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EAN : 9782812625466
240 pages
Editions du Rouergue (03/01/2024)
3.81/5   51 notes
Résumé :
Astrid est lycéenne. Elle vit seule avec sa mère Émilie alors qu’un frère et une sœur, plus jeunes, ont été placés en famille d’accueil. Lorsqu’Émilie meurt, brûlée vive dans son appartement, la substitut décide de confier l’enquête à l’équipe d’un commissariat local plutôt qu’à la brigade criminelle. C’est ainsi que Jasmine et son chef, Tom, héritent d’une affaire complexe. La mort de cette mère alcoolique est-elle accidentelle, ou les violences subies par sa fille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Deux policiers travaillant dans le commissariat d'une ville des Yvelines, Jasmine et son chef Tom, se rendent sur les lieux d'un grave incident dans la cité des Musiciens : une femme d'une quarantaine d'années a été retrouvée morte, brûlée vive dans sa cuisine. Cette femme, Emilie Frontenac, a un lourd passé d'alcoolisme ; elle a aussi maltraité ses deux plus jeunes enfants qui ont été placés en famille d'accueil. Elle vivait avec l'aînée, Astrid, élève de Terminale. Les enquêteurs doivent déterminer la cause du décès : est-ce un accident ou un crime ? Leurs soupçons se tournent vers Astrid. ● J'ai beaucoup aimé la prose simple, précise et limpide de Claire Raphaël, que je lis pour la première fois. ● On voit les progrès de l'enquête policière qui pour une fois n'est pas cousue de fil blanc ni menée avec de gros sabots. Tout est crédible. La procédure policière, que Claire Raphaël connaît bien puisqu'elle fait partie de la police scientifique, est présentée sans lourdeur mais avec beaucoup de réalisme. On ne se perd pas dans de multiples rebondissements artificiels mais le récit progresse au rythme d'une vraie enquête de terrain. ● Cette enquête se double d'une réflexion sur les banlieues qui est à la fois humaniste, intéressante et connectée au réel. On est loin du hors-sol des plateaux télé. « On ne va pas tourner autour du pot, je suis là pour éviter qu'ils se radicalisent, dans la délinquance, c'est la radicalisation soft, ou dans le djihadisme, c'est la radicalisation dure. Et ce n'est pas très différent à mon avis, c'est toujours une manière de renvoyer l'ascenseur, tu me méprises, je vais te carotter, te piquer ton fric, te dépouiller de ton arrogance, tu me hais, je vais te tuer, c'est donnant donnant, nos gamins ici, quand ils se rendent compte qu'on ne leur a pas appris grand-chose à l'école, que ce sera clairement insuffisant pour qu'ils aient le droit à un boulot sympa et bien payé, ils se révoltent, et ils n'ont pas le vocabulaire pour que leur révolte soit politique, alors ils se révoltent avec leur corps, avec leurs sentiments, ils s'inventent des passions, des passions pour la vie en bande, pour la vie clandestine, pour le rap, pour l'islam, pour tout ce qui peut leur donner l'illusion qu'ils ont une bataille à mener et à gagner, que tout n'est pas perdu, que la partie n'est pas déjà finie, vous pigez ça ? » ● Les personnages sont très bien campés, et mis en scène avec beaucoup d'empathie. ● Les difficultés des policiers de terrain sont bien mises en relief. « Pour [les Français] c'est un acquis que les soins soient gratuits et les médecins compétents, et bien sûr que les chômeurs soient indemnisés, ils sont inconscients de ce que cela coûte, ils ne comprennent pas que cela a un coût exorbitant, ils ne comprennent pas que cela aspire la plus grosse partie de l'argent public, et que pour le reste, de toute façon, il n'y aura jamais assez. » ● Il y a aussi un jeu intertextuel avec le Mystère Frontenac de Mauriac, qui met en scène Blanche Frontenac, l'antithèse de l'Emilie Frontenac de Claire Raphaël, une mère-courage qui, veuve, élève ses cinq enfants avec un dévouement exemplaire. « Vous avez lu Mauriac ? m'a-t-il demandé. – Oui, c'était un de mes auteurs préférés quand j'étais jeune et je ne sais pas pourquoi. – Parce que c'est propre, classique et sobre, typique d'un homme qui se méfiait du spectacle. » ● Une excellente surprise, je conseille vivement ce roman et je vais maintenant lire Les Militantes, le premier roman de l'autrice, premier tome d'une trilogie.
