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EAN : 9780859891950
109 pages
University of Exeter Press (01/01/1980)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
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La date exacte de la création de la pièce (sur la scène de l'Hôtel de Bourgogne) n'est pas connue, mais elle a été jouée à la cour (donc la création date d'avant) le 6 janvier 1665. La pièce a été un grand succès, et Quinault a été autorisé à dédier la pièce à la reine, lors de la parution la même année. Il s'agit d'une tragédie, le genre le plus noble, mais adaptée au goût du jour : l'amour est le premier moteur de la pièce, l'amour galant à la mode du XVIIe siècle. Quinault a voulu donné une assise historique à sa pièce, un roi de Tyr, Astarte est cité par certaines sources, dont Flavius Josèphe, mais tout ce que l'on sait c'est qu'il revenu sur le trône, suite à une usurpation. Ce qui laissait à Quinault la possibilité d'imaginer tout le reste.

Le côté très vague des sources historiques de la pièce a été un des arguments des attaques très virulentes de Boileau contre la pièce, par exemple dans son Dialogue des héros de romans :

Pluton. Quel est ce grand innocent qui s'en va des derniers, et qui a la mollesse peinte sur le visage ? Comment t'appelles-tu ?
Astrate. Je m'appelle Astrate […].
Pluton. […] Qui es-tu, toi ? As-tu jamais été ?
Astrate. Oui-da, j'ai été, et il y a un historien latin qui dit de moi en propres termes Astratus vixit, Astrate a vécu.
Pluton. Est-ce là tout ce qu'on trouve de toi dans l'histoire ?
Astrate. Oui. Et c'est sur ce bel argument qu'on a composé une tragédie intitulée, de mon nom, Astrate […]
Par ailleurs Boileau dénonce aussi « la tendresse » ou le langage amoureux quelque peu exagéré, jugé incompatible avec la noblesse tragique et l'invraisemblance de la pièce. La plume cruellement sarcastique de Boileau a donné une très mauvaise image de l'oeuvre à la postérité, d'une façon sans doute un peu injuste. Dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, Boileau défend âprement les Anciens, et assassine les Modernes comme Quinault, dont le grand succès fait une cible de choix.

Nous sommes donc à Tyr. La famille royale légitime a été décimée par des usurpateurs, la reine actuelles, Elise, a fait assassiner en prison l'ancien roi et deux de ses fils. Mais un dernier a pu échapper au massacre. Au début de la pièce, on attend le mariage entre Elise et son cousin Agénor, décidé par le père (décédé) d'Elise. Elise est aussi aimée par Astrate, le fils de Sichée, un seigneur. Astrate est un fameux général qui vient de sauver le royaume, mais il aime Elise. Il l'avoue à Agénor, qui refuse de le prendre au sérieux, puisqu'il n'a rien à craindre. Mais Elise repousse le mariage promis. Elle aime Astrate, et se dit que compte tenu de sa popularité et son efficacité militaire, il ferait sans doute un meilleur parti. Elle consulte Sichée qui essaie de toutes les façons de la dissuader de faire ce mariage.

Au deuxième acte, Elise lit un oracle de mauvaise augure : le troisième fils du roi légitime va la détrôner et elle va mourir. Elise avoue ses sentiments à Astrate, et lui demande ce qu'il lui conseille. Il lui dit que le mariage avec Agénor est plus raisonnable.

A l'acte III, Agénor semble triompher, la reine lui a remis l'anneau royal, et l'a laissé juge du mariage, en le prévenant qu'elle aimait Astrate. Malgré cela, Agénor veut l'épouser. Il parade devant un Astrate désespéré, et devant ses protestations veut le faire arrêter. Mais coup de théâtre, c'est lui que la reine fait arrêter, et elle a pris la décision de se marier avec Astrate, qui par ailleurs a démasqué certains comploteurs. Mais Sichée lui apprend qu'il est le principal comploteur et que dénoncer ses complices risque de le mener à la mort. Néanmoins Astrate veut prévenir sa bien-aimée pour lui éviter de périr.

