Une course de vitesse médicale qui s'est accompagnée d'une manie obsédante, ridicule, sisyphéenne : ramasser les déchets largués par ceux qui prennent l'environnement pour leur poubelle. Le réflexe est devenu mission, rapporter les canettes d'aluminium et les morceaux de plastiques abandonnés sur les plages normandes, glaner les papiers sales largués sur les trottoirs et les squares parisiens, nettoyer, purifier, restaurer. En bas de chez moi, où les carrés de verdure sont constellés de déchets, j'enfile régulièrement des gants de cuisine roses, tracte un sac-poubelle géant et le remplis en grommelant, rêvant d'y enfourner après l'avoir tabassée l'adolescente à écouteurs qui vient de larguer son gobelet Starbucks et une clope mal éteinte au pied d'un platane.
Réécouter "Legalize marijuna, I'm say it cure glaucoma", le couplet du Jamaïcain Peter Tosh, qui s'y connaissait en médecine naturelle. Je ne fume plus, et ne me drogue plus depuis un mauvais trip au haschich, il y a vingt ans, où je faillis sauter par la fenêtre des toilettes d'un hôtel (trop étroite, torse coincé, gag piteux). Mais pourquoi pas le cannabis thérapeutique ? Plusieurs pays européens l'autorisent. Le Dronabinol, une molécule développée en laboratoire aux Etats-Unis et approuvée depuis trente ans par la Food and Drug Administration, est la version synthétique d'un des principaux cannabinoïdes présents dans le cannabis, Tétrahydrocannabinol (THC). Ses effets imitent ceux du THC naturel dans le cas du glaucome, le Dronabinol permet de détendre le nerf optique. J'en veux. De plus, le Dronabinol est commercialisé sous le nom de Marinol, qui évoque une opérette de Louis Mariano. Irrésistible.
Mon père souriait en permanence. Son sourire était un bouclier créant l'illusion de la sérénité.
Combien de temps mes yeux malades tiendront-ils sous les projecteurs ? Dévoiler le secret, écrire sur le glaucome, c’est prendre le risque de faire pitié ou de déclencher une réunion en haut lieu pour me trouver une remplaçante aux yeux en béton armés. Me voilà forcée à imaginer la suite, si lire devenait impossible
Écrire sur la maladie est une lutte contre la honte, le déni et la peur.
La vue devant soi, c’est fini.
Voir moins, vivre mieux ? Chiche.
souhaite-t-il mourir, lécher du sucre, être caressé, touché, bercé, que sait-on des passions d’un vieil homme emmuré ?
Comment font-ils pour avancer dans la nuit ?
Je me force à me recueillir, me fais pleurer, une purge des canaux lacrymaux bienvenue, finis par sangloter, submergée par l’autoapitoiement, par l’inanité de ma démarche, aussi, tout se mélange.
les malades sont masochistes et capables de confondre sciemment brutalité et sincérité pour ne pas être abandonnés. Au début, en tout cas.