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Jasmine, la narratrice, policière de 34 ans, et Tom, son chef, 38 ans, sont chargés d'un curieuse et difficile affaire par une substitut : Émilie Frontenac, a été retrouvé morte chez elle. Elle porte des marques, peut-être des traces de coups, et elle est partiellement brûlée : il y a eu un début d'incendie dans son appartement. À cause de son alcoolisme et de sa brutalité, ses deux plus jeunes enfants, souvent maltraités, ont été placés par les Services sociaux, mais son aînée, Astrid, presque 18 ans, est restée vivre chez sa mère. On pense que c'est elle qui a prévenu la police, mais à l'arrivée de Jasmine et de Tom, Astrid est introuvable bien que des voisins l'aient vue juste avant. Que s'est-il passé ? Comment Émilie est-elle morte ? Astrid est-elle impliquée ?
***
Voilà un roman policier qui est exactement le contraire d'un thriller : Jasmine raconte la vie quotidienne des policiers de manière réaliste, sans coïncidences bienvenues, sans retournements de situation, sans invraisemblances et, il faut bien le dire, sans beaucoup de suspense : on connaît très vite les deux options possibles. On suit pas à pas la vie de la cité et l'enquête au jour le jour, avec parfois, surtout vers la fin, d'assez longues ellipses, comme ce doit être le cas quand une enquête piétine. On est parfois plongé dans la vie privée des enquêteurs : l'ambition de Tom et sa vie sentimentale vues par les yeux de Jasmine ; la solitude de Jasmine, son désarroi face aux événements : son père est en train de mourir aux soins palliatifs et elle tente de soutenir sa mère dans cette épreuve. Cet aspect documentaire qui habite la totalité de la Jeune Fille et le feu est aussi, à mon avis, son défaut. On dirait que l'autrice veut brosser un portrait exhaustif du travail de la police et de la vie d'une cité, des bons et des mauvais côtés, de la solidarité et des rivalités, etc. Pour sa démonstration, elle fait intervenir des personnages qui présentent les aspects du sujet ou sa propre opinion. Je ne retiendrai comme exemple que le fils autiste de la directrice d'école qui « récite » tout ce qui concerne la délinquance, y compris les diverses statistiques. L'aspect que j'ai préféré dans La Jeune Fille et le feu, c'est l'écriture, fluide et malgré tout intense, avec un rythme et des répétitions qui permettraient, je crois, de slamer le texte. Je lirai volontiers un autre roman de cette autrice.

[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]
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Émilie Frontenac, 42 ans, alcoolique, sous anxiolytiques, connue de la justice pour violence contre ses enfants, est retrouvée morte dans son appartement calciné. C'est sa fille aînée, Astrid, 17 ans, qui vivait avec elle, qui a alerté les secours mais s'est enfuie à leur arrivée. Ses deux enfants plus jeunes lui avaient été retirés et placés en famille d'accueil. Accident? Meurtre? Quel est le rôle joué par Astrid?
Ce qui est présenté comme un polar n'en est en fait pas un et en cela j'ai été frustrée; l'enquête sans rythme, qui s'enlise, sert de toile de fond et d'alibi pour une étude sociale sur la vie dans les cités, la présence de la drogue, le sort des enfants d'immigrés attirés en France comme main d'oeuvre pendant les Trente Glorieuses, les violences faites aux femmes, le terrible avenir de notre planète, le manque de moyens de la police, la haine de l'autorité, la justice débordée.... En fait, c'est moi qui ai été débordée par cette pléthore de sujets, forcément survolés en 240 pages. Ce n'est pas ce que j'attendais d'un livre catégorisé comme polar.
