AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 70 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Naissance de la Sérénissime

La quête des reliques de Saint Marc permet à Patrick Rambaud de nous offrir un grand roman d'aventures et une belle fresque historique.

C'est dans un autre roman qui connaît actuellement un grand succès que j'ai trouvé le résumé de ce nouvel opus de Patrick Rambaud. Jean d'Ormesson dans Et moi, je vis toujours revient sur la genèse de l'une de ses villes préférées : « Née, dans un paysage ingrat au milieu des marais, d'un afflux de réfugiés chassés d'Aquileia, vous le savez déjà, par les Huns d'Attila, Venise est le triomphe du génie des hommes sur l'hostilité de la nature. Non, je ne vous parlerai pas de la basilique Saint-Marc qui doit son existence et son nom aux reliques de saint Marc l'évangéliste ramenées de Palestine, au risque de leur vie, par des marins vénitiens qui les avaient dissimulées sous de la viande de porc. » Or, c'est précisément à ses marins vénitiens que s'intéresse Patrick Rambaud, à leur malice et à leur intrépidité qui leur permirent de mener à bien leur projet un peu fou.
Mais avant d'en venir à cette belle relation d'un voyage à hauts risques, disons quelques mots d'une oeuvre classique qui explique le titre du livre, le Décaméron de Boccace. Dans la sixième nouvelle de la sixième journée, on nous explique que « Dieu a créé les Baronci au moment où il faisait son apprentissage de peintre. Les autres hommes, il les a faits quand il savait déjà peindre. » Nous voici par conséquent revenus à cette époque où Dieu apprenait le dessin, où il tâtonnait encore, où il lui fallait encore affiner ses premières esquisses. Nous voici en 828.
Pour asseoir son pouvoir le Doge Justinien a une idée susceptible de calmer les Romains et les autorités religieuses en leur apportant la preuve qu'ils sont au même niveau de dévotion. Il veut offrir à ses fidèles une relique et confie à ses meilleurs hommes le soin d'aller dérober celle de Saint-Marc en terre impie: « Je vous sais rusés, débrouillez-vous mais rapportez ici la relique de l'évangéliste par tous les moyens! Sous la protection de saint Marc nous pourrons traiter à égalité avec Rome. Et nous fondrons une République de mille ans!»
Avec un amuse-bouche intitulé «La peur», l'auteur nous dresse un état des lieux dans les moeurs de l'époque. On peut les résumer abruptement en disant que le plus fort a toujours raison. Sur les pas des Vénitiens s'aventurant vers Mayence, on ne va pas tarder à s'en rendre compte. Ce sera aussi l'occasion pour ce détachement de faire une démonstration de son habileté à ruser. Une qualité qui va devenir indispensable dans la seconde partie, « le pouvoir ». On y sent l'auteur des chroniques de Nicolas 1er et de François le Petit, désormais habitué à analyser les intrigues de pouvoir, dans son élément. Avec une jubilation non feinte, il nous détaille les moyens – souvent peu recommandables en terme de justice, de loyauté ou d'équité – mis en oeuvre pour régner.
Mais c'est avec la trosième partie, « L'aventure » que je me suis le plus régalé. Dans les ruelles d'Alexandrie, sur la piste de ces reliques convoitées par les deux émissaires, Marino Bon et Rustico, on savoure, on tue, on s'amourache, on s'enivre au point d'oublier sa mission première, ou presque. Mais au bout du compte, on mettra bien la main sur ce que l'on pourra présenter comme les reliques authentiques. À moins que le titre du dernier chapitre, « La légende » ne soit aussi ne mise en garde sur la véracité historique de cette expédition. Mais qu'importe, l'essentiel n'est-il pas de «construire le roman national» comme on a pu l'écrire de l'histoire de France. Dans cette mission là, Patrick Rambaud est inégalable!

