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Citations sur Si le soleil ne revenait pas (42)

On te connaît dans les plus petits détails, o montagne ; tu es comme une femme avec qui on a longtemps couché ; il n'y a pas une tache, pas le moindre défaut, pas le moindre grain de beauté sur ta peau qu'on ait du moins touché une fois des doigts ou des lèvres.
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- Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi... Eh bien je vais te dire, parce que tu n'as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41, ça fait le compte. Il est dit que le ciel s'obscurcira de plus en plus, et un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours.
- Rien que pour nous?
- Pour tout le monde.

Image de la citation:
http://www.notrecinema.com/images/filmsi/si-le-soleil-ne-revenait-pas_341750_42526.jpg
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Car même au gros de l'hiver, même dans ces villages où le soleil ne se montre pas de tout le jour, rien n'est plus beau à voir, d'ordinaire, que la pureté du ciel et l'éclat de la neige. Même ici où on ne voit pas le soleil pendant six mois, on le sent qui est là, derrière les montagnes, et envoie en délégation ses couleurs, qui sont le rose pâle, le jaune clair, le roux, dont un pinceau minutieux revêt autour de vous les pentes. La neige sur les toits est comme du linge qu'on vient de passer au bleu ; elle est sur le côté des toits comme des piles de draps de lit pliés en quatre dont on voit les épaisseurs, lesquelles débordent ; et la masse dépassante, de temps en temps, se rompt et tombe, avec un bruit d'écrasement, comme un fruit mûr. La neige est à la pointe des pieux comme des bonnets en laine d'agneau. L'air est à la fois immobile et animé d'un mouvement secret ; il ne se respire pas, il se boit. Il est plus transparent que le cristal, si loin que porte le regard, de sorte qu'au lieu de ternir les choses ou de les brouiller, il les rend nettes, il les rapproche, comme des verres de lunettes. Et il y a un moment où le soleil, tout en restant caché pour vous, éclaire brusquement les montagnes qui sont plus au fond de la vallée, tout une grande chaîne en demi-cercle qui est là : alors c'est comme un tas de copeaux où on viendrait mettre l'allumette. Voilà ces grandes vues sur des lieux de montagnes, et, pendant qu'on est soi-même dans l'ombre, de toutes parts elles flamboient (…).
Page 1282 – Édition de la Pléiade, tome 2)
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- Qu'est-ce que vous faîtes ? Vous manquez de bois ?
- Que non, disait-elle.
- Alors ? Disait-on.
- C'est pour le cas où le soleil ne reviendrait pas.
Toute courbée devant vous sous le poids de son fagot, sa jupe noire frottée d'une espèce de poussière grise, sa figure devenue toute jaune avec des taches de café sur le fond de la pente blanc :
- Et, continuait-elle, bien sûr que j'avais comme toujours ma provision pour jusqu'au printemps, si au lieu de faire plus clair à ce moment-là il se met à faire nuit, si au lieu que la chaleur vienne le froid augmente … Il faut prendre ses précautions. 
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— Et, disait Arlettaz, qu’est-ce qu’il faut faire ? Et, tu sais, que je l’ai cherchée [sa fille]. Deux ans que je la cherche, dis donc... Et tu comprends que, si on me dit que c’est la fin, la fin du monde, moi, je réponds : « Tant mieux! » Comme ça, je n’aurai plus besoin de chercher. Jusqu’aux deux bouts du pays, aux sources du Rhône et au lac, ça va faire trois ans, ça me fera du repos. Et ça viendra au bon moment, dit-il, parce que je n’ai plus rien.
Mais c’est là que sans doute Follonnier l’attendait:
-—Plus rien?
-— Non, plus. rien, disait Arlettaz; c’est que ça coûte cher, ces voyages, et ils donnent soif, qu’est-ce que tu veux? J’ai vendu mes chèvres, j’ai vendu mes vaches, j’ai' vendu mes prés, il ne me reste que mes outils. Est-ce que tu m’achètes mes outils?
- Non, dit Follonnier, en fait d’outils, j’ai déjà ce qu’il me faut. Mais il y a ton champ des Empeyres, si tu veux.
— Il n’est pas à vendre.
— A quoi est-ce qu’il te servira, si c’est la fin du monde
— Et à toi?
— Qu’est-ce qui te dit que je veux finir, moi?
—- C’est que c’est un bon champ; on y fait le meilleur seigle du pays. Dis donc, Follonnier, tu le voudrais, ce champ ?
— Oh! disait Follonnier, j’y tiens pas... Seulement, je vois bien ce qui te fait besoin: tu veux avoir ta liberté. Et tu te dis que, si c’est la fin, il ne serait pas mauvais d’avoir un peu d’argent en poche pour l’attendre. Moi, si je t’achetais ce champ, ce serait bien pour te rendre service…
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Il s'était mis en route. Il lui fallait porter le pied de côté pour distinguer à travers la semelle la place et la direction du chemin. Il avait été ainsi amené à la rue, il l'avait suivie d'un bout à l'autre. Et là, il était arrivé devant ce qui, en temps ordinaire , était toute une vaste vue ouverte sur la vallée, toute une perspective de hautes montagnes, de pâturages, de forêts, de rochers, de névés, de glaciers solitaires avec le double versant des pentes qui se rejoignaient bien plus bas dans les profondeurs; mais il n'en restait rien dans la perfection de la nuit qui n'avait même plus de couleur, qui était seulement la négation de ce qui est; il n'en restait qu'une faible lueur, quelque chose comme une émanation ou une vague phosphorescence.
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Isabelle a essayé ses fichus devant la glace ; elle faisait soleil dans la glace. Elle faisait dans la glace une belle couleur qui était renvoyée sur elle et autour d'elle : c'était celle de l'abricot, c'était celle du muscat tout à la fin de la saison.
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Alors on a vu le village renaître peu à peu à lui-même. De là-haut, ils l'ont vu ressusciter à la lumière, ayant baissé la tête en même temps que Jean tournait vers lui l'embouchure de son instrument. L'air avait été nettoyé entre eux et lui, l'air était devenu tout à fait transparent ; et là au fond les toits s'apercevaient parfaitement, étroitement serrés l'un contre l'autre, faisant des carrés un peu bleus et qui penchaient dans des sens différents. Le cornet de Jean les désignait ; et au-dessus du bleu des toits, un autre bleu plus pâle s'était mis alors à bouger, ayant un mouvement comme celui des vagues que le vent doucement balance sur le lac par les beaux jours.
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Brune et rose, on voyait son cou, on voyait ses boucles d'oreilles, on voyait ses cheveux où un peu de neige qui avait fondu faisait des gouttelettes et elles ont été comme quand la rosée, à la pointe de l'herbe, brille dans le jour.
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L'air avait été nettoyé entre eux et lui, l'air était devenu tout à fait transparent ; et là au fond, les toits s'apercevaient parfaitement, étroitement serrés l'un contre l'autre, faisant des carrés un peu bleus et qui penchaient dans des sens différents. Le cornet de Jean les designait: et, au-dessus du bleu des toits, un autre bleu plus pâle s'était mis alors à bouger, ayant un mouvement comme celui des vagues que le vent doucement balance sur le lac par les beaux jours.
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