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Critiques filtrées sur 4 étoiles  


Vous aimez voyager ?....Moi aussi !
Vous voyagez beaucoup ?....Moi non plus !
Et je vais vous expliquer pourquoi. C'est mon cher-et-tendre. À l'heure des vols pour trois fois rien, Môssieur ne quitte pas le territoire continental portugais. Autant que l'emploi du temps le permet, nous parcourrons notre petit, mais tellement riche et beau culturellement, pays du nord au sud et de l'est à l'ouest…en voiture ! Nous découvrons des pépites de paysages, des bijoux de petites villes, des merveilles de monuments et des chefs-d ‘oeuvres de sites de mer ou de montagne…dès lors que l'on puisse s'y rendre en auto. Quitte à faire 700 bornes, aller-retours, pour flâner à Lisbonne. Coût total de l'expédition, dans ce cas ? 120 euros, essence et péages compris. Juste pour l'aller, on se fait 3h30 d'autoroute, sans paysages. Ou bien 6h30 de voyage en cinémascope et panoramas inoubliables. Mais bon, on pourrait aussi le faire en 45 mn de vol et 30 euros par personne, départ Porto, aéroport Sà Carneiro et arrivée Lisbonne, aéroport Humberto Delgado, la tête dans les nuages ou le ciel bleu. On aurait plus de temps pour flâner et il ne serait pas nécessaire d'y passer forcément deux jours, ce qui nous ferait aussi faire des économies…Mais, je lui pardonne : je l'aime.
Pour l'étranger ? Ni pensons pas ! Oubliez les soldes en 48 heures chrono à Londres ou l'escapade à Paris, en amoureux (+ une : on ne laisserait pas la Princesse chez ses grands –parents). Prendre l'avion ? Ja-mais ! Môssieur, tout courageux qu'il est, a …la frousse !
La seule fois qu'il a pris l'avion, c'était pour notre voyage de noces….À l'allée, « jeune-marié-fougueux » a passé une heure et demie de vol pour Palma de Mayorca blanc comme un linge et les mains moites. Malgré 10 jours au soleil, il a mis le double du temps à bronzer ! Au retour, il s'est accroché aux accoudoirs du siège de toutes ses forces (comme si ça servait à quelque chose en cas de chute !) et il a copieusement insulté la Môman du pilote qui en a pris pour son grade ! Bien que je sois sûre que la pauvre dame était certainement une sainte femme, elle est devenue, dans la bouche de mon tendre époux une mégère à la vertu douteuse. Mais, je lui pardonne : je l'aime.
Bon, je m'égare…
Vous aimez lire ? Moi aussi ?
Vous lisez beaucoup ? Moi aussi ?....pour voyager, justement !
C'est pour ça (j'y viens enfin !) que j'ai entamé (et fini très vite) « Par le vent pleuré » de Ron Rash. Dépaysement, paysage, nature…L'Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et le l'aurais… », pensais-je …Je me suis bien dit que 208 pages en format numérique, c'était un vol supersonique….mais bon….L'intrigue est intéressante, bien que très prévisible. le décor, lui, est sommairement planté. J'aurais voulu humer l'odeur mouillée de la rivière, entendre le bruit du vent dans les arbres, renifler les effluves des joints de Ligeia, sentir la chaleur du soleil de Sylva. La psychologie des personnages est bien travaillée mais…il m'en fallait encore un peu plus. Deux cent pages de plus, M'sieur Rash…Juste pour que l'histoire facile devienne plus prenante…J'ai été triste de tout deviner trop tôt parce que je ne me suis pas assez baladée dans la nature que vous semblez raconter si bien. Vous ne m'y avez pas perdue. Je ne vous en veux pas. Je me perdrais bientôt dans « le chant de la Tamassee ». Je vous pardonne : j'aime lire quand même !
P.S. : j'en profite pour remercier Jeanfrançoislemoine , ami Babeliote, qui m'a aiguillée sur cette lecture et à qui je fais confiance, de toutes façons, parce que j'ai passé un excellent moment quand même !
Lisez ce petit roman. M'sieur Rash le mérite.


