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Citations sur La nuit se lève (97)

Ramasser les débris et marcher dans la nature pour me laver le regard, les yeux dilatés comme deux petits poumons translucides: tout est lié.
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"Mais aurais-je pu adopter ma fille si nos regards ne s'étaient pas croisés dans la touffeur d'un orphelinat rural cambodgien, un matin de mai 2003 ?
[...]
Aspirée par son regard, je suis allée vers ce bébé qui est devenu ma fille.
Oona, née dans mes yeux."
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Être aveugle, est-ce avoir un rapport nécessairement distancié à son corps au point d’être indifférente à son apparence physique, et au jugement des autres ? Comment une aveugle s’envisage-t-elle jour après jour, sans reflet ? La question vaut pour un homme, aussi, mais la femme de cinquante-cinq ans que je suis, cheveux blancs-corps juvénile, se projette. Ride véloce, poil intempestif, miette de nourriture collée à la commissure des lèvres, épi dans les cheveux, tache, trou, salissure, couleurs qui jurent entre elles : le petit coup d’œil mécanique au miroir en passant, l’œillade approbatrice en direction du reflet, les longues minutes de stase dégoûtée devant la glace, autant de modalités du dialogue avec soi totalement étrangères aux aveugles.
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Le plus bénin et le plus comique parmi ces effets indésirables, c’est l’hyperpilosité. La notice n’en fait pas mention, mais les fabricants de produits de parapharmacie stimulant la pousse des cils le savent bien, qui utilisent les mêmes principes actifs dans leurs mascaras. Latanoprost, Lumigan, Monoprost font pousser les poils sur tout le corps, avec mention particulière pour le visage. Sans aller jusqu’à l’hirsutisme, l’invasion est réelle, et le poil vigoureux, sain et surtout, véloce. Un demi-millimètre par jour, à vue de nez. C’est énorme pour une femme normalement soucieuse de son apparence mais sous-équipée du côté de la confiance en soi, une femme qui évolue dans un milieu professionnel compétitif et cruel, le monde de la télévision, qui scrute à la loupe l’apparence de ses protagonistes à l’écran.
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“tough cookie”, le surnom ironique donné aux femmes libres qui revendiquaient autonomie professionnelle et égalité avec les hommes aux États-Unis, dans les années 30-40. J'aime l'image, biscuit sec sur lequel on se casse une dent. L'obstination est une leçon et une direction.
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Fondé sur la sensibilité et l’instinct, le rapport avec autrui met en branle d’invisibles capteurs. Ce rapport est menacé par la froide efficacité du numérique, et ses leurres déshumanisants. Imagine-t-on l’assistant vocal d’un smartphone ou de Google éprouver une amitié sincère pour Borges, et celui-ci percevoir son amitié ?
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Le braille s’est imposé au milieu du XIXe siècle, et la mise au point de l’écriture à six points demeure le coup de génie du tout jeune homme qui changea la vie des aveugles en donnant un relief, un corps, une matérialité aux lettres et aux mots. Braille fit passer le mot de l’invisible au visible, de l’immatériel au tactile.
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Lancez un malade sur le sujet de la brutalité du corps médical, il devient un réservoir inépuisable d’anecdotes grotesques et d’histoires révoltantes dont le mot de la fin est toujours le même : impunité. (…)
L’asymétrie absolue de la relation – celui qui sait domine celui qui ne sait pas, celui qui peut écrase celui qui est impuissant, celui qui soigne et sauve tétanise celui qui souffre et meurt de peur – devrait inciter les médecins à prendre la main de leurs malades.
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Comme Hitchens, Ogien s’est battu contre le dolorisme, au risque du désespoir, mais avec le bénéfice de l’autodérision. L’un et l’autre n’en avaient rien à faire du rôle positif de la maladie, célébrée – par ceux qui radotent leur Nietzsche et son « ce qui ne tue pas rend plus fort » – comme accélérateur d’élévation spirituelle, d’empathie, de miséricorde, de détachement. Tous les malades connaissent le refrain seriné par les bien-portants : la maladie vous grandit et vous fortifie, rend vertueux, permet d’accéder à des niveaux supérieurs de conscience. Qu’importe si on en meurt, on meurt éclairé. La maladie, ce cadeau ! Cette chance, osons le mot, de découvrir l’essence de la condition humaine, etc. De plus, Ogien contestait la dimension politique et économique du dolorisme qui condamne les plus démunis à la résignation.
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« C’est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps. (…) Demander pitié à notre corps, c’est discourir devant une pieuvre, pour qui nos paroles ne peuvent avoir plus de sens que le bruit de l’eau, et avec laquelle nous serions épouvantés d’être condamnés à vivre. » (Christopher Hitchens)
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