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EAN : 9782021109849
240 pages
Seuil (14/01/2016)
3.87/5   424 notes
Résumé :
Rivière protégée par une loi fédérale, la Tamassee est un lieu quasi sacré. Quand une jeune adolescente s’y noie et que son père veut faire installer un barrage pour dégager son corps, bloqué sous un rocher, les environnementalistes s’insurgent et les journalistes se déchaînent. Photographe originaire du coin, Maggie s’interroge : comment choisir entre le deuil d’un enfant et la protection de la nature ?

Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
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Ron Rash pose toujours en filigrane les questions de morale et frappe encore une fois par la précision et la poésie de sa prose, par son regard lumineux et son souci de vérité.

Il revient à ses thèmes de prédilection dans un polar écolo engagé pour la préservation des grands espaces et de la nature.
Il entend et nous fait entendre le murmure de l'intérieur des terres, le gargouillis du ventre des rivières, la mémoire vivante des lieux.

Puisqu'il y a toujours plus qu'une seule réalité il ouvre la discussion creusant un sillon dans nos consciences ou nos mauvaises consciences. Il ne juge jamais ses personnages, il cherche au contraire les raisons profondes qui peuvent les mener à des comportements extrêmes.

L'auteur aime alterner les histoires et les temporalités et les fait rentrer en écho dans une parfaite ramification. le style minimaliste et très visuel nous emporte.

On voyage avec Ron Rash comme on ne voyage qu'avec les livres, en voyant mieux que si l'on était face au décor lui-même.


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Ruth, 12 ans, s'est éloignée de sa famille, assise non loin sur la couverture, autour du pique-nique. Elle voulait tant raconter à ses amies qu'elle avait mis les pieds dans deux États à la fois. Les pieds dans l'eau froide de la Tamassee, elle s'avance de plus en plus. L'eau monte, le courant accélère. Une chute. Là voilà sous l'eau. Malgré ses tentatives de remonter à la surface, le courant finit par l'emporter. Sa mère tentera de la rattraper. En vain... Cela fait maintenant 3 semaines que le corps de la petite gît au fond de la rivière, coincé sous un rocher. Aujourd'hui, cette triste affaire prend une nouvelle tournure. En effet, son père, Herb, commence à grogner, mésestimant le travail des sauveteurs. Aussi, fait-il appel auprès d'une entreprise de barrages amovibles afin de détourner le cours de la Tamassee. Mais, les écolos tentent de l'en empêcher, la rivière ayant eu le label "rivière sauvage". Lee, rédacteur en chef du Messenger, décide d'envoyer sur le terrain Maggie Gleen, photographe de presse originaire du comté d'Oconee et Allen Hemphill, journaliste...

Partant d'un fait divers, d'une tragédie où cours de laquelle une adolescente a trouvé la mort dans les mêmes circonstances que le personnage de fiction et où les tentatives pour récupérer le corps sont similaires, Ron Rash plante le décor de son second roman le long de la Tamassee. Ici s'affrontent, dans une lutte sans fin, les militants écologistes opposés au projet du barrage amovible qui veulent préserver ce lieu labellisé et protégé par le Wild and Scenic Rivers Act, et les parents, effondrés, voulant à tout prix récupérer le corps de leur fille afin d'en faire le deuil. Autour d'eux gravitent la population locale, partagée, les politiques, les promoteurs et les journalistes. Parmi ces derniers, l'on retrouve Maggie Gleen, photographe de profession. Ce sera pour elle l'occasion de faire table rase du passé, d'affronter ses vieux démons auprès d'un père mourant. Ron Rash dresse, avec finesse, un portrait de femme rongée et torturée. L'auteur fait également la part belle à cette nature sauvage, parfois hostile, que les hommes à la fois protègent et violent. La Tamassee, véritable personnage à part entière. En filigrane, la culpabilité, le pardon, le deuil, l'amour et la haine. Un roman fouillé, à la fois fort et sensible, parfois mélancolique et aux personnages marqués.
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Elle regarde le temps passer
Depuis si longtemps
Cristalline, elle coule librement
Trame en liberté
Où bon lui semble
Jusqu'aux murmures, jusqu'aux silences
Et puis se remet à chanter