A l'acte IV, Sichée, en désespoir de cause, avoue à Astrate qu'il n'est pas son fils, mais le fils du roi assassiné. Il ne peut donc épouser Elise qui a fait tuer toute sa famille. Rien n'y fait, Astrate, toujours aussi amoureux se précipite chez la reine, à qui il avoue son origine et fait des déclarations d'amour. Mais la révolte gronde, et les révoltés sont à la porte du palais. Astrate part se battre avec eux.

A l'acte V, la révolte triomphe, Astrate est désarmé. Sichée laisse à la reine la possibilité de se suicider plutôt qu'être exécutée. Elle se retire. Astrate arrive à convaincre Sichée à le laisser épouser Elise. Mais il est trop tard, elle s'est empoisonnée.

La pièce, malgré son appellation de tragédie et sa fin, garde des caractéristiques de tragi-comédie, genre cher à Quinault. Elle est très romanesque, avec beaucoup de retournements, d'action. C'est une des choses qui lui ont été reprochées, mais cela devait être spectaculaire et plaire au public. Et incontestablement l'auteur maîtrise bien tout cela.

Les personnages sont plus complexes qu'il n'y paraît, la plus intéressante est sans doute Elise. C'est à priori une méchante, mais elle exprime à un certain moment une sorte de fatalité : a-t-elle vraiment eu le choix, compte tenu de l'usurpation de son père, et en face d'une révolte, de faire autre chose que de faire tuer le roi et ses fils, si elle ne voulait pas mourir elle-même ? Son amour pour Astrate est sincère, mais en même temps, elle juge avec une certaine objectivité qu'il peut lui apporter plus qu'Agénor, qui appartient à la même famille détestée, et en plus piètre militaire...Lorsqu'elle se tue, elle le fait aussi pour ne pas être une gêne pour celui qu'elle aime. Il y a aussi des choses intéressantes chez les autres personnages, Sichée, même s'il a sauvé Astrate au risque de sa vie, est retors et manipulateur, par exemple il essaie de monter Agénor contre Elise, assez impitoyable également. Agénor exprime une vision bien peu galante de l'amour, du moment où Elise l'épouse et qu'il peut l'avoir dans son lit, il lui importe peu qu'elle aime réellement Astrate. le seul problème de la pièce, est en réalité le personnage titre. Cet amour absolu pour Elise, qu'il est prêt à défendre au détriment de tout et surtout lui-même, ce langage galant, tout de dévouement et d'adoration, est réellement invraisemblable, et tranche avec les autres personnages, et prête par moments à sourire.

Mais cela n'annule pas les aspects plus réussis de la pièce, qui au final s'avère plus intéressante que ce que les méchants sarcasmes de Boileau ne laissaient entendre. Construction plutôt habile, personnages bien caractérisés, une dose de cynisme et de réalisme politique et sentimental, et des vers bien maîtrisés. Quinault était un auteur de talent, évidement sans commune mesure avec Corneille et Racine, mais dont le succès, qui répondait certes à des attentes du public de l'époque, n'est pas immérité.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elise
Le sort m'avait flatté ; il me menace, il change ;
Ce n'est que sa coutume, il ne fait rien d'étrange :
Il avait trop longtemps soutenu mon parti ;
A ne s'en pas dédire, il se fût démenti.
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Astrate
Puisque jusqu'à vos yeux mes feux ont éclaté,
J'aime, je le confesse, avec témérité ;
J'aime en dépit du sort, dont l'aveugle puissance
De moi jusqu'à la Reine a mis trop de distance ;
J'aime malgré l'hymen de qui les noeuds sacrés
Pour vous unir demain sont déjà préparés ;
J'aime malgré l'horreur de perdre ce que j'aime,
Et pour dire encor plus j'aime malgré moi-même.
Mais malgré votre hymen, mon destin et mes soins,
Malgré tous mes efforts, je n'en aime pas moins.
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