Citations sur Les excès de la finance ou l'art de la prédation légalisée (20)
Aujourd'hui, ce sont les entreprises qui financent les marchés. Il y a plus de rachats d'actions que d'émissions d'actions. Depuis 1980, aux Etats-Unis, les entreprises versent plus d'argent aux actionnaires qu'elles n'en reçoivent.
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Taxer les transactions financières : l'idée vient d'un économiste, James Tobin, en 1978. Près de quarante ans plus tard, la question n'est toujours pas réglée. En France, depuis 2012, il existe une taxe, mais elle est limitée. Elle ne touche que les actions et non les produits dérivées ou le trading haute fréquence. Elle rapporte environ un milliard d'euros par an. Cette taxe devait être étendue aux transactions intra-journalière. Mais le premier ministre français, Edouard Philippe, a supprimé cette disposition pour accroître l'attractivité de la place financière de Paris, au grand dam de nombreuses associations.
La taxe européenne sur les transactions financières ne cesse, elle, d'être reportée. Plus large que la taxe française, elle devrait inclure les produits dérivés. Dix pays européens s'y sont engagés. Selon la Commission européenne, elle devrait rapporter 22 milliards d'euros par an. Cependant, ce serpent de mer vient une nouvelle fois d'être reporté par le président français, Emmanuel Macron, à la fin du Brexit, prévue en 2019 !
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Certains chantres de la politique veillent avec rigueur sur les places financières et distillent dans les esprits, les cœurs et les âmes des désirs fous et toujours renouvelés, sans générer la satisfaction sans cesse recherchée, sans cesse rendue inaccessible par des désirs impossibles.
Par ailleurs, l'abondance pour les uns crée de l'indigence pour la majorité des humains hébergés par notre magnifique sphère vivante. Par une loi implacable et inéquitable, l'excès de finance d'une minorité provoque le dénuement d'une immense majorité. Chaque jour, des enfants sont sacrifiés sur les autels de la "pseudo-économie" pour que les boulimiques producteurs de montagnes de rebuts puissent tenter, sans toujours y parvenir, d'apaiser des désirs provoqués par le sentiment permanent du manque. Il n'y a rien de plus attristant qu'un être humain conditionné à n'avoir jamais assez et à se rendre impossible cette sensation, belle et savoureuse, nommée profonde satisfaction.
« Monsieur, la barque amarrée devant vous vous appartient-elle ?
- Oui, répond le pêcheur.
- Mais elle est petite, s’étonne le promeneur. Vous pourriez en avoir une plus grande.
- Et après ? rétorque le pêcheur.
- Vous pêcheriez plus de poissons et vous achèteriez une plus grande barque.
- Et après ?
- Ensuite, vous pourriez acheter un bateau et vous embaucheriez des pêcheurs.
- Et après ?
- Après, vous pourriez enfin vous reposer.
- Eh bien, c’est ce que je suis en train de faire », rétorque le pêcheur.
Petite histoire humoristique, mais à méditer avec sérieux.
La nature était la dernière frontière qui résistait encore à la finance. Les conséquences pourraient être irréversibles. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment le secteur financier a-t-il pu prendre autant d’ampleur et avoir autant d’impact sur l’ensemble de la société ?
La plus grande partie des activités non rémunérées des citoyens ne sont pas comptabilisées. Peut-on imaginer la moindre survie sans les innombrables gestes gratuits que nous partageons avec toute créature vivante ?
Les grand-messes internationales comme la COP21 continuent à illusionner l'opinion en la détournant d'une logique mondiale meurtrière (la mondialisation étant une guerre économique réelle et destructrice). Dans ce contexte, la pulsion de l'accaparement et de la prédation du bien commun se trouve légitimée. La souveraineté absolue de la finance autorise de nombreux arbitraires dans le vivre-ensemble global.
Le divertissement, comme besoin ludique utile en soi, est devenu dans les sociétés prospères une grande et véritable industrie de la diversion. Sans jamais se départir du respect dû à leurs personnes, les divertisseurs sont une catégorie à part, portée aux nues et brillant comme des étoiles au firmament de l'universel ennui. Ne les appelle-t-on pas des stars ? Ces rituels jupitériens permettent aux foules d'exalter leur adoration. Cette adoration devrait être dédié aux forces et à la beauté de la nature, du ciel étoilé, à l’innocence de l'enfant que nous avons tous été.
Un jour, la planète Terre est visitée par une autre planète. « Comme vous êtes mal en point », lui dit la visiteuse. « Ne m’en parlez pas, répond notre Terre, j’ai attrapé l’humanité... - Ah, ce n’est que cela ! Moi aussi, je l’ai attrapée, mais je m’en suis guérie. Tout va bien à présent. »
Le problème n'est pas la finance ou l'argent, mais l'intention.