Une grande place est également faite à la psychologie des personnages ce qui leur donne une profondeur intéressante. On découvre la vie des enquêteurs en dehors de leur métier. Cependant, il semblerait que certains ne soient là que pour donner corps aux problèmes évoqués dans le roman : le professeur de karaté pour montrer l'aspect positif du sport pour des enfants malmenés, l'adolescent autiste Asperger pour appuyer par des statistiques le taux de délinquance, la consommation de drogues....
Bref, un avis plus que mitigé sur ce polar qui n'en est pas vraiment un.
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La Jeune fille et le feu est un polar qui se distingue par sa langue poétique, ce qui n'est pas commun pour le genre. L'autrice, Claire Raphaël, a écrit plusieurs recueils de poésie, en plus d'être ingénieure de la police scientifique dans la vraie vie. Son roman est donc une combinatoire inédite entre une langue ciselée et une enquête forcément sordide, dans un milieu qui n'incite pas à lire Ronsard... Et ça marche : le lecteur se sent enrobé dans cette délicatesse langagière qui lui permet d'affronter la violence du récit, jamais complaisante. La misère sociale n'est pas chosifiée à des fins sensationnelles. le lecteur et le sujet sont respectés, rendant la lecture presque douce. Ça fait du bien.

L'autre volet que Claire Raphaël maîtrise très bien, c'est le quotidien et le fonctionnement de la police, qui sont rendus avec une précision quasi-documentaire. J'ai appris des choses grâce à cette enquête à ras de terrain : le quotidien harassant des policiers, leur solidarité, le rôle de la psy qui les accompagne en interne, le métier difficile de procureur, les techniques d'investigation... C'est Jasmine, la policière éprise de justice, qui est la narratrice, ce qui facilite notre empathie à son égard. Dans ce domaine aussi, l'autrice n'agite pas des marionnettes à casquette et gros flingue pour animer son arc narratif, non. Elle défend le métier de policier en le montrant en action.
Mais c'est quand son amour de la justice rencontre l'humain que les choses deviennent passionnantes. Jasmine et son chef Tom se posent beaucoup de questions au fil de leur enquête, dont celle de savoir s'ils doivent la mener jusqu'au bout, quitte à ce que la vérité enfin révélée abîme encore plus la suspecte, fille de la victime alcoolique et toxique. La question de la vérité acceptable, en quelque sorte. le roman ne cesse d'osciller entre rigueur et empathie, réflexion et émotion.
La tension n'est possible que parce que les personnages sonnent juste. Tous, qu'ils soient principaux ou secondaires, sont excellents, intéressants, drôles parfois, bien campés: l'animatrice des Alcooliques Anonymes qui occupe une demi-page, la psy de la police, Tom, Jasmine, bien entendu, point focal de l'intrigue, si attachante dans ses combats et dans ses interrogations face à son père mourant ou la jeune fille éponyme, fille de la victime, vivante, lumineuse même, qui se tient bien droit
au milieu des flammes.

La seule petite réserve que j'aurais concerne les passages trop bavards, où les personnages livrent leur conception de la vie sans que cela serve l'action. Ces tunnels militants et manichéens raccrochent le roman au polar social ; mais il n'en a pas besoin, en vérité, tant la finesse de l'enquête, la ciselure de la langue et la maîtrise du flux narratif nous suffisent pour nous lancer sur de nombreuses pistes de réflexion, sans forcer, en plus du plaisir très fort de la fiction.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2024.
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Encore une découverte ,due à une critique de Christophe BJ.
Encore une fois, c'est un excellent livre, en forme de roman policier. Est-ce un roman policier ? Oui, et une preuve de plus de ce que ce genre est une des formes les plus accomplies de la littérature contemporaine.
Tout fonctionne.
