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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il en faut du talent pour écrire pareil livre, pareil roman, sorte d'introspection narrative exprimant un mal être, une recherche de personnalité !
Blandine Rinkel se parle à elle-même, se tutoie, et cela donne un style direct qui m'a bien accroché, même si l'intérêt de la lecture n'est pas entretenu artificiellement par quelque suspense que ce soit.
Bac en poche, Océane, 18 ans, se retrouve seule à Paris pour poursuivre ses études. Son père, un homme attentionné, à l'écoute et sachant s'effacer pour laisser sa fille vivre sa vie, lui paie un petit 10 m2 parisien et elle découvre la ville.
Elle dit venir du village imaginaire de Saint-Jean-des-Oies, près de la Roche-sur-Yon, et elle trouve beaucoup de différences entre la capitale et son lieu d'origine. C'est l'été et elle en profite pour s'habituer à sa nouvelle vie.
La rentrée l'amène à Tolbiac, Paris-Sorbonne. Elle rencontre Paul et Aurélien. Ils parlent histoire, culture, politique, sexualité et elle découvre un nouveau vocabulaire, se heurte au snobisme et doit cacher ses manques de références en musique, elle qui adorait la téléréalité.
Elle s'aperçoit même que sa voix change. Cela lui donne l'impression d'être doublée, comme au cinéma. Elle qui avait un blog, n'ose pas en parler et enfin, se lie avec Elia qui a des yeux vairons, l'un vert, l'autre marron. Commence alors une histoire d'amitié profonde, pleine de surprises, certaines très inattendues.
Dans le nom secret des choses, l'auteure glisse doucement d'un « tu » pudique et sévère vers un « je » plus franc et direct. Elle se permet certaines digressions fort instructives comme lorsqu'elle parle de l'imposture et constate qu'il n'y a pas de féminin à imposteur…
J'ai trouvé aussi très original cette volonté de changer de prénom, l'une comme l'autre. Elia devient Safiah alors qu'Océane privilégie son second prénom : Blandine. Cela donne des chapitres très personnels, de réflexions intimes qui font de ce livre un ouvrage inclassable d'une écrivaine rencontrée aux Correspondances de Manosque où Blandine Rinkel qui est aussi journaliste et chanteuse dans le groupe Catastrophe, a été en résidence d'auteure.
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Elle s'appelle Blandine Rinkel, elle danse, elle chante et elle écrit. Car non, « un écrivain ne sait pas faire que ça, écrire ; on sait tous faire plein d'autres choses ! »
Elle respire l'Art, et moi je la regarde danser et chanter, puis je la lis avec un plaisir infini.

Comme en peinture, c'est avant tout un effet de fondu. Oui, à 18 ans, Océane a décidé de fondre, dans ses vêtements et dans Paris. Débarquée à Paris de Saint-Jean-des-Oies, ce village de 800 habitants où elle a grandi et qui ne lui a pas donné les codes, Océane les apprend sur place, autodidacte et docile. Elle s'aligne sur les autres, cesse de rire trop fort, fume pour fumer et s'adonne à du sexe sans plaisir. Elle ment, beaucoup, elle fait semblant d'être quelqu'un d'autre.
Son sentiment d'insuffisance est une valise beaucoup trop lourde à porter. Ont-ils conscience de leur chance, ceux dont la poésie et le cinéma les a bercés depuis la naissance, ceux qui sont déjà dans le bon cercle ?

Elle rencontre Elia, une amie, un double, un complément d'elle-même. Des yeux vairons et des cheveux noirs.
« Elle était grave et ne l'était jamais.
Joueuse et engagée.
Absurde et parfaitement sensée.
Caractère que, depuis, je cherche chez tout le monde et ne retrouve nulle part. »

Elles s'apprivoisent lentement, Elia la séduit en l'écoutant, et en la rassurant « Les gens qui ne conviennent pas me conviennent parfaitement, tu sais ». Un soir, en débattant sur le déterminisme, elles listent toutes ces choses modifiables qui nous dessinent, les yeux, les cheveux, le prénom. C'est ainsi qu'elles se lancent un pari absurde, Océane deviendra Blandine. Et dédicacera ce second roman « À celles qui disparaissent ». Amitié toxique, fondatrice, je vous laisse deviner à quel point ce texte m'a parlé.

