Il respirait une espèce d'air dont toute cette ville perdue dans les montagnes semblait pleine ; cet air flottait partout où l'homme dépendait de son semblable. C'était l'air de la multiple souffrance de l'humanité qui se débat entre ses besoins et ses chimères : troupeau encerclé par l'égoïsme et l'ignorance, accablé par la fatalité.La souffrance ! il la voyait sur les visages de tous, même lorsqu'ils étaient joyeux ; le rire est un essai de se tromper soi-même ! Il voyait la souffrance même dans les yeux sereins des petits enfants, car il prévoyait leur futur esclavage…
(p. 145)
[…] cela est plus réjouissant encore lorsqu’il est question d’un livre aussi pénétrant et aussi saisissant que « Miron », où l’on trouve de merveilleuses pages de contemplation du monde des sens et du monde extérieur. L’on rencontre ici un destin s’élançant entièrement dans le spirituel et tout ce qui est humain y prend une forme particulièrement poignante, grâce à la force lyrique et aux formules lourdes de pensée.
(extrait de l’Avant-propos écrit par Stefan ZWEIG)