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La photo, en première page du journal local, faisait apparaître Ligeia pas tellement plus vieille qu'en 1969, l'année de sa disparition. Après quelques gorgées de whiskey, Eugene s'attarde plus longuement sur l'article faisant référence à la découverte macabre d'ossements humains aux abords de la Tuckaseegee, à Panther Creek. Cela faisait des années qu'il n'avait plus repenser à la jeune et insouciante Ligeia...
Été 1969. À Sylva, petite ville tranquille des Appalaches, Eugene et son aîné, Bill, passent une grande partie de leur journée au bord de la rivière, les cannes à pêche installées sur les rochers. Torse nu, ils aiment nager dans le bief d'aval du bassin, gardant un oeil sur les cannes. Un beau jour, ils remarquent une jeune fille se baignant dans le bassin. Une longue chevelure rousse, des yeux bleu-vert, il n'en faut pas plus aux jeunes garçons pour l'accoster. Ils ne savent pas encore que cette sirène va bouleverser leurs vies...


C'est au cours de cet été de 1969 que le destin des deux frères Matney va prendre un virage inattendu. Épris, presque envoutés par cette plantureuse sirène, Bill et Eugene, vont peu à peu se lier d'amitié avec elle. Elle qui, délurée, libérée sexuellement et éprise de liberté va les initier à des jeux jusqu'ici interdits. Ce ne sera que quelques décennies plus tard, alors que les deux frères mènent des vies opposées, qu'Eugene va reconnaître en la femme sur la première page du journal, Ligeia. Que lui est-il arrivé cet été-là pour qu'elle disparaisse subitement ? Ron Rash, dans ce roman, alterne habilement passé et présent. Un passé douloureux, tragique, sous l'emprise d'un grand-père tyrannique. Un présent chaotique et troublant. L'auteur dépeint avec justesse les notions de culpabilité et d'innocence, de souvenirs et de regrets ;avec tendresse la relation entre les deux frères et avec émotion le destin d'un homme cabossé par la vie. Il règne au coeur de ce roman une ambiance à la fois nostalgique et oppressante. Un récit sombre et doux-amer servi par une plume riche et délicate...
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♫ Vive le vent, vive le vent, vive le vent pleuré ♪
Hem, modérément sûr du refrain, d'un coup d'un seul.

Rash fait partie, à mes yeux, de ces auteurs sans surprise. Entendez par là qu'au mieux, il subjugue, au pire, il séduit.
Pour moi, ce sera la séduction siou'plaît. Pour la subjugation, on attendra le prochain.

On dirait que Bill et Eugène seraient deux frères assimilés à un jeu de quille.
On dirait que Ligeia, fraichement débarquée dans leur bled paumé, cristalliserait longtemps le souvenir ému de cet été 1969. Un être extraordinairement décomplexé et charismatique aux allures de chef de meute. Je vous laisse imaginer l'effet produit sur la fratrie par cette gamine envoûtante à la libido aussi débridée qu'une 103 SP sport kitée. Je m'adresse aux puristes, là, aux foufous de la vitesse, aux amateurs de sensations extrêmes.
Mais les souvenirs sont comme les caravanes face aux clébards par trop démonstratifs, ils passent.
Pour ce qui est de trépasser, le mystère reste entier quant à cette poignée d'ossements découverts sur la grève. Un jeu d'osselet morbide qui ravivera, des décennies plus tard, cette saison mémorable alors nimbée d'insouciance. Une parenthèse enchantée qui pourrait bien laisser, au final, comme un méchant goût d'amertume en bouche pour ces deux frangins aux trajectoires contrastées.

J'ai aimé. Pas adoré.
Au rayon des satisfactions, l'évolution des rapports entre ces deux gamins au contact de la désirable Ligeia. Un apprentissage aussi court qu'intense relaté avec tendresse et humanité.
Il y a du Dostoïevski chez Rash. En décrivant subtilement un personnage rongé par le doute, c'est Raskolnikov qu'il ressuscite.
Le récit est prenant, plutôt bien amené et joue formidablement sur une possible culpabilité qui fera douter le lecteur tout du long... ou presque.
Et c'est là que le bât blesse. Le point noir de compétition qui aura occasionné trois dépressions et huit départs anticipés chez Biactol, ce final ultra prévisible qui ne surprendra que les amnésiques, et encore.
Il n'y a rien de pire qu'une histoire bien ficelée qui tourne en eau de boudin. J'ai rien contre le boudin, qu'on se le dise, mais en fin de lecture et à haute dose, il se pourrait qu'il occasionne ballonnements et autres joyeusetés intestinales de la sorte, de quoi l'avoir mauvaise pendant pas mal de temps.