Ni paisible ni inoffensive,
A la fois source et menace
Elle se nomme la Tamassee cette rivière sauvage, frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie, au pied des Appalaches : les montagnes les plus vieilles du monde.
Elle est le personnage principal de ce roman
Elle est la première image de ce texte, offre le décor à une scène de pique-nique familial.
Ruth une petite fille de douze ans veut patauger, « mettre un pied en Caroline et l'autre en Géorgie pour raconter à ses amies qu'elle s'est trouvée dans deux états à la fois »
le courant l'emporte et la garde.
Ses parents désespérés, sont prêts à tout pour récupérer le corps. Après la vaine tentative des plongeurs, ils veulent un barrage pour détourner le flot.
Mais La Tamassee est protégée par une loi fédérale :
Protection de l'environnement.

Interviennent les autres protagonistes : Maggie, fille du pays, retrouve les terres de son enfance et son père mourant. Elle est photographe de presse, avec son collègue Allen Hemphill journaliste connu, elle va couvrir cette tragédie, ce conflit.
Elle sera notre regard, nous plongera dans ses souvenirs, ses blessures. Partagée entre les militants écologistes qui ne veulent pas bousculer le fragile équilibre de la nature et sensible à la douleur de la famille.
L'amour nait entre Maggie et Allen : juste un murmure entre deux solitudes, une esquisse d'un rapprochement des corps, un apaisement.

Dans cette communauté la vie s'articule autour de cette rivière et entre écologistes, agriculteurs, exploitants forestiers, appétit des promoteurs immobiliers, intérêt économique.
Une fracture entre « les culs terreux » et les notables.
Tous ont une excellente cause à défendre et chacun s'accroche férocement à ses croyances.
Tel l'écologiste Luke, un brin rigide, et son combat sans compromis devenant aveugle à la cause des autres.
L'auteur respecte le lecteur, il donne à voir et nous laisse prendre position ou pas...
On sent pourtant l'engagement de Ron Rash pour l'environnement mais il ne prend pas parti ni n'impose un chemin.
La Tamassee ne doit pas sortir de son lit.
Elle est ancrée dans le paysage. Ce paysage nourrit toute la poésie de ce récit.
Un texte d'une sensibilité rare, et j'ai découvert le talent de cet auteur pour décrire la nature. C'est aussi un roman à suspense très maîtrisé.

Merci Didier pour m'avoir permis d'écouter « le chant de la Tamassee » Je me suis imprégnée de cette beauté !
..............................
Comme une pierre que l'on jette dans l'eau vive d'un ruisseau
Qui laisse derrière elle des milliers de ronds dans l'eau
Comme un manège de lune avec ses chevaux d'étoiles
Comme un anneau de Saturne, un ballon de carnaval
Comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures
Le voyage autour du monde d'un tournesol dans sa fleur
Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon coeur

Comme un écheveau de laine entre les mains d'un enfant
Ou les mots d'une rengaine pris dans les harpes du vent
Comme un tourbillon de neige, comme un vol de goélands
Sur des forêts de Norvège, sur des moutons d'océan
Comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures
Le voyage autour du monde d'un tournesol dans sa fleur
Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon coeur

Ce jour-là près de la source, Dieu sait ce que tu m'as dit
Mais l'été finit sa course, l'oiseau tomba de son nid
Et voilà que sur le sable nos pas s'effacent déjà
Et je suis seul à la table qui résonne sous mes doigts
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux
Une pierre que l'on jette dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle des milliers de ronds dans l'eau
Au vent des quatre saisons, tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon coeur.

