AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 56 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
1 avis
Livre d'art, livre de littérature, livre total et magnifique.
Des reproductions de Picasso, Rembrandt, le Tintoret, Magritte, Bellini, Bosh ou Hokusai sur beau papier noir en regard avec le texte de Quignard, comme toujours érudit et vibrant.







Commenter  J’apprécie          60
Quand on sonde le fond de son coeur dans le silence de la nuit on a honte de l'indigence des images que nous nous sommes formées sur la joie.
Je n'étais pas là la nuit où j'ai été conçu. Une image manque dans l'âme. On appelle cette image qui manque « l'origine ». Nous cherchons cette image inexistante derrière tout ce qu'on voit.
Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l'effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu'ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde.
Si derrière la fascination, il y a l'image qui manque, derrière l'image qui manque, il y a encore quelque chose : la nuit.
Il y a trois nuits.
Avant la naissance ce fut la nuit. C'est la nuit utérine.
Une fois nés, au terme de chaque jour, c'est la nuit terrestre. Nous tombons de sommeil au sein d'elle. Comme le trou de la fascination absorbe, l'obscurité astrale engloutit et nous rêvons en elle. Et si c'est par la nuit qui est en nous, interne, que nous nous parlons, c'est dans la nuit externe, quotidienne, qui semble à nos yeux venir du ciel, que nous nous touchons.
Enfin, après la mort, l'âme se décompose dans une troisième sorte de nuit. La nuit qui régnait à l'intérieur du corps se décompose à son tour dans un effacement que nous ne pouvons anticiper. Cette nuit n'a plus aucun sens pour s'aborder. C'est la nuit infernale.
Ainsi y a-t-il une nuit totalement sensorielle qui précède l'opposition astrale du jour et de la nuit. Nous procédons de cette poche d'ombre. L'humanité transporta cette poche d'ombre avec elle, où elle se reproduisit, où elle rêva, où elle peignit. Elle pénétra irrésistiblement dans les grottes obscures où elle tourna son visage vers des écrans blancs de calcite sur lesquels des images involontaires surgissaient et se mouvaient par la projection de la flamme d'un flambeau. Des millénaires passent. Elles continuent de défiler dans des salles étranges, édifiées dans le sous-sol des villes, où la ténèbre n'est plus divine mais produite artificiellement.

Je ne le fais pas souvent, mais j'ai remis la 4e de couverture qui est elle-même issue de l'avant-propos de Pascal Quignard.
Parce qu'elle dit avec assez de justesse l'ambition de l'ouvrage, et qu'elle donne à voir l'écriture de Pascal Quignard. Une écriture dense mais pas inaccessible, une écriture complexe qui nécessite de prendre le temps, celui de se laisser imprégner par un texte aux ramifications conceptuelles foisonnantes. Chaque phrase semble retourner le sens commun et implique de réécouter chacun des mots et de réenvisager lentement les idées posées sur le papier.
Le format s'y prête d'autant plus que les textes sont courts. Ils permettent des pauses que, de toute façon, l'exploration des chaque image impose, et le vertige qui va avec.

De ce tête-à-tête avec ces images sexuelles, c'est à une introspection que nous sommes invités, à regarder notre propre intimité mentale, de découvrir la puissance agissante de mécanismes qui nous habitent. Que voyons nous lorsque nous regardons ces images ? Qu'y voyons nous ? Qui voyons nous ?
Nous sommes conviés à un véritable dévoilement de nous même, in fine. Ces images comme autant de miroirs, de l'inregardable constamment recherché, de ce manque silencieux qui nous hante. de cette incomplétude inconsolable. de territoires intimes insoupçonnés.

Un ouvrage vertigineux et passionnant.

Bon allez un petit défaut, tout de même : le papier couché est vraiment trop sensible au gras des doigts, même les plus propres.

Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
Commenter  J’apprécie          40
Eu égard à la réputation de Pascal Quignard, j'ai entrepris la lecture de "La nuit sexuelle". Beaucoup de tableaux et gravures en illustration mais les commentaires et envolées lyriques m'ont vraiment dépassée et laissée très perplexe. Nombreuses citations latines ou grecques qui ne m'ont guère impressionnée. J'ai eu la sensation de beaucoup de verbiage superficiel et pseudo intellectuel. Bon, je n'ai peut-être pas été à la hauteur. Je publie une citation que j'ai eu beau lire plusieurs fois, je ne la comprends pas. Quelqu'un peut-il m'éclairer?
Commenter  J’apprécie          30
Illustrés de tableaux et de documents iconographiques choisis allant de la préhistoire jusqu'à nos jours, en passant par le moyen-âge et les estampes japonaises, ces petits essais de Pascal Quignard revisitent les mythes littéraires et picturaux concernant le désir et le fantasme, la lumière et la nuit, l'homme et la femme, la vie avant et après la naissance. On se réfère surtout à la mythologie grecque et latine à travers Ovide notamment mais aussi au théâtre d'Eschyle , à la Bible, bref aux textes fondateurs à chaque fois illustrés par une peinture, une gravure, un dessin ancien ou moderne alludant directement ou indirectement au sexe, au coït et tout ce qui entoure ce mystère de la naissance au moment de l'acte, de la vie intra-utérine et des désirs fantasmés plus ou moins conscients. Il est aussi fait référence à la psychanalyse mais aussi donc, à la fameuse nuit, cette ombre, obsession et quête quasi-mystique de l'auteur.

"Une narration arrêtée, tel était le propre de la peinture paléolithique.
Le récit menace la paroi nocturne de la même façon que l'orage menace dans le ciel noir."

"Le Jour du Jugement a tous les traits de la haine sans fin. C'est le Jour de Colère le journal télévisé est lui-même un Dies irae qui tourne en rond sur lui-même comme un rapace sempiternel au sein de chaque jour."

"Le puritanisme définit ceux qui ne supportent pas la scène inmontrable et incessante. La plupart des sociétés sont puritaines, détestant que leur soit rappelée aussi bien l'origine sexuelle du lien social que le fondement primaire de toutes les valeurs. le puritanisme est l'immaculée conception du social, la femme voilée, le Cantique des cantiques, l'enfant mort sur les genoux d'une mère qui pleure plutôt que les amants qui se dénudent et qui s'approchent dans la joie."

Des essais à déguster comme quelques gouttes de nectar.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a trois nuits.
Avant la naissance ce fut la nuit.
C'est la nuit utérine.
Une fois nés, au terme de chaque jour, c'est la nuit terrestre.
Nous tombons de sommeil au sein d'elle.
Comme le trou de la fascination absorbe, l'obscurité astrale engloutit et nous rêvons en elle.
Et si c'est par la nuit qui est en nous, interne, que nous nous parlons, c'est dans la nuit externe, quotidienne, qui semble à nos yeux venir du ciel, que nous nous touchons.
Enfin, après la mort, l'âme se décompose dans une troisième sorte de nuit.
Commenter  J’apprécie          10
Pascal Quignard avec cet essai nous emmène dans les noirceur de la vie, mais il nous emmène aussi à l'origine de notre venue sur terre. L'acte sexuel, celui que nous ne verrons jamais. Il part également de mythe, de nuit utérine, de la 4 ème nuit celle de notre mort.
Un essai fort éclairant, quelque fois complexe, mais une plume toujours aussi remarquable!
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (149) Voir plus



Quiz Voir plus

Tous les matins du monde

En qu'elle année Pascal Quignard a-t-il écrit Tous les matins du monde?

1816
1917
1991
1899

10 questions
283 lecteurs ont répondu
Thème : Tous les matins du monde de Pascal QuignardCréer un quiz sur ce livre

{* *}