Par le vent pleuré, par la fin grandement désappointé.
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"Par le vent pleuré " fut pour moi un bon moment de lecture.Bill et Eugène,deux jeunes de Sylva,États-Unis, fréquentent assidûment les bords d'une rivière où ils s'adonnent à leur loisir favori,la pêche. Orphelins de père ,ils sont sous la coupe de leur despotique grand-père.
La rencontre avec la jeune mais déjà (très ) émancipée Ligeia va les conduire au bord d'un gouffre qui risque fort de les aspirer.C'est cette rencontre qui nous est relatée et qui va,tout au long de son déroulement,nous conduire sur des sentiers parfois hasardeux.Les sens du lecteur que nous sommes vont rester en éveil, hésitant à emprunter tel ou tel chemin.Certes,les personnages sont peu nombreux et les hypothèses se réduisent pour aboutir à un dénouement sans vraiment grande surprise mais le récit est toujours vif et son intérêt reste grand,du début à la fin.
Le style de l'auteur est terriblement efficace et nous entraîne allègrement à la découverte du meurtrier de Ligeia dont on vient de retrouver les restes 40 ans après sa disparition.
Il est très intéressant de noter les différences de comportement de ces jeunes américains ,Bill,Eugène,Ligeia,et de comprendre le profond changement de mentalité des adolescents dans ces années 60.L'opposition entre les deux frères est admirablement décrite, tout comme,du reste,leur union dans certaines circonstances.Et que dire de Ligeia?Rien.Je vous laisse découvrir ce personnage complexe,aussi machiavélique qu'attachant.
Je ne regrette pas du tout d'avoir "rencontré "ces jeunes...devenus "vieux".
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Un roman qui commence avec la découverte d'ossements qui vont s'avérer être ceux de Ligeia, jeune fille ayant vécu dans une communauté hippie, où s'est parents l'ont récupérée manu militari et placée chez son oncle pour la remettre dans le droit chemin… cette découverte fait resurgir le passé car toute le monde la croyait simplement partie.

Le passé resurgit brutalement et sème le trouble chez les deux frères Matney, Bill l'aîné devenu brillant chirurgien et Eugène écrivain maudit qui a sombré de l'alcoolisme. Curieusement, c'est ce dernier qui va essayer de comprendre et de connaître la vérité, et ce que son aîné lui cache.

Retour donc sur cette année 1969, où les Hippies s'éclatent sur fond de drogue, sexe, musique liberté, et guerre au Vietnam alors que dans l'Amérique profonde, un patriarche règne en maître sur ses petits-enfants, avec un ascendant physique et psychologique effrayant. Il impose sa loi, avec un colosse qu'il a ramené de la guerre et qui est son homme à tout faire au sens maffieux du terme.

Comment nos deux jeunes ados ne seraient-ils pas attirés par cette sirène libérée qui se baigne nue dans la rivière, et consomme sexe, alcool et drogue de manière débridée.

J'ai bien aimé, ce récit qui alterne présent et passé, ainsi que la manière dont les personnages sont décrits avec leurs démons, le poids de l'éducation dans certains milieux qui s'apparente plus à du dressage et la fragilité de l'écrivain maudit, brisé par l'alcool qui parle si bien de son écrivain favori : Thomas Wolfe (dont le titre du roman s'inspire).

C'était le premier roman de Ron Rash que je lisais, je l'ai trouvé sympathique, la lecture en est facile car l'écriture l'auteur est fluide et cela m'a permis de passer un bon moment, mais sans plus. Je lirai probablement « le chant de la Tamassee » qui est dans ma PAL depuis sa sortie. Une récréation entre deux livres plus conséquents…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Lu (ou bu ?) trop vite...
En une après -midi, j'ai connu l'ivresse et ses lendemains qui déchantent.

Par le vent pleuré, morceau d'une citation de Thomas Wolfe, est un magnifique titre ! Avec un titre pareil, on s'attend à plus de poésie... et si le flacon importe peu, il faut tout de même avouer que cette ivresse-là finit par donner la nausée.

1969 : l'année du "Summer love" où deux jeunes frères vont faire la rencontre d'une sirène tentatrice, merveilleusement subversive, innocemment destructrice...
C'est une sorte de remake d'une histoire biblique bien connue, celle de la rivalité entre deux frères. Quoiqu'à bien y regarder, on ne sait plus trop lequel est Abel, lequel est Caïn. Et c'est sans doute cela qui fait réfléchir. le poids de la culpabilité face à la part d'innocence que chacun porte en soi.