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          180
C'est en 1990 que Patrick Rambaud a imaginé cette rocambolesque histoire, pourtant basée sur des faits réels.
Il nous offre , avec un souffle épique, une traversée du neuvième siècle et du Haut Moyen Age ; la France est gouvernée par Charles le Pieux, fils falot de Charlemagne. Nous sommes encore chez les barbares et n'avons pas retenu grand-chosedes civilisations grecque et latine. Par contre la religion est de mise dans chaque acte (répréhensible ou pas)de la vie quotidienne.
A Venise, là où prospèrent les marins et les marchands, l'idée d'une protection, genre saint patron fait son chemin, et on se souvient que Marc l'évangéliste se trouve sous la protection des chrétiens d'Alexandrie . Qu'à cela ne tienne, deux capitaines vénitiens partent là bas avec leurs vaisseaux, sorte de croisade en quelque sorte et après de multiples péripéties ramènent la relique et l'installent au palais ducal.
La relique trouvera sa place dans la basilique St Marc au XV siècle.
L'ironie corrosive propre à l'auteur donne le sourire, la lecture est facile, et se rafraîchir la mémoire de cette manière est bien agréable.
Commenter  J’apprécie          80
Commerçant vénitien réputé, Rustico arpente le continent européen d'est en ouest pour vendre aux « barbares » francs ses épices, soieries et esclaves. Chaque périple amène son lot de surprises, une rencontre avec Louis le Pieux, fils de Charlemagne, le sauvetage d'un moine en passe d'être pendu, ou encore la menace d'être ébouillanté vif. Dans une Europe acquise au christianisme et aux superstitions, il est aisé de vendre n'importe quoi à n'importe qui, sous couvert de sainteté. de retour à Venise, Rustico est mandaté, avec le tribun Marino Bon, pour aller « récupérer » la momie de Saint Marc à Alexandrie : avoir un saint patron digne de ce nom est le seul moyen pour Venise de s'émanciper de Rome une bonne fois pour toutes. le périple reprend, vers le sud cette fois, où les hommes sont certes plus instruits et plus raffinés, mais où la religion et la violence restent toutes puissantes.
Le Moyen-Âge est rarement le sujet de prédilection des écrivains, ce qui semble compréhensible quand on réalise ici le barbarisme de nos ancêtres francs, incapables de capitaliser sur les progrès apportés par l'Empire romain… Et pourtant, ce siècle offre ici à Patrick Rambaud une source inépuisable d'anecdotes improbables et hilarantes. Tous les personnages y passent, toutes les coutumes et surtout, toutes les légendes fantasques revendiquées par la religion. Ah, des reliques, on en voit passer, toutes plus saintes les unes que les autres, et pourtant…
Patrick Rambaud s'attaque sans pitié à la dévotion chrétienne extrême des hommes de l'époque, leur aveuglement et leurs superstitions manipulées sans vergogne par le clergé. Même le roi des francs, Louis le Pieux, « pratique la sainteté » et utilise les croyances populaires pour se débarrasser des gêneurs. D'aventures loufoques en faux miracles plus ou moins habilement orchestrés, nous voyageons de Mayence à Alexandrie, hallucinés par les moeurs de l'époque, amusés par les répliques grotesques des personnages principaux et presque choqués par la facilité avec laquelle les uns et les autres se font manipuler par nos marchands vénitiens.
Même pas besoin d'être passionné d'histoire pour apprécier cette satire savoureuse proposée par Patrick Rambaud – le récit romancé permet à chacun de se prendre au jeu de cette aventure rocambolesque. A savourer sans modération !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          70
Le dernier livre de Rambaud n'a pas le souffle de ses épopées napoléoniennes que nous avions tant aimées. On pourra aussi lui reprocher d'avoir pondu un hybride, empruntant ici au style des contes historico-artisitiques d'un Dominique Fernandez et là, à la démonstration orientaliste d'un Mathias Énard. L'érudition ne suffit pas. Mal assimilée, elle finit en d'interminables citations de lieux, de personnes... et cela peut lasser. le livre se lit bien pourtant. C'est quand il mêle vérité historique et décalage contemporain que Rimbaud excelle, quand les clins d'oeil de l'histoire, absurdes ou grotesques, nourrissent son propos. On se régale, on le suit volontiers à travers la lagune, jusque sur la mer méditerranée et dans les faubourgs d'Alexandrie. Je peux me tromper mais j'avance ceci : je ne suis pas certain que l'Orient soit le terrain de jeu préféré de l'Académicien. Pour une raison simple : l'ironie et le sarcasme sont mal compris sous des terres moins sensibles au tempérament gaulois.
Commenter  J’apprécie          20
Que sait-on véritablement sur la naissance de la ville de Venise ? On reconnaît les paysages, ses lagunes et ses canaux. Son architecture et ses gondoles. Mais savez-vous que cette ville mythique a été le centre de biens des convoitises politique et religieuse ? Soif d'indépendance, le début du IXe siècle sonne le glas du pouvoir qu'exerce l'Eglise sur cette province. Comment ? Enlever la dépouille de Saint-Marc de la ville d'Alexandrie pour le placer à Venise. Ainsi, sous sa protection, la récalcitrante ville pourra rivaliser avec Rome et instaurer une république. L'ambition du nouveau souverain est à la hauteur de celle de Patrick Rambaud, raconter l'éclosion d'une cité. de cette rocambolesque aventure non dénuée d'humour, apparais devant nos yeux les contours d'une époque violente d'où naissent les légendes.

