Avant de lire ce roman graphique, je tiens à préciser que je connaissais le roman de
Françoise Sagan, lu quand j'étais adolescente et relu assez récemment avec des yeux d'adulte cette fois. Je dois dire que le roman original ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Des personnages que l'on qualifierait de bobos de nos jours : un père qui semble être en pleine crise de la quarantaine, séducteur de bazar, une adolescente cruelle, manipulatrice et mal dans sa peau qui aimerait être le centre du monde, qui voudrait son papa pour elle toute seule et à qui on a surtout envie de filer des claques… Bref, on assiste dans le roman à la fin d'une époque, au déclin d'un monde désuet, déjà démodé, où la cruauté se pratique entre deux flutes de Champagne et deux soirées au casino. Je peux comprendre l'engouement pour ce roman au moment de sa sortie, une jeune fille qui écrit, qui casse les codes, qui s'affranchit de la bienséance et des principes moraux de l'époque, une jeune fille qui vit à 100 à l'heure, émancipée et libre… Mais c'est typiquement le roman qui une fois sorti de son contexte et de son époque, perd tout ce qui fait son charme, son audace, sa liberté. Bref, ça se lit vite, c'est "plaisant" mais vite oublié. Je me souviens avoir pensé "Tout ça, pour ça ?".
Contrairement au roman de
Françoise Sagan que j'avais aimé sans plus, j'ai vraiment apprécié le roman graphique de
Frédéric Rébéna. Il a su conserver la quintessence du texte original. On va à l'essentiel, sans superflu, c'est direct, précis, sans faux-semblants, l'émotion pure et sans fioritures. Grâce au dessin, à la subtilité et à la délicatesse du trait et de la mise en couleur, l'auteur réussit à mettre en valeur les personnages, la dramaturgie de l'histoire et l'atmosphère particulière des vacances : l'ombre de la sieste, la lumière de la plage, la chaleur des nuits d'été, les sentiments qui se dévoilent, les émotions exacerbées… Tous les ingrédients sont réunis pour que le drame éclate.
En allant à l'essentiel tant par le texte que par le dessin, l'auteur donne de la profondeur aux personnages, ici le minimalisme développe l'intime. Finalement j'ai redécouvert le roman d'origine à travers l'adaptation de
Frédéric Rébéna et j'ai mille fois préféré cette version à celle de
Françoise Sagan, peut-être parce que l'auteur est allé au coeur du roman pour en retirer l'essence et en conserver l'esprit, peut-être parce qu'en épurant le texte pour en conserver l'essentiel, il a su toucher le lecteur de façon plus directe et plus profonde.
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