Dernier épisode de Infinite Crisis. C'était pas évident d'achever proprement toutes ces histoires parallèles. le résultat est plutôt réussi.
Alex Luthor, le Superman de Terre-2 et Superboy-Prime, laissés pour compte de la transformation du multivers en monovers qui a eu lieu dans « Crisis on Infinite Earths », sont insatisfaits du résultat et ont comploté tout ce temps pour le modifier à nouveau. Chacun a ses raisons : Superboy veut seulement revenir dans sa Terre originelle, Superman 2 veut sauver sa Loïs et pour cela n'envisage que la solution de recréer sa Terre 2 où l'honneur et le sens du devoir régnaient (rappel des comics des années 1940). Alex Luthor veut, lui, jouer à Dieu : régénérer le multivers et mélanger les Terres les plus prometteuses pour créer la Terre idéale comme on mélange la farine et les oeufs pour faire un gâteau.
On assiste ici à ce processus, à la réaction des héros et à la fin des effets secondaires comme la guerre Rann-Thanagar ou la révolte de l'IA OMAC.
Le dessin est très agréable, souvent percutant.
Ivan Reis, surtout, nous régale avec des dessins une page comme ses mains qui ouvrent le cosmos comme un carton d'emballage devant des héros et des forces spatiales médusées, ou la recréation des Terres multiples qui envahissent l'espace. Les trois épisodes qui mettent en scène le combat entre Superman de Terre-1 et celui de Terre-2 changent volontairement de dessinateurs toutes les deux ou trois pages. le but de l'opération est de renforcer l'aspect philosophique de l'affrontement : un monde trop compliqué contre un monde en noir et blanc trop factice – ce sont finalement les manières de faire du comics à travers les décennies qui s'affrontent. L'affrontement physique n'a rien de décisif, mais chaque coup porté fait partager la mémoire de l'adversaire, d'où le dessinateur qui change souvent. On a aussi quelques explications que l'on peut se poser sur le comportement du Superman de 1940 : pourquoi n'a-t-il pas anéanti le 3ème Reich en quelques heures ? Comment a-t-il géré le Maccarthisme ?
En revanche, la mention de 4ème de couverture traitant la série de « saga qui a bouleversé à tout jamais les fondations de l'Univers DC » manque de vérité. Infinite Crisis révolutionne peu de choses en vérité. Quelques morts de second rang, quelques historiques de personnages modifiés, quelques erreurs des héros moralement inacceptables effacées. de ce point de vue c'est plutôt un échec. D'autant plus que, quatre ans plus tard, Blackest Night ressuscitera de nombreux morts du passé et, un an après cela, Flashpoint modifiera, lui, fortement l'univers DC pour lui donner sa forme actuelle.
En attendant une prochaine révolution…