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3,67

sur 1331 notes
Ce petit roman est très intense, avec une écriture pleine de poésie, de musique.
Mr de Sainte Colombe nous fait vibrer par cet instrument de musique qu'est la viole de Gambe, car seule l'émotion que suscite une composition ou bien une interprétation est digne d'intérêt.
Beaucoup d'intensité aussi dans les relations humaines, une grande oeuvre de la littérature, un hymne à la musique.
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"Tous les matins du monde" est un roman de l'écrivain français Pascal Quignard, publié en 1991.
Nous sommes au 17ème siècle. Monsieur de Sainte Colombe ne se remet pas de la mort de son épouse qui l'a laissé seul avec leurs deux filles. L'homme passe ses journées dans sa cabane et y joue de la viole des heures durant, refusant à maintes reprises de se rendre à la cour pour y divertir le roi.
Un jour, un jeune homme du nom de Marin Marais vient à frapper à sa porte et l'enjoint d'accepter de le prendre comme élève. Or les deux hommes nourrissent des conceptions bien différentes de ce que doit être la musique.

Voici un court roman qui traite avant de tout de la musique et de l'importance qu'elle revête pour les différents personnages. Monsieur de Sainte Colombe lui a dédié sa vie. C'est un homme taciturne entièrement tourné vers son art et pour le moins asocial. Nostalgique d'un passé qui n'est plus, il passe des journées entières à jouer de la viole ou à parler au fantôme de sa femme dont la mort l'a laissé inconsolable.

Marin Marais cherche dans la musique la fortune et la gloire à la cour de Versailles. Rapidement éconduit par l'homme qu'il aurait tant souhaité avoir pour maître, il trouve refuge dans les bras de sa fille, Madeleine de Sainte Colombe, qui semble détecter en lui un talent qu'elle est prête à révéler à l'aide des enseignements dispensés par son père. Madeleine et Marin passeront des heures à guetter le maître dans sa cabane, à l'affût de sonorités que Marin reproduira par la suite en son nom. Mais le jeune homme se lasse rapidement de Madeleine qui ne souffrira jamais son départ.
Il ne souhaite qu'une seule chose : les partitions du génial Sainte Colombe. Malheureusement pour lui, le vieux musicien ne conserve aucune trace de son art. Il ne restera plus à Marais que ses oreilles pour pleurer (oui oui c'est possible!)

N'ayant à mon compte aucune sensibilité musicale particulière, je pensais néanmoins pouvoir distinguer dans l'agencement des mots une quelconque mélodie... J'y ai vu des notes ça oui mais aucun enchaînement, aucune musicalité. Des phrases hâchées. Une histoire précipitée par plusieurs sauts chronologiques. Même pas le temps de tendre l'oreille que j'avais déjà tourné la dernière page, incapable de dégager une seule émotion de cette lecture. Sans compter que les personnages, tous en souffrance, m'ont davantage invitée à broyer du noir qu'à m'épancher sur leur sort.
Je me suis donc jetée sur le film, curieuse de savoir si il parviendrait à me rendre l'ouïe.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Très bien écrit, ce roman est très bon d'un point de vue littéraire. Il traite avec minutie de toutes les émotions liées à la musique, si chère à l'auteur. Heureusement, ce livre est court car le style dépouillé peut faire paraître le temps long...
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[soupir]
Difficile de dire quelque chose sur ce livre que je viens tout juste de refermer. Comme je m'y attendais, ce texte me laisse sans voix. Les romans de Quignard ont ce don, c'est pour cela d'ailleurs que je me les autorise avec parcimonie, j'attends un délai raisonnable avant d'en choisir un autre : pour qu'il m'en reste…
Tous les matins du monde donc. Une merveille. Un texte superbe, tout en retenue, qu'on lit avec émotion et respect, une histoire toute simple mais vibrante comme les cordes d'une viole. Parfaite lecture pour ce jour pluvieux. Au fil des pages la musique vous enveloppe et la mélancolie vient avec, mais sans tristesse, avec douceur…
A la fin du livre, on a juste envie de recommencer et de se faufiler encore une fois sous la cabane sur le mûrier pour écouter la musique de Monsieur de Sainte Colombe. Une parenthèse hors du temps.
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N°818 – Octobre 2014.

TOUS LES MATINS DU MONDEPascal Quignard. Gallimard.

C'est une histoire bien simple que celle de M. de Sainte Colombe, aristocrate musicien, spécialiste de la viole de gambe à laquelle il a ajouté une septième corde, qui ne se remet pas de la mort de sa femme chérie à qui il continue de parler dans un curieux dialogue d'outre-tombe. Il trouve une manière de consolation dans la musique et vit avec ses deux filles à qui il enseigne son art et refuse avec obstination les honneurs de la cour de Louis XIV. Marin Marais qui fut son élève séduit ses filles mais fonde ailleurs une famille tout en vivant de son art près du roi.

