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3,66

sur 1317 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans ce bref roman, écrit sans fioriture à la façon d'une nouvelle, Pascal Quignard nous donne à imaginer l'étrange relation qui s'est établie entre le musicien baroque de Louis XIV Marin Marais et celui qui est considéré comme son maître de viole, Jean de Sainte-Colombe.

Époque baroque mais style de l'auteur qui ne l'est absolument pas, tellement il est allé chercher loin dans l'épure. Il tente de recréer un peu de la façon de s'exprimer de cette époque, avec notamment des personnages désignés comme " Monsieur de Ceci, Monsieur de Cela ".

Pascal Quignard établit assez fréquemment des ellipses, destinées, je pense, à secouer un peu son lecteur, à le rendre attentif et même actif. Il agrémente également sa narration volontairement compassée de quelques éclairs érotiques ou de formules situées au-dessous de la ceinture histoire qu'on n'oublie pas qu'il est bien un écrivain de son temps.

Il est évident que le personnage énigmatique de Sainte-Colombe aimante notre curiosité. Présenté comme un taiseux qui fuit les mondanités, sorte de vieux maître asiatique d'arts martiaux terré dans sa forêt, parfois victime d'hallucinations et qui s'exprime en brandissant sa viole et son archet comme un moine Shaolin s'élancerait dans une série de cabrioles en faisant virevolter son bâton.

L'auteur nous y présente Marin Marais comme un musicien talentueux mais un tantinet malhonnête et intéressé, désireux de briller à la cour de Louis XIV tout en subtilisant les innovations musicales de de Sainte-Colombe.

Ayant été rapidement congédié par le vieux maître, le jeune Marais tente de s'introduire en cachette dans la maison de de Sainte-Colombe, en soudoyant notamment les deux filles de ce dernier dans un but clairement intéressé. de la viole au viol, n'y aurait-il qu'un pas ?…

Je ne vous en dis pas davantage car j'ai déjà très peur de frôler la fausse note. Un petit ouvrage que je trouve assez plaisant, mais sans plus, probablement pas un chef-d'oeuvre absolu de la littérature mais une facture très honnête. À vous de voir car, au demeurant, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Il est fréquent que l'adaptation d'un livre au cinéma soit l'occasion de coupes franches dans le texte original. Mais qu'en est-il quand ce livre est une commande d'un cinéaste à un auteur ?

Alain Corneau a demandé à Pascal Quignard de lui écrire un texte pour qu'il puisse le porter à l'écran. Un scénario donc me direz-vous. Pas vraiment... et en même temps si. Ce livre est assez inclassable, presque assez court pour être une nouvelle, mais ne répondant pas aux codes du genre. Trop morcelé pour être un roman, composé de chapitres eux-mêmes très courts, entrecoupés d'ellipses. Ce qui correspondrait le mieux serait sans doute notice biographique, puisque les deux personnages dont il est question ont réellement existé. Pourtant, Quignard fait malgré tout ici oeuvre de fiction. Quand on observe sa bibliographie, on se rend compte qu'il cherche souvent des formes nouvelles, hybrides. L'auteur a pu choisir la forme du traité, du recueil philosophique, mélange d'aphorismes, de poèmes, de contes. Rien d'étonnant donc à ce qu'on ait du mal à définir la forme prise par ces matins du monde, l'influence de la commande scénaristique ayant en plus forcément joué son rôle.

Le livre aborde de nombreuses obsessions de l'auteur: musique baroque, jansénisme. Les réflexions sont profondes dans l'opposition entre la recherche musicale ascétique et le rôle récréatif de cette même musique. L'atmosphère est assez mystique avec les apparitions fantomatiques de Madame de Sainte Colombe et les messages que lui envoie son mari par la musique de sa viole de gambe. Les rapports peinture-musique sont également abordés avec un dialogue intéressant entre les arts.

La recherche formelle via la narration par touches brèves séparés de longues ellipses, tout en étant brillamment menée, m'a tenu à distance des personnages, ne m'a pas permis l'empathie que je recherche le plus souvent dans la littérature. Mais le pari est sans doute réussi, puisque l'ascétisme de Sainte-Colombe cherche avant tout la mise à distance de l'autre, et que le lecteur doit être pour lui un autre bien trop curieux et encombrant.
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Tous les matins du monde est l'apprentissage romancé du violiste Marin Marais auprès de son maître, Jean de Sainte-Colombe. Un livre décevant, tant au regard des personnages à peine esquissés, qu'à l'écriture trop sèche. Une oeuvre qui risque de ne pas vous donner envie d'écouter de la musique baroque.

Monsieur de Sainte-Colombe, un veuf inconsolable, vit retiré avec ses deux filles, Madeleine et Toinette. À eux trois, ils forment un trio de musiciens appréciés qui attire l'attention de Louis XIV. Mais monsieur de Sainte-Colombe ne veut rien savoir, il n'ira pas à Versailles. Il laisse pourtant un très jeune homme, Marin Marais, pénétrer dans sa famille, jusque-là préservée. Bien qu'il pense que le jeune homme n'a rien d'un musicien, il accepte de lui donner des leçons.

Curieusement, alors que la musique domine le livre, je ne l'ai pas entendu, « la plus belle musique du monde » ne suffit pas à m'évoquer quoi que ce soit. Ce sont les images que j'ai vues facilement.

