la redécouvrir.
L'action se situe dans le Londres de l'après seconde guerre mondiale, ce qui ne veut pas dire que la situation soit larmoyante. le milieu dans lequel la narratrice évolue semble assez épargné : des vieilles filles et des vieux garçons qui ont des emplois de bureau, des pasteurs célibataires et pas toujours jeunes.
Londres, oui, mais surtout un de ses quartiers, un quartier de la classe moyenne, ni chic, ni miséreux. Les appartements disposent d'une salle d'eau – à partager. Ou comment discuter avec ses voisins de l'achat du papier toilette et du récurage de la baignoire.
Et justement, le quotidien de Mildred se trouve modifié par l'arrivée d'un couple de locataire, bien différent de ceux qu'elle côtoie. Elle est anthropologue, il est un officier qui a brillé surtout par ses talents d'intendant. Ils se sont mariés, parce que c'était la guerre – et leur couple résiste mal au retour à la vie civile. le second bouleversement est que le pasteur et sa soeur louent une partie de leur logement à une veuve de pasteur – bien différente de l'idée que l'on peut se faire d'une veuve de pasteur en lisant ce roman.
Bouleversements, oui, mais Mildred n'est pas du genre à se laisser abattre : elle est fille de pasteur, et a l'habitude de tous les impondérables de la vie de pasteur. Elle se définit elle-même comme étant assez commune, banale, avec son travail à mi-temps hors-norme (elle aide les femmes nécessiteuses), sa vie quotidienne si bien réglée, ses vêtements passe-partout. Bref, elle se juge avec justesse, sans s'embellir, sans se dévaloriser. Elle est certes une vieille fille, ce qui n'est pas forcément bien vu, ce qui fait aussi que certaines personnes lui prêtent des sentiments amoureux, des espoirs qui ne sont pas les siens. Mildred, qui connaît bien les petits soucis, les petits conflits que le quotidien peut engendrer – combien de rupture à cause d'un plat brûlé ? – a la sagesse de laisser dire, mais pas de laisser s'installer des situations qui ne lui conviendraient pas.
Oui, Barbara Pym s'intéresse au quotidien, à l'ordinaire, à ses femmes remarquables qui entourent non pas de grands hommes, mais des hommes dont les activités sont répétitives, pas forcément agréables, mais nécessaires pour qu'une communauté fonctionne. Ses femmes remarquables ne sont pas seulement leurs épouses, non, plutôt leurs soeurs, des vieilles filles, les religieuses aussi, des personnes si discrètes que les hommes les remarquent à peine.
Mildred jette un regard non dénué d'humour et d'ironie sur ceux qui l'entourent. Telle une miss Marple sans enquête policière, elle ne manque pas de lucidité sur la nature humaine, bien qu'elle aimerait parfois qu'elle soit différente.
Des femmes remarquables, un roman à remettre en lumière.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Ce roman à l'atmosphère "so british" m'a beaucoup plu.

D'ailleurs c'est tellement british qu'on pourrait croire que l'auteur force le trait à dessein, sauf que le roman a été écrit en 1952 par une Anglaise et qu'elle nous raconte l'Angleterre de l'après-guerre telle qu'elle l'a connue. Et il reste encore des traces de la guerre dans le Londres de Barbara Pym : des églises en ruine, des pénuries alimentaires persistantes (la confiture est un luxe, les oeufs frais sont rares, etc), des officiers qui rentrent juste d'Italie... En plus de cela, il y a toute l'imagerie anglaise traditionnelle : un pasteur règne sur la paroisse, on boit beaucoup de thé, on organise des comités et des vente de charité,...

J'ai adoré le personnage principal, une vieille fille dévote et pétrie de grands principes (malgré quelques faiblesses qu'elle avoue bien volontiers, comme une certaine curiosité par exemple) qui n'a qu'une trentaine d'années mais en paraît tellement plus dans ses opinions qu'on pourrait la confondre avec la Miss Marple d'Agatha Christie. Elle voit son quotidien bien réglé, quoiqu'un peu ennuyeux peut-être, bousculé par l'arrivée de nouveaux voisins qui vont l'amener à sortir de sa coquille et à prendre conscience de certaines réalités.

J'ai trouvé très drôle de voir l'héroïne prise à son propre piège lorsqu'elle veut seulement se montrer polie en proposant un coup de main et qu'elle se retrouve à faire ce qu'elle aurait préféré éviter (couture, vaisselle, cuisine, etc). Et cela lui arrive plusieurs fois, comme si elle ne pouvait surmonter les préceptes de son éducation pour faire ce qui lui plaît, ou plutôt pour ne pas faire ce qui lui déplaît.

Le style de Barbara Pym est très agréable. Sa plume est a priori très classique mais relevée d'une bonne dose d'ironie qui rend la lecture très amusante. Mine de rien, l'auteur aligne les petites scènes du quotidien, les rencontres et les discussions plus ou moins anodines, toutes ces petites choses de tous les jours qui font évoluer les personnages ou qui mettent au jour certains aspects de leur caractère.