Par le vent pleuré, c'est aussi une ode à la liberté face au carcan trop puritain d'une Amérique conservatrice.
Une liberté chèrement payée...
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Il est des étés qui marquent plus que d'autres.

Celui de 1969 aura été un tournant dans la vie de Bill et Eugène, deux frères orphelins élevés par leur grand père, qui passent leur temps libre à paresser et pêcher des truites au bord de la Tuckaseegee River en Caroline du Nord. Car quand apparaît Ligeia, aguicheuse et sulfureuse nymphette mise au vert pour lui remettre les idées en place, l'alcool, la drogue et le sexe font brusquement irruption dans la vie des deux frangins. Pour le meilleur d'abord. Puis pour le pire, quand des années plus tard, les ossements de Ligeia sont déterrés pas loin de la rivière…

Alternant les va-et-vient entre les époques, Ron Rash – traduit par Isabelle Reinharez – nous plonge dans une intrigue un peu attendue et convenue, qui reste néanmoins efficace grâce à ce mélange d'atmosphères entre sublime environnement naturel et montée en puissance de l'inéluctable tragédie noire.

La finesse de l'écriture de Rash permet, comme toujours, une jolie peinture de ces portraits de frères, unis par une enfance malheureuse, puis éloignés par des destins très différents, mais toujours tenus par un secret caché qui leur sert de lien invisible.
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Je comprends que certains lecteurs parmi les plus assidus de Ron Rash puissent être quelque peu déçu par ce roman...
L'écrivain, qui excelle habituellement dans la description de la nature exubérante des Appalaches, se focalise ici presqu'exclusivement sur les personnages et se contente de planter le décor de l'intrigue le long de la rivière poissonneuse Tuckaseegee dans Panther Creek.
En 1969, Bill et Eugène, alors âgés de 21 et 16 ans, s'y rendaient pour pêcher après le déjeuner dominical chez leur grand-père, médecin à Sylva.
Lors d'une de ces escapades, ils font la connaissance de Ligeia, apparue soudainement sur la berge opposée telle une sirène.
Jeune femme aux moeurs libres ayant adopté le mode de vie alors en vogue des hippies, elle fascine les deux jeunes gens qui prennent l'habitude de la fréquenter secrètement, lui procurant alcool et médicaments.
Avec un tel cocktail, les choses ne peuvent que déraper et le drame se nouer.
Lorsque, 45 ans plus tard, des ossements sont retrouvés dans la rivière, c'est l'incompréhension totale pour Eugene qui va laisser libre cours à ses souvenirs et tenter de faire parler son frère.

Personnellement, je me suis vraiment laissée happer par ce récit tellement bien narré.
L'intensité psychologique croît au fil des pages distillant doutes et indices et menant le lecteur dans une réflexion curieuse.
Aucun ennui, à aucun moment...

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J'ai pris ma première véritable cuite à dix-sept ans, lors de mon année de terminale. Avec un ami nous avions séché l'une des dernières journées de cours, été nous approvisionner en bières de luxe ( une pisse d'âne qui n'avait de luxueux que le nom mais c'est tout ce qu'on pouvait se permettre ) que nous avions bu dans un parc, à l'ombre d'un marronnier. Deux litres et demi d'alcool ingurgité et trois quart d'heure plus tard, je tenais encore debout mais ça n'allait pas durer. J'ai cependant quelques flashs encore de l'après-midi difficile qui a suivi : le crâne dans un étau, l'impossibilité d'articuler quoi que ce soit, l'étrange faculté de dormir debout, l'incapacité de garder en soi autant de breuvage ... et aussi ces gamins en sortie scolaire qui nous ont traité d'ivrognes en passant à proximité.
Malgré cette déplorable expérience, l'alcool a ensuite longtemps fait partie de ma vie, à doses pas toujours raisonnables, jusqu'en 2010 où l'envie a simplement disparu, du jour au lendemain.
 
Eugène Matney, le narrateur du roman de Ron Rash, a quant à lui bu ses premières bières à quinze ans, en 1969, au bord de la rivière Tuckaseegee en Caroline du Nord. Il allait y pêcher la truite en compagnie de son frère Bill tous les dimanches. Quarante-six ans plus tard, en 2015, il consommera quotidiennement des quantités astronomiques de whisky.
L'emprise de l'alcool sur sa vie est totale.
"On accède mieux à la véritable intimité avec l'alcool quand on est seul."
"Cette charogne ne sait rien de rien, sauf comment vider une bouteille de whiskey."
 
