Quelle mouche a piqué les Nouvelles éditions Oswald (et bien avant cela les éditions
Walter Beckers en 1966) de nommer ce recueil de 6 nouvelles selon le titre d'une des nouvelles contenue dans le livre? L'édition originale de 1946, aux éditions Atalante, s'intitulait Mystères et Aventures, ce qui représente parfaitement le contenu.
Le titre, ici, laisse croire au lecteur qu'il va y avoir de l'horreur, de l'épouvante, alors qu'il n'y en a pas la moindre. On est loin de ce qui sera publié sous le nom de
Jean Ray. le pseudonyme
John Flanders sera d'ailleurs souvent utilisé pour des nouvelles où enquêtes et aventures sont présentes. On voyage beaucoup, de l'Espagne à la Chine. Et vu que les nouvelles sont courtes, le dénouement du mystère vient comme une étincelle, sans que le lecteur puisse trouver la solution. Mais, en fait, il y a tellement peu de personnages qu'il est toujours possible de deviner la solution.
On a 6 nouvelles approximativement de 30 pages chacune, divisées en chapitres courts et souvent dotées d'une morale, d'un épilogue édifiant (à l'usage des adolescents, sans doute):
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La neuvaine d'épouvante: une nouvelle autour d'une question d'héritage, et lorgnant vers le fantastique mais s'expliquant de manière parfaitement rationnelle,
- La statue assassinée: beaucoup d'humour dans cette enquête sur des dégradations que subit une statue d'un héros local, sans doute la meilleure du recueil,
- le carrefour de la Lune Rousse: un détective (qui évoque
Harry Dickson) débrouille un vieux crime de manière fort brillante, l'ambiance est bien rendue,
- La jonque noire: parfum d'exotisme assuré avec un voyage sur le fleuve Yang-Tsé,
- le nègre de l'ascenseur: récit intéressant qui aborde la question du racisme, mais on s'en tire encore par une entourloupe finale,
- L'aventure espagnole: 1906, un marin est confondu avec un espion anglais qui traque les anarchistes espagnols, humour au rendez-vous.
Tous ces récits sont construits de la même manière, ou presque. Il y a toujours quelqu'un de déguisé ou réapparraissant alors qu'on le croit mort. le style est assez simple, évoquant des récits publiés à la semaine dans les journaux. Là où John Flander/
Jean Ray montre toute sa science, c'est dans le sens poétique et dans l'usage du vocabulaire, les nouvelles ayant été écrites en français. C'est concis, avec l'utilisation du mot juste. Je dois bien avouer avoir été surpris par certains mots de vocabulaire, comme féringien, paterne ou vaguer... Je ne me souviens que des mots les moins complexes, dont je connaissais à peu près la signification. Par ailleurs,
John Flanders montre toute sa science du vocabulaire technique maritime. Un témoignage d'un autre temps à lire avec indulgence et nostalgie.