« J'étais sorti de chez moi dans les années vingt
et quand je suis rentré c'était les années trente »
(p. 17, extrait de « Slow traffic »)
Voici un surréaliste « tempéré » qui écrit aussi bien en roumain qu'en français et qui traduit également. le critique
Nicolae Manolescu souligne la possibilité pour le lecteur de lectures multiples des poèmes, selon comment on décide de « lier » les mots (la ponctuation proposée se réduit à quelques points d'interrogation) les uns aux autres. Il s'agirait ainsi de « l'expression topique de la liberté textuelle surréaliste ».
C'est en voyageant que S.R, le poète révèle son véritable surréalisme. Très souvent citée, la civilisation nord-américaine est aussi incarnée par la ville de New York (« Venu ici en amoureux de la Liberté ou pour mieux sentir les griffes de toujours ? », p. 29).
Dans sa préface de 1999 à l'édition roumaine le poète
Gellu Naum évoque l'utilisation par celui qui est également son traducteur en français, d'un langage « toujours luxuriant, flexible, extraordinairement agressif et généreux à la fois », pour une poésie (plutôt en prose) en perpétuelle mouvance.
Je dois cependant avouer avoir été assez insensible à cette imagerie débordante d'imagination.
Des dessins de [Jules] Perahim (pseudonyme de Jules Blumenfeld, peintre, lithographe et graphiste roumain, puis soviétique, naturalisé français, né le 24 mai 1914 à Bucarest et mort le 2 mars 2008 à Paris), autre illustre surréaliste émaillent ce recueil par ailleurs très élégant du point de vue matériel.