Envie de se plonger dans une histoire où l'on boit moult tasses de thé? (sherry ou gin aussi mais moins souvent et parfois plus discrètement).
Barbara Pym est parfaite pour cela! Besoin de fausse légèreté, d'humour au second degré, d'ellipses brillantes? Toujours
Barbara Pym. Un zeste de passage à l'église? Pas de souci! (grâce à ce roman, mon vocabulaire s'est augmenté de cassock, soutane, sans doute un peu difficile à caser dans une conversation). A la recherche de roman furieusement british pour ce mois anglais?
Barbara Pym est toujours là!
Londres, début des années 60. Dulcie Mainwaring vient d'être quittée par son fiancé (prétendant qu'il n'était pas digne de son amour) et pour réparer son coeur brisé, disons, se changer les idées, elle décide de participer à un week end de conférences. Elle y fait connaissance de Viola, comme elle travaillant à la tâche ingrate de rédiger des index, et d'Aylwin Forbes, docteur en littérature, qui, lui, écrit des livres sur d'obscurs poètes, dont Viola rédige l'index, justement.
Dans ce roman épatant se croisent une bonne dizaine de personnages liés les uns aux autres, se rencontrant involontairement ou fort volontairement. En effet Dulcie, accompagnée de Viola, commence à mener une enquête sur Aylwin, son épouse venant de retourner chez sa mère, et, tiens donc, son frère dont la paroisse se situe près de chez ses propre oncle et tante, et pourquoi ne pas aller prendre l'air dans une station balnéaire où réside la famille d'Aylwin...
Comme dit Dulcie "C'est comme une sorte de jeu", pensant "plus sûr et plus confortable de vivre dans les vies des autres- d'observer leurs joies et leurs peines avec détachement comme si l'on regardait un film ou une pièce."
C'est fort drôle et ne se lâche pas, le lecteur ne sachant pas vraiment où cela va mener, mais se prenant au jeu gaiement. de temps en temps se glissent des tonalités plus tristes quand Dulcie pense à sa propre existence, et son futur...
Les personnages secondaires sont fort bien croqués, allez, juste Mrs Beltane et son odieux petit chien, "her little poodle, blue-rinsed to match her hair." C'est bourré de petits détails (Dulcie possède dans sa bibliothèque le roman de B Pym, Some Tame Gazelle), de remarques au passage (en avance à un dîner, Dulcie pénètre dans une cabine téléphonique pour passer le temps. Mais téléphoner à qui? Un appel anonyme? "Les appels de cette nature sont-ils le fait de gens ayant dix minutes à remplir avant d'arriver quelque part?")
Et la belle-mère d'Ailwyn: "Les gens savent toujours où ils en sont avec moi" - il ne lui était jamais venu à l'idée que les gens pourraient ne pas toujours vouloir connaître de telles choses.
Un tempo parfait, pas de longueurs, mais le temps pris pour les petits détails, même si cela semble contradictoire. Il me faut absolument lire (ou relire) tous ses romans!
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