Un milieu de départ parfaitement étudié, une cité de banlieue, même pas une cité sensible d'ailleurs, avec ses problèmes (chômage, jeunes désoeuvrés à la limite de la délinquance, qui la franchissent parfois, drogue, alcool, familles dysfonctionnelles, vies brisées..) qui vit cependant un un équilibre fragile
Il est perturbé par un événement, qui déplace les lignes, un décès qui pourrait bien être un meurtre,bien sûr, puisque nous sommes dans un roman policier
Interventions du héros, incarné par les policiers du commissariat local ; une suspecte.
Et tous les dramatis personae sont là, il n'y a plus qu'à les laisser agir et réagir.
Et l'auteur le fait de manière impeccable, tout fonctionne, aucune erreur de procédure ou de droit, ce qui mérite d'être salué, des personnages vraisemblables et attachants, deux belles figures de femmes, notamment Astrid, peut-être le plus beau portrait d'adolescente que je connaisse, qui transcende les clichés habituels.
Rien d'invraisemblable dans l'intrigue, la vie telle qu'elle est.
Et malgré tout, un suspense sans artifice, sans procédé, qui ne se dément jamais, où l'on se laisse prendre, qui fait espérer ou craindre tel ou tel dénouement, tant on s'attache à tel ou tel personnage.
Au point qu'on a parfois envie de prendre par l'épaule Jasmine l'enquêtrice, et de lui dire de freiner un peu son zèle, de lui rappeler que la vérité ne rend pas nécessairement libre, qu'elle ne coïncide pas toujours avec le bien et que Kant a souvent tort.
Mais après tout, tout ne se termine pas nécessairement mal.
Et lorsqu'on referme le livre, on se dit qu'il y a peut-être encore de l'espoir.
Me voilà bien sentimental tout d'un coup.
Comme quoi on n'écrit pas toujours la critique qu'on avait dans la tête au départ ; malgré le bien que je pensais du livre, je pensais égratigner un peu l'auteur et son personnage principal sur leurs bons sentiments et leurs penchants pour la culture de l'excuse. Et finalement non.
PS. Je m'aperçois que j'ai oublié de dire que c'est admirablement écrit
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il fallait essayer le stratagème bien connu des psychiatres, laisser le silence allonger sa pente douce pour accompagner le relâchement des peurs et de la colère, jusqu'à ce que la vérité émerge dans sa fragilité étonnante, dans les tremblements de la voix et les sanglots.
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Nous sommes donc parties, et le vent la mer m’ont attrapée, et m’ont brassée comme l’alcool quand il est trop fort, comme l’amour quand il est nouveau, je m’abreuvais de la beauté des lumières bleues de l’eau et du ciel reflétant leurs images parallèles, et j’entendais les oiseaux crier leurs forces vives, nerveuses, éphémères… je tentais d’oublier Astrid et sa génitrice, d’oublier la mort et la défaite, j’écoutais ma mère affirmer sa nouvelle envie de vivre, et faire des projets comme une jeune fille qui se découvre enfin libre.
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Il s'était levé précipitamment. Et je me demandais s'il ne réagissait pas ainsi parce que mon père était mort. S'il n'avait pas lui aussi cette impression soudaine qu'on n'est jamais assez vivant. S'il n'était pas comme moi saisi par cette idée que la mort d'un père nous précipite dans cette obligation de devenir enfin ce qu'on a toujours voulu être, maître de soi et des circonstances.
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Ils me faisaient penser à ces ados qu’on a dans nos murs si souvent, hésitant entre cette sauvagerie qui leur permet de se sentir vivants et leur souci de ne pas tout gâcher des maigres chances qu’ils ont reçues à la naissance, hésitant entre leur révolte et leur besoin de confort… je me disais que la gosse allait sûrement réapparaître bientôt pour demander de l’aide, de l’argent, surtout de l’argent pour vivre.
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Les violences récurrentes existent des jeunes qui s’y adonnent comme si c’était leur vocation. Les violences récurrentes accablent leurs parents qui se morfondent en évitant de se plaindre. Des violences contre lesquelles on ne peut rien parce que nous ne sommes pas équipés pour calmer la rage.
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