Une plume à tomber par terre, une sensibilité sur les choses et les êtres, « Le nom secret des choses », c'est simplement de l'excellente littérature.
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Imaginez cela, la réécriture de l'Education sentimentale, plus d'un siècle et demi après, par une femme et avec une jeune femme, débarquant de sa province dans le Paris des années 2000, comme protagoniste, une jeune femme, d'ailleurs, qui parle d'elle à la seconde personne, s'appelle Océane, mais pourrait bien s'appeler aussi Blandine comme l'auteure, et, d'ailleurs, finira par se choisir ce prénom-là, Blandine, et cela pourrait donner, même si, bien sûr, l'intention narrative n'est pas la même, le nom secret des choses, le nouveau roman de Blandine Rinkel. On se souvient, ô combien, de L'abandon des prétentions, ce premier récit évoquant une figure de mère, assurément très proche de celle de l'auteure, on se souvient de cette écriture d'une rare élégance, de ce ton tour à tour pudique, léger ou ironique, utilisé pour raconter l'incroyable perte du souci de soi chez cette femme, décidant de s'oublier pour mieux s'ouvrir aux autres, jusqu'à en faire trop, on se souvient de l'émotion vive qu'on ressentait à lire ce texte. Et l'on retrouve ici, dans cette reconstitution du parcours personnel, dans l'évocation aussi de la rencontre avec Elia, une amie - reine des métamorphoses, initiatrice de destinées, menant sa vie comme un permanent carnaval de Rio et y entraînant Océane/Blandine, avant de brutalement l'abandonner- le même talent à percer les carapaces, dévoiler les impostures, chercher la vérité des identités – et oui, pourquoi pas, « le nom secret des choses »-la même sereine lucidité dans l'analyse. L'argument romanesque est minime, en soi, réduit à presque rien – où l'on retrouve Flaubert…- ou à ce tout qu'est la question à laquelle répondait aussi Sartre, l'auteur des Mots (où il est, tiens, aussi question des « noms » et de l'imposture), « comment je suis devenu moi », mais Blandine Rinkel fait de ce peu – postures, rencontres, apprentissages culturels, pratiques sociales ou sexuelles, amitié et trahison – une aventure introspective et spirituelle, une vraie quête d'identité. Avec le je-ne-sais-quoi de sa petite musique, le charme discret de ses mots… Un texte fort pour un regard sur soi d'une étonnante acuité. Merci Blandine pour cette beauté.
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Une amie m'offrirait un livre, qui s'appellerait le nom secret des choses. Ce serait un beau cadeau avec un titre comme celui-la. J'entrerais dans l'histoire comme on devrait toujours y entrer, sans en savoir rien. Je trouverais à ce livre une identité d'écriture, avec son utilisation du conditionnel originale et déstabilisante et son récit à la deuxième personne. Je comprendrais vite que ce "tu" est un "je" de miroir et que penché au-dessus de l'épaule de Blandine, je verrais apparaître dans le reflet du livre ce qui est ma part d'Océane. Cette dualité qui accompagne chaque vie, différemment, avec son lots de dévoilements, d'hypocrisie et de renoncements, parfois. Je pourrais remercier l'auteure pour certaines phrases qu'il faudrait noter dans un carnet pour s'en souvenir, pour m'avoir accompagné dans la sensation dérangeante de se sentir différent, autre, de ne pas avoir les codes de certaines entrées. Et lui dire que bientôt je contribuerais à sa collecte pour son grimoire des métamorphoses.
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Second livre de Blandine Rinkel.
Troisième si on compte celui du collectif Catastrophe (aujourd'hui transmuté en excellent groupe de Pop).
Ce livre est l'histoire d'une initiation.
C'est aussi un livre qui témoigne d'une "belle* amitié, suivie de ce que l'on pourrait consider comme un abandon, une fuite, une trahison.
Ce livre vous rappellera probablement des épisodes de votre vie.
On peut lui trouver quelques points communs avec le très beau" Swing Time" de Zadie Smith.
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Un roman sur l'importance de nommer toute chose, matérielle et abstraite, de façon précise afin de mettre des mots sur l'existence. de sa propre identité au sentiment le plus profond, l'accent est mis sur la nécessité du psychisme à désigner, se désigner, par l'instrument inné à l'être humain : le langage. Blandine Rinkel met son labeur d'écrivain au service de la littérature avec talent et justesse, une pépite pour ceux qui ne trouvent pas toujours les mots.
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Océane quitte son milieu de classe moyenne provinciale pour faire des études à Paris. Elle décrit à merveille son sentiment d'étrangeté, son malaise face aux codes culturels inconnus, sa quête d'identité, son amitié toxique, son désir de renaissance. Roman initiatique, description quasi sociologique des différences subtiles de classes, très belle écriture avec un jeu sur les pronoms : Tu (Océane), Vous (Océane et Elia), Je (Blandine), Elle (Elia). le livre se termine par une enquête sur les renominations qui se prolonge sur un site : http://lenomsecretdeschoses.fr/index.php
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Une complicité d'ectoplasmes

“Quand je pense à nous,je pense à des braises. Ça crépite, mais on ne sait pas comment ça prendra.”

