AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les éditions Stock, maison d`édition française, ont été créées au XVIIIe siècle par le libraire André Cailleau. Pierre-Victor Stock prend en 1877 la direction de la maison d`édition qui portera désormais son nom. Elle s`est beaucoup engagée dans les grands enjeux de société : Pierre-Victor Stock fut l`"éditeur" de l`Affaire Dreyfus. Elle est aujourd`hui très active dans la littérature française et étrangère, et publie des auteurs à succès.

Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Collections de Stock



Dernières critiques
Garçon manqué

Ponctué de nombreuses anaphores, ce récit autobiographique se rapproche d’une scansion autour de questions sur l’identité, sur le genre, sur la peur, des territoires, la souffrance et l’amour. On sent là un besoin urgent de dire, de laisser sortir les souffrances et les déchirements d’une fille qui se cherche : femme – homme « garçon manqué » – française – algérienne, mais qui a, avant tout, ce besoin d’être elle-même.

Nina Bouraoui écrit page 10 « Ma vie algérienne est nerveuse. Je cours, je plonge, je traverse vite. La rue est interdite […] la rue est derrière la vitre de la voiture. Elle est fermée, irréelle et peuplée d’enfants. La rue est un rêve. Ma vie algérienne bat hors de la ville. Elle est à la mer, au désert, sous les montagnes de l’Atlas. Là, je m’efface enfin. Je deviens un corps sans type, sans langue, sans nationalité. Cette vie est sauvage. Elle est sans voix et sans visage. » Et il en va ainsi de son écriture : sauvage, pas encore domptée comme elle le sera dans certains romans à venir comme Satisfaction par exemple.

Elle se confronte à ses questionnements que le regard des autres soulève à tout moment. Ainsi, en parlant du contrôleur dans le train l’amenant à Rennes : « comme il ne sait rien de cet amour que je viens chercher à Rennes. Pour ma mère. » (p.100) Effectivement, l’amour et la reconnaissance de ses parents fait également partie de la quête de l’auteur. Plus loin, elle nous explique qu’elle est le fruit de leur silence, de leur choix : « c’est la mémoire de nos parents qui est importante. De leur souffrance. De leur humiliation. Notre berceau. Ce qui nous attendait. Le contexte. Ce qui a été fait. Ce qui a été dit. Leurs blessures transmises. Cet héritage-là. » (p.134) Alors Nina Bouraoui écrira que c’est cela qui l’amènera à l’écriture : « Et mon silence toujours. Parce que ma voix n'est rien. Elle s'échappe comme du vent. Bien sûr qu'il ne fallait pas répondre. Je trouverai mieux. Je l'écrirai. C'est mieux, ça, la haine de l'autre écrite et révélée dans un livre. J'écris. Et quelqu'un se reconnaîtra. Se trouvera minable. Restera sans voix. Se noiera dans le silence. Terrassé par la douleur. »

Il est des douleurs qui transcendent, c’est ce qui nous permet de lire Nina Bouaroui aujourd’hui. Ces douleurs qu’elle tisse et partage au fil de son œuvre : un moyen de nous aider dans la vie aussi !
Commenter  J’apprécie          00
Gabriële

Claire et Anne Berest ont découvert assez tard qu'elles étaient les arrière petites-filles de Francis Picabia et de son épouse Gabriële Buffet, à la vie tellement libre pour une femme née à la fin du XIXème siècle ! 



Gabriële Buffet a fait des études de musique souhaitant devenir non pas interprète, ce qui était déjà osé, mais compositrice, de musique 'moderne' qui plus est. 



Souhaitant étudier à Berlin, contre l'avis de ses parents, elle travaille un été pour réunir les fonds nécessaires et y part pour étudier seule femme compositrice dans une assemblée de jeunes hommes tous férus de modernité, assonances et dissonances, nouveautés ... jouant le soir dans des orchestres, et nouant de solides amitiés



De retour à Paris pour les vacances d'été, elle rencontre un ami de son frère Jean : Francis Picabia, peintre à la mode impressionniste qui vit très bien de son art au point de s'acheter régulièrement de nouvelles automobiles rutilantes. 



Et justement il enlève son ami et sa sœur, part avec eux sillonner la France ... 



Gabriële ne retournera pas à Berlin, elle aidera Picabia à accouche de nouveaux styles, sera à ses côtés - ou le fuira - lorsqu'il sombrera dans l'opium et ses dérivés, l'accompagnera à New York pendant la première guerre mondiale, alors que leur ami Apollinaire s'engage dans l'armée. 



Ils formeront un ménage à trois avec le jeune Marcel Duchamp, que Gabriële aidera aussi à oser son art. 



 Gabriële et Picabia auront quatre enfants, qui n'intéresseront jamais leur père et que Gabriële confiera à sa mère ou à des internats quand elle devra être aux côtés de son 'seul' enfant : Francis Picabia ! 



Le quatrième de ces enfants se suicidera très jeune, c'est le grand père des autrices. 



Comme dans La carte postale, les autrices dépassent la chronique familiale pour offrir un regard inédit sur la vie culturelle du début du XXème siècle: celui d'une femme libre, indépendante ... et pourtant tellement au service de son homme ... ou plutôt de son art ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          10
De profundis - La Ballade de la geôle de Reading

De Profundis d’ Oscar Wilde

De profundis est la lettre qu’écrit Oscar Wilde du fond de sa prison dans les dernières semaines de son incarcération. C’est une lettre pleine de haine et de ressentiment mais également derrière laquelle l’amour est encore bien présent. Cette lettre est adressée à Alfred Douglas, l’homme avec lequel Wilde a vécu plus de deux ans, elle est l’opportunité pour lui de faire la lumière sur lui et son ami. Dans cette missive aucune allusion sexuelle ou relative à l’homosexualité, Wilde tente de faire un état des lieux, tout ce qu’il a fait financièrement et sentimentalement pour Douglas contre le peu et l’indifférence qu’il a reçu en retour. Il y a un côté comptable dans l’exposé factuel de Wilde, on sent combien ce retour en arrière sur leur vie commune est douloureux mais indispensable, il en sort ruiné, en faillite et le nom de sa famille est déshonoré. Wilde est il honnête dans son analyse, mystère, Douglas contestera dans un livre toutes les assertions de Wilde, un Wilde transformé par la douleur physique et morale dans lequel on discerne à peine l’ auteur du Portrait de Dorian Gray.



L’histoire de cette lettre est également une aventure entre le papier qu’illégalement le directeur de la prison fournira à Wilde, les directives qu’il donna à Ross sur son utilisation qu’il ne respecta pas et enfin sa transmission au British museum avec interdiction de la divulguer pendant 50 ans, ce qui fait que le texte original ne fut divulgué et traduit qu’en 1960. Un texte surprenant par son ton tout autant que sa teneur.

En complément de De Profundis se trouve une lettre adressée par Wilde au rédacteur en chef du Daily Chronicle au sujet d’un gardien de la prison licencié pour avoir donné des biscuits à un petit enfant incarcéré et des conditions infâmes dans lesquelles sont tenus les prisonniers. L’année suivante une loi réformera le régime pénitentiaire en tenant compte des notes de Wilde. Intéressant.
Commenter  J’apprécie          50

{* *}