Il y eut le film d'Alain Corneau avec Jean-Pierre Marielle, sublime dans le rôle principal. Dans ce roman j'ai vu la figure d'un homme qui, ayant perdu sa femme a tout perdu et se retire du monde au point peut-être d'en devenir fou. Il ne trouvera sa véritable consolation que dans sa propre mort. La camarde est très présente dans ce court texte puisqu'elle prend aussi Madeleine que Marin a séduite et abandonnée. La barque de Sainte Colombe dont il est largement question dans ce roman reprend cette symbolique du passage de la vie à la mort avec l'image de Charron. Après la disparition de son épouse le musicien se retire du monde et même de sa propre maison puisqu'il joue dans une cabane en planches, et ce geste évoque une sorte d'acompte payé à la mort. S'il consent à sortir de chez lui, c'est, accompagné de son instrument, pour participer aux obsèques d'un ami. La vie semble avoir quitté cette maison après l'affaiblissement et la mort de Madeleine, le mariage de Toinette et ce même si la musique y retentit encore et que l'instrument en forme de corps de femme peut évoquer la vie. Pourtant la vision d'une gaufrette a demi mangée et d'un verre à moitié vide après une apparition de Mme de Sainte Colombe évoque une forme particulière de vie.

C'est le portrait croisé de deux hommes dont l'un d'eux choisit une vie recluse alors que son art aurait pu lui ouvrir toutes les portes et l'autre qui ne recule devant rien pour réussir à vivre de son art et côtoyer les grands de ce monde. Ils sont l'exact contraire l'un de l'autre, l'un est solitaire, l'autre est mondain. Pourtant Marais a une réelle fascination pour son maître qu'il vient écouter en cachette même si ce dernier l'a chassé de chez lui.

Il y a beaucoup de symboles dans ce roman, la musique d'abord qui, à cette époque était fort prisée et représentait une forme de réussite sociale si un artiste parvenait à plaire au roi. Refusant l'offre de venir jouer à la Cour, Sainte Colombe manifeste ainsi une philosophie inspirée par le jansénisme, très prisé à cette époque mais qui fut interdit. Il y a de la musique dans ce texte, avec des temps forts, des silences, des reprises, ses intonations. Ce n'est sans doute pas un hasard si l'instrument choisi est la viole qui imite à la perfection la voix humaine dans ses multiples registres. La vie choisie par Sainte Colombe est austère, retirée du monde, teintée de fatalisme et de mélancolie et sa seule consolation est le plaisir de jouer. J'y ai vu aussi une dimension religieuse dans la réconciliation finale des deux hommes.Le chant accompagne l'instrument et tient lieu de parole pour les enfants avant la mue de leur voix.

Cette oeuvre est présentée comme un roman, il a pourtant toutes les qualité d'une nouvelle (concision, narration, réflexion, rareté des personnages, scènes et tableaux courts sans pratiquement d'action ni de dialogues, écriture fragmentaire). Cela dit, et compte tenu de l'ambiance générale du livre, j'ai toujours une hésitation sur le sens du titre. Symbolise-t-il l'espoir ? Pourtant tout de texte me paraît baigné d'une grande mélancolie. L'écriture est épurée, classique, musicale avec beaucoup de silences. C'est une livre somptueux mais tragique!

©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com












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Le premier mot qui me vient à l'issue de cette lecture est le mot « joli ». Joli couverture (Folio avril 2010). Joli cadre bucolique. Jolie nature. Jolie vue. Jolis sons.
Un environnement poétique et enchanteur dans lequel la douleur s'exprime, puissante et infinie, par des sons sortis d'une viole, maniée par des mains expertes.
Dans ce court texte l'auteur a su nous transporter en décuplant nos sens. Immergé dans cette nature flamboyante on sent les odeurs, on admire la verdure et on écoute la musique présente « pour parler de ce dont la parole ne peut parler » (p113).
C'est une histoire triste supplantée par la beauté de la vie.
Ce livre mérite le détour pour l'empreinte de beauté qu'il nous laisse.
Challenge ABC 2021/2022 - Lettre Q -
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J'attendais tellement de cette lecture, que me voilà bien déçue.
Peut-être aurais-je dû voir le film d'abord, car il me semble que la plupart des critiques élogieuses viennent de personnes l'ayant vu.

Pour ma part, j'ai l'impression d'avoir survolé l'histoire.Le texte est beau à lire, mais le contenu m'a laissé de marbre.
L'ambiance glauque de cet homme reclus avec ses deux filles, n'ayant d'intérêt que pour la musique et le fantôme de sa femme. Marin Marais personnage pour le moins antipathique mais sans intérêt. Des passages grivois qui n'apportent rien au récit.
Seul la passion de Monsieur de Sainte Colombe pour la musique m'a touché, mais là encore je suis restée sur ma faim.
Bref, je suis passée complètement à côté.
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Et si la musique consistait à rendre perceptible ce qui est indicible et invisible à nos yeux ? Voilà en tout cas ce que Monsieur de Sainte Colombe tente d'apprendre à son jeune élève, Marin Marais.

