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Citations sur La beauté sur la terre (50)

Elle avait une jolie robe de foulard blanc avec des bouquets de fleurs bleues, un col de lingerie. Elle tenait son livre de cantiques dans la main gauche, elle avait des gants de coton blanc. Elle s’était faite belle pour lui. Elle n’avait pas plus de dix-sept ans, lui dix-huit. On lave ses cheveux blonds avec un shampooing à la camomille dans sa cuvette, avant de se coucher ; on en roule les mèches avec soin dans des papillotes de cuir ; et au matin, le soleil revenu, on voit la belle couleur de miel qu’ils ont, – et tout ça inutilement, et toutes ces choses pour rien.
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-- Voyons, a dit le patron, tu ne vois pas que c'est un timbre d'Amérique ?... Santiago, dans l'île de Cuba. Et la lettre est une lettre officielle, pas moyen de s'y tromper. Et qu'est-ce qu'il faut que je réponde ?
-- Ma foi, a dit Rouge, à ta place, moi, je la laisserais venir.
-- Tu crois ?

(C.-F. RAMUZ, "La Beauté sur la terre", 1927, I -- incipit)
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On voyait les branches nues des platanes aller horizontalement à la rencontre l’une de l’autre comme les
poutres d’un plafond ; elles projetaient leurs ombres jusque
sur les tables de la salle à boire, dans le bout desquelles elles se cassaient, laissant tomber leur autre moitié sur le plancher. La lumière du lac venait par-dessus le mur bordant la
terrasse, elle frappait de bas en haut les branches et les gros troncs verts.
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Émilie n’a rien répondu. Elle redescend l’escalier. Et elle va, mais où aller ? On n’existe que là où il est ; rien n’existe où il n’est pas.
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C’est la petite Émilie. Elle avait une jolie robe de toile à rayures, elle avait un chapeau de paille avec un ruban de soie, elle avait ses beaux cheveux blonds : oh ! qu’est-ce qu’on cherche dans la vie ? Elle demande aux arbres s’ils ne l’ont pas vu. Elle va sous des cerisiers dans un chemin herbeux, marqué seulement par deux ornières ; mon Dieu ! comme on est solitaire ! Elle lève les yeux, elle voit qu’il n’y a rien, qu’il n’y a personne nulle part. Personne que sa petite ombre qui est un peu à gauche et un peu en avant d’elle dans l’herbe. Elle regarde alors en arrière d’elle où on voit le village s’abaisser peu à peu, vu d’en dessus, avec ses toits ; mais ça ne compte pas, ces toits. Ni ces pommiers, ni ces noyers, ni ces poiriers, ni toutes ces barrières, ni la ligne du chemin de fer, ni la gare [...] Elle va seule, avec son ombre.
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Moi, où est-ce que je vais aller? Il se fait un grand obscurcissement du jour sur le chemin blanc qui devient gris, un obscurcissement du soleil dans le ciel qui se voile, sur l'herbe, sur les tables, là où l'on boit, là où on s'amuse, là où on rit. Les chevaux de bois tournaient avec immobilité ; les enfants soufflent dans leurs trompettes de carton avec silence. La foule la poussait de nouveau entre les échoppes où les bonshommes alignés aux yeux de sucre la regardent venir sous leurs plumes.
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Elle a été tout à fait chez elle ici, peut-être, pendant quelque temps, parce qu'il n'y avait personne, c'est-à-dire qu'il n'y avait qu'elle et nous; elle et nous, et les choses et nous. Quelques mouettes et aussi quelquefois, les cygnes qui venaient nous faire visite, gonflant leurs plumes de colère pour peu qu'on passât trop près d'eux; à part quoi rien et pas un être en vie ( maintenant que dans la forêt les oiseaux avaient commencé à se taire); si bien qu'il n'y avait que l'eau et les belles couleurs de l'eau, il n'y avait que le sable, les pierres. Une ride est à côté d'une autre ride dont elle s'écarte. On était avec le bateau à la pointe d'un angle fait de deux plis, dont les côtés allaient s'élargissant avec douceur comme dans une étoffe de soie.
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Les choses ont été ainsi qu'à peine les marchands de bétail avaient-ils disparu au tournant de la rue, le Savoyard , lui, est paru ou reparu; et c'est qu'on tourne autour de la beauté. C'est sur la terre, et on n'a pas assez de voir sur la terre. On y est gourmand, on y a faim; on veut posséder.
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— Qu’est-ce que ma femme va dire ?
Rouge vida le fond de sa chopine de trois décis dans son verre ; il ne répond rien.
Il avait une grosse figure rouge, une casquette de marin à visière de cuir verni, la moustache presque blanche. Il portait un tricot de laine bleue à col montant, qui boutonnait sur l’épaule. Court, gros, carré, il se tenait le corps en avant sur son siège sans dossier, tirant de temps en temps sur la pipe qui lui pendait au coin de la bouche. Il n’a rien répondu, il a dit seulement :
— Oui…
Il a dit : « Oui », une seconde fois.
Il prit son verre qu’il vida, ayant logé sa pipe dans la paume de sa main gauche ; il fit claquer sa langue, il s’essuya la bouche du revers de la main :
— Tu n’as pas vu Décosterd par hasard ?…
Milliquet secoua la tête.
— Il faut que j’aille voir ce qu’il fait.
Il se lève. Et c’est alors qu’il a repris :
— Le consul ne te dit pas si elle est jolie ?…
Il tira sur son maillot qui faisait des plis autour de son gros corps et qu’il a soulevé sur le côté pour aller prendre son porte-monnaie :
— Quant à ta femme, a-t-il recommencé, dis-toi bien que tu auras une scène, quoi que tu fasses, mais tu en as l’habitude… Au revoir.
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(...); c'était comme si, quand le jour venait sur l'eau brillante, la nuit fût demeurée dans l'épaisseur des branches. on la remisait là, à l'aube pour l'en faire sortir de nouveau vers le soir. Plus loin que le bois, le sable cessait de nouveau pour faire place à des galets, mais cette fois la rive s'élargissait rapidement, à cause d'une pointe qu'elle poussait vers le large.

Chapitre V
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