"Les Moulins de mon coeur"
Michel Legrand

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Prenez n'importe quel fait divers, sous le poids de l'opinion populaire et de l'exploitation pharisienne qu'on en fait, il éparpille bien souvent sa prise en particules tellement fines qu'il parvient à faire disparaître la victime. L'histoire qui oppose ici un riche banquier aux habitants d'une bourgade rurale semble suivre la même trajectoire.
Quand la fille d'un homme influent se noie sous ses yeux dans la Tamassee, dernière rivière sauvage de Caroline du Sud, c'est un affrontement clivé qui s'annonce dans le récit. Sous les yeux des autochtones et des media, une faille immense sépare la famille endeuillée aux écolos et l'obstination que l'on prête à chacun les y précipite.
Mais dans le chant de la Tamassee, Ron Rash a construit un récit qui invite à dépasser ce qui émerge à la surface et se défaire des certitudes trompeuses que l'on forme au début. Car dans ce roman cristallin à l'écriture limpide, évidente, l'auteur américain nous gratifie d'un récit qui transfigure le conflit apparent et fait rejaillir à la surface de l'histoire des éléments plus profonds que l'effet médiatique passe sous silence. le retour d'une journaliste née dans ce territoire jusque-là préservé de ce qu'on appelle communément la modernité n'y est pas étranger...

On a l'impression de lire un drame intelligemment nuancé, nourri de tensions, confrontations et fuites qui donnent une puissance poétique qui se diffuse lentement, et même en-deçà des soubassements du texte.
Il possède en quelque sorte une force tranquille parce que le roman exprime aussi une profonde authenticité ; le goût pour les espaces sauvages, le sens de la dignité et le pardon parcourent chaque page. Et les descriptions majestueuses de la nature, en particulier de la Tamassee, sont tellement hypnotiques et entêtantes que l'écriture parvient à nous imprégner d'une mélodie enchanteresse.
C'est une belle histoire qui aurait pu donner naissance à un sacré roman si la vie personnelle particulièrement tortueuse de la narratrice n'était pas venue s'insérer de manière assez maladroite. Son histoire d'amour très mélodramatique apparaît malheureusement dissonante au regard de la dimension quasi spirituelle du récit principal.
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La cristalline Tamassee coule sauvage dans les contreforts montagneux de la Caroline du sud. Enjeu écologique du moment, elle garde prisonnière une petite fille noyée accidentellement dans les tourbillons du ressaut hydraulique. Et les opérations de ce sauvetage morbide vont cristalliser les dissensions locales, entre autochtones autistes aux avis et conseils extérieurs à leur communauté, chevaliers blancs de protection de la nature et intérêts mercantiles.

Maggie, photographe de presse, native de la région, couvre l'événement avec un journaliste au passé personnel douloureux. Ce retour sur terre d'enfance ouvre la boite de souvenirs aigres-doux et rancoeurs, tout en permettant une prise de conscience pour une région à la beauté brute et préservée. Mais pour combien de temps encore? Il y a du mysticisme dans ce fait divers, une réflexion sur l'intransigeance et le fondamentalisme, sur la culpabilité et le pardon.

L'écologie semble prendre de plus en plus de place dans la conscience collective américaine, dans un pays où la libre entreprise fait acte de foi. Ron Rash s'approprie a sa manière un fait de société par son aisance de narrateur, par sa plume conteuse, pour nous offrir un roman sans doute moins attachant que certains de ses précédents* mais qui tient néanmoins le lecteur en haleine.
Sa prise de position de citoyen est transparente dans le déroulé fictif des événements: sans renier l'empathie face à un drame humain, son choix va vers le respect de l'équilibre de la nature. En filigrane de son intrigue romanesque se dessine toute la diversité de la société américaine, des politiques, promoteurs, métiers de presse, passant par la population de régions agricoles reculées stigmatisées en culs-terreurs négligeables.

Une très belle lecture.