Son prénom, il le doit au personnage principal du roman de Thomas Wolfe "L'ange exilé" : Eugène Grant.
Le titre intrigant du roman est également du à Thomas Wolfe. L'expression "Par le vent pleuré" signifiant que même si on a été oublié de tous, il reste la complainte du vent pour se lamenter.
"Il ne reste plus de feuilles pour donner une voie au vent."
Pas de lien en revanche avec la chanson de Richard Anthony "Pleure le vent", les artistes évoqués dans le roman étant plutôt Jimmy Hendrix, The Beatles, Eric Clapton, The Doors ou encore Grateful Dead, un groupe de rock psychédélique créé en 1965.
 
Par le vent pleuré va alterner passé et présent, sans réelle structure. Certains chapitres sont consacrés à 1969, d'autres à 2015 tandis que la majorité nous fait voyager d'une époque à l'autre, mais sans jamais perdre le lecteur pour autant.
En 1969, Eugène et son grand-frère Bill vivaient avec leur mère sous le règne tyrannique de leur grand-père, qui était aussi le seul médecin de la commune de Sylva.
"C'était un homme dur et intolérant, trop pragmatique aussi, comme l'est presque toujours ce genre d'homme."
Ce patriarche de substitution va décider de tout concernant ses petits-enfants : Leurs vêtements, leurs dépenses, leur avenir professionnel ou marital. Bill devra ainsi faire des études de médecine pour devenir chirurgien. Et gare à son courroux si l'un de ses petits-fils fait un pas de travers.
Cet été-là, les risques pris par les deux frères vont pourtant s'enchaîner, comme une forme de provocation.
A l'origine, la jeune Ligeia, une naïade de dix-sept ans qui nage, parfois nue, dans le cours d'eau où les deux frères pêchent le dimanche.
Ligeia, qui doit quant à elle son prénom à une nouvelle d'Edgar Allan Poe, est une hippie sexuellement libérée, qui aime boire du vin rosé et planer avec des joints ou des médicaments. Elle va d'abord fasciner le plus grand des frères mais rapidement, ce sera le jeune Eugène qui va tomber sous le charme.
"Viens t'allonger près de ta sirène."
Eugène perdra sa virginité et sera prêt à tout pour satisfaire les moindres désirs de la créature féérique, même à voler son grand-père. Il se persuade être supérieur à son frère tant Ligeia le complimente. Il est plus résistant à l'alcool, il est plus performant lors de l'acte charnel.
"D'ailleurs on a trouvé ça extrêmement bon, elle et moi. J'ai été aussi bien que toi, peut-être même meilleur. C'est elle qui me l'a dit."
Un rapport de forces entre les frères s'instaure doucement dans l'esprit d'Eugène, qui veut à tout prix surpasser Bill, le petit génie de la famille, intelligent et sportif.
"C'était facile pour lui de se sentir au-dessus de la mêlée."
Mais la belle sylphide a-t-elle seulement des sentiments pour lui ou n'est-elle que mensonges, contrôle et manipulations ?
Les deux frères se fâcheront, Bill souhaitant que son cadet ouvre enfin les yeux alors qu'Eugène est persuadé que seule la jalousie le ronge.
"Mon frère est jaloux de moi. Mon frère a peur de moi."
Peace and love.
Mais si ce besoin de liberté, de s'affranchir des règles, ne faisait que précipiter leur chute ?
Une situation de plus en plus complexe et sournoise, dont on connaît l'inéluctabilité.
 
Quelques fragments d'os. C'est tout ce qui restera de Ligeia quarante-six ans plus tard.
Contrairement à ce qu'Eugène pensait, elle n'a donc jamais quitté Sylva à la fin de l'été.
Son frère, devenu brillant neurochirurgien et à qui tout a réussi dans la vie, lui a donc menti. Il est le dernier à l'avoir vu en vie, tandis qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle, en Floride.
Complétement brisé, Eugène lui a tout perdu. Sa femme et sa fille l'ont quitté. Il a perdu son poste d'enseignant à l'Université et sa carrière littéraire est également compromise.
"Et n'oublie pas que tu as promis de mettre ta sirène dans un livre."
Soupçonné par la police de ce crime dont il ignorait jusqu'à l'existence, il va exiger de parler à son frère Bill , le dernier à avoir vu vivante l'ensorceleuse séductrice.
"Ne me parle plus jamais d'elle. Plus jamais."
Affaire de coeur qui a mal tourné ? Réglement de compte lié aux dettes contractées par Ligeia auprès de personnes peu recommandables ?
Ou tueur en série ?
 
