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Citations sur La nuit se lève (97)

Mal voir, c'est perdre du temps et devoir toujours prendre de vitesse ce qui peut constituer un danger ; c'est vivre la rue comme un jeu vidéo, avec des snipers embusqués qu'il faut apercevoir à temps. Pour le moment, je gagne la guerre. Mais je vois de plus en plus souvent avec un laps de retard qui me fait sursauter. p.69
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Yves Pouliquen, qui a dirigé le service d'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu de Paris, utilise une image d'herboriste pour décrire l'oeil. "Il se compose d'une coupole nerveuse, la rétine, qui constitue une sorte de fleur sensitive ouverte vers l'avant et amarré à sa tige, le nerf optique." La fleur est un tissu conjonctif serré, où s'engagera la lame du scalpel. Le coeur de la fleur est mou et transparent, il contient le cristallin - lentille biconvexe qui travaille comme une loupe te focalise au centre de la rétine les images des objets perçus - situé derrière la pupille. A l'avant du cristallin, dans la chambre intérieure, se trouve l'humeur aqueuse dont le défaut d'écoulement entraine la montée de la pression endoculaire et le glaucome. Humeur sombre. Et d'où vient-elle, la garce aqueuse? Du corps ciliaire, une glande directement attachée à l'iris (encore les fleurs). L'humeur aqueuse circule dans l'oeil, elle baigne le cristallin avant de s'écouler hors de l'oeil à travers un filtre situé dans l'angle formé par le bord de l'iris et la cornée, un mal embouché dirait Michel Audiard, du genre capricieux et peu fiable. Le filtre du glaucomateux percole comme ses pieds, et résiste d'autant plus à l'écoulement de l'humeur aqueuse que des débris et le vieillissement naturel des cellules en parachèvent l'altération.
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Je sais aujourd'hui qu'il faut pardonner à sa pieuvre, pardonner à son corps, à tout ce qui s'autodétruit à l'intérieur de soi, pardonner à ce qui vous veut du mal. Il faut pardonner en bloc. Pour s'alléger.
Et se battre avec amour, un authentique amour de soi et de la vie. C'est le seul combat qui vaille.
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Être aveugle de naissance ou le devenir, qu'est-ce qui est pire ? Perdre la vue, ou n'avoir jamais vu ? Est-ce indécent de poser la question ? Comment ne pas se la poser ? Le mot "pire" suinte-t-il le mépris ? Est-il violent envers les non-voyants ? Est-il la marque de mon ignorance, de ma candeur, ou de ma bêtise ? Ou de ma nouvelle liberté ?
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A un ami qui me demande de lui décrire la maison au téléphone, je livre un laïus d'agent immobilier. Il me le fait remarquer. En raccrochant, vexée, je prends un papier et tente de représenter la maison par un patchwork d'impressions exempt d'allusions visuelles. Je lui envoie une heure plus tard par mail.
Odeurs de rose, de seringa, de cire, de glaise, d'humus forestier, odeur ferrugineuse du sang dans les paumes des mains, poignées métalliques du vieux garde-manger, leur cliquetis sur le bois, silence absolu de la grosse araignée noire entrée par le grillage déchiré du mur de la chaufferie, cachée dans la pénombre de ses fils collants, cartons rêches comme du papier d'émeri, fin de déballage, cheminée de pierre froide contre laquelle nous nous blottirons les joues en feu, senteurs de sauge, mur sud de la maison, de menthe, plus loin, près des mûriers, gouttes aromatisées aux agrumes pour chasser les odeurs dans trois WC, pyramides de bûches sentant le champignon pourri, le chien mouillé, le ciel d'orage, gémissement cauchemardesque de l'épervier, au-dessus de nos têtes, vigne vierge zonzonnante de guêpes, lourds impacts des mouches se cognant contre les vitres, cascade de gouttes de pluie sans pluie, son mat et affolé des graines chutant de la vigne, tomettes anciennes huileuses sous les doigts, grincements des volets du rez-de-chaussée, craquements du parquet au premier étage, herbe piquante, " il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent ", bruissements dans les cimes des peupliers, un train au loin, le Trouville-Paris troue le silence, meuglements répétés au crépuscule, doux frou-frou des ramiers dans le hêtre, staccato de petits coups secs en haut d'un arbre, ça ressemble à un pivert.
L'ami me répond un peu plus tard qu'il voit la maison.
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Le neurologue français Raymond Garcin faisait remarquer : " La base de la médecine, c'est l'amour" et citait la réponse du Prix Nobel de médecine Charles Nicolle à un de ses collègues déplorant l'battement moral de son patient : "Lui avez-vous pris la main, au mois ?"
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"Lusseyran, dont le beau nom contenanit toute la lumière du monde (luss, lux), était d'une autre trempe. Adulte, il confia à un proche : "Je nage positivement dans la lumière (...) J'ai été très joyeux de hui à vingt ans, parce que je ne voyais pas." La cécité n'était pas pour lui une mutilation ou u handicap, mais une augmentation de la réalité et un don de Dieu.
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Le docteur Valtot n'appartient pas au monde des médecins pratiquant des blitz-consultations, planqués derrière leurs lentilles, qu'on ne peut toucher et que rien ne semble toucher. Il arrive que ces praticiens amoureux de leur surface sociale adoptent une posture révélatrice : le haut du corps se projette très en arrière dans le fauteuil et leurs bras se croisent - équivalent d'un " je m'en lave les mains ".
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Ramasser les débris et marcher dans la nature pour me laver le regard, les yeux dilatés comme deux petits poumons translucides : tout est lié.
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Je me laisse guider par un médecin réputé qui veut voir, de ses yeux voir, ce qui fait que les miens ne voient plus la nuit, et de moins en moins le jour.
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