Nous sommes dans la deuxième moitié du dix septième siècle, le taciturne et très secret compositeur, Monsieur de Saint Colombe s'est fait une réputation à la cour. le Roi Louis XIV le veut prêt de lui. Ermite entouré de quelques gens de maison et de Madeleine et de Toinette, ses deux filles, Sainte Colombe se donne tout entier à son art, la viole de gamme. En secret, ce veuf à la chair et au coeur encore palpitants retrouve sa femme, ou plutôt le fantôme de sa femme qui vient, parfois, l'écouter et grignoter une demi gauffrette. le désespoir et l'amour se sont conjugués dans une noce funèbre donnant naissance au Tombeau des Regrets pour celle qu'il aimait tant.

« Je ne sais comment dire : douze ans on passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »

Survient un jeune blanc bec qui se dit musicien et qui veut être enseigné par le maître. Marin Marais, fils de cordonnier, connaîtra plus tard le succès, certes. La postérité retiendra son nom. Mais il devra tellement à Sainte Colombe. A Madeleine et à Toinette aussi… Dix sept ans, l'âge de l'éveil, celui aussi de tous les rêves. Il joue avec virtuosité. Mais ce n'est pas suffisant pour Sainte Colombes.

« Vous faites de la musique, Monsieur. Vous n'êtes pas musicien. »

Mais je m'arrête ici, car après m'avoir lu, vous êtes déjà arrivé au premier tiers de ce très court récit. La sobriété et l'épure dans ce texte épouse l'aridité du compositeur. Elle donne sa force à ce texte très simple. Il y passe ainsi l'énergie d'une sorte de folie fataliste, qui est celle de celui qui réalise que "tous les matins du monde sont sans retours" et pourtant trouve la vigueur pour jouer toute la nuit des "arias capables de réveiller les morts".

A travers ces fragments de leur existence, Pascal Quignard dresse avec un portrait de ces deux compositeurs français ; il nous plonge dans les mailles fines qui tissent l'existence où se mêlent la peine, l'amour, la quête d'absolu, les regrets, la fièvre, l'esprit et la colère. Un beau et court moment d'une lecture qui s'écoule le temps d'un matin.

Thomas Sandorf

Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Tous les matins du monde nous invite à suivre la vie d'un homme passionné par la musique. L'auteur Pascal Quignard a fait le choix d'un récit court, concentré. C'est réussi. le récit respire et reste dynamique. C'est un roman sur la passion. Passion musicale bien sûr, qu'illustre la relation ambivalente de Monsieur de Sainte Colombe - Marais, mais passion amoureuse également, celle de Madeleine et Marais, bien sûr, mais également et surtout celle de Sainte Colombe et sa femme, Malgré l'histoire assez terrible, il subsiste comme une sérénité, celle d'accomplir, ou de laisser aller, son destin, qu'elle qu'il soit. Un livre presque mystique !
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Tous les matins du monde sont sans retour, c'est ainsi que débute l'avant dernier chapitre de ce court roman.
Dès la première page, c'est le style qui saisit, on croirait lire un roman écrit au XVII° siècle. On glisse dans le récit comme la barque de Monsieur Sainte Colombe sur les eaux de la Bièvre. On s'emplit de cette histoire mélancolique et tragique qui dit tout de l'amour. Si la vie de Sainte Colombe est absolument sans consolation, seule la pratique de la musique lui offre un soulagement.

Un soir où Monsieur de Sainte Colombe adoucit le passage vers la mort d'un de ses amis en jouant de sa viole, son épouse s'éteint en son absence. Il ne s'en consolera pas. On ne sait pas ce que fut cet homme avant la mort de sa femme, on le découvre juste après, austère, silencieux, rigoureux dans sa pratique et d'une fidélité religieuse à son épouse morte. Ce maître de musique d'une incroyable intégrité formera musicalement ses deux filles Madeleine et Toinette. Très vite leurs concerts à trois violes deviennent si célèbres que le roi le demande à la cours. Cependant, taciturne et taiseux, méprisant profondément les artifices et les courtisaneries, il éconduit violemment le messager du roi. Son refus l'isole un peu plus mais c'est dans le silence de la nature et le travail de sa musique qu'il donne un sens à sa vie.

Quand le jeune Marin Marais surgit dans cette existence vouée à la viole, il refuse tout d'abord de l'accueillir en tant qu'élève, jugeant son talent médiocre mais sur l'insistance de ses filles, il accepte. Malgré tout, doué, le jeune homme va vite se faire une réputation et ne répugnant, lui, pas les honneurs va vite se retrouver dans l'entourage du roi. Désolant son maître qui le rejette après une violente colère et laissant dans le désarroi Madeleine qu'il a séduite, Marin Marais va vivre à Versailles.
Pourtant, les années passant, Marin Maris reste hanté par la perfection de la musique de son maître qu'il n'a jamais égalé. Il le sait désormais. Il comprend aussi que pour Monsieur de Sainte Colombre la musique n'est pas destinée à charmer les puissants, à distraire ou à danser, non ! Elle est le seul moyen qui nous soit donné de communiquer avec l'au-delà, c'est "un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés". Les dernières pages sont magnifiques, le maître et l'élève qui jouent les Pleurs, les larmes qui coulent, les sons de la viole qui emplissent une vraie nuit silencieuse et froide du XVII° siècle. Bouleversant.
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