Ma première rencontre avec Ron Rash est assez enthousiaste. Si son nom n'avait pas figuré sur la couverture, j'aurais mis une petite pièce pour parier sur Thomas H. Cook, tant cette histoire aurait aussi pu lui ressembler.
En plus d'une écriture soignée, sensible et nuancée, on retrouve cette lenteur et cet aspect inexorable des évènements que j'aime tant. Par le vent pleuré est un court roman noir dont le passé, souvent sombre, prend une dimension encore plus dramatique quand on sait que les souvenirs que va nous relater Eugène pour rendre hommage à son premier amour vont s'achever non seulement par la mort brutale de Ligeia, mais vont également engendrer d'une façon ou d'une autre une vie entière de décadence où l'alcool notamment va contrôler et ravager sa vie entière.
Le passé comme le présent nous emmènent tous les deux vers la résolution de la tragédie, donnant un côté de plus en plus asphyxiant à la lecture au fur et à mesure qu'elle se précisera.
 
Parce que l'étendue du drame ne va pas se limiter au meurtre. L'arrivée de cette jeune hippie irresponsable dans la communauté pieuse de Sylva va être dévastatrice à bien des niveaux. Faire l'amour librement et chercher à planer par tous les moyens va engendrer incompréhension et douleur par effet boule de neige dans cette ville qui n'adhère pas à cette philosophie. La liberté ne s'impose pas au détriment d'autrui.
 
Le roman propose donc une plongée à la fin des années soixante, avec ses artistes, ses croyances, ses modes de vie et son choc des cultures.
Il racontera comment, le temps d'un été, la relation entre deux frères, unis et protecteurs, ne sera plus jamais la même. Et comment leur rencontre avec la provocante Ligeia influencera leur avenir.
Parce que des sentiments d'adolescents peuvent marquer une vie au fer rouge.

Et c'est également un roman sur la responsabilité de nos actes, la culpabilité, le besoin de rédemption, ou encore la faculté de pardonner.
Brillant, cruel, marquant et émouvant, Par le vent pleuré me donne donc très envie de découvrir davantage l'oeuvre de Ron Rash, dont les excellents échos que j'avais pu avoir ont été ici largement confirmés.

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Ron Rash est un auteur américain contemporain que j'apprécie beaucoup. J'ai lu quasiment tous ses livres parus en français avec une mention spéciale pour Serena et Un pied au paradis.
Cela faisait plusieurs années que « Par le vent pleuré » traînait dans ma PAL, mais coté lectrice super dispersé n'est pas toujours compatible avec une lecture régulière des livres de mes auteurs préférés.
Ne trouvez-vous pas que ce titre est magnifique ? Il invite à tellement de sentiments et d'émotions dont la nostalgie du passé.
Ce n'est pas Eugene qui dira le contraire. Se réfugiant dans l'alcool depuis des décennies, cet homme va se replonger dans le passé lorsqu'il apprend que des ossements datant d'une quarantaine d'années ont été retrouvés sur les rives d'une rivière où il a passé sa jeunesse…
Ses souvenirs vont le ramener en 1969, quand il était un jeune lycéen qui ne pensait qu'à pécher tranquillement en compagnie de son frère Bill. Mais les deux frères vont tomber sur une jeune sirène, j'ai nommé la jeune et délurée Ligeia…
Ron Rash a développé avec beaucoup de talent l'évolution des relations entre les trois jeunes gens et les interactions qui vont en découler….
Mais que s'est-il finalement passé là-bas à la fin des vacances, car les ossements découverts n'ont pas fini de révéler bien des informations ….
Par le vent inachevé serait finalement un titre plus adapté au vu de la fin qui m'a franchement déçue.. Cela ne m'arrive pas souvent, mais là, j'avoue que Ron Rash m'a laissée sur ma faim et j'ai terminé la lecture de ce livre avec un sentiment mitigé…dommage, le reste de l'histoire est bien à la hauteur de son talent….

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