Roman policier sociologique ?
Ce n'est pas un thriller, certes, mais plutôt le déroulement d'une enquête banale, concernant de pauvres gens, acteurs ou victimes d'un événement sordide :dans une tour de banlieue, un rideau brûle, une jeune fille attend les pompiers, puis les fuit, une femme alcoolisée est morte asphyxiée dans l'appartement enfumé . Est-ce un banal accident attribuable à un alcoolisme chronique avec malnutrition? ou une altercation qui a mal tourné ?
L'enquête est confiée à l'équipe du commissariat de quartier. Jasmine, la policière raconte.
Elle raconte bien ! Avec forces détails et analyses sociologiques .
le mode de vie des populations entassées dans ce quartier, leur ressentis, leurs résignations, les révoltes des nouvelles générations, laissées sans accompagnement des décideurs, sont rapportées avec minutie.
Ce sont manifestement des extraits de formations techniques des écoles de police. L'auteure est ingenieure de la police scientifique. Ceci explique celà.
Claire Raphaël "s'interesse particulierement aux violences faites aux femmes". (cf 4ème de couverture).
Elle decrit aussi la hierarchie policiere , les strategies d'efficacité ou d'évitement aux fins de gérer au mieux le quotidien dans son commissariat. le livre a été édité en 2024, cette année.
De même , les interrogatoires successifs des jeunes, impliqués, sont empreints d'attentions sinon délicates , du moins respectueuses de leurs difficultés à vivre en environnement parfois hostile.
Mais, ces analyses systématiques du pourquoi , du comment, les états d'âmes décortiqués de notre enquêtrice , si elles trouvent leur place en cours de formations dans les écoles de police, alourdissent le texte rendant pénible le déroulement du recit .
A ce propos, j'observe qu'être écrivain reste un métier à plein temps ! Construire un polar (sous littérature?), créer un suspens, enchainer les faits, les rebondissements, impliquent un savoir-faire ainsi qu'un rythme dans le langage que ne possèdent pas toujours le meilleur des policiers , cardiologue, économiste...
Ici, la chute m'a séduit... Et est-ce bien une chute?
En conclusion, au pretexte d'une banale enquête policière, nous est rapportée par une fonctionnaire du ministère de l'intérieur , une étude descriptive de l'etat de notre police nationale, et des banlieues, , sensible aux problèmes d'éducation , des jeunes, des femmes,des handicapés, des plus vulnérables.... Un peu d'espoir , et c'est déjà pas mal(*) .. Donc:3,5/5
(*) en auvergne, on ne dit pas:"c'est bon", mais :"c'est pas mauvais".