Taormine, un livre qui nous laisse sur notre faim
La forme du roman se donne à première vue comme un journal de bord d'une semaine de vacances en Sicile. le début est in médias res, le ton est léger, on sort de l'aéroport en même temps que les personnages qui nous emmènent en voyage avec eux. On se dit "chouette !", on va passer un bon moment avec de jolis paysages, de l'amour et de l'humour grâce à un narrateur à la première personne aux commentaires grinçants.
Mais les vacances tournent au cauchemar après un accroc avec la voiture ce qui fait surgir les reproches de chaque côté : la femme critique son mari trop mou, au chômage et ce dernier accuse l'aventure de celle-ci avec un de ses amis. L'histoire oscille ainsi entre le mystère de savoir ce qui a cogné la voiture ( un animal sauvage ? un être humain ? ) et la tentative désespérée du mari de reconstruire son couple au travers de cette semaine de vacances qui devait être parfaite.
Très vite le mystère est percé ce qui coupe l'herbe sous le pied au lecteur qui n'a pas le temps de se laisser embarquer, le suspens est aussitôt avorté. Tout se passe comme si l'auteur avait un train à prendre et qu'il avait écrit son roman en vitesse.
L'histoire est légère voire superficielle, on ne connait pas le passé des personnages, on a du mal à comprendre leur relation, leur métier reste flou, difficile alors de s'attacher à eux et surtout à rentrer dans l'histoire.
Arrivée à la 138ème et dernière page, on retourne le livre dans tous les sens pour connaître la suite des péripéties mais on ne le saura jamais. On reste alors en plein questionnement, frustré avec un gout amer dans la bouche. le roman agit comme le brouillon d'une très bonne histoire, la trame narrative est intéressante, l'écriture est soignée mais tout cela manque de détail et de lenteur.
Il n'est à aucun moment question d'amour, sauf peut-être à la page 52 où le mari confesse avoir peur de complimenter sa femme. C'est un couple en crise et l'auteur n'illustre en rien les doutes, la peur de perdre l'autre, l'envie, le désir.
C'est un roman qui manque de profondeur.