* le chant de la Tamassee est en fait son second roman, parue en 2004 et traduit en français en 2016.
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critiques presse (4)
LaPresse
05 avril 2016
C'est là que réside tout son talent, puisqu'à aucun moment il ne fait pencher la balance pour nous sortir d'un dilemme déchirant.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
09 février 2016
Un récit qui conjugue parfaitement la poésie des descriptions du cours d'eau capricieux et le scénario d'un polar sociétal plutôt original.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
09 février 2016
Où Ron Rash s’engage en faveur de la protection de l’environnement.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
08 février 2016
La Tamassee fait le lit du polar poétique de Rash.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (102) Voir plus Ajouter une citation
Et pourtant nos cœurs n’étaient toujours pas vides. C’était comme si nous avions mal calculé tout ce que nous pouvions nous dire et qu’il nous restait encore assez de rancœur pour protéger ce qui se trouvait au plus profond, ce qui ne pouvait s’exprimer que par des paroles de réconciliation et de pardon – des paroles pour reconnaître que nous étions liés par le sang et la famille, et même malgré notre volonté qu’il en soit autrement, par l’amour. Des paroles si effrayantes que nus fermions hermétiquement la bouche, n’osions pas une seule syllabe de ce langage-là. Parce que nous comprenions tous deux que, une fois que l’on ouvre la bouche pour prononcer ces mots-là, on ouvre aussi son cœur. On l’ouvre aussi grand qu’une porte de grange, on démonte les gonds, et du coup n’importe quoi peut en sortir ou y entrer. Y-a-t-il quoi que ce soit de plus effrayant ?
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D'aucuns le diraient, pas vrai ? a lancé Luke en accrochant le regard d'Allen. J'ai lu assez de bouquins écolo et vu assez de films bidons pour savoir que les promoteurs sont toujours les traîtres de comédie venus arracher sa ferme à la mamie, ou construire un grand ensemble sur une décharge nucléaire. Le plus beau, avec Bryan, c'est qu'il est l'incarnation même de ce mot. Vos pires craintes vis-à-vis des promoteurs ne sont pas simplement confirmées mais transcendées. Parfois même moi j'ai du mal à croire qu'il existe. Il est tellement pur - comme un requin ou un cafard est pur parce qu'il a besoin d'évoluer; Il est la perfection accomplie.
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" Dégaine ton appareil, a-t-il dit d'un ton sérieux. Tu vas avoir sous peu l'occasion de prendre une vraiment bonne photo."
J'ai sorti le Nikon de son étui alors qu'Herb Kowalsky s'avançait dans les hauts-fonds et grimpait sur la pierre plate sous laquelle gisait sa fille. Il a regardé dans l'eau, seul à présent - ni sauveteurs, ni écologistes, ni badauds.
En photo il n'y a pas de mémoire. l'image impressionne la pellicule ou n'existe pas. J'ai approché le Nikon de mon oeil droit pour faire naître cet instant dans la vie de Herb Kowalsky. A ce moment là, la partie de moi qui pointait l'objectif se contrefichait de Herb Kowalsky, de sa fille, de la rivière ou de la loi fédérale. *
J'ai appuyé sur le déclencheur, sans arrêt jusqu'à ce que je n'ai plus de pellicule, et puis j'ai collé un autre rouleau dans l'appareil. Ce n'est qu'une histoire de lumière, d'angle et de grain, me suis-je dit. ce que font ces photos pour moi ou qui que ce soi d'autre n'est pas un but. Je ne suis qu'une observatrice de ce qui est déjà là.

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Après la mort, tout dans une maison semble vaguement transformé – la couleur d’un vase, la longueur d’un lit, le poids d’un verre sorti d’un placard. Peu importe le nombre de stores qu’on relève et de lampes qu’on allume, la lumière est plus pâle. Les ombres qui, comme des toiles d’araignées, tapissent les encoignures prennent de l’ampleur et s’épaississent. Les pendules sont un peu plus bruyantes, le silence qui sépare les secondes est plus long. La maison elle-même paraît être de guingois, comme si les fondations avaient été étalonnées en fonction du poids et des déplacements du défunt.
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Wolf Cliff est un lieu où la nature s'est donné un mal fou pour que les humains se sentent insignifiants. La falaise elle-même, c'est soixante mètre de granite qui dominent la gorge. Une fissure balafre sa face grise tel un fragment d'éclair noir incrusté là. La rivière se resserre et devient plus profonde. Même l'eau qui paraît calme y est rapide et dangereuse. Au milieu de la rivière, cinquante mètres au-dessus de la chute, un hêtre aussi gros qu'un poteau téléphonique repose comme un ponceau en équilibre sur deux rochers de la hauteur d'une meule de foin. Une crue de printemps l'avait déposé là douze ans auparavant.
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