Comme le lecteur n'entre jamais dans la tête des personnages, les faits qui se développent sont assez énigmatiques. Seul, l'amour de monsieur de Sainte-Colombe pour la musique m'a paru clair ainsi que l'amour de Madeleine pour Marin Marais. L'ambition de ce dernier est à peine esquissée et le comportement de Toinette reste inexpliqué.

Lien : https://dequoilire.com/tous-..
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Je me faisais tout un monde de ce roman dont j'ai longtemps retardé la lecture.
Me voilà déçue.

Pas vraiment par l'histoire car je la connaissais déjà par le biais du film. Mais plutôt par l'écriture même du roman.
J'imaginais un roman beaucoup plus lyrique. Il m'a manqué la poésie, les envolées musicales, ce je-ne sais-quoi qui fait s'extasier "Comme c'est beau !".

Sans doute avais-je trop idéalisé ce roman...
Pascal Quignard semble vouloir s'approcher d'auteurs du 18eme siècle qui mettent en avant la nature et le sentiment comme Bernardin de Saint Pierre ou même Rousseau, mais on ne peut faire d'un auteur contemporain un auteur classique. La passion de Madeleine pour Marin Marais ne m'a pas vraiment émue et certains passages qui se veulent grivois n'avaient pas vraiment lieu d'être dans ce roman, si ce n'est pour souligner la muflerie de Marin Marais.

Ceci dit, j'ai beaucoup aimé la place accordée à la musique et à la viole de gambe ainsi qu'à la peinture. Pour ceux qui aiment l'art baroque, tout est là.

J'ai également aimé le personnage de Sainte-Colombe. Solitaire, fantasque, violent, amoureux de sa femme décédée et de la musique. Il est le maître incontesté du roman de Quignard et séduit évidemment le lecteur par sa façon bien particulière d'appréhender la musique.

Voilà, c'est fait. J'ai lu Tous les matins du monde. Mais il est inutile d'en faire tout un tapage...
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Ce n'est pas la période des lectures plaisirs en riquiquis, limite galère !

J'ai un très bon souvenir du film mais à la lecture de l'histoire ce souvenir est plus lié à la musique ! Un bon point pour le texte, les tournures de phrases sont assez similaires à celles utilisées à cette époque et elles permettent de baigner dans l'ambiance.

Ça n'en reste pas moins une petite biographie de Marin Marais qui n'a pas eu, à mon avis, le succès qu'il aurait dû avoir et le souvenir collectif l'oublie souvent au profit de Jean-Baptiste Lully !

Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Pioche dans ma PAL août 2021
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1650, Madame de Sainte Colombe meurt en laissant deux fillettes et un mari musicien éperdu de chagrin. Réservé, solitaire, colérique parfois, transi d'amour pour sa femme morte trop tôt, celui que nous connaissons comme le maître du compositeur Marin Marais, composa pour elle son fameux « tombeau des regrets ».
Les amateurs de musique baroque trouveront dans ce court récit de quoi satisfaire leur curiosité.
Une belle écriture, un brun austère, à l'image du personnage de monsieur de Sainte Colombe et de sa leçon de viole.
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Monsieur de Sainte Colombe est musicien ; il ne vit que par et pour la musique. Inconsolable depuis la mort de son épouse, il compose sur sa viole de véritables merveilles, reclus dans sa propriété, avec ses deux filles, loin du tumulte de la Cour de Versailles.
Un jour, se présente Marin Marais qui souhaiterait que Sainte Colombe lui enseigne son art. Ce dernier lui rétorque qu'il ne sera jamais musicien et c'est seulement des décennies plus tard, après le déchirement de sa famille, que le maître vieillissant accepte de jouer à son élève les merveilles qu'il a composées.

Une fois de plus, dans un court roman, l'écriture de Pascal Quignard m'enchante, sans que je puisse dire pourquoi. Ce livre-ci est une déclaration d'amour à la musique.
Apparemment, il y a eu une adaptation cinématographique que je vais m'empresser de rechercher.

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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Première incursion dans l'oeuvre de Pascal Quignard, je referme ce court roman avec l'impression d'être restée un peu sourde à sa beauté, si j'en crois les nombreuses critiques élogieuses qu'il a reçues et les analyses qu'il a suscitées. le roman s'ouvre sur la mort de Madame de Sainte Colombe, qui laisse dans le deuil ses deux petites filles ainsi que son mari; ne pouvant se remettre de la mort de sa femme, ce dernier trouve refuge dans sa musique, et dans le souvenir romantique de cette dernière, qu'il fait vivre. Biographie romancée de personnages historiques qu'il ne m'était pas donné de connaître, je n'ai pas réussi pendant ma lecture à m'y intéresser suffisamment pour m'y attacher, les trouvant tous même un peu antipathiques. Un rendez-vous manqué… et un film à voir que j'apprécierai peut-être davantage. Une belle phrase, cependant, que je retiens: « Tous les matins du monde sont sans retour. »
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La musique ne s'enseigne pas. La musique ne s'apprend pas. La musique est une grâce qui transcende la personne. Un souffle de l'au-delà. "Tous les matins du monde sont sans retour" pour qui a perdu sa raison de vivre.

"Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids". De l'archet du violiste perlent les pleurs de l'amour enfui. A jamais disparu.

Qui pour comprendre ? Le chagrin est une solitude, un puits sans fond.
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Curieux petit roman aux allures de nouvelle, sur un maître de musique et son élève, Marin Marais, également soupirant de sa fille. Amours tragiques, société compassée, poids du veuvage, sont autant de thèmes délicatement abordés par ce roman au charme suranné, surprenant quand on voit sa date d'écriture. Il a tout d'un classique !
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