En 828, récemment intronisé, le doge de Rialto cherche à assouvir son pouvoir face à Rome et créer une République de mille ans. Pour se faire, il missionne deux tribuns, Rustico et Bon. Leur mission ? Ramener la dépouille de l'évangéliste Saint-Marc et ainsi, proclamer leur indépendance. Marchands réputés, les Vénitiens s'embarquent pour une aventure pittoresque où la barbarie reflète une époque de grande instabilité. Rustico y fera la rencontre de Thodoald, un moine français dont la malice est aussi grande que sa soif d'alcool ! 

Avant tout, je tiens à remercier Lecteurs.com et particulièrement Dominique Sudre, pour m'avoir offert la possibilité de participer à ce Club des Explorateurs. Lorsqu'elle m'a proposé de lire puis de soumettre une critique sur un livre surprise, j'ai tout de suite dit oui. Il faut savoir vivre dangereusement ! Ne sachant pas du tout sur quel genre de livre, j'allais devoir chroniquer, j'ai été totalement surprise à l'ouverture du paquet. Quand Dieu apprenait le dessin de Patrick Rambaud ? Pas entendu parler et jamais lu cet auteur. En avant, tête baissée, à la découverte non seulement d'un auteur, mais aussi d'un livre passionnant...

Roman historique, j'ai dû me familiariser avec le style. Assez élitiste de premier abord, j'ai été désarçonné par cette écriture ampoulée, y regrettant une vulgarisation du contexte. Avec quelques mots sortant de mon champ lexical, cette lecture allait être ardue... Malgré un contexte historique complexe, les contours d'une aventure s'est peu à peu dessiné pour révéler avec beaucoup de drôleries, les péripéties du tribun Rustico et du moine Thodoald. 

Avec un travail de documentation conséquent, Patrick Rambaud évoque un pan de l'histoire méconnu. Grâce à des personnages attachants et amusants, il ne raconte pas seulement L Histoire, mais aussi l'état d'esprit de ce siècle. L'humour et la cocasserie des situations détournent le sérieux de cette mission pour mieux ridiculiser la religion comme la politique. Comme lorsque Thodoald se voit demander par les villageois de prier pour appeler l'orage, puis se retrouve pendu car la pluie tombant trois jours durant, créée des inondations. Ou quand celui-ci décide de rester vivre en Egypte auprès de deux coptes, alors qu'il ne croit pas vraiment en Dieu... J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'idée des libertés que s'octroient les hommes à ce sujet pour les soustraire à leur avantage. Où s'arrête la religion, quand commence les légendes ?

En mettant également en avant la position instable de la politique, l'auteur y explique l'instrumentalisation de la religion afin d'asseoir le pouvoir. On comprend alors les desseins qui se sont joués et l'obscurantisme d'une époque qui se cherche, et dont découle la barbarie. Et la violence est bel et bien présente. Comme la punition dont est victime Rustico lors de son escale à Mayence et qui consiste à ébouillanter son bras pour avoir supposément acheté des armes illicites. Ou encore l'essai de ces mêmes armes sur un prisonnier à Alexandrie, qui permet littéralement d'éventrer. Charmant !

Quête rythmée en quatre parties, l'auteur a su m'embarquer aux confins de l'Histoire malgré un début chaotique. Palpitant, ce roman ne manque pas d'action et apporte surtout une connaissance nouvelle de cet étonnant épisode. Mais les Vénitiens ont-ils réussi ou failli à leur mission me direz-vous ? Pour le savoir, il va falloir lire ce récit qui se prête facilement aux légendes. 


Lien : http://bookncook.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (161) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1835 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}