Le dénouement m'a beaucoup plu aussi car il est pour le moins inattendu : la vieille fille dédaignée finit par avoir l'embarras du choix entre les prétendants qui ne lui font plus tellement envie en fin de compte...

Et voilà comment j'ai passé un délicieux moment avec Des Femmes Remarquables qui m'a tellement plu que je lirai sûrement d'autres romans de cet auteur sans trop tarder.
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Qu'est-ce qu'une femme remarquable dans l'Angleterre d'après guerre ? Une femme discrète dont la vertu est incontestable : modestie, qualité d'écoute au point de devenir le « deus ex machina » pour dénouer les pires situations, assister aux offices, prêter attention aux sermons des révérends, avoir une tasse de thé à proposer à toute heure.

Mildred Lathbury est une de ces femmes remarquables. Elle ne cesse d'être à la hauteur de son excès de vertu et oublie tout simplement de vivre sa vie.
Ohhh, elle n'est pas malheureuse, loin s'en faut, du moins en apparence. de temps à autre une pointe non pas de dépit mais de léger désappointement perce le quotidien terne de la demoiselle. C'est qu'entre le presbytère très fréquenté et le couple Napier, Mildred a de quoi mettre en pratique ses trésors de patience et de savoir-vivre.

Une femme remarquable peut-elle tomber amoureuse ? Certainement... mais que quel type d'homme ? D'un révérend ancré dans son célibat tel Julian Malory? D'un ancien officier beau parleur réputé mettre à l'aise les femmes officiers mal fagotée dans leurs uniformes blancs comme Rockingham Napier ? D'un anthopologue bourru toujours prêt à commettre un commentaire désagréable à l'image d'Everard Bone?
Une femme remarquable est-elle apte à repérer le goujat qui sommeille en chaque homme ? Sans aucun doute si elle s'appelle Mildred qui l'air de rien observe, analyse et ne s'en laisse pas compter.
Une femme remarquable est-elle vouée au célibat, à la vie morne, grise et insipide de la « vieille fille » typique de l'Angleterre des années Cinquante ? Est-elle destinée à n'être qu'une personne rendue invisible par les services qu'elle dispense aux autres ?
Une femme remarquable n'est-elle qu'une malheureuse cruche dont on abuse de la gentillesse ?
Beaucoup de questions et autant de réponses en suspend.

Mildred est sans conteste une de ces femmes remarquables or elle possède ce petit quelque chose qui la démarque de cette étiquette un peu trop facile à attribuer : elle voit très vite ce que cache le reflet étudié du miroir trop poli des uns et des autres.
Tout en proposant son éternelle tasse de thé, elle fait son miel, sans aucun jugement et avec un humour extraordinaire, des agissements ou questionnements d'autrui.
Au final, sa vie est tout sauf terne car il s'en passe des choses sous l'apparente uniformité du quotidien. Un peu comme dans un roman japonais où tout se déroule entre les lignes, dans les non-dits, dans les suggestions, dans la banalité d'un geste, dans un regard fugace, dans la description de l'environnement où vit la personne.

« Des femmes remarquables » est mon premier roman de Barbara Pym, auteure que je ne connaissais absolument pas. Ma rencontre fut une belle réussite : j'ai adoré suivre Mildred, trentenaire qui regarde ses contemporains avec recul et tendresse. Même si les gens qu'elle côtoie l'agacent un tantinet, elle les ménage toujours malgré quelques remarques d'un humour subtil et percutant. C'est ce trait de caractère qui fait sa force et son charme. D'ailleurs une de ses relations ne s'y trompe pas : Everard Bone, l'anthropologue passionné d'archéologie, derrière sa dérision apprécie Mildred. Se décidera-t-il à l'épouser ? le lecteur ne peut que l'espérer même si Mildred ne semble pas en faire une priorité.

J'ai apprécié le côté suranné du roman qui est loin d'être ennuyeux. le personnage de Mildred peut agacer parce qu'il est ordinaire, or justement il est reposant par sa manière de voir le monde sans s'agiter, sans partir illico au créneau à la moindre étincelle. le temps s'écoule au rythme d'une société qui ne misait pas encore sur le coktail explosif de la rapidité, de la performance et du jetable.
On prend son temps, on le savoure autour d'une tasse de thé. On le regarde passer avec ou sans regret. Il est l'ami et non l'ennemi car il fait ce que l'on est, ce que l'on devient.
Lien : https://chatperlipopette.blo..
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Comme je n'avais pas envie de quitter Mildred!!!
Mildred ne veut pas se marier et veut vivre seule. C'est le chemin sur lequel la vie l'a mise et elle s'en contente parfaitement se laissant parfois aller à quelques rêveries mais la réalite n'est jamais à la hauteur.

J'ai adoré ce roman. Mildred essaie de régler les problèmes des uns et des autres tout en restant à sa place et se trouve bien souvent sollicitée par chacun comme si il relèverait de son fait de tout régler.

J'ai adoré son personnage,son humour, l'abondance de thé et cette ambiance à base de potins tournant autour de la vie Paroissiale.

J'ai très envie de découvrir les autres livres de Barbara Pym que j'espère aussi réussis!
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