Je suis tombée sur ce roman au rayon nouveauté de ma médiathèque, la couverture minimaliste et son titre intrigant ont eu raison de moi, j'ai craqué et j'ai été conquise ! le nom secret des choses, c'est un roman à la première personne, c'est surprenant, il nous parle de l'âge où l'on quitte tout, où l'on part enfin, ce moment entre la fin d'adolescence et le début de l'âge adulte où l'on ne sait pas ce que l'on veut, mais on sait une chose, on ne veut pas rester dans la ville qui nous a vue grandir, on veut du nouveau, des aventures, parce que l'on nous le dit depuis petit, l'herbe est toujours plus verte ailleurs.

Alors tu part, tu pars dans la ville lumière, la ville où des millions de gens marchent dans les rues chaque jours, la ville dans laquelle tu espères trouver ta place, mais c'est surtout la ville qui t'a fait sentir obligée de devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'oserait plus dire « je ne sais pas ». Parce que cette ville était impressionnante à tes yeux, elle possédait une culture affolante et, tu désirais tout sauf être celle qui ne savait pas. Et  on sait que "les gens préfèrent mentir plutôt qu'avouer qu'ils ne savent pas".

“Puis tu as rencontré Elsa.

Elle avait le goût des métamorphoses.”

Sincèrement, j'ai été perturbée, puis bouleversée par ce roman, les mots font échos, on se retrouve forcément dans certains mots, dans certaines situations, on en rigole, parce que ça aurait pu être nous, ou c'était nous, ça nous est arrivé, et alors on se remémore, on devient nostalgique. Il donne envie de changer, d'apporter du changement dans notre vie, de faire ce qu'on a toujours voulu faire mais qu'on a jamais osé, il donne envie de vivre, de re-vivre et c'est magnifique.

“Les dessous de Paris te fascinaient et n'importe quand, avec ou sans prétexte, tu y plongeais. C'était comme tâter le pouls du paysage : sous la surface, les corps se heurtaient, les souffles se croisaient et tu pouvais sentir le battement, nerveux, de cette ville au bord de la tachycardie.”

C'est un roman initiatique, où l'on suit Océane en quête d'elle même, qui ose, qui grandit, qui devient Blandine, qui décrit Paris comme une ville merveilleuse puis terrifiante la nuit, qui imite les autres, pour paraitre bien, pour ne pas être trop elle. Puis elle rencontre Elsa, et c'est une magnifique histoire d'amitiée qui commence. Elle va être forte, tourmentée, incompréhensible par moment. Elle va adorer Elsa, l'idolâtré, elle est si sûre d'elle, si séduisante, si belle. Alors elle la suit dans les rues pavillonnées de la nuit, elle apprend, elles échangent et elle finit par aimer les métamorphoses.

“La mise en branle de l'imposture, c'est une tache indélébile qu'on étale de plus belle en espérant la résorber. Et l'imposteur ajoute, en permanence, de l'eau au moulin de son propre naufrage.”

On ressent le mal être, la recherche de soi, les moments où l'on se perd, se retrouve et finit par re-sombrer, on ressent on comprend on compare. Les mots qu'utilisent Blandine, cette façon de se tutoyer de faire cette introspective de son soi plus jeune est vraiment impressionnante. J'ai vraiment été époustouflée par sa façon d'écrire, de s'écrire, de se décrire.

Au fond je ne regrette qu'une chose, ne pas l'avoir connu avant, et ne pas avoir lu en premier «L'abandon des prétentions» mais ça me donnera l'occasion de le relire une fois que ce dernier aura atterri entre mes mains.

Si vous le lisez j'espère sincèrement que vous l'aimerez, et si vous l'avez lu, n'hésitez pas à m'en parler.

Avec tout mon amour, Loéva
Lien : https://